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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 1.1871

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https://doi.org/10.11588/diglit.3249#0134
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MEURICE.

Messieurs, excusez-nous, mais ajournai nous a retardé.
Songez donc! une feuille qui tire à 120,000!
GANESCO.

Des navets !

mottU.

Des nèfles !

• SPULLER.

Du flan!



MOTTU.

Mon cher Meurice, ce n'est pas à nous qu'il faut conter ces
blagues, n'est-ce pas?

BLUM.

.Je tous jure...

MOTTU.

Allons donc' .. nous la connaissons. Mais ne perdons pas
un temps précieux. Messieurs, nous sommes tous des purs,

GANESCO.

n'est-ce pas.'
Tous.

VACQIJERIE.

Même Ganesco, qui n'a pas encore eu le temps d'altérer sa
pureté.

r MOTTU.

Nous voulons tous que noire Képublique à nous vienne en-
fin régénérer le monde. Eh bien, il faut nous entendre, nous
srouper ne former qu'une tête, qu'un bras, qu'une plume. Il
faut une les feuilles que nous dirigeons cessent de donner
l'exemple du plus déplorable antagonisme. Je veux être le.
premier à provoquer cette-union touchante. Désormais, \e Ra-
dical n'attaquera plus que les réactionnaires.

SPULLER.

MEURICE.
- BLUM.
GANESCO.
PORTALIS.

Bien! '
Parfait !
Très-chic !
Admirable !
Ga me botte.

MOTTU.

Je compte que mon exemple sera suivi par vous.

MEUtllCE.

Permettez. Si cependant vous dites une bêtise?,

MOTTU.

Je n'en dis pas.

VACQUERIE.
MOTTU.

GANESCO.



Vous en faites.

■ Hein?

Vacquerie, mon ami... .

meurice.
Vacquerie a raison. MOttu est trop absolu..Il mange trop du
prêtre.

(A ce moment le plancher s'entr'ouvre et livre passage à l'ombre
d'Havin. )
l'ombre D'nAVW.
Il a raison.

TOUS.

Le grand Havin!

l'ombre-.

Lui-même. Et vous autres, messie.urs du Rappel, qui n'êtes
ni chair ni poisson, vous me faites suer avec vos demi-me-
sures.

BLUM.

Ahl ça dites donc, dites donc, vous là-bas.:.le grand sec...
ménagez donc vos expressions.

l'ombre.
Quel est cet aztèque sans talent?

BLUM. .

Aztèque !

l'ombue.

Messieurs, je vous déclare une chose. Jamais le Siècle ne
s'entendra avec des ânes de votre espèce. Mon ombre 'le lui
défend.

MOTTU.

Monsieur Havin, vous êtes chez moi 1

GANESCO.

Je n'hésite pas à dire que je trouve ce langage peu parle-
mentaire.

l'ombke.
Taisez-vous, journaliste de carton 1

PORTALIS.

Il a raison, ce bonhomme. Il n'y a qu'un journal de sérieux,
c'est le mien. C'est là Constitution.

SPULLER.

C'est la République française.

MEURICE.

C'est le Rappel.

MOTTU.

C'est le Radical.

l'ombbe.
C'est le Siècle,

INTERRUPTIONS DIVERSES.

Vous êtes un sot ! — Et vous un idiot I — un vendu ! — uDe
canaille 1 — un gredin ! — Vive la République ! — Vive le
roi !

ganesco, d'une voix perçante.

Vive l'empereur !

POBTALIS.

Vive la commune !

l'ombre.

Ah!... vous vous trahissez donc, enfin!... Vive le Siècle!

{Pugilat violent. Les gifles pleuvent. Grâce à sa qualité d'ombre,

le grand Havin. échappe à cette grêle, Blmn jette à la tête de
Moltu un cabaret'de porcelaine qui se brise.)

MOTTU.

Misérable!... Un cabaret que j'avais gagné à la foire de
Saint-CIoud!... Sortez tous!... sortez!...
portalis.
Et ils appellent cela de la conciliation I

la bonne, entrant.
Monsieur!... Citoyen !... Monsieur !... est-ce qu'il y a le
feu?

GANESCO, toujours galant et lui prenant le menton.
Ce n'est rien, petite, ce n'est rien... Ce sont- les purs qui
préparent l'avenir.

(// veut l'embrasser. La bonne lui passe la jambe. Ganesco tombe

en poussant un cri étouffé.)

MOTTU.

