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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0126
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Uï ORKLOT.



— Bien.

— Vous le prierez de se déchausser et vous lui prendrez
mesure d'une paire de ces fameuses botles.

— 0 ciel !... que dites-vous?... moi, un pauvre cordonnier...
un humble patenté... aux pieds de ce demi-dieu I...

Justement... vous en ressentirez un tel coup que demain

ive l'Em-

(J \rK TOlrc jaunisse sera passée à l'état de souvenir.

je %j( \ —Ah! docteur!... quel homme vous faites!... \

X,V PereurL.

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|Se'ffHÎ * — Chut ! pas d'imprudence... ou tout serait perdu...

(s ai|t,!,C — Oui... vous avez raison... je me rends chez l'illustre écri-



vain.

— Allez, mon ami, allez.

— Vive l'Emp...

— Chut!...

Le bottier serre la main de l'illustre praticien et sort, les
larmes aux yeux.

Une fois seul, le docteur Tonneau se frotte les mains avec
des marques non équivoques de satisfaction. Puis il se met à
son bureau, prend une feuille de papier à télégrammes et écrit
la dépêche suivante.

"• ■*' A sa Majesté l'Empereur, à Chiskhurst.

lionne journée. Trois nouveaux partisans acquis à ta restau-
ration de Votre Majesté. Un petit crevé, la duchesse de Sainle-Cunè-
gonde et un bottier.
"''Uliij, "t'i La jeunesse, l'aristocratie et le commerce. Préparez votre malle
Castes li 1 et tâchez de retrouver aiijte de Boulogne. Tout va bien.

Docteur Tonneau.

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Pour copie conforme,

NICOLAS FLAMMÈCHE.

hik PAPIERS SAUVÉS EN ITALIE

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igrin.

La mode est au sauvetage de papiers dans ce moment-ci.

Un de nos confrères vient de publier une série de papiers
sauvés des Tuileries.

Il .paraît que M. Ronher lui-même, avant le i septembre,
avait sauvé dans sa propriété de Ceroey, quelques documents
diplomatiques que les Prussiens, en... visitant ces parages, ont
jugé à propos de sauver à leur tour.

C'est, comme on voii, un sauvetage général.

Le Grelot, qui tient à marcher avec son siècle, n'a pas voulu
rester en arrière.

Il ne le pouvait pas.

Par ses soins, un document très-intéressant vient d'être
sauvé hors de la poche du prince Plonplon, à son arrivée en
Italie. C'est le compte rendu à son cousin, de la mission qu'il
lui avait donnée en Corse.

On comprend que nous n'avons pas fait sauver ce document,
au prix des plus grands sacrifices, pour en faire des choux et
des raves,— ce qui serait d'ailleurs beaucoup trop difficile, —
mais pour que les 901,000 lecteurs du Grelot en aient la jouis-
sance.

Nous n'avons donc rien de plus chaud que de le publier.

« Cher cousin,-

« Je vous disais bien que vous aviez tort de compter tant que
ça sur ma popularité. J'en ai une certain» dose sans dc-ute ;
mais ce n'est pas d'aujourd'hui que je reconnais que je ne puis
la conserver intacte qu'à une seule condition : celle de ne ja-
mais en user.

« Enfin, vous l'avez voulu.

« — Ce que j'atlends de toi, me disait un peu avant mon
départ, Votre Majesté, avec une locution qui lui- est particu-
lière, c'est que tu ailles en Corse afin d'y sonder... les esprits.
Il est impossible qu'avec l'estime dont tu es entouré tu ne de-
viennes pas le centre d'un mouvement puissant.

« Au mot de mouvement j'en avais fait un.

« — Sois donc tranquille, s'il devait y avait du danger, je ne
t'y enverrais pas.

« Pourtant j'hésitais encore.

« — Voyons,'vas-y donc, ajoutâtes-vous, quand ce ne serait
que pour changer de place.

« J'étais pincé. Vous m'aviez pris par mon faible.

