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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0113
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L,B GRELOT.

L'AMNISTIE

La cité doit Être satisfaite : MM. Bonvalet, Mottu, tockroy,
Ranc et autres coquelicots politiques, viennent enfin de rom-
pre un long et pénible silence. Le radicalisme pur— car les
opinions radicales de la Constitution n'ont jamais été prises au
sérieux par personne , et le républicanisme avancé de
M. Edouard Porlalis n'est, on somme, qu'une question de gros
so'„s _ le radicalisme pur, dis-je, vient de retrouver un or-
gane en tête duquel brillent les mois Commune, Liberté com-
munale, et flamboient les noms des Aliain-Targé, des Murât,
des principaux représentants de la démagogie, parisienne.

La Municipalité n'est encore qu'un journal hebdomadaire ;
elle s'est faite petite et cauteleuse; elle n'attaque rien,ni per-
sonne, et prétend ne vouloir s'occuper que des intérêts muni-
cipaux.

Cependant, l'enquête sur la situation commerciale et indus-
trielle de Paris, que contient son premier numéro , peut être
considérée comme un document politique et presque comme
un manifeste de ta fraction gauche du Conseil municipal.

Le mot de ce manifeste, c'est :

Amnistie !

Ce mot est devenu un mot d'ordre.

Tous les partis d'opposition l'ont adopté avec un égal em-
pressement.

M. Clément Duvernois ne laisse-t-il pas entrevoir dans tous
les numéros de son journal que la restauration de l'empire se-
rait le signal du pardon?

Ce pardon, le Sièclele réclame et Dlbach le Ventru fait cho-
rus avec le Siècle, et l'Avenir national brode des variations sur
le même thème.

Éternels courtisans des masses, les hommes de l'empire
s'entendent à merveille avec ies apôtres de la voyoucratie.

Que leur importent les intérêts du pays, ses destinées futu-
res auxquelles la moindre tentative de désordre serait à ja-
mais fatale!

L'amnistie est le nouveau leurre qu'on sert aux popula-
tions.

La conclusion du rapport de MM. Bonvalet, Mottu et Cie
tend à démontrer qu'elle est nécessaire.

Il faut, selon ces messieurs, vider les pontons , ouvrir les
portes des prisons, arrêter les convois pour Lambessa,
oublier qu'on a brûlé les musées de Paris, et ses palais, et ses
maisons, qu'on a fusillé les prêtres, volé, pillé, saccagé ; il
faut oublier que l'armée régulière a dû reprendre la ville rue
par rue, maison par maison ; que, grâce à ces basses orgies
révolutionnaires, les Prussiens sont devenus plus exigeants ,
que la France a perdu près d'un milliard de plus, que le com-
merce a vu sa ruine s'acheyer, que nous avons failli périr, que
nous souffrons encore.

Il faut oublier tout cela, gracier, pardonner 1

Et pourquoi?

Parce que la fabrique parisienne se ressent de l'absence
d'ouvriers, parce que l'article de Paris se meurt, parce que la
bijouterie manque de bras, parce qu'il est à peu près impos-
sible de fabriquer des instruments de chirurgie, et des instru-
ments de précision, et des jouets d'enfant, et le reste.

Nous croyons à de grandes exagérations ; mais en admet-
tant que le rapport soit scrupuleusement exact, cet arrêt mo-
mentané de la fabrication parisienne vaudrait encore mieux
mille fois qu'une amnistie précipitée.

Qu'on élargisse au plus tôt les innocents,

Qu'on pardonne même aux égarés,

Mais qu'on punisse les coupables, sans faiblesse comme
sans pitié.

Ce sont des jugements qu'il faut et non des décrets d'am-
nistie !

Les raisons qne donnent ces messieurs du Conseil munici-
pal, pour l'application des mesures de clémence les plus lar-
ges, me semblent d'ailleurs mauvaises.

L'avocat qui défendait Troppmann aurait-il pu raisonnable-
ment soutenir cette thèse :

« Messieurs les jurés, l'homme-que vous avez devant vous
est un assassin, —je le reconnais, mais c'est aussi un fort ha-
bile ouvrier mécanicien. Tous devez à votre pays de conserver
cet ouvrier à la mécanique. Condamnez-le comme assassin,
mais faites-lui grâce comme ouvrier mécanicien. »

Cette défense eût paru absolument ridicule, n'est-ce pas?

Le docteur la Pommerais était, paraît-il, un médecin des
plus distingués ; cela ne l'a pas empêché de porter sa tête sur
l'échafaud.

S'ily a quelques, milliers d'ouvriers himhelotiers qui onteon-
tribué à faire flamber Finances, il faut qne les marchands de
bibelots en prennent leur parti : mieux vaut quelques bi-
belots en moins et beaucoup de sécurité en plus.

Ce qu'il importe de demander le plus souvent et le plus
hautement possible ; ce que les journaux devraient réclamer
tous les jours et d'un accord commun, c'est l'instruction par
tous les moyens de ce procès si compliqué, c'est l'examen ra-
pide des dossiers.

