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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0122
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1

LÏS ORKLOT:

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Puis le télégraphe continue à jouer clans les mêmes conditions

que ci-dessus : ■. ,„■,,.[ „,,

« Intérieur a Préfet du JDoubs..

« Plonplon à Montbéliard. Comme vous, pas malin, envoie
commissaire extraordinaire, homme très-fort. »
« Intérieur à Guerre.

« Diriger tout de suite deux régiments sur Montbéliard en
observation.»

Naturellement le prince, en possession de son visa, n'a rien
de plus chaud que de remonter en chemin de fer.

Use félicite déjà de voir à vol d'oi~eau le département du
Doubs, quand, au moment de descendre de voiture, les paro-
les d'un homme d'équipe à son compagnon :

— Viens-tu prendre un canon ?
L'arrêtent court sur le marchepied.

On sait l'effet désastreux que le seul mot de « canon » opère
ordinairement sur le ... moral du prince.

Il rentre donc précipitamment dans le compartiment, et, avi-
sant un employé de la gare.

__Mon ami, lui cria-î-ii par la portière : seriez-vous assez

bon pour aller me faire viser tout desuite ce passe-port que
voilà. .

— Pour où ça, mon prince?

■ — Pour Brest. J'attends dans la voiture.

Nouvel échange de télégrammes.

Le sous-préfet de Montbéliard jette son cri au préfet de Be-
sançon qui le renvoie au ministre de l'intérieur qui le dépose
aux pieds de la commission de permanence et du Conseil des
ministres...

Je m'arrête, parce que toute scie doit avoir ries bornes; mais
on voit d'ici ce que l'idée heureuse des régiments en observa-
lion, doublant l'effet de l'auguste pérégriuile, pouvait méua-
ger de troubles à nos populations tranquilles.

Pour peu que le prince — n'ayant pas précipité, comme le
bonheur l'a voulu, son départ pour la Corse, — ait eu la vel-
léité de parcourir, par folles échappées, nos quatre-vingt-
quatre départements, il est facile de juger du désordre qui
s'en fût suivi.

Les prélectures en émoi, le télégraphe sur les dents, les ré-
giments harassés, les populations inquiètes !...

Et si nous plongeons plus profond encore dans l'abîme de
désolations qui nous menaçait, vous représentez-vous le gou-
vernement allégé tout à coup par les péiégrinations du prince,
de quatre-vingt-quatre hommes très-forts, envoyés comme
cotnmi;.saires extraordinaires auprès des quatre-vingt-quatre
préfets pas malins. ,

Il ne restait donc plus autour du gouvernement que les hom-
mes d'esprit faible.

Personne n'ignore que les hommes faibles d'esprit sont gé-
néralement partisans de la légitimité.

Alors vous voyez d'ici ce qui pouvait s'en suivre.

Les hommes d'esprit faible débarrassés pour un moment des
hommes d'esprit fort, sachant le gouvernement si occupé,
l'armée de Paris ailleurs en observation, saisissaient l'occasion
par les cheveux, et...

Et ils proclamaient Henri V!

Horreur!

Quand je pense que voilà ce qui pouvait arriver.

Mais cela n'est pas arrivé, heureusement.

Le rayon providentiel d'une lanterne a fait embarquer pré-
cipitamment le prince pour la Corse 1

Merci, mon Dieu !

CHUT.

HISSON—Y—EN—A

La scène se trouve chez la belle mais irrésistible canta-
trice de l'Opéra, la veille du jour où elle a administré une si
puissante paire de gifles à l'honorable M. Jouvin, qui avait eu
le tort impardonnable de la trouver exécrable.

Les volels de la chambre à coucher sont encore fermés.

La douce lueur d'une veilleuse d'aibâlre éclaire seule l'alcôve
mystérieuse.

La belle Hisson rêve.

Ecoutons-la rêver.

— Ah! scélérat!... gredin !... bélilrel... âne bétat... en
garde!... une!... deux!., trois!... t'es mort!... à toi !... z'à
moi!... Pan!... v'ian!... dans l'œil!... ça t'apprendra à ir.'ap-
peler aphrodite!... Ah! ces canailles de critiques!... Mais
quand j'en aurai démoli une douzaine !... Ut, ré, mi, fa, sol...

en garde !.

pouf!.

