LÉ GïftîLOT
UN DOMESTIQUE
QEI
LA TROUVE MAUVAISE
Che* M. de Rémusai,.
Il m être, minuit. Victor, domestique fidèle, mais
ayant la fâchewe, habitude de cracher sur les
tapis, est étalé sur un fauteuil et finit un ex-
cellent cigare.
SCÈNE I.
Victor, seul.
Mon maître exècre la fumée de tabac...
c'ast étrange!... moi, je ire saurais me passer
de fumer... Je vais donc ouvrir la fenêtre pour
renouveler l'air... ça refroidira beaucoup !a
chambre et M. le comte s'enrhumera... mais
aussi pourquoi, diable! ne fume-t-il pas?...
(// ouvre la croisée.) Le temps- s'est mis au
froid... diable de saison!... Quelle singulière
idée mon maître a de se faire nommer dé-
puté!... C'est moi qui m'en fiche de la politi-
que !... On sonne... ce doit être lui.
(// ce ouvrir. Entre M. de Rémusat.).
SCÈNE II.
M. DE RÉMUSAT, VICTOR.
M. de rémusat.
Victor !
victor.
M. le comte?
m. ide rémusat.
Je sors du Comité républicain. Je ne veux
pas que vous m'appeliez monsieur le comte.
victor.
Je ne peux cependant pas appeler mon-
sieur : Charles. Ça ne serait pas respectueux.
m. de rémusat.
Appelez-moi citoyen.
victor.
Oui, monsieur le comte.
M. de rémusat, furKUX.
Hein? ,. . '
victor.
Oui, citoyen. >,
m. de rémusat.
C'est une infectiou ici.
victor.
Le citoyen trouve?
m. de rémusat.
Qui donc s'est permis de fumer ?
victor.
La cheminée peut-être. Il y a si longtemps
qu'en ne l'a ramonée !
m. de rémusat.
Vous êtes un imbécile 1
victor.
Un imb... (A part.) Tu peux compter que je
voterai pour Barodet, toi.
m. de rémusat.
Que c'est beau la République !
victor.
N'est-ce pas, monsieur?.....Pardon.....ci-
toyen.
m. de rémusat.
Car je suis républicain, je le sens bien, va,
Victor. Oh! la liberté ! la fraternité ! l'égalité !
victor.
Oui... l'égalité surtout.
M. de rémusat.
Otez-moi mes bottes.
VICTOR.
Avec plaisir, citoyen.
M. de rémusat.
Ah!,., ça va mieux. Victor, vous me ré-
veiflerez demain matin de bonne heure... que
j'aie le temps d'apprendre mon discours.
victor.
Oui, monsieur le comte.
M. de rémusat.
Encore !
victor.
Oui... citoyen. (// sort.)
m. de rémusat, se glissmt dans son lit.
Bien décidément, je suis républicain.....
C'est drôle... je ne l'aurais jamais cru.
Le lendemain, même heure.
Même mise en scène, même cigare fumé par
Victor, même fenêtre ouverte.
SCÈNE III.
victor, seul.
C'est drôle tout de même qu'il ne puisse
pas s'accoutumer au cigare!.....On sonne.....
Ce doit être lui.
(Entrée de M. de Rémusat.)
SCÈNE IV.
M. DE RÉMUSAT, VICTOR.
M. DE rémusat.
Cela sent encore plus fort qu'hier,
victor.
Toujours la cheminée,, citoyen.
m. DE rémusat.
Victor!
victor.
S'il vous plaît?
M.' de rémusat.
Pourquoi m'appelez-vôus citoyen?
victor.
Mais hier... vous m'avez ordonné...
M. de rémusat.
Eh bien, aujourd'hui, je vous ordonne de
ro'appeler monsieur le comte. Je viens d'une
réunion orléaniste, et, au souvenir de toutes
les belles choses que j'ai entendues, je sens
bien que je suis plus monarchiste que jamais.
VJCTOR.
Vous lâchez déjà la République? Ah ! c'est
pas gentil, ça!
m. de rémusat.
Il le faut, mon pauvre Victor. J'en souffre
bien, va. Mais, vois-tu, la monarchie, c'est
dans le sang. J'ai beau faire le républicain; je
sens bien que je ne le suis pas.
victor.
Alors, vous voulez nous monter le coup?
m. de rémusat.