J'aurai pour quinze cents francs de casse!... Bah !... je ferai
une petite souscription.

l'ombre.
Si lu as besoin là-dessus d'un conseil, songe que j'ai fait
celle de Voltaire.

MOttu, fièrement.
Vous oubliez que j'ai fait, moi, celle de Baudin !
(Tableau. — La bonne prend un balai'et nettoie le salon. Au bout
de cinq minutes, il ne reste plus personne.}

NICOLAS FLAMMÈCHE.

MENUE MONNAIE

N'est-ce pas que voilà un titre alléchant?
Choeur des lecteurs. — Oh ! oui !
.— Eh bien, ça me. suffit. Maintenant parlons d'autre chose.

Figaro a donné d'amusants renseignements sur les envois à
Chislehurst, dont la petite fête bonapartiste de mercredi der-
nier a été l'innocent motif.

Il parait que depuis quinze jours des feuilles volantes cir-
culaient dans Paris, se couvrant des dédicaces les plus variées,
et, — il faut bien le dire, — les moins désintéressées, si nous
jugeons par celle-ci:

Une mère de famille, qui a toute sa famille sur les'pontons, atten-
dant l'Umpeieur et une amnistie.

On ne peut pas dire plus ingénument à Invasion III :

« Si je te réclame, mon vieux, ça n'est pas pour toi. »

« Les feuilles volantes, couvertes d'un nombre considérable
de signatures, dit Figaro, ont été réunies et forment aujourd'hui
un album... Aucun comité, paraît-il, n'était chargé de centra-
liser les adresses, tout a été laissé à l'initiative du souvenir. »

L'initiative du souvenir me paraît d'un joli numéro !

Voyez-vous ces feuilles volantes qui se sont réunies toutes
seules; sans le secours de personne.

Et ces feuilles ne se sont seulement pas réunies toutes seules,
elles se sont reliées toutes seules en album, ce qui est encore
bien plus fort.

Prendront-elles maintenant toutes seules le chemin de Chis-
lehurst.

C'est bien possible! la puissance du souvenir. Il ne faut plus
douter de rien.

De rien! Il est curieux qu'on ne puisse pas parler bonapar-
tisme sans que ces deux syllabes vous viennent à la bouche.

Voulez-vous un échantillon des correspondances intimes qui
s'échangent dans les journaux belges, à l'abri discret des an-
nonces?

J'extrais celui-ci de l'Office de Publicité, qui paraît à Bruxelles :

« J'ai reçu, ma b.-aim., ton doux souv. avec un bonh. im.
Je serais plus résign. si je te sav heur. L'aven, t'inq., tu es
triste. Je dev. dav. finit, à mes proj. Je le comp. maint.Je
dés. ard t'entr. seu'e une h. Viens, tente l'impos. pr. ton bonh.
et ma tranq. Je t'aime éperd. Écris-m. »

Rom a 1261.

Même correspondance avec les mots complétés pour l'intel-
ligence du texte par les abonnés du Constitutionnel :

« J'ai reçu, ma bien-aimée, ton doux souvenir avec un bon-
heur immense. Je serais plus résigné si je te savais heureuse.
L'avenir t'inquiète, tu es triste. Je devais davantage t'initier à
mes projets. Je le comprends maintenant. Je désire ardem-
ment l'entretenir seule une heure. Viens, tente l'impossible
pour ton bonheur et ma tranquillité. Je t'aime éperdûment.
Écris-moi. »

Que dites-vous de ce système de correspondance?

Il prouve au moins que le meilleur moyen de tenir un billet
secret, c'est de le faire lire à tout le monde.

Notre nouvel immortel, Janin (Julius) rencontre hier un
ami d'enfance. On se reconnaît avec quelque difficulté.

— Ah bah ! c'est toi !

— C'est moi !

Effusion. A la suite de quoi, l'ami qui manie agréablement
le pavé :

— Ah! sapristi! voilà assez longtemps que je n'ai entendu
parler de toi !

Qu'est-ce que tu es devenu? Est-ce que tu ne tiens pas une
maison de gros?

Soyez donc immortel 1

* *

Rue des Dames, à Batignolles, sur la boutique d'un coif-
feur :

Barbe. . . . 10 centimes.

Id,, soignée . 15 centimes.

On se demande souvent comment il se fait que les empires

qui paraissaient le mieux assis tombent tout à coup dans le
sixième dessous.

