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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 3.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.6812#0086

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LB GRELOT

LE GRELOT

ÉDITION DE LUXE

Prix d'abonnement pour paris et les départements
Un aa . . . 15 »

Six mois .... 7 50
Trois mois .... 4 »

Prix du numéro : 25 cent.

Adresser les demandes à M. Madré,
directeur-gérant, 20, rue du Croissant, à
Paris.

LES CONSPIRATEURS

Quand on conspire

Sans frayeur,
On peut se dire

Conspirateur.

(fille de madame angot).

La scène se passe huit jours avant l'élection
du 27 avril.
Ventrée des catacombes.
Quatre hommes masqués et vêtus de longs man-
teaux se présentent à la porte de ce lieu fu-
nèbre.

Ils frappent.

Toc! loc!

{La porte s'ouvre et Mimi Saint-Hilaire paraît.
IL tient à la main une lanterne sourde.)

mimi.

Qui êtes-vous?

les quatre hommes.

Frères en Rémusat.

mimi.

Le mot d'ordre 1

les quatre hommes.

Portefeuille et Jules Simon.

mimi.

Entrez,

{Les quatre, hommes descendent et s'arrêtent dans
une sorte de carrefour. Au milieu,une table re-
couverte d'un tapis et supportant un verre d'eau
sucrée et une sonnette enveloppée d'un crêpe,—
la sonnette de Grévy^ )
mimi, s'asseyant au fauteuil de la présidence.
Vos noms?

premier homme.

Frère Vrignault.

deuxième homme.

Frère About.

troisième homme.

Frère Pessard.

quatrième homme.

Frère I. Rousset.

mimi.

Les officieux... bien.... je vous attendais,
mes fières. La situation est grave.

frère vrignault.

Si nous otions nos masques ?

frère aboct.

Jamais.

frère pessard, timidement.
Puisque nous nous connaissons tous?

frère about.

Ça ne fait rien. Un conspirateur sans
masque, c'est un ministre sans portefeuille,
un perdreau sans truffes, un journal sans
abonnés (I).

frère rousset.

Très-bien.

frère arout.

Et puis ça se fait dans toutes les conspira-
tions un peu sérieuses.

mimi.

Il a raison. Gardez donc vos masques, mes
frères, et parlons un peu sérieusement. A pro-
pos, mon cher Rousset, voulez-vous me per-
mettre de ne pas vous appeler Ildefonse? Ce
prénom est d'un ridicule !

frère rousset.

Comment donc!... mais avec le plus grand
plaisir. Allez-y de Rousset tout court, mon
cher Mimi.

mimi.

Trop bon, trop bon. Je disais donc, mes
frères , que la situation était grave... très-
grave.

tous.

Extrêmement grave.

mimi.

Il n'y a pas à se dissimuler que ce Barodet...

frère about.

Quel cuisliv :

frère pessard.

Si je n'avais reçu les bienfaits d'une excel-
lente éducation, je dirais : quel muffle !

frère vrignault.

Du calme, ami, du calme.

mimi.

Ce Barodet, dis-je, a quelques chances.

frère rousset.

Penh!... une vingtaine de mille voix, tout
au plus.

frère about.

Et encore!

mimi.

Turlututu!... Je vous dis moi qu'il se pour-
rait faire qu'il enfonçât de plusieurs longueurs
notre bien-aimé Rémusat.

frère vrignault.

Allons donc !

frère tessard.

Ne sommes-nous pas là? .. quand je lui au-
rai seulement envoyé par ia figuré une demi-
douzaine de premiers Paris, vous verrez ce
qu'il eu restera.

mimi.

Enfin, s'il passait par hasard, mes frères,
nous seriuns fichus !

frère about.

Enfoncés !

frère vrignault.

Dégommés.

frère rousset.

Nettoyés!... Je dis nettoyés, pareeque je

(1) Voir le XIX' siècle.

n'ai pas, comme le frère Pessard, reçu les
bienfaits d'une excellente éducation.

mimi.

Dame ! mes frères, attention ! Jamais le pays
n'a eu plus besoin de vos bonnes plumes de
Tolède. Je vous en supplie, — et ce sont-'.à
les ordres du maître; — je vous en supplie,
faites bien ressortir les périls qui menacent la
France si ce maraud-là venait à sortir de
l'urne. Affirmez par les serments les plus ri-
goureux que la nomination dudit Barodet
signifierait ruine, peste, incendie, massacres,
viols, etc., etc.

frère about.

Ce qui n'est, au reste, que la plus pure
vérité.

mimi.

Bouleversez les conscieuces, troublez les es-
prits, remuez tellement les fantômes les plus
sinistres que vos abonnés ne songent plus
qu'à faire leur malle.

frère rousset.