Victor, ce langage !...
victor.
Je dis : vous voulez nous monter lecoup?
m. de rémusat, souriant.
Crois-tu qu'ils couperont dans le pont?
victor.
Je n'ose l'espérer, monsieur le comte.
wx7.i n lomnooT
Ohé! Cmton.net!
Ousqtùst Cantonnet?
Qu'est devenu Cantonnet??
Àvez-vous vu Cantonnet???
Tripla interrogation qui, pour le moment,
remplace avantageusement les Ohé! Lambert!
d'antam
Le Guigues de Champvans du Rhône a plié
banals après avoir remporté sur « son cauche- j
mar » Barodet la plus belle victoire des temps
modernes.
Ce n'est pas clair.
Quel est donc ce mystère?
Nous nageons dans un océan d'inquiétudes..
Est-ce une manœuvre électerale?
Voudrait-on, à la dernière heure, offrir à
Barodet la préfecture du Rhône, en échange
de son désistement à Paris?
Dame! on en a vu de plus roides 1
*
* *
Tout cela ne nous dit pas ousqu'est cantonné
Cantonnet.
Quand, on est Cantonnet on ne se perd pas
comme le premier chien venu, que diable !
Bien sûr « il y a de l'Internationale là-des-
sous! »
Enfin, le cas est bizarre, convenez-en...
On a vu bien des éqarem'-nts de préfets, mais
c'est la première t'ois que nous avous le bon-
heur de constater une disparition complète,
une éclipse totale.
A cause de la rareté du fait, nous nous em-
pressons de mettre à la disposition des amis
de Cantonnet la publicité du Grelot, et, pasti-
chant les pmtes affiches, nous insérons gratis,
entendez-vous bien? gratis, l'avis suivant :
il a été perdUu un préfet à poigne,
répondant au doux nom de Cantonnet.
Signe particulier : Il mange tout seul.
Le rapporter au bureau du GRELOT.
Récompense malhonnête.
La commission de permanence a voulu don-
ner signe de vie,— mais à la manière d'Abai-
lard.
Présidés par Buffet, — un président qui
n'est pas commode! — les vingt-cinq membres
se sont inclinés devant le gouvernement qu'ils
voulaient turlupiner à propos de la candida-
ture trop républicaine (!) du citoyen comte de
Rémusat, ce vieux complice des tripotages po-
litiques de M. Thiers.
Eh ! quoi d&ncî que se passe-t-jlr...
M. DE rémusat.
Eh bien, moi, je l'espère... en attendant,
ôte-moi mes bottes.
victor, à part.
Ce qu'il y a d'embêtant, c'est que, monar-
chie ou république, ce n'est jamais lui qui
ôte les miennes.
M. de rémusat.
Eh bien !
victor.
Voilà, monsieur le comte... voilà... (A part
en s'en allant.) Je vais joliment voter pour Ba-
rodet, moi !
NICOLAS FLAMMÈCHE.
-s-
ABSOLUMENT PARTICULIER!!!
« Les journaux hostiles à la République
souhaitent l'échec de M. de Rémusat... »
Manifeste de MM. Langlois, Tirard, Henri
~ Mai-tin, Carnot, Arago, hérold, etc., etc., etc.
(Je crois que c'est bien assez comme ça!)
Absolument particulier!
Soutenir Rémusat, c'est être républicain !
Ne pas soutenir Rémusat, c'est ne pas être
républicain !
Mais qui soutient Rémusat dans la presse ?...
Le Figaro (pardon !) qui se dit légitimiste,
le l'aris Journal qu'on croit bonapartiste, le
Soleil qui est orléaniste, et quelques autres du
même sac et de la même moulure.
Pauvre Rémusat! s'il est républicain, ça doit
rudement l'ennuyer de voir qu'il est soutenu
par tout le mond, excepté par les républi-
cains.
Car enfin,
Il ne faut pas se le dissimuler,
Le R'ippel n'en veut pas!
Le Co/sairen'en veut pas!
La République française n'en veut pas I
Le Siècle n'eu veut pas !
Qui est-ce donc qui veut de Rémusat?...
Absolument particulier!
C'est Langlois, emmenant sous Je bras H. de
Villemessànt !
C'est Henri Martin, allant boire bouteille avec
M. Weiss!
C'est Tirard, un signataire de la capitulation
des maires, esquissant un pas de deux avec
M. H. de Pêne !
En vérité, cette fraternité est touchante à
faire verser des larmes à l'obélisque !
