Le Grelot: journal illustré, politique et satirique (1.1871)

LE GRELOT.

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Ducatel est né à Paris.

C'est un homme d'une quarantaine d'années dont le père était négo-
ciant en rubans,place delà Bourse, à Paris. La révolulion de 1848 ayant
ruiné sa famille, il se fît soldat. Pendant le siège il entra dans le génie
où il fut piqueur des ponts et chaussées.

Ou connaît sa conduite héroïque sous la Commune.

La batterie de Montretout broyait les murs, les casemates, les maisons.
Ducatel, à travers mille périls,va trouver le général Douay, à Villeneuve-
l'Étang. Là, il lui donne les moyens de pénétrer dans Paris.

Soupçonné par les communeux au milieu desquels il vivait, il lui fallut
une audace inouïe pour dérouter leurs soupçons. Un jour il faillit être
fusillé; mais il parvint à prouver ù la sentinelle qui lui barrait le passage
qu'il était un émissaire de l'Hôtel-de-Ville.

Enfin, le 21 mai, il mit à exécution le plan qu'il méditait depuis quel-
que temps.

Entre la porte de Saint-Cloud et le viaduc du chemin de fer de cein-
ture se trouvent d'immenses terrains vagues. Duoatel s'y engage sans
hésitation. Pourtant les balles de l'insurrection pleuvent autour de lui, et
il sait qu'en avançant c'est au-devant des obus versaillais qu'il va. 11 arrive

JULES DUCATEL

enfin à la porte de Saint-Cloud, [Il grimpe sur le talus et, se faisant un
abri avec quelques sacs de terre, il regarde dans la plaine de Billan-
court. De là, il aperçoit la tête des soldats qui, dans la tranchée, ne sont
plus qu'à quelques mètres des ramparts. Ceux-ci font feu sur lui;.mais
Ducatel trouve un bâton à sa portée, y attache son mouchoir et agite ce
drapeau de parlementaire. Les premiers hommes de la tranchée cessent
le feu. Ducatel leur crie alors de toutes ses forces : « Vous pouvez entrer,
il n'y a pas d'insurgés ici! » 11 était trois heures de l'après-midi, on expé-
dia aux batteries voisines l'ordre de cesser le feu, et le général Douay, à
huit heures, vint enfin en personne, avec son corps d'armée tout entier,
occuper la porte. Paris était sauvé.

Ducatel est père de famille : il a trois enfants. Son intérieur est
celui .d'un travailleur. Des livres partout; quelques toiles accro-
chées aux murs, dont il avoue être l'auteur. Personne au monde
n'est plus modeste que lui. La maison qu'il habite a Auteuil est à moitié
démolie par les obus, l'escalier en est tout effondré. Comme nous lui en
faisions la remarque en riant :

— Ah ! ce n'est rien que cela, dit-il, mais il était temps !

Faustin.

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Les Hommes de la Commune, par ALFRED LIÏ l"'

10 centimes le numéro.

Chaque portrait, colorié avec soin, est accompagné d'une biograp
Ont paru, n» 1, Delescluze ; n» %, Raoul Rigault, Vermorel, Jules <
Rochefort, Assi, Pascal Grousset, Flourens. , elc>

Sous presse : Ferré, Courbet, Verdure, Descamps, Billioray.Jouru ,

Dépôt chez Madré, 20, mie du Croissant.

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