La douce créature se réveille à ce mot.

Son front est couvert d'une sueur glacée.

On voit qu'elle a mal dormi.

Elle détire ses beaux bras, taillés dans le plus pur marbre
de Paros, et passe une jambe hors du lit. Tout d'un coup d'une
voix forte :

— Alexandrine !...
Silence.

— Alexandrine !...
Resilence.

— Voyez un peu ce que fait cette gueuse-là!... Ah!... mille
tonnerres !

Entre la bonne.

— Il m'a semblé que madame avait appelé? Est-ce vrai?
—i Non, au contraire... grue, va I... Ouvrez les fenêtres.
Alexandrine se prête à cet ordre. Le jour entre à flots dans

la chambre et permet de distinguer certains objets que. la
veilleuse dissimulait sous sa lumière discrète.

1° Au pied du lit, une tête de Turc, présentant une ressem-
blance frappante avec le critique du Figaro;
• 2° Une paire de fleurets;

3° Des gants de boxe;

4°Sept revolvers portant des étiquettes. Sur ces étiquettes,
on lit : destiné à M. de Charnacé, du Bien public (pas en ca-
deau).

A M. Pierre du Croisy, de la France;

A M. Gustave Bertrand, du Ménestrel;

A M. Victor Koning, du Paris-Journal;

A Froufrou, de la Gazette de Paris;

A M. Victorin Joncières, de la Liberté;

Enfin 7° : à M. Ernest Reyer, des Débats... et i'ÉrOstrale.

Puis, tout près de la toilette, une mitrailleuse, garnie de
tons ses accessoires.

Mademoiselle Hisson, à peine levée, saisit deux haltères
de 50, et se livre, en chemise, à une gymnastique d'une déli-
cieuse indiscrétion.

Puis, s'approchant de la tête de Turc, elle y décharge un
coup de poing à renverser la tour Saint-Jacques.

—■ Alexandrine !

— Madame?

— Voyez combien j'ai amené ce matin.

— 456, madame.

— Ce n'est pas encore ça... vous ajouterez une livre de
viande crue à mon déjeuner.

— Oui, madame.

— A-t-on prévenu le charbonnier qu'il eût à venir lutter ce
matin avec moi?

—-Je l'entends qui monte l'escalier.

— Bien... et ce jeune maréchal des logis d'artillerie, qui
vient tout exprès de Vinccnnes pour me donner des leçons de
mitrailleuse?

.— Il a fait dire qu'il serait exact.

— Parfait. Ah! messieurs de la presse !... je vous apprendrai
ce que vaut une femme !... Mille carabines!... m'insulter!...
moi!... la terrible Julial... Moi, qui, sous le nom du lutteur
masqué, ai si longtemps épouvanté les arènes de mes ex-
ploits!... Ah ! jarnidieu!... Alexandrine !...

— Madame'?

— Est-ce que vous trouvez queje monte trop haut, dites?

— Dame, il est de fait que depuis quelque temps il semble
que madame le fasse exprès.

— Ah! bah!... Vli!... v'ian !... deux gifles !...
La bonne poussant des hurlements :

— Mais, madame... Hi! hi ! hi !...

— Ça vous apprendra.

— Mais madame n'a pas compris...

— Ah! je n'ai pas compris?. . V'Ji !... v'ian !... deux aulres
gifles !...

La bonne beuglant :

— Mais je voulais dire à madame... Hi! hi! hi!... que depuis
deux ans, madame... hi !... hi!... ne fait que louer des apparte-
ments au cinquième... Hi! hi ! hi !

— Alors je vous pardonne, si c'est comme ça.
La bonne dont les joues enflent à vue d'oeil :

— En v'ià un service!... S'il n'y avait pas les petits pro-
fits!...

Coup de sonnette.

— Allez voir un peu qui sonne, Alexandrine.
Alexandrine s'élance et la belle Julia recommence à frapper

sur le Turc.

— Tiens!... tiens!... gredin!... Tiens, polisson!... 457?...
ah! je l'en donnerai, moi, des Apliroditel... 458... Ca va bien...
çavabien...

Rentre Alexandrine, la figure comme un melon.

— Madame, c'est le charbonnier.

— Qu'il vienne!

Entrée du charbonnier. Un gras énorme. Des bras comme !a
colonne de Juillet. Bête comme un pot, mais un torse gigan-
tesque.