Et d'un autre côté, quels sont ces gens qui
ne veulent pas de Rémusat?...
C'est Lockroy!
C'est Portalis !
C'est Gambetta !
C'est tout ce qui jusqu'ici a passé pour tenir
à la République !
En vérité, je vous le dis, mes frères, c'est
absolumei t particulier !
Cependant, il n'y a pas à en douter, n'est-ce
pas?...
Langlois fait, tant de gesticulations, Tirard
est si brave, H. Martin est si éloquent, Carnot
est si entraînant, Arago est si véhément, Hé-
rold est si passionné, — le tout en faveur de
la République, — qu'il serait cruel d'avoir
quelque hésitation à l'égard de M. de Rémusat
qu'ils protègent.
Et pourtant il faut choisir :
Si Langlois crie : Rémusat! et. que Villemes-
sànt rê onde : Amil il n'y a pas à douter non
plus. C'est que Rémusat se tiche de ia Répu-
C'-'lte fumée sans feu ne me dit rien qui
vaille.
Aurait-on, pour acheter son silence, promis
à Barag.non un portefeuille , une candidature
officielle aux prochaines élections ou une
place de concierge à l'hôtel de la présidence?
0 puffisme !
M. D***, dentiste, fait distribuer dans les rues
des prospectus sur lesquels on lit en gros
caractères :
D*** chirurgien-dentiste ,
contomme un éléphant par mois.
Ce n'est que dix lignes plus bas qu'il est
fait mention des râteliers osanores en ivoire I
*
* *
Nous sommes en pleine popote électorale,
et comme le disait l'auteur de Varchimisan-
thropophilanlhropophagie, le pantocrate Gagne :
Birodet, Rémusat ; Rémusat, Barodet
Ont dansé leur cancan au Casino-Cadet.
Ce n'est pas à proprement parler une candi-
dature officielle que la candidature Rémusat :
c'est une candidature officieuse, — ce qui pis
est I
blique comme du Petit Marquis de M. Coppée
(François).
Si Gambetta crie : Barodet, et que l'Univers
répond : mer...ci! c'est que Barodet n'est pas
décidé à jouer les Rératry et les grand pre-
miers Favre.
C'est clair!
Et cependant cela restera obscur pour bien
des gens !
Le public, cette fois encore, prendra le
candidat de Magnard.
Et, avec sa candeur habituelle, il deman-
dera un conseil à Saint-Genestl
Il a déjà oublié Vautrin qui, lui aussi, était
destiné, dans les circulaires bien pensantes,
à consolider la République, à maintenir le suf-
frage universel, à faire lever l'état de siège...
Vautrain a été nommé :
C'éta;t pour voir si le printemps s'avance!...
Et le printemps est venu !
Et nous sommes toujours Parisiens comme
devant, avec l'état de siège d'un côté et les
républicains de pacotille de l'autre, sans qu'il
soit possible de prévoir quand nou>; pourrons
nous débarrasser de cette trop aimable com-
pagnie at jouer des coudes, ne fût-ce que uour
les lever !...
0 mon Dieu! quand donc nous déuvrerez-
nous des bons jeunes gens, des perruques, de
Koning, de la Revale-cière du Barry, de la
République conservatrice, de la liberté sans
la licence et des imbéciles !
JOB.
TOUT LES ÉTONNE
Il y a des journaux qui ne seraient pas fâ-
chés de faire croire au public qu'ils mérilent,
sinon le prix Monthyon, du moins la couronné
de rosière.
Jamais on n'a vu -virginité aussi résistante
que la leur!
Les révolutions passent, les gouverne-merits
changent!. . Eux seuls ne passent ni ne chan-
gent! Ils restent toujours la, toujours jeunes,
toujours frais, toujours beaux, toujours peti-
tes filles !...
C'est ainsi que le journal où le jeune Gaston
Vassy peine sans scrupule, s'exprimait il y a
quelques jours :
a Faut il croire ce qu'on nous dit?