Le nombre est grand des hommes emprisonnés ou empop-
tonnés qui ne se sont battus que contraints par les agents de
la Commune ;

D'autres encore ont été les victimes de dénonciations
calomnieuses;

D'autres enfin n'ont été les soldats de la révolution que
poussés par une horrible misère; ils ne se sont enrégimentés
que pour leurs trente sous.

Qu'on rende tous ceux-là à la liberté , le plus tôt possible ;
■voilà ce que doivent réclamer les hommes de bon sens et de
bonne foi.

Mais rien de plus.

L'idée d'amnistie probable a poussé dans la mêlée plus d'un
qui se serait, prudemment tenu à l'écart.

La France ne sera un pays vraiment fort que le jour où le
mot Amnistie sera rayé de son dictionnaire et remplacé par le
mot : Justice.

GR1NGQ1RE.

UNE SOIRÉE A BERLSi

CONTE FANTASTIQUE

La scène se passe chez le baron de Filousberg, colonel du 28°
Pomêrnnien.

Le baron est revenu de France depuis un mois, et. il s'est proposé
de célébrée cet, heureux retour par une petite, fête de famille donnée à
ses tout petits camarades et amis, da.ns sa maison de la rue de
Ckarlottemhonrg.

le baron a fait transporter, depuis huit jours, dans cette, maison
d'une rare élégance, mais absolument dénuée de meubles jusqu-là,
le produit de ses petites excursions dans les provinces françaises..

La maison est pleine-. ■

Pénétrons-y.

Il est huit heures du soir.

Filousberg est encore à table où il se saoule impérialernept,
en compagnie de ses officiers et amis.

Madame Filousberg, belle blonde et forte femme, — eile
amène à tout coup le 300, — assise à côté du premier lieutenant
comte von Rroutmann, glisse son pied sous sa large botte. Ce-
lui-ci lui écrase ses cors en lui murmurant à l'oreille les mots
les plus amoureux du monde. Entre autres ceux-ci :

— N'oublie pas ce soir l'heure du rendez-vous... et fais faire
du feu.

Personne dans le grand salon.

Entrons-y.

La vaste pièce est entièrement meublée à nos frais, comme
nous avons eu l'honneur de ypqs le dire.

Canapés, fauteuils, chaises, table à jouer, consoles, guéri-
dons, tout cela est français.

Il y a des pendules partout :

Trois sur la cheminée, une sur la case à liqueurs, sept sur
les consoles, quatre sur le piano, — magnifique Érard dont
nous parlerons tout à l'heure, — une suspendue au-dessous du
lustre et six dans les jardinières.

Le baron a pensé que sa moitié préférerait l'horlogerie aux
fleurs.

Au-dessus de la table àjouer est suspendu le portrait en pied
d'un capitaine de grenadiers de l'ancienne garde impériale. Le
capitaine a l'air d'une humeur terrible. Il frise sa moustache
d'un air féroce.

Il arrive de Strasbourg, où Filousberg l'a fait emballer avec
les honneurs dus à son grade.

la grande pendule, placée sur la cheminée.
Allons,., il faut pourtant y aller.

(Elle sonne huit heures.)

DEliïlÈHE PENDULE.

Je ne comprends pas, ma chère, comment vous pouvez son-
ner ici!... chez ces misérables I... Vous n'avez donc pas d'huile
dans les ressorts?

LA GRANDE PENDULE.

Ah! ma sœur, rassurez-vous... je ne farderai pas à sonner
l'heure de la vengeance.

TOUTES LES PENDULES.

Comment cela?

LA GRANDE PENDULE.

Chut!

LE capitaine, éternuant dans son cadre.
Atchil!

TOUS.

A vos souhaits.

LE CAPITAINE.

Mille millions de tonnerres!... on s'enrhume icjl... Et dire
que l'Empereur m'a fait capitaine à Iéna et que me voilà main-
tenant prisonnier de ces gredinsl... mais je me vengerai!

LE PIANO.

Avez-vous un plan?

LE CAPITAINE.
On plan?... Tenez, ils me dégoûtent les plans!..,

UN CANAEÉ.

Le fait est que depuis celui de Trochu!...

LE TABOURET DE PIANO.

Enfin, mon cher piano, comptez-vous vous prêter de bonne
grâce à la soirée musicale que ces polissons-là veulent don-
ner 1

LE PIANO.

Petit... j'ai une idée I... laisse faire.

LA GRANPE PENDULE.

Qh! mes frères !... oh ! mes sœurs! il faut nous venger!

TOUS.

Oui... oui... vengeance!

UN FAUTEUIL.
Avez-vous quelque idée dans le mouvement?

LA GRANDE PENDULE.

Je compte un peu sur l'inspiration... mais cependant, je puis
vous dire que j'ai surpris une conversation de la Filousberg
avec le lieutenant Von Rroutmann, et que cette conversation
m'a inspiré une pensée infernale.

LE CANAPÉ.

Et dire que ce gueux-là s'est assis sur moi !

LA GRANDE PENDULE.