— Ah! vous voilà, Anastase?

— Oui, madame.

— Je me sens en train ce matin, et j'ai idée que je vais
prendre une fameuse leçon. Alexandrine, venez me passer
mon costume d'athlète.

Le charbonnier profite de sa solitude, pour tirer de sa poche
un énorme morceau de saucisson qu'il dévore.

La belle Julia rentre, et son vêtement de lutteur permet
d'apprécier toute la perfection de ses formes.

— Allons-y maintenant, mon petit fouchtra.
—: Quand cha plaira à madame.

— Dieu, que ça sent l'ail ici !

— Ch'est moi, madame... Ne faites pas attention... Cha re-
fait un homme, voyez-vous, cha.

— Allons commençons. Une!... deux!... méfiez-vous!...
L'Auverpin ôle sa veste.

—- Et n'oubliez pas que vous vous appelez Jouvin!

— Oui, madame.

— Que vous êtes une canaille !

— One canaille!... moi!... ah! fouchtra, non, par exem-
ple !... Vous pouvez bien vous informer au pays,

— On n'est pas bête comme vous, mon ami. Tout ce que
j'en dis n'est que pour exciter ma fureur.

Le charbonnier riant d'un rire absolument idiot:

— Ah ! chi ch'est comme cha... ch'est différent...

— Donc, vous vous appelez Jouvin, vous êtes une canaille,
vous m'avez appelée Aphrodite, ce qui est la plus grande in-
jure à faire à une femme. Je vais chez vous, je vous gifle,
vous vous rebiffez, alors je vous tombe.

— Chi vous pouvez... eh ! eh ! eh .'

— C'est bien pour cela que je travaille.

La lutte commence, terrible, acharnée. L'Auverpin, qui
d'abord y mettait certains ménagements, finit par prendre la
chose au sérieux et se démène comme un beau diable. Les
deux lutteurs ne tardent pas à rouler au milieu de la chambre
en renversant un guéridon et la pendule de la cheminée. La
belle Julia, insensible au bris de son mobilier et toute à sa
haine, interpelle le prétendu Jouvin de la façon la plus inju-
rieuse. L'Auverpin, oubliant son rôle, prend tout cela pour lui
et résiste avec la plus grande valeur. Malheureusement pour
lui, son pied rencontre la peau du saucisson que, dans son
ignorance des belles manières, il avait jel.6 sur le tapis, et dans
un mouvement qu'il fait pour se relever, il glisse à la renverse
et ses épaules touchent.

Jouvin est vaincu 1

La délicieuse cantatrice se relève en s'écriant :

— Eh bien, pour une répétition générale, voilà un vrai suc-
cès!... ça ne rappelle que de très-loin celle A'Eroslrate. Ah !

mille tonnerres! ... nous verrons nn peu demain!... quand ce
sera pour de bon.
Nouveau coup de sonnette.

— Madame, dit Alexandrine en rentrant, c'est le militaire.

— Très-bien. Qu'il apparaisse!

"Le charbonnier vaincu se relève honteux et s'éloigne en mau-
gréa n t.

La porte se rouvre et livre passage à un jeune artilleur, la.
figure entièrement couverte d'un bandeau noir.

— Eh mon Dieu ! que vous est-i! donc arrivé, mon eherB-
guet ? Vous voilà bien ma! accomodé.

— Faites excuse, madame, répond l'artilleur, je ne suis pas
Breguet.

— Vous n'êtes pas Breguet, mon professeur de mitrailleuse?

— Non, madame; je suis Pilou.

— Pilou?

■— Oui, madame, Pilou.

— Et pourquoi, quand je demande Breguet, quand je con-
nais Breguet, quand je suis habituée à Breguet, votre colonel
m'envoie-t-il Pilou?

— Hélas ! madame, c'est qu'il est arrivé un petit accident à
ce pauvre Breguet.

— Un accident?

— Oui, madame. Breguet est bon pointeur, mais il porte
mal le vin. Si bien que comme il avait hier une permission,
il a tant pointé de canons qu'à l'heure qu'il est, il ronfle comme
une pièce de 24.

— Ah! ah !... eh bien, quand il reviendra me donner ma le-
çon, il recevra deux bonnes gifles. Ça lui apprendra-

— Mais puisqu'il m'a envoyé pour le remplacer?