» On nous dit que M. X..., lils du directeur
d'une des plus importantes administrations de
l'Est, vient d'aban ionner la nationalité fran-
çaise pour se faire naturaliser Allemand, j
» Nous n'affirmons rien... nous répétons,
voilà tout ! »
La malice est tellement cousue de fil blanc,
qu'un myope la reconnaîtrait à quinze pas :
Quoi ! a l'air de dire le bon journal en ques-
tion, de mauvaises langues voudraient répan-
dre le bruit calomnieux de la naturalisâtes
allemande d'un homme bien calé, d'un con-
servateur, d'un respectable industriel, attaché
(aveedes saucisses)aux bons principes !... Non,
nous ne voulor s pas croire à ce bruit calom-
nieux!... Un homme bien pensant ne peut pas
faire des choses semblables!... Notre pudeur
bien connue se refuse à l'admettre!...
Ce qui permet de conclure que si, au lieu
de mettre en cause le utils du directeur d'une
des plus importantes administrations, etc.. »
la tumeur publique avait accusé seulement
un de ses ouvriers, le jeune Gaston Vassy
Rémusat le candidat moitié chair moitié pois-
son, Rémusat i'equiwguard, Rémusat le candi-
dat homme-femme, Rémusat Vorléano-républi-
cain, le politique panaché, fait risette et ron-
| ron aux conservateurs (li^ez : rentiers de nais-
sance) et consent pourtant à sacrifier son titre
de comte et jus m'à sa particule aux républi-
cains, dont, il veut voler les voix.
C'est un abusée suffrage, que diantre!
Dans les salons du noble faubourg on l'ap-
pelle monsieur le comte long comme le bras;
au Casino, il se laisse taper (moralement) sur
le vemre, appeler citoyen, etc., quasi tutoyer
par ses amis du Soir, du Bien publie et des
Débats.
Je suis oiseau, voyez mes ailes.
Je suis souris, vivent les rats...
*
* *
Nous possédons neuf ministres, tous plus
collés, vissés, cramponnés, scellés, boulonnés
à leurs portefeuilles les uns que les autres.
Huit d'entre eux sont députés.
Le neuvième veut l'être : vous savez qui
c'est.
Il est de tonte évidence — et je m'étonne
que les orateurs barorietistes des réunions pu-
bliques n'aient point songé à le l'aire remar-
quer, — il est de toute évidence, dis-je, que
nul ne peut, même en travaillant nuit et jour,
UN DOMESTIQUE
QEI
LA TROUVE MAUVAISE
Che* M. de Rémusai,.
Il m être, minuit. Victor, domestique fidèle, mais
ayant la fâchewe, habitude de cracher sur les
tapis, est étalé sur un fauteuil et finit un ex-
cellent cigare.
SCÈNE I.
Victor, seul.
Mon maître exècre la fumée de tabac...
c'ast étrange!... moi, je ire saurais me passer
de fumer... Je vais donc ouvrir la fenêtre pour
renouveler l'air... ça refroidira beaucoup !a
chambre et M. le comte s'enrhumera... mais
aussi pourquoi, diable! ne fume-t-il pas?...
(// ouvre la croisée.) Le temps- s'est mis au
froid... diable de saison!... Quelle singulière
idée mon maître a de se faire nommer dé-
puté!... C'est moi qui m'en fiche de la politi-
que !... On sonne... ce doit être lui.
(// ce ouvrir. Entre M. de Rémusat.).
SCÈNE II.
M. DE RÉMUSAT, VICTOR.
M. de rémusat.
Victor !
victor.
M. le comte?
m. ide rémusat.
Je sors du Comité républicain. Je ne veux
pas que vous m'appeliez monsieur le comte.
victor.
Je ne peux cependant pas appeler mon-
sieur : Charles. Ça ne serait pas respectueux.
m. de rémusat.
Appelez-moi citoyen.
victor.
Oui, monsieur le comte.
M. de rémusat, furKUX.
Hein? ,. . '
victor.
Oui, citoyen. >,
m. de rémusat.
C'est une infectiou ici.
victor.
Le citoyen trouve?
m. de rémusat.
Qui donc s'est permis de fumer ?
victor.
La cheminée peut-être. Il y a si longtemps
qu'en ne l'a ramonée !
m. de rémusat.
Vous êtes un imbécile 1
victor.
Un imb... (A part.) Tu peux compter que je
voterai pour Barodet, toi.
m. de rémusat.
Que c'est beau la République !
victor.
N'est-ce pas, monsieur?.....Pardon.....ci-
toyen.
m. de rémusat.