Après avoir renouvelé, toutefois.

frère pessard.

Naturellement.

mimi.

Et que votre mot de ralliement soit : Ré-
musat ou la mort !

frère vrignault.

On s'y conformera.

mimi.

Pas de blagues, messieurs!... songez-y bien
et développez ce thème avec ia fougueuse élo-
quence qui vous caractérise : Si Barodet passe,
cricl crac!... ça y est.

frère pessard.

C'est parfaitement entendu.

frère rousset.

Je répéterai ce que le frère Pessard vient
de dire aven tant d'à-propos : C'est parfaite-
ment entendu.

mimi.

Allez donc, mes frères, retournez dans vos
journaux respectifs, et du nerf, morbleu! du
nerf!... ou pas rie braise à la fin du mois
Vous avez saisi?

tous.

A merveille!

mimi.

La France et le grand chef comptent sur
vous. Maintenant reprenez vos masques, mes-
seigneurs, et que le ciel vous garde!

frère pessard.

Nos masques? mais nous ne les avons pas
quittés.

mimi.

C'est absolument juste. Je ne sais plus un
mot de ce que je dis... Excusez-moi, mes
frères... mais la gravité de la situation... (Il
éternue.) On s'enrhume ici.

tous.

Dieu vous bénisse !

mimi.

Merci, messieurs, merci... En m'honorant
comme vous le faites, vous rendez hommage
à l'homme éminent qui dirige d'une main si...
sûre... le... flambeau... de nos destinées...
frère vrignault, avec étonnement.

Le flambeau!____ Pardon..... vous vouliez

dire... le gouvernail?

mimi.

C'est absolument juste. Décidément, je de-

viens complètement imbécile. (7/ éternue.)
Comme on s'enrhume ici!... Je n'y reviendrai
pas.

{Tous sortent, conduits par Mimi.)

Simples extraits desdits officieux... k la date
du 28 :

« Barodet est nommé. Eh bien, après? On
aurait joliment tort de se casser la tête pour
si peu. M. Thiers répond de l'ordre. »

[Bien public.)
« Barodet est nommé. Je m'en fiche pas
mal. Et vous?

» M. Thiers répond de l'ordre. »

{National.)

v M. Barodet est nommé. Ça n'est pas
étonnant. Tous les Rémusat ont voté pour lui.
C'est les bonapartistes qui font un nez !

» M. Thiers répond de l'ordre. »

(XIXe SiicleJ

« Barodet est nommé. Nous l'avions tou-
jours pensé. Mais il n'y a pas à s'inquiéter de
cela.

» M. Thiers répond de l'ordre. »

{Soir.)

Et voilà comment ça se joue!...

NICOLAS FLAMMÈCHE.

LES

ETABLISSEMENTS DE BAINS

O.i ne peut pas se douter combien ces gail-
lards de conservateurs sont spirilueis!

Ils ont des plaisanteries d'une finesse, d'un
goût, d'une élégance, d'un mordant tels que
Rivarol et Voltaire en joueraient à saute-
moulon d'enthousiasme.

11 est seulement dommage que les bons
journaux qui prennent la peine d'être aussi
pétillants d'esprit n'aient qu'une cerde à leur
guitare : comme dit « la crapule » : Us n'au-
ront qu'un sou! L'air qu'ils jouent'est fort joli,
malheureusement c'est toujours le môme, et
ce n'est vraiment pas la peine d'avoir volé sa
veste et sa culotte à ce pauvre Figaro pour ne
nous donner qu'un pareil concert.

Il est vrai qu'à son origine l'esprit conser-
vateur choisit un si charmant motif de varia-
tions que tous les badauds en éclatèrent de
rire comme un cent de mouches.

Ce motif, c'était les établissements de bains.

Une fuis ce thème adopté, les bons journaux
sont partis du pied gauche, et depuis leur
verve n'a pas tari.

Il y a quelque dix ans que cela dure, et ce
n'est pas piès de finir.

Depuis dix ans, quand le bon Villemessant
et ses nègres veulent flétrir un homme, et
qu'ils ne savent plus de quelle injure le salir;
après l'avoir traité de voleur, de brigand,
d'assassin, de pétroleur, d'incendiaire et
d'autres termes d'une gentillesse semblable,
ils cherchent à faire comprendre qu'il ne s'est
jamais lavé de sa vie, et qu'en passant devant
les établissements de bains, il s'écrie tou-
jours :

« Qu'est-ce qu'on peut bien faire là-de-
dans ! »

Quant on est arrivé à celte limite suprême
de l'esprit et du bon goût, je conçois qu'on
fasse un crime à un ouvrier de Belleville de ne
pas saluer avec autant de souplesse qu'un
courtisan de Louis XIV, et qu'on reproche à

SAIETTM DE IÛST1ET00I

Ah! mince de rigolade, alors!