Dans quelques instants, ces misérables vont passer au sa-
lon... Que chacun de nous songe à la France, il notre malheu-
reuse patrie, et s'ingénie à leur être le plus désagréable pos-
sible.

TOUS.

Vive la France!

LA GRANDE PENDULE.

Chut!... je les entends!... pas un mol. de plus.
(Silence complet.)

(Entrée du baron et de la baronne de Filousberg, suivis de Vn
fcroutmann et de nombreux incités.)

VON KROUTMANN.

votre (lîper était exquis... Quel bor-

Mon cher baron .
deaux !...

FIIOUSEERG.

Oui, n'est-ce pas?... ça se laisse boire... J'en ai eu trok
caisses comme cela à Nancy... pour rien.

VON KROUTMANN.

Parbleu!... ah! vous avez eu de lachance, vous!., toutvom
a souri dans celle magnifique campagne!... Moi, rien ne m'a
réussi... Notre régiment arrivait toujours le dernier- si bien
qu'il ne restait plus rien à emporter. Ah ! cependant,'il ne faut
pas être injuste...j'ai trouvé à Champs, dans la maison de
campagne d'un comédien nommé Fcbvre, onze pantalons qui
nio vont comme un gant. (Xire général.)

Wm° ÏILODSRERG.

Que d'esprit vous a,vez, lieutenant, et que vous êtes aima-
ble !

FILOUSBERG.

Messieurs, comment me trouvez-vous meublé?

CHŒUR DES INVITÉS.

C'est tout bêtement exquis.

FILOUSBERG.

Et quels élastiques dans ces fauteuils !,.. Von Kroutmann!

VON KROUTMANN.

Colonel?

FILOUSBERG.

Asseyez-vous donc un peu.,, pour voir...

VON KROUTMANN.

Volontiers, colonel.
(Von Kroutmann vise un fauteuil et se met en mesure de s'asseoir
dedans. Au moment où il va exécuter ce mounement, le fauteuil
se dérobe, et le lieutenant s'étale en plein salon.)

CHOEUR DES MEUBLES ET DES PENDULES.

Vive la France !

FILOUSBERG.

Vous êtes blessé, lieutenant?

VON RROUTMANN.

Oh! rien... presque rien... une bosse...

madame filousberg, bas à Van Kro.utmann,
Mon cher... vous êtes soûl...

VON KROUTMANN.

Madame I...
(Il s'arrête, porta vivement la main à son derrière et pousse un cri
étouffé. )

FILOUSBERG,

Qu'avez-vous, ami?

yON KROUTMANN.

Mon collant a craqué...

FILOUSBERG.

N'est-ce que cela?

VON KROUTMANN.

Comment, n'est-ce que cela?

FILOUSBERG.

Ça m'est arrivé un soir à un bal chez Bismark, J'ai mis mon
casque tout le temps derrière mon dQS, on n'y a vu que du
feu.

VON KKOUTMANN.

Vous croyez qqe...

FILOUSBERG.

Mais pas du côté de la pointe, par exemple.

(Il s'éloigne en riant.)

MADAME FILOUSBERG.

Allons, messieurs, un peu de musique... Kroutniann... l'ou-
verture dq Tannhauser, hein?

VON kroutmann, préoccupé.
L'ouverture du--- Est-pe qpe cela se voit, madame?
MAPAME ÏILQUSBpRG.
quoi?... qu'est-ce qui se voit?... Etes-vous

VQN KROUTMANN.

mille fois pardon... je n'y étais pas... je-

Comment?...
fou?...

Oh! pardon,
pensais...

MADAME FILOUSBERG.

Allons, lieutenant, ôfez votre casque de derrière votre dos
et mettez-vous au piano. Vous avez un si joli talent.

VON KROUTMANN.

Vous me comblez, madame \...(A part.) Ça va se voir... mon
Dieu, ça va se voir!... et mon rendez-vpps avec elle... tout a
l'heure... Jamais je ne pourrai y aller comme cela!...

(Il se dirige vers le piano, s'asseoit et prélude. A l'instant, mm-
tend le Rhin allemand exécuté d'une façon vigoureuse. Stupeur an-
pérale.)

FIL0USBER&.

Rroutmann I... à quoi pensez-vous donc?
von kkoutmann, très-pâle.
Mais ce n'est pas moi, colonel!... le piano joue toutseul.

FILOUSBERG.

Allons donc !... des blagues !. . Recommencez un peu...
(Kroutmann se. rasseoit, reprélude, et... l'on entend te Mars <

LAISE.)

filousberg, au comble de la colère. .

Ah! c'est trop fort... Rroutmann !... Vous vous rendrezp
une nuit aux arrêts.

von kroutmann, fondant en larmes.
Mais je vous dis qu'il joue tout seul, colonel !

FILOUSBERG.

Vous êtes un imbécile !...

von kroutmann, pensant au fond desa culotte.
Est-ce que cela se voit, çolone}?

filousberg. veuille2

Parbleu!... si ça se voit!... Madame la baronne, v





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