Car je suis républicain, je le sens bien, va,
Victor. Oh! la liberté ! la fraternité ! l'égalité !
victor.
Oui... l'égalité surtout.
M. de rémusat.
Otez-moi mes bottes.
VICTOR.
Avec plaisir, citoyen.
M. de rémusat.
Ah!,., ça va mieux. Victor, vous me ré-
veiflerez demain matin de bonne heure... que
j'aie le temps d'apprendre mon discours.
victor.
Oui, monsieur le comte.
M. de rémusat.
Encore !
victor.
Oui... citoyen. (// sort.)
m. de rémusat, se glissmt dans son lit.
Bien décidément, je suis républicain.....
C'est drôle... je ne l'aurais jamais cru.
Le lendemain, même heure.
Même mise en scène, même cigare fumé par
Victor, même fenêtre ouverte.
SCÈNE III.
victor, seul.
C'est drôle tout de même qu'il ne puisse
pas s'accoutumer au cigare!.....On sonne.....
Ce doit être lui.
(Entrée de M. de Rémusat.)
SCÈNE IV.
M. DE RÉMUSAT, VICTOR.
M. DE rémusat.
Cela sent encore plus fort qu'hier,
victor.
Toujours la cheminée,, citoyen.
m. DE rémusat.
Victor!
victor.
S'il vous plaît?
M.' de rémusat.
Pourquoi m'appelez-vôus citoyen?
victor.
Mais hier... vous m'avez ordonné...
M. de rémusat.
Eh bien, aujourd'hui, je vous ordonne de
ro'appeler monsieur le comte. Je viens d'une
réunion orléaniste, et, au souvenir de toutes
les belles choses que j'ai entendues, je sens
bien que je suis plus monarchiste que jamais.
VJCTOR.
Vous lâchez déjà la République? Ah ! c'est
pas gentil, ça!
m. de rémusat.
Il le faut, mon pauvre Victor. J'en souffre
bien, va. Mais, vois-tu, la monarchie, c'est
dans le sang. J'ai beau faire le républicain; je
sens bien que je ne le suis pas.
victor.
Alors, vous voulez nous monter le coup?
m. de rémusat.
Victor, ce langage !...
victor.
Je dis : vous voulez nous monter lecoup?
m. de rémusat, souriant.
Crois-tu qu'ils couperont dans le pont?
victor.
Je n'ose l'espérer, monsieur le comte.
wx7.i n lomnooT
Ohé! Cmton.net!
Ousqtùst Cantonnet?
Qu'est devenu Cantonnet??
Àvez-vous vu Cantonnet???
Tripla interrogation qui, pour le moment,
remplace avantageusement les Ohé! Lambert!
d'antam
Le Guigues de Champvans du Rhône a plié
banals après avoir remporté sur « son cauche- j
mar » Barodet la plus belle victoire des temps
modernes.
Ce n'est pas clair.
Quel est donc ce mystère?
Nous nageons dans un océan d'inquiétudes..
Est-ce une manœuvre électerale?
Voudrait-on, à la dernière heure, offrir à
Barodet la préfecture du Rhône, en échange
de son désistement à Paris?
Dame! on en a vu de plus roides 1
*
* *
Tout cela ne nous dit pas ousqu'est cantonné
Cantonnet.
Quand, on est Cantonnet on ne se perd pas
comme le premier chien venu, que diable !
Bien sûr « il y a de l'Internationale là-des-
sous! »
Enfin, le cas est bizarre, convenez-en...
On a vu bien des éqarem'-nts de préfets, mais
c'est la première t'ois que nous avous le bon-
heur de constater une disparition complète,
une éclipse totale.
A cause de la rareté du fait, nous nous em-
pressons de mettre à la disposition des amis
de Cantonnet la publicité du Grelot, et, pasti-
chant les pmtes affiches, nous insérons gratis,
entendez-vous bien? gratis, l'avis suivant :
il a été perdUu un préfet à poigne,
répondant au doux nom de Cantonnet.
Signe particulier : Il mange tout seul.
Le rapporter au bureau du GRELOT.
Récompense malhonnête.
La commission de permanence a voulu don-
ner signe de vie,— mais à la manière d'Abai-
lard.
