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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 5.1875

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LE GRÏ$LPT

POLITIQUE EXTÉRIEURE

Un de ces hasards heureux, comme il n'en
arrive qu'au Grelot, nous permet de vous of-
frir aujourd'hui, chers lecteurs, la primeur
d'une correspondance diplomatique qui ne
manque pas d'un certain cachet.

Maintenant, comment sommes-nous, deve-
nus détenteurs de ces précieux renseigne-
ments?

Un mol va vous l'apprendre.

Un des correspondants les plus autorisés du
Time» ayant été flanqué à la poite par son ré-
dacteur en chef, pour avoir annoncé une nou-
velle qui était vraie, el tombé, par cefa|t,
dans une débine complète, est venu nous of-
frir ses services.

Nous n'avons eu garde île les refuser.

Moyennant vingt-deux francs une fois don-
nés et une entrée d'un an au Théâtre-des-Fa-
milles, ce malheureux s'est mis à notre dis-
position, lui et son carnet.

Nous en avons immédiatement abusé , et,
après une chasse qui n'a pas duré moins de
trente-six heures, l'infortuné reporter du Ti-
mes nous a remis la correspondance diploma-
tique suivante, que nous publions sans au-
cune espèce de réserves.

Qu'on dise encore que nous ne nous met-
tons pas en quatre pour nos lecteurs l

N. F.

Le prince de Gondremarck au roi de Hollande.

Mon cher monsieur,
Je vous ai toujours portés, vous et la Hol-
lande, dans mon cœur.
Cela se doit de reste.
Inutile d'insister.

On vous a [ eut-être jpsjnué que je souhai-
tais annexer un .jour à l'empire, Amsterdam,

Rotterdam el La Haye.

Ne croyez pas un mot de tous ces potins.

Vous me désobligeriez.

Et, vous savez, quand on me désoblige... je
cogne!...

Donc, je ne songe pas le moins du monde
à troubler le calme dont jouit la patrie du
curaçao et de l'anisette.

Seulement, il faut que je vous ouvre mon
âme.

Il se passe chez vous une chose qui me chif-
fonne.

Pardonnez-moi de vous la dire, mais je ne
puis rien garder sur le cœur.

Il s'agit de vos fameux fromages.

Vous savez?... ces fromages exquis dont
l'univers entier fait ses délices.

(A propos, vous seriez bien gentii de m'en
expédier une caisse... franc de port.)

Eh bien, voilà la chose.

Il paraît que depuis que j'ai débarrassé
l'Allemagne de ces polissons de jésuites, il
s'en est réfugié une grande quantité chez
vous.

Là n'est pas la question.

Que ces bons jésjjjtes s'en aillent à Monaco,
au Val d'Andorre pu sur les bords humides
de votre Océan, je m'en fiche comme de l'an
40.

Mais il paraît que ces particuliers-là, tout
à fait dépourvus de moyens d'existence, se
sont mis, pour vivre, à confectionner des

fromages.

Jusque-là, il n'y a pas grand mal, me direz-
vous.

Evidemment.

Mais voilà où leur procédé touche à l'o-
dieux.

Ils ne fabriquent pas Jes djts fromages dans
le seul but d'être agréables à leurs sembla-
bles, ils ont ourdi le plan d'une infâme cons-
piration dirigée contre la vie de mes compa-
triotes.

Je m'explique.

Ces faquins ont remarqué, — voyez jus-
qu'où va leur canailleriel — que ces froma-
ges, excellents d'ailleurs, exhalaient pendant
leur préparation, une odeur infecte.

Tant que celte odeur ne s'est répandue que
sur vos sujets, cela m'a été absolument égal,
je dois vous l'avouer.

Quelques Hollandais de plus ou de mpins,
ça ne change pas la lace du monde, n'est-ce
pas?

Mais il est arrivé ceci : c'est que par suite
du développement considérable donné à la
fabrication desdits fromages, l'infection se
répand de proche en proche, et quand le vent
vient de l'ouest, ce qui arrive souvent chez
vous, c'est une pesle qui s'abat sur l'Allema-
gne entière.

Nous avons déjà remarqué un£ recrudes-
cence notable dans la mortalité de mes dignes
concitoyens.

Vous comprenez le Iruc, n'est-ce pas?

Plus les jésuites feront de fromage, plus il
se trouvera d'Allemands qui iront rejoindre
leurs bons aïeux.

Et les jésuites seront vengésl.,. d'autant
qu'il ne serait pas impossible que cette peste
se répandit jusqu'à mon propre paiais, et qu'un

jour que je serai à prendre le frais bien tran-
quillement à ma fenêtre... couic!
Vous y êtes, hein?

Je viens donc, mon cher monsieur Guil-
laume, vous prier amicalement de vouloir
bien, dans le plus bref délai me mettre à la
porte de vos Etats ces cuistres-là, en vous as-
surant par avance de mes sentiments bien re-
connaissants,

Voire dévoué,

GONDREMARK.

P. S. Il va sans dire que si vous ne vous
rendiez pas de bonne grâce à mon juste désir...
inutile d'insister, je pense.
Réponse, allranchie, s. v. p.

Le roi Guillaume à M. de Gondremark.

Cher monsieur,
En réponse à votre honorée du lo courant,
permettez-moi de vous envoyer une photogra-
phie du général Cambronne.

Tout à vous,
Guillaume.

Pour copip conforme :
NICOLAS FLAMMÈCHE.

LES REVENANTS

De temps à autre, des gens qu'on croyait
morts à tout jamais, réapparaissent,
Surgissent comme d'une trappe,
Montrent d'abord le bout de leur nez, ■
puis tout leur visage,

Et se mêlent de nouveau à la foule, comme
si de rien n'était, et comme s'ils ne traînaient
pas après eux des lambeaux de suaires.

C'est ainsi que des hommes presque aussi
tarés que Jules Favie, —si c'était possible,
manifestent l'intention de remonter sur la
scène politique,

Ne semblent plus se souvenir qu'ils ont été
obligés, il y a peu de temps encore, de se sau
ver dans la coulisse, éborgnés de gros sous et
sous une avalanche de pommes cuites.
Tel M Emile Oliivier, par exemple.
Ce personnage, pour qui l'immobilité la
plus parfaite eût été de simple pudeur, el de
simple bon sens, donne signe de vie du fond
de son cercueil,
S'étire les bias,
Etend ses jambes,
Rechausse ses lunettes
Et crie qu'il n'est pas mort.
Et s'essaie à nous bailler une petite signi
fiance.

Il parcourt le Var,
Et t'ait de la p opagande électorale.
Mais ce qui passe tout,
C'est qu'il a encore changé de hérqs, :
C'est à présent le prince Napoléon qui est
son homme.

Franchemsnt, c'en est trop!
Quand on a quitté la République, pour se
faire l'homme-léger de l'escarpe de 52,
C'est fini,

On parait avoir atteint les colonnes d'Her
cule de l'abjection, — et on devrait s'y tenir
Mais non!

M. Emile Oliivier croit qu'il est possible
d'aller plus loin;
Il rêve un autre Napoléon :
H en change comme de chemises;
11 prend l'un pour l'autre,
1! en joue,

Et l'on peut dire maintenant de \ul ce
qu'Hugo disait des Montalembert et des Fal
loux :

Quoi ! Judas pour Jésus, tu veux pour Barabbas
Etre Judas encore 1

ZUT.

LE DÉPUTÉ RÉCALCITRANT

/simple