« Je me mis en route muni du précieux discours-manifeste
que vous-même aviez rédigé à l'avanee, et-que je répétai jus-
qu'à trois fois devant vous.

« Vous comptiez énormément sur l'effet de ce discours-là;
aussi l'avais-je appris par cœur, avec les gestes, et n'atlendais-
je qu'une occasion favorable pour le débiter.

Je pensais d'abord qu'elle me serait peut-être fournie en
chemin, mais il n'en fut rien.

Les individus que je vis dans les gares, aux stations, ne me
paraissaient rien moins disposés, qu'à m'entendre.

Lorsque je passais la tête àla portière on me mitraillait d'in-
vectives.

Je commençai même dès lors à faire la remarque que la
phrase par laquellevousaviezeul'idéede commencer le fameux
discours manifeste :

s L'enthousiasme que la présence d'un Bonaparte fait écla-
ter parmi nous... »

Allait peut-être me le rendre bien difficile à prononcer.

Cette remarque devait être de plus en plus justifiée par la
suite.

Abord du bâtiment qui me conduisait en Corse, j'attendais
toujours que les matelots s'écriassent : et Vive l'Empereur ! »
pour partir du pied gauche :
, « L'enthousiasme que la présence d'unBonaparte, etc. »

Mais, pas moyen ! Les matelots ne bronchaient pas plus à
mon approche que si j'avais été le premier épicier venu du
parais.

— lion, me disais-je, je vais me rattraper au débarquement.

Confiant en vos prévisions, je m'attendais à trouver dans lo
port d'Ajaccio une foule émue et attendrie.

Allons donc ! Presque personne sur le quai ! Un froid glacial !
Les sares visages échelonnés sur ma route sont tous sombres

et renfrognés. Si je vois éclore, çà et là, quelques sourires, ils
sont accompagnés d'un haussement d'épaules trop significatif.

Impossible de lancer le fameux :

«L'enthousiasme que la présence d'un Bonapartefait éclater
parmi nous... »

— Décidément, pensais-je intérieurement, Louis a eu bien
tort de commencer mon exorde par celte phrase-là!

Enfin, j'échappe à l'indifférence générale. On m'entraîne
dans une maison hospitalière. Nos bons amis sont tous là réu-
nis, il y eu a presque une demi-douzaine.

Pour la première fois, depuis plusieurs jours, je me sens
presser les mains, pour la première fois je vois une espèce d'en-
train autour de moi.

Ça va très-bien! dit Abatucci en se jetant dans les bras de
Gavini.

Le moment me paraît favorable ; je me lève, et, la main sur
le cœur :

«Messieurs, leur dis-je, l'enthousiasme que la présence d'un
Bonaparte fait éclater parmi vous... ;>

Mais crac ! voilà Conli qui m'arrête.

— C'est le discours que nous avons envoyé à votre cousin.
Il l'approuve à merveille! II faut dire que nous l'avons joliment
pioché ici, tout le monde a mis la main à la pâte. Ce n'est pas
parmi nous qu'il faut le réciter, c'est demain, devant le conseil
général, quand nous vous aurons nommé président.

Je me rassis sans rien dire. Mais j'élais très-vexé. Vous au-
riez bien dû me prévenir. J'aurais évité ce four-là.

— Enfin me disais-je, c'est pour demain.

Et je répète encore le discours en m'endormant.
Le lendemain, nous nous rendons à la salle du conseil. J'é-
tais très-éniu. Je sentais que le moment était solennel.
On me propose comme président.

— Vous allez voir, me chuchotte Malaspina, ça ne va pas
faire un pli.

En effel, ça ne fait pas un pli. Je suis blackboulé.

Impossible de dire à des gens qui viennent de vous donner
du pied dans le dos :

n L'enthousiasme que la présence d'un Bonaparte fait
éclater parmi vous... «

Je me mets donc en devoir de sortir. J'ai toujours pour cela
un prétexte facile; mais, sur le palier, mes amis me rattra-
pent par mes basques.

■—Vous ne partirez pas comme cela, me disent-ils, vous êtes
notre drapeau, nous vous porterons, s'il le faut, au plus fort
de la mêlée.'