— Est-ce que vous croyez, monsieur Pilou, que j'envoie
quelqu'un à l'Opéra pour me remplacer, moi , quand je
chante?

— Cela vaudrait peut-être mieux quelquefois, madame.

— Hein?... polisson!... v'ii!... v'ian!... vous pouvez vous
considérer comme giflé !

— Madame!... vous insultez l'armée!

— J'insulte tout le monde... et je m'en fiche... J'ai amené
ce malin 458 à mon Turc et roulé un Auvergnat. Ainsi, zuie
vn peu, comme dit le Marseillais. Mais ce n'est pas tout ça... à
cette leçon.

L'artilleur épaté, mais souriant d'un mauvais sourire qui
s'expliquera tout à l'heure, se dirige vers la mitrailleuse et l'a-
mène au milieu de la chambre.

— Où est le but à atteindre, madame?
■—Le voilà.

Et la céleste créature, que les mortels appellent Julia His-
son, aligne sept bonshommes en carton, portraits parfaite-
ment photographiés des sept critiques cités plus haut.'

—■ Ce sont ces vilains bonshommes qu'il s'agit de ne pas
manquer, tu entends, Pilou?

— Parfailement, ma dame. C'est facile... avec duepup rî'œil...
mettez-vous là... la pièce est chargée?

— Sans doute.

— Eh bien, mesurez bien l'angle... là... ça y est... Saisissez
la manivelle d'une main ferme... et tournez... comme s'il s'a-
gissait de moudre du café. Une!... deux!... trois!... feu !

La belle Hisson, les yeux remplis d'éclairs , tourne d'une
main fiévreuse... et Pou entend immédiatement l'air de Mar-
guerite :

Ah!... je ris de me voir si telle...
En ce miroir.

— Qu'est-ce ceci?

— Ceci?... s'écria l'artilleur en arrachant son bandeau, c'est
la vengeance!... Je suis Ernest Reyer!

— 0 ciel !

— Ernest!

— Reyerl

— Lui-même. Sa mitrailleuse est à musique... et tu es con-
damnée par l'opinion publique (ne pas confondre avec l'Opinion
nationale) à entendre, chaque fois que tu méditeras quelque
tour contre les journalistes, tes juges, ou les musiciens, tes
maîtres, à entendre ta conscience te glapir, comme fait cette
mitrailleuse, les airs que tu écorches si furieusement.

— Malédiction !

— Maintenant va trouver Jouvin !

— Oh! j'irai, misérable, j'irai!... Quand je devrais être con-
damnée par la sixième chambre à aller trois fois aux Folies-
Nouvelles.

— Soit. Mais réfléchis cependant.

— Jouvin m'a appelée Aphrodite, je l'appellerai mufle!... tout
sera dit.

— 0 Julial... l'auteur A'Èrostrate te maudit!

— Zut!

Sur ce dernier mot, la femme si distinguée qui porte le doux
nom de Julia, montra la porte d'un geste de reine au jeune
Ernest, confondu de tant d'audace.

A peine le naïf et infortuné compositeur eut-il disparu, que
la charmante chanteuse se précipita comme une lionne, sur la
tête de Turc.

— 460!... s'écria-t-elle avec l'accent du triomphe. Ce soir
j'amènerai 500. Je peux aller remercier la presse.

— Alexandrine! ,

— Madame?

— Vous me commanderez une voiture pour demain neuf
heures.

Nicolas FLAMMÈCHE.

Jusqu'ici vieillir était le seul moyen quon ait trouve pour vivre long-
temps Prolonger sa vie est un rêve que chacun forme; mais vieillir,
c'est se faner, se rider, se fSarchemiiier. Voilà qui épouvante tout le
monde On lira donc avec intérêt, un intérêt tout personnel, la brochure
nui va paraître au premier jour sous ce titre : « Pour rester belles, »
Conseils aux dames. Rester belle est, en elîet, le vrai moyen de ne pas
vieillir. . .

La haute autorité de la maison Pinand en matière de parfumerie tait
de cette brochure un guide pratique et sûr. Ce sera l'Evangile rie la co-
quetterie (envoi franco contre 15 cent, en timbres-poste, boulevard de
Strasbourg, 37.
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