Présidés par Buffet, — un président qui
n'est pas commode! — les vingt-cinq membres
se sont inclinés devant le gouvernement qu'ils
voulaient turlupiner à propos de la candida-
ture trop républicaine (!) du citoyen comte de
Rémusat, ce vieux complice des tripotages po-
litiques de M. Thiers.
Eh ! quoi d&ncî que se passe-t-jlr...
M. DE rémusat.
Eh bien, moi, je l'espère... en attendant,
ôte-moi mes bottes.
victor, à part.
Ce qu'il y a d'embêtant, c'est que, monar-
chie ou république, ce n'est jamais lui qui
ôte les miennes.
M. de rémusat.
Eh bien !
victor.
Voilà, monsieur le comte... voilà... (A part
en s'en allant.) Je vais joliment voter pour Ba-
rodet, moi !
NICOLAS FLAMMÈCHE.
-s-
ABSOLUMENT PARTICULIER!!!
« Les journaux hostiles à la République
souhaitent l'échec de M. de Rémusat... »
Manifeste de MM. Langlois, Tirard, Henri
~ Mai-tin, Carnot, Arago, hérold, etc., etc., etc.
(Je crois que c'est bien assez comme ça!)
Absolument particulier!
Soutenir Rémusat, c'est être républicain !
Ne pas soutenir Rémusat, c'est ne pas être
républicain !
Mais qui soutient Rémusat dans la presse ?...
Le Figaro (pardon !) qui se dit légitimiste,
le l'aris Journal qu'on croit bonapartiste, le
Soleil qui est orléaniste, et quelques autres du
même sac et de la même moulure.
Pauvre Rémusat! s'il est républicain, ça doit
rudement l'ennuyer de voir qu'il est soutenu
par tout le mond, excepté par les républi-
cains.
Car enfin,
Il ne faut pas se le dissimuler,
Le R'ippel n'en veut pas!
Le Co/sairen'en veut pas!
La République française n'en veut pas I
Le Siècle n'eu veut pas !
Qui est-ce donc qui veut de Rémusat?...
Absolument particulier!
C'est Langlois, emmenant sous Je bras H. de
Villemessànt !
C'est Henri Martin, allant boire bouteille avec
M. Weiss!
C'est Tirard, un signataire de la capitulation
des maires, esquissant un pas de deux avec
M. H. de Pêne !
En vérité, cette fraternité est touchante à
faire verser des larmes à l'obélisque !
Et d'un autre côté, quels sont ces gens qui
ne veulent pas de Rémusat?...
C'est Lockroy!
C'est Portalis !
C'est Gambetta !
C'est tout ce qui jusqu'ici a passé pour tenir
à la République !
En vérité, je vous le dis, mes frères, c'est
absolumei t particulier !
Cependant, il n'y a pas à en douter, n'est-ce
pas?...
Langlois fait, tant de gesticulations, Tirard
est si brave, H. Martin est si éloquent, Carnot
est si entraînant, Arago est si véhément, Hé-
rold est si passionné, — le tout en faveur de
la République, — qu'il serait cruel d'avoir
quelque hésitation à l'égard de M. de Rémusat
qu'ils protègent.
Et pourtant il faut choisir :
Si Langlois crie : Rémusat! et. que Villemes-
sànt rê onde : Amil il n'y a pas à douter non
plus. C'est que Rémusat se tiche de ia Répu-
C'-'lte fumée sans feu ne me dit rien qui
vaille.
Aurait-on, pour acheter son silence, promis
à Barag.non un portefeuille , une candidature
officielle aux prochaines élections ou une
place de concierge à l'hôtel de la présidence?
0 puffisme !
M. D***, dentiste, fait distribuer dans les rues
des prospectus sur lesquels on lit en gros
caractères :
D*** chirurgien-dentiste ,
contomme un éléphant par mois.
Ce n'est que dix lignes plus bas qu'il est
fait mention des râteliers osanores en ivoire I
*
* *
Nous sommes en pleine popote électorale,
et comme le disait l'auteur de Varchimisan-
thropophilanlhropophagie, le pantocrate Gagne :
Birodet, Rémusat ; Rémusat, Barodet
Ont dansé leur cancan au Casino-Cadet.
Ce n'est pas à proprement parler une candi-
dature officielle que la candidature Rémusat :
c'est une candidature officieuse, — ce qui pis
est I
blique comme du Petit Marquis de M. Coppée
(François).
