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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 4.1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.6813#0051
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LE GRELOT

flet blobti, insinuant.
Si nous tâlions d'Aumale?...

leneddant, brusquement."
Non !... c'est la môme chose !

P. P.

LE CAS DE MGR RAESS

Notre voix est bien légère pour s'occuper
de si graves sujets, rrais nous ne pouvons ce-
Pendant laisser passer la déclaration de l'é-
vêque de Strasbourg sans faire un peu tinter
notre grelot aux oreilles de ce prélat indigne.

Gomment'.voilà un homme que ses électeurs
er>voient au Reichstadt allemand pourprotester
av'tctcute l'autorité que lui donnait son double .
caractère de prêtre et de députe contre le fait
de l'annexion brutale de notre chère Alsace,
e'> loin de prendre fait et cause pour ses mal-
heureux compatriotes, cet homme courbe l'é-
pine sous le fouet de M. de Bismark et n'a
Pas assez de miel pour approuver le traité qui

Membre son ancienne patrie!
e sais bien que la véritable patrie des ultra-
montains est le ciel, mais alors ces messieurs
devraient prendre un ballon pour aller toucher
'eur traitement qu'un ange leur apporterait
Sur un nuage, et ne pas émarger au Trésor
comme de simples mortels.

H paraît que pour Mgr Raess, comme pour
Ce personnage de la comédie de Molière, le
véritable amphytrion est l'amphytrion où l'on
dîne. Or, comme il dîne en ce moment chez
''empereur d'Allemagne, Monseigneur a ou-
bl'é la table qui l'a nourri si longtemps.

pela peut être le fait d'un estomac recon-
naissant, mais c'est en même temps celui d'un
UIen mauvais patriote.

. Si petit que nous soyons, nous nous asso-
cions donc pleinement aux protestations indi-
cées que les paroles du prélat ont soulevées

at»s l'Alsace entière, et nous sommes heu-
jjehx de prouver en cette occasion à cette terre
l,eaieurée si française, que rien de ce qui peut

émouvoir ne nous trouve indifférents.

NICOLAS FLAMMÈCHE.

ÉPISODES

ET

CURIOSITÉS RÉVOLUTIONNAIRES

Par LOUIS COMBES

Un beau volume m-18 qui se compose des
morceaux suivants :

Le verre de sang de mademoiselle de Sombrcuil.—
^•"cliéologie du bonnet rouge.— Les tanneries de peau
taî?'"6, — Les arbres, de liberté. — Le roulement de
,y '"ours de Santerre. — La nuit du 4 août. — Le
tit}rtla' 'a Guillotine. — Le dernier jour de la Bas-

Sain Le cas Physiologique de Louis XVI. — Fils de
t:'"' Louis,montez au ciel!—Virgile et le sans-culot-
tume' — Un socialiste de l'an vu. — Une leitre pos-
''Ume de Marat. — Marat, voleur de presses. — Le
^r.e de Béranger. — 11 n'y a que les morts qui ne
,ev'ennent point. — La Pentecôte de Robespierre.—
e serrurier du roi. — Le secret de madame Roland.
"~-La légende des vierges de Verdun. — Boissy-d'An-
s'as et la tête, de Ferraud. — Incroyables et petits
lénVes- — Un fondateur oublié de la dynastie napo-
t onierine. — Le drapeau rouge. — La tille d'un sul-
,?n.-~- Autre fétiche corse.—Le grenadier du 19 bru-

nir,

e> etc., etc.

Prix : 3 francs. — Envoi franco.

GAZETTE DE MONTRETOUT

Tant pis ! c'est moi !

Notre ami Quiquengrogne ne vous a pas fait
e§retter mon absence.

.Aussi , désormais , chroniquaillerons-nous
"acun notre tour.

, Cela dit, je braque mon télescope sur les
vénements de la semaine.

u T'ens! j'aperçois là-bas ce vieux Rossignol-
(j0ll.in, /eplus drû de tous les Rollins, l'un

e.s inventeurs du suffrage universel (breveté

• fV «. g. !)

p Ce gros hippopotame parlementaire n'a
fl£S maigri. Le a pain amer de l'exil » a gon-
p| sa bedaine à tel point qu'il faudrait non
liv -S Uq vasistas> mais une porte cochèrepour
ler passage à Son ex-Excellence !

^ Le nouveau député du Vancluse a été élu

Une(écrasante minorité,
y. ' n'en est pas rie même du sous-Thiers delà
,lenne, le modeste Le Petit (j'en demande par-

°n à son homonyme'du Grelot).