Si vous voulez être renseigné, lisez ce passage d'une bro-
chure rose que la ligue des ennemis du tabac s'attache à ré-
pandre dans le public :

« Pour rehausser l'usage du tabac en poudre, on dit que
Napoléon Ier prisait.

oMais il faut remarquer qu'il prisait peu pendant la période
glorieuse de son règne, et qu'il-prisait à outrance pendant la
période de décadence qui a précédé sa chute. »

Hein, est-ce assez frappant!

Remplacez la tabatière par la cigarette, et la plus grande dé-
bâcle des temps modernes se trouve expliquée avec une luci-
dité qui ferait le désespoir de toutes les somnambules.

Il fallait un oculiste, ce fut un censeur qui l'obtint.

Ceci est pour vous apprendre comme quoi M. Derrien, connu
pour la perspicacité de son regard — c'est lui qui trouvait
dans un trognon de pomme le portrait de Napoléon 111 — a
paru digne au gouvernement d'entrer aux Quinze-Vingts.

— Ah! mon Dieu, comme pensionnaire!
= Non, conime directeur!

En apprenant cette nouvelle, le plus spirituel de nos amis
s'est écrié :

— Voilà la première charge que M. Derrien ne refusera
pas!

*

Il y a en ce moment une locution figurée qui sert des ven-
geances bien amères.

On dit à celui dont on veut se venger :

■—Viens ça, que je te donne la monnaie de ta pièce..'

L'individu interpellé accourt avec joie...

Et on lui envoie son pied dans le derrière.

Il paraît que ce procédé a un grand succès parmi les mem-
bres du Jockey-Glùb.

*
* *

On causait bonapartistes. — Il y a des conversations bien
malpropres.

— Que veulent ces gens-là?

— Ils demandent l'appel au peuple.

— Eh bien, le peuple se charge de. leur en donner.

— De quoi donc?

— De la pelle.

Note pour la commission qui s'occupe de la révision du
dictionnaire à l'Académie française :

Grelotter. — Écrire dans le Grelot, par extension donner
des preuves d'esprit.

- Exemple : « Je suis en nage; voilà une demi-heure que je
grelotte. »

TOC-TOC.

GRELOTS,

L'autre soir des cris de « Vive l'Empereur! » poussés par quelques mi-
sérables décembrajllards sortis de la boue et revenus sur l'eau, ont été en-
tendus rue du Vieux-Colombier.

Ces messieurs espéraient sans doute y trouver quelques pigeons.

En ce moment on s'occupe avec activité de la réorganisation des cadres
de l'armée. 11 est question de grandir ces cadres pouf que les tambours-
majors puissent y entrer sans courber la tête.

Le ministre de la guerre vient de défendre aux soldats de fumer leur
pipe dans les corps de garde.

Mais si l'on s'en rapporte à la lettre de la défense, le ministre ne les em-
pêche nullement de fumer dans la pipe des camarades.

Au sujet du général Trocbu, l'on dit que ce personnage démgdé est dé-
goûté de la vie politique et qu'il a des intentions de retraite. De retraite
en bon ordre, toujours, comme pendant le siège.

Le gros, gras et rose Jules Janin 'a été reçu à l'Académie française; il
était ce jour-là vêtu d'un babit Kami d'épaisses broderies lesquelles n'a-
vaient aucune ressemblance avec les broderies gracieuses et légères dont
l'éminent critique du journal des Débats agrémente son style.

Jules Janin est un écrivain élégant et hardi ; il est aussi charmant
qu'oseur.

Si l'Académie représentait véritablement les lettres françaises, les aca-
démiciens,au lieu d'être quarante, neseraient que vingt cinq, et monsieur
X..". que la décence nous empêche de nommer serait, le dix-septième.

Le Testament de M. de Crac, joué aux Bouffes-Parisiens, est accueilli
chaque soir par les bravos du public. 11 est vrai de dire que la pièce mé-
rite ce succès. — L'œuvre de messieurs Lecoq et Moineaux est une pièce
aux oiseaux.

Le jour de la première représentation de ce testament, Lecoq était à l'or-
chestre, et cela à mon grand étonnement.

Lecoq n'est-ce pas? devait être au poulailler.

Par exemple, Moineaux élait percliô aux plus hautes places; il voulait
être pris pour un oiseau du paradis.

Depuis que la cantatrice Hisson s'est pernvis de souffleter Jouvin, tous
les journalistes, afin de venger leur confrère,^de-nnent des.coups de patte
à cette demoiselle.
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