Si Gambetta crie : Barodet, et que l'Univers
répond : mer...ci! c'est que Barodet n'est pas
décidé à jouer les Rératry et les grand pre-
miers Favre.
C'est clair!
Et cependant cela restera obscur pour bien
des gens !
Le public, cette fois encore, prendra le
candidat de Magnard.
Et, avec sa candeur habituelle, il deman-
dera un conseil à Saint-Genestl
Il a déjà oublié Vautrin qui, lui aussi, était
destiné, dans les circulaires bien pensantes,
à consolider la République, à maintenir le suf-
frage universel, à faire lever l'état de siège...
Vautrain a été nommé :
C'éta;t pour voir si le printemps s'avance!...
Et le printemps est venu !
Et nous sommes toujours Parisiens comme
devant, avec l'état de siège d'un côté et les
républicains de pacotille de l'autre, sans qu'il
soit possible de prévoir quand nou>; pourrons
nous débarrasser de cette trop aimable com-
pagnie at jouer des coudes, ne fût-ce que uour
les lever !...
0 mon Dieu! quand donc nous déuvrerez-
nous des bons jeunes gens, des perruques, de
Koning, de la Revale-cière du Barry, de la
République conservatrice, de la liberté sans
la licence et des imbéciles !
JOB.
TOUT LES ÉTONNE
Il y a des journaux qui ne seraient pas fâ-
chés de faire croire au public qu'ils mérilent,
sinon le prix Monthyon, du moins la couronné
de rosière.
Jamais on n'a vu -virginité aussi résistante
que la leur!
Les révolutions passent, les gouverne-merits
changent!. . Eux seuls ne passent ni ne chan-
gent! Ils restent toujours la, toujours jeunes,
toujours frais, toujours beaux, toujours peti-
tes filles !...
C'est ainsi que le journal où le jeune Gaston
Vassy peine sans scrupule, s'exprimait il y a
quelques jours :
a Faut il croire ce qu'on nous dit?
» On nous dit que M. X..., lils du directeur
d'une des plus importantes administrations de
l'Est, vient d'aban ionner la nationalité fran-
çaise pour se faire naturaliser Allemand, j
» Nous n'affirmons rien... nous répétons,
voilà tout ! »
La malice est tellement cousue de fil blanc,
qu'un myope la reconnaîtrait à quinze pas :
Quoi ! a l'air de dire le bon journal en ques-
tion, de mauvaises langues voudraient répan-
dre le bruit calomnieux de la naturalisâtes
allemande d'un homme bien calé, d'un con-
servateur, d'un respectable industriel, attaché
(aveedes saucisses)aux bons principes !... Non,
nous ne voulor s pas croire à ce bruit calom-
nieux!... Un homme bien pensant ne peut pas
faire des choses semblables!... Notre pudeur
bien connue se refuse à l'admettre!...
Ce qui permet de conclure que si, au lieu
de mettre en cause le utils du directeur d'une
des plus importantes administrations, etc.. »
la tumeur publique avait accusé seulement
un de ses ouvriers, le jeune Gaston Vassy
Rémusat le candidat moitié chair moitié pois-
son, Rémusat i'equiwguard, Rémusat le candi-
dat homme-femme, Rémusat Vorléano-républi-
cain, le politique panaché, fait risette et ron-
| ron aux conservateurs (li^ez : rentiers de nais-
sance) et consent pourtant à sacrifier son titre
de comte et jus m'à sa particule aux républi-
cains, dont, il veut voler les voix.
C'est un abusée suffrage, que diantre!
Dans les salons du noble faubourg on l'ap-
pelle monsieur le comte long comme le bras;
au Casino, il se laisse taper (moralement) sur
le vemre, appeler citoyen, etc., quasi tutoyer
par ses amis du Soir, du Bien publie et des
Débats.
Je suis oiseau, voyez mes ailes.
Je suis souris, vivent les rats...
*
* *
Nous possédons neuf ministres, tous plus
collés, vissés, cramponnés, scellés, boulonnés
à leurs portefeuilles les uns que les autres.
Huit d'entre eux sont députés.
Le neuvième veut l'être : vous savez qui
c'est.
Il est de tonte évidence — et je m'étonne
que les orateurs barorietistes des réunions pu-
bliques n'aient point songé à le l'aire remar-
quer, — il est de toute évidence, dis-je, que
nul ne peut, même en travaillant nuit et jour,