Quelle jolie recrue pour la bande Thiersisle
que cet impérialiste en rupture rie convictions !

« Je suis le derrière de M. Thiers» a-t-il écrit
à ses électeurs, et ses électeurs l'ont élu.

Cette élection du « postérieur» de M. Thiers
nous comble de joie.

On sait que l'ex-président, lors de Vorgiede
Granvaux, n'a pas craint de...

Mais laissons parler La Quotidienne :

« ... On devait, pendant la nuit, chasser le
lapin aux flambeaux, mai> la joyeuse bande de
polissons officiels aima mieux se livrer à une
petite récréation arétinesque.

« — « Un charivari à Thiers! un charivari
à Thiers! » c'est le mot d'ordre qui circule.

« Déjà les casseroles retentissent, les pin-
cettes tintent, les cloches carillonnent, les
sifflets glapissent, les marmites éclatent. C'est
un vacarme à faire peur au diable. M. Thiers
se lève en sursaut; c'est un gaillard impertu-
table et qui a toujours la répartie... je ne
dirais pas sur les lèvres, vous allez savoir
pourquoi. Il s'approche de la fenêtre, dans le
plus simple des appareils, écarte brusquement
les rideaux et fait voir aux mystiticat«urs
son... Le Petit... enlre deux bougies!.. »

Eh bien, c'est ce même... Le Petit que
M. Thiers s'apprête à montrer à l'Assemblée
nationale.

Ce ne sera pas drôle à voir, je vous en ré-
ponds, surtout quand M. Thiers sera atteint
d'une diarrhée oratoire!

Le matelassier d'fisbrouffe connaît son
Eyar.gile sur le bout du doigt. Mais il en pra-
tique les maximes à rebours.

« Que votre main gauche ignore ce que fait
main droite, » a dit le Christ.

Et ri'Esbrouffc répond :

« Oue le monde entier sache que Richard
Wallace n'est qu'un pleutre à côté de moi. »

Certes, la charité est une belle chose, mais
elle perd tout son prestige, toute son efficacité
quand on en fait une spéculation politique.

Croyez-vous, lecteurs, que le généreux
d'Esbroufl'e eût, silencieusement et pour la seule
satisfaction de son cœur, opéré le dégagement
d'un simple traversin ?

Pas si naïf que ça, le papa d'Esbrouffal

Il sait que l'argent mène à tout, et il sème
pour récolter autre chose que les actions de
grâces des pauvres gens qui sont allés retirer
leurs matelas d'entra les griffes du Mont-de-
Piété.

*

* *

A ce propos, on m'affirme que le duc d'An- j
maie, ayant eu vent des projets de M. ri'Es- !
brouffe, a engagé au Mont-de-Piété tous les
matelas de la famille d'Orléans, afin de les re-
tirer gratis le jour du don décent millefrancs. j

Il sera dit que ces d'Orléans ne laisseront
jamais échapper aucune occasion d'arrondir
leur petit patrimoine 1

*

* *

À l'heure où j'écris ces lignes, M. Emile |
Augier est en train de prononcer l'éloge du
« successeur de Lamartine. »

L'éloge d'Emile Ollivier!

A quand le panégyrique de Robert-Macaire ?

MONTRETOUT.

sait des mamours à la droite, offrait des pra-
lines à Changarnier, minaudait avec Dahirel,
envoyait des caisses d'eau rie Lourdes aux
chevan-légers, jetait des fleurs au groupe
Prariié.

Et, d'un autre côté, secouait son tapis sur
la tête des républicains qui passaient sous ses
fenêtres, supprimait leurs journaux, envoyait
leurs amis en prison; — s'ils réclamaient, leur
disait : « Pas un mot rie plus, ou j'appelle la
carde. » —S'ils se tenaient tranquilles, mur-
murait : « C'est qu'ils conspirent, il faut faire
faire chez eux des descentes de police. »
— S'ils pétionnaient, ordonnait : « Gendar-
mes, passez vos bottes, tirez vos sabrés, et
vivement emmenez-moi ces coquins-là au
violon. »

Maintenant il se trouve que ces coquins sont
de fort honnêtes gens.
Qu'ils sont patriotes.

Qu'ils aiment L'ordre, la décence et les bon-
nes manièi es.

Et qu'ils ne sont pas à dédaigner tant que
ça 1

Au contraire, — et du même coup.
Ce sont les ci-devant camarades de la droite
qui troublent l'ordre,
Font signe à la Prusse,
Jettent l'argent de lanation par les. fenêtres,
Et donnent à l'Europe et nu monde le gro-
tesque spectacle de leur insuffisance et de leur
vanité.