— Soyez tranquilles, leur dis-je, je suis à vous dans un mo-
ment.

Et j'allai aussitôt retenir ma place sur le premier vapeur en
partance.

J'aurais tout souffert plutôt que de manquer à vos prescrip-
tionsten ne courant aucun danger. D'ailleurs, je me devais,
avant tout, à mon empereur, à son auguste famille, à son dis-
cours que j'aurai peut-être un jour la chance de prononcer.

J'ai cru, un moment, à l'heure du départ, que j'allais avoir
enfin cette dernière joie.

Un brave garçon, qui venait de me jeter dans une barque
pour me dérober aux poursuites de nos trop ardents amis,
me montrait, tout en me conduisant au vapeur qui m'atten-
dait, dételles marques de soumission et d'attachement, que je
fus sur le point de l'élever à la dignité de confident.

J'allais lui faire entendre les paroles qui me pesaient tant
quand je songeai qu'il était seul. Je ne pouvais guère lui dire :

« Ami, l'enthousiasme que la présence d'un Bonaparte fait
éclater parmi toi... »

Je dus donc renfoncer encore une fois votre malheureux
discours en moi-même.

Il était dit que je le garderais sur l'estomac; ■ •

— Nous voici arrivés, mon prince, dit le brave batelier en
abordant,

Je voulue lui mettre une pièce de monnaie dans la main,
mais il la repoussa.

— C'est inutile, me.dit-il, je suis de la maison.

Et fouillant à sa poche, il en tira une carte sur laquelle je
pus voir deux casse-tête en croix avec cette légende :
l'ietri for ever!

Hélas ! le seul enthousiaste que j'avais rencontré était un de
nos m...essieurs.

PlONPiON.

Pour copie conforme :

CHUT.

GRELOTS.

Le sieur Protot; défenseur tle l'assassin Mégy, et délégué à la justice
sous la Commune, a, dit-on, la langue bien pendue.

D'affreux réactionnaires trouvent que c'est dommage qu'il n'ait de bien
pendu que la langue.

--<£OJ>-

Des marchands de journaux, sûrement payés cher pour cette besogne,
crient sur le seuil de leur kiosque :
« Voici l'Ordre, demandez l'Ordre ! »
Ce à quoi, Gavroche ajouta l'autre soir:
—... Et la marche de l'Empereur gras.

Si la dépréciation des billets de banque continue, ces billets deviendront
bientôt de billets à La Chaire.

Décidément, les poètes sont des prophètes : feu M. Scribe a deviné la
situation financière du jour en écrivant :

« L'or est une chimère »

~4oe-.~

La Banque possède de nombreux garçons de recette — mais elle semble
ne pas avoir la recette capable de combattre avec succès la crise moné-
taire.

Hier, un débiteur s'apprête à payer un créancier avec des billets de
Banque.

— Je veux de l'argent, lit le créancier.

— Très-bien ; alors, au lieu de vous solder de suite, je m'acquitterai
avec lo temps. — Le temps c'est de l'argent.

Et il partit.

L'or se trouve dans l'intérieur de la terre, et l'on dit que c'est un métal
prés-deux.

•-«Soff*-

Les financiers prétendent que .l'or manque sur la place — pas sur la
place Saint-Georges toujours ; il y en a tout au long de la grille de feu de
l'eu Millaud.

Au conseil de révision, un jeune paysan, honteux de se trouver sans
chemise devant dé beaux messieurs aux habits chamarrés de broderies
d'or, se met à rougir comme une écreyisse étourdie qui serait tombée par
mégarde dans le pot-au-l'eu.

— Vous piquez un fameux soleil, lui dit le capitaine de gendarmerie.

— Oui, mon commandant, répond le rural, mais j'ai à Paris une
sœur qui pique des bottines.

11 a été exempté.

-cgo&>-

11 arrive tous les jours qu'un débiteur dépose des fonds chez un ban-
quier ou ailleurs, mais toujours et nécessairement au-dessus du niveau de
la mer.