Depuis que Rémusat a remporté sa veste,—
une veste toute neuve! — les petits torchons
réactionnaires ne désanathématisent pas.

La vigne gèle : c'est la faute de Barodet!

L'armurier Devisme dévisse son chassepot ;
brigand, canaille de Barodet!

Madame Thierret meurt des suites d'une
pièce de Roning: raca sur Barodet !...

Vraiment, il y a de quoi s'en faire claquer
la sous-ventrière.

Mais tout ceei n'est rien auprès des tirades
puffîsto-hnançièies du fermier de la Bourse du
Figaro, M. Paul Bnry (un monsieur italien, qui
ne serait pas fier si nous divulguions son vé-
ritable nom en raeoniant ses mésaventures!)

fiury, le premier des alarmistes, — primus
inter pares! — de la feuille à Polyte, Bury,
dis-je, s'éc rie :

«Tout est f...chu! Vendez vos rentes! Con-
servateurs, ne conservez rieifl La révolution est
imminente, et avec la révolution, les incen-
dies, le pillage, la désolation de l'abomination
de la consternation... Crapule de Barodet!...

Etcœtera... turlututu, chapeau pointu!... »

Ce n'est pas moi qui vous plaindrai, boursi-
cotiers de mon cœur!

Vous avez escompté le succès de la candida-
ture Rémusat en jouant à la hausse, fin cou-
rant.

Br.rodet passe ; il vous faut revendre à tout
prix et payer des différences.

Dcgringolaverunt et magnum resultavit pouf!

Vlà c' que cVt,
C'est bien fait !

Vous avez voulu tirer des carottes, on vous a
répondu ; « Des navets! »

Polyte annonce à grand fracas qu'il quitte
le Figaro.

Le brave homme « est écœuré» (ne pas lire :

était curé !)

Ne pouvant faire affaire avec personne pour
patronner une candidature, le Figaro s'était
abstenu jésuit'quement de donner son avis.

Clameurs des abonnés qui, incapables d'a-
voir une idée propre, ne savaient pour qui
voter.

Polyte est resté coi, espérant tacitement que
Rémusa t serait nommé, afin de s'en donner les
gants au besoin.

Mais crac! Rémusat peut se fouiller!...

— Ma galerie va bwugonner, s'écrie Polyte;
recouvrons vite notre prestige; jouons au Léo-
pold Ier; faisons semblant de vouloir filer, afin
de nous payer la satis'action d'entendre nos
sujets nous prier de rester.

Et vous allez voir (si ce n'est pas déjà fait)
que le « Je quitte à jamais le journalisme, » —
serment d'ivrogne, — aura pour solution une
note de Xavier M. A., ainsi conçue :

« A la demande générale, les cheveux poivre
et sel de M. de Villemessant seront toujours à
notre tête. »

Et le tour sera joué !

Vous croyez sans doute que la République
bâtarde ou conservatrice est crevée?
Ah! ouiche !

Les courbedos de la Présidence ont ressus-
cité l'équivoque.

A les entendre, ou mieux à les lire, ce ne
sont pas les républicains qui ont assuré le
triomphe de Barodet, d'Edouard Lock-oy, etc.
Ce sont les légitimistes et les badinguistes.

Eh bien! là, franchement, entre nous, le
Bien public m'empeste ! j'ai dans l'idée que,
dans le Morbihan, le calotin Rodan a été nom-
mé grâce aux radicaux!

*

* *

Le préfet de police du Figaro, M. Gaston-

Vassy-Perrodeaud est allé, lui aussi, remplir
ses devoirs de citoyen.

Au sortir de la mairie Drouot, il rencontre
Magnard qui lui dit :

— Vous avez voté?

— Oui, certes.

— Pour qui?

— Mon cher, vous me permettrez de gar-
der le secret de mes préférences... D'ailleurs,
suivant les ordres de Polyte et pour ne pas
qu'on sache pour qui jt votais, j'ai mis dans
l'urne un bulletin blanc.

Nous sommes en plein mois de mai, ce mois
de l'amour et des rhumes de cerveau.

Un aimable correspondant me demande
pourquoi ce mois est consacré à la sainte
Vierge et pourquoi on l'appelle le mois de Marie.

Dans le mois de Mai, les époux sont tendres,
galants, pleins de prévenances mutuelles; les
hommes sortent de leur torpeur et se dégour-
dissent : c'est le réveil de la nature. Aussi les
femmes appelaient-elles cette période bénie :
Le mois des maris.

Le clergé qui ne laisse échapper aucune
occasion d'accaparer les meilleures choses
s'est empressé par corruption, de baptiser le
mois des Maris, mois de Marie.
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