Quel est donc ce mystère?

Où est le mot de cette énigme?...

C'est pourtant bien simple :

M. Thiers a été jeté à bas par ceux qu'il ré-
chauffait dans son sein.

On l'a décramponné du fauteuil présiden-
tiel.

El voilà pourquoi il pince à présent du libé-
ralisme.

Et moi aussi je joue de la flûte I semble-t-il
dire.

Mais cela n'a rien d'étonnant.

M. Thiers tâche de tirer de la situation tout
le parti possible, — et, n'ayant pas de grives,
mange des merles.

Mais, ce qui est vraiment exorbitant,

C'est que La démocratie, dans la soupière rie
laquelle il a craché si souvent, lui dise avec
autant de politesse :

« Donnez-vous la peine d'entrer... Le dîner
est servi, et votre couvert est mis. »

Un peu plus, on mettrait à la porte les en-
fants de la maison pour qu'il ail les coudées
plus franches.

Décidément, je ne puis me lasser de le ré-
péter :

Après Transnonain, et le reste, — c'est
roide !

HOMO.

Le gouvernement n'est pas content :

Le gouvernement a un ennemi.

Cet ennemi n'est pas grand, mais il ne boit
pas que dans son verre.

Il aime la tulipe de cristal où le bourgogne
fait éclater sa pourpre lumineuse, — mais il
ne déteste pas le canon massif du marchand
de vin,

Et, si la coupe rie Champagne vient à man-
quer, il ne recule pas devant « l'enfant de
chœur » et leschopines en deux verres...

Aussi tous les bons journaux de la réaction
sont exaspérés,

Et les journaux rosés ou nacarat sont aux
anges.

Les uns semblent humiliés,

Et les autres paraissent tout fiers.

C'est qu'en effet, avant d'être l'ennemi du
gouvernement, le personnage en question ne
cassait pas quotidiennement des encensoirs
sur le nez de ses amis d'à-présent.

El M. Thiers, puisqu'il faut l'appeler par son
nom, — avail broyé assez rie sucre sur la tête
des républicains pour qu'on pût s'attendre à
ne le voir jamais en leur compagnie.

On les eût crus plus fiers.

M. Thiers joue actuellement vis-à-vis de la
démocratie, le rôle de ce galant qui irait de-
mander un baiser à la femme dont il a dit
qu'elle tuait les mouches à quiuze pas.

Et c'est la démocratie qui, instruite de ce
propos, lui ouvre ses bras et lui; tend ses
lèvres !

C'est raide!

Tant que M. Tbiers était au pouvoir, il fai-

sons son balcon un lai empreint d'une douce
mélancolie. Voilà Je belcastel de mes rêves.

La réalité est tout autrement : c'est un hom-
me à la figure d'ascète qui semble faire frire
ses idées et ses discours dans la poêle du ridi-
cule, — comme l'a dit Homère.

On m'assure qu'il a fait son droit à Paris f
est-ce possible? qu'il a enfourché Pégase
comme son voisin Lcrgeril ; je le crains; qu'il
a écrit — toujours d'après les mauvaises lan-
gues— quelques volumes que personne ne
connaît; j'en suis sûr.

*

* *

Il y a rieux grands faits dans la vie de cet
homme étonnant.

Du premier — qu'il devrait chercher à faire
oublier — il s'en est glorifié en ces termes
dans VfJnirers :

«Je suis h>seul, si je ne me trompe, qui ait
voté contre le décret rie l'Assemblée nationale,
du 17 février, déclarant M. Thiers chef du
pouvoir exécutif de la République française. »

Voilà comment un dévot remerciait celui
qui nous sauvait d'un cataclysme et dont la
tâche était loin d'être achevée.

Depuis, il a complété ce trait rie patrio-
tisme en prêtant son concours au renverse-
ment rie celui qui nous ramenait au port.

*

* *

Mais l'acte mémorable de M. de Belcastel,
l'acte qui laissera un sillon ineffaçable dans
le champ du grotesque, — je veux dire dans
sa biographie,— ce fut quand il alla, à Paray-
j le-Monial, consacrer la France entière au
f Sacré-Cœur d*- Jésus, une institution fondée
I par Marie Alacoque.

La Compagnie Irlandaise (:i6, rue Tronchet), la plus
importante spécialité du genre, met en vente une ma-
gnifique collection de mouchoirs de lil de main avec
chiffre brodé, de mouelioirs fantaisie en batiste ou
mouchoirs en soie des Indes, etc., etc.