Ce n'est pas ce que fait l'Espagne, qui devait à la France une forte
somme, elle a descendu ces valeurs au fond de la baie de Vigo, et aujour-
d'hui l'on songe à aller toucher le monlani de cette créance.
"De ces galions, qui préoccujjent bien du monde, deux vieilles concier-
ges causaient un de ces derniers soirs en prenant l'air sur le pas de leur
porte.

— Vous avez t'y connaissance, marne Pain-lîénit, de celte histoire de
ganglions que les journaux en parlentf

— J'en ai connaissance comme y a pas, madame Savon-Noir, c'est
l'abbé Vigo, qu'ils disent.

— Oui, un Espagnol. Il paraît que c'est au fond qu'il a ces ganglions-
là, et même qu'on aura bien de la peine à lui ûter.

— Ousqu'ila pu gagner cette vilaine maladie-là?

— Vous pensez bien que c'est pas d'avoir été à la messe. (Presque
historique.)

Les bonapartistes et les communeux sont les deux manches de la
même veste... coupée en plein drap de Sedan.

-e§03»-

Ce qui montre bien que, dans les derniers moments de leur règne,
messieurs les communeux ne savaient plus ce qu'ils faisaient, c'est qu'ils
ne respectaient même plus leur couleur favorite; ainsi, ils incendièrent
le carrefour de la Croix-Rouge et brûlèrent le magasin du Tapis de la
même nuance.

Deux planètes nouvelles ont été découvertes le mois dernier. Découvrir
des planètes aussi jeunes, juste à l'époque où nous entrons dans la froide
saison — que c'est barbare !

Les boues et les ordures de Paris vont être mises en adjudication.
Les-offres seront,paraît-il, bien inférieures à celles des années précédentes.
Cela vient des nombreux fragments de l'Ordre et du Pays que l'on trouve
dans la fange du ruisseau et qui la déprécient..

Erostrate, après deux malheureuses représentations, a été retiré du ré-
pertoire de i'Opéra par l'auteur.
C'est une œuvre à rayer.

En ce moment critique, les marchands de métaux précieux seuls s'en-
richissent. — Ils font des affaires d'or.

La crise monétaire qui règne permet de dire que notre république fran-
çaise n'est pas la république argentine.

De républicain qu'il était autrefois, M. Duvernois est devenu impéria-
liste.
11 chauffe aujourd'hui ce qu'autrefois il a brûlé. ,

l.orsqu'un tailleur coupe dans le pont, ça ne peut être que pour faire
des braguettes.

-<^o^>-

Érostrate n'a pas réussi à i'Opéra. — Ce spectacle d'un incendiaire dans
l'exercice de ses fonctions, a, contre toute attente, jeté un froid.

En somme, Érostrate, lyriquement parlant, est un pas de clerc. J'aime
mieux le Pré de ces messieurs.

L'acteur Got possède un chic tout parliculier pour brûler les planches
et enflammer les spectateurs. — C'est ce dont on parle sous le nom d'in-
cendie de chic à got.

•^Go$>-

Le grand atlrait des dernières courses de Chantilly fut la présence des
princes de la famille d'Orléans.
Devant eux plusieurs chevaux se couronnèrent.
Les princes, en bons citoyens, n'ont pas paru comprendre.

—cgo&>-

Madanie de Païva, la célèbre minandière, épouse M. de Hennequel, cé-
lèbre aussi par ses mines d'acier.

-<§oe*-

M. le général Trochu s'est installé à Tours, patrie des pruneaux.
Il oublie là le temps où il était, comme nous, resserré dans Paris.

-<fioso-
Explication d'un mot de la langue française offerte à M. Rouher :
Empire : Influence violente qui prive de liberté ceux qui la su-
bissent.

Les difficultés et les bâtons de chaises ne se tournent point de la même
manière.

-<©o©>-

L'homme a cinq sens; malheureusement, le bon lui manque presque
toujours.

-^og&-

La carotte ne fait point partie des racines carrées.

Le bonapartisme est un parti qui ne reviendra plus.
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