Lire 4e page, l'annonce de la nouvelle presse Paul
Abat.

LE MUSEE DES GROTESQUES

IV

Gabriel de Belcastel.

C'est encore un produit rie ces élections
faites en « un jour de malheur » , toujours
d'après M. Beulé.

Comme l'archange qui fut chargé parle bon
Dieu d'aller annoncer à la Vierge Marie qu'elle
allait engendrer par l'opération du Saint-Es-
prit, il a nom Gabriel.

U a eu — ainsi que son homonyme — sa
mission divine ; nous la raconterons plus
loin.

Ma. blanchisseuse, oui vient de m'apporfer
mon bonnet des dimanches, et qui lit ce que
j'écris par-dessus mon épaule, me dit :

— Mais, mademoiselle Pichenette, qu'est
donc cette dame dont on parle tant depuis
quelques mois? Jusqu'à présent je ne con-
naissais que les œuls... à la coque.

— Madame Baboulard, Marie Alacoque était
une pauvre religieuse malade, paralysée en
partie et hystérique ; elle avait des visions,

i comme tous les cerveaux mal équilibrés; elle
j croyait que, dans son sommeil, Jésus venait
lui offrir son cœur. Dans une de ses crises ,
elle crut ne pouvoir mieux lui en témoigner
sa reconnaissance qu'en traçant, avec la lame
d'un canif, le nom du Sauveur sur son... sein.

— Ah! mademoiselle Pichenette, c'esthor-
riblelMais permettez-moi de vous dire que
si elle en avait eu d'aussi splendides que ceux
que j'entrevois en ce moment, elle ne les eût
pas ainsi martyrisés.

J'ai rougi, comme doit le faire toute hon-
nête fille à un tel éloge de ses charmes, et j'ai
congédié madame Baboulard.

Je reviens à notre consécration,— car vous,
moi, tous, avons été consacrés à Paray-Ie-
Monial par M. de Belcastel.

Si vous me demandiez de quel droit il a été
consacrer ainsi ceux qui ne lui demandaient
pas cette faveur, je vous dirais que c'est une
mission qui lui a été confiée par le bon Dieu
lui-même; c'est du moins ce que j'ai cru com-
prendre dans une lettre qu'il a écrite à son
ami Veuillot, et dans laquelle il dit qu'il était
comme un homme ivre; —mais je ne me
rappelle pas quel était son genre d'ivresse.

Seulement, Gabriel de Belcastel a oubliéun
détail : il ne nous dit pas si, pour accomplir
sa divine mission, il s'était mis, comme son
patron, des ailes au dos.

M. de Belcastel, qui est maintenant rassuré
sur notre salut, poursuit sa mission politique ;
il a présenté un projet de loi électorale d'après
lequel il y aura ries électeurs à une voix, d'au-
tres à deux voix, à trois voix, à quatre voix ;
ça dépendra du poids des écus qu'on pos-
sède, des mœurs de la femme que l'on a, des
enfants mâles ou femelles, etc., etc.

Disons tout rie suite que notre héros est né
en 1820, à Toulouse, — cette patrie des oies
grasses, —et qu'il lit ses éludes chez les jé-
suites de Vaugirard. Ce fut dans cette insti-
tution jésuitarde — dont Louis XV s'était
débarrassé — que de Belcastel acquit les
notions politiques et d'économie sociale qui
lui servent maintenant à remettre la société
sur sa hase et faire notre bonheur dans ce
monde... et dans l'autre.

*

* *

Jadis ce nom de bel castel me faisait voir —
en imagination — des horizons merveilleux :
sur le sommet de la montagne un château go-
thique domine les grands bois sourds qui esca-
ladent la colline ; la châtelaine, appuyée sur
la balustrade d'une fenêtre ogivale, jette un
regard d'amour au gentil page qui murmure

Ces jours-ci il a repris son idée d'imposer
les pianos déjà black-boulée l'année dernière.
Selon ce monsieur, cet impô; rapporterait
cinq millions.

Je lui prédis que ça n'en rapporterait pas
le tiers; de plus, il sèmera la misère et la
ruine chez beaucoup de petits facteurs et d'ou-
vriers qui rafistolent les vieux instruments, et
ne les vendent pas plus de 200 francs, prix
élevé.

Comment! ma pauvre petite épinetle, qui
me fait oublier le soir mes misères des jour-
nées de travail cl mes déceptions de jeune
fille, en jouant des méfies de Schubert, des
sonates de Mozart, des symphonies de Beetho-
ven, etc., payera autant qu'un piano d'Erard
ou de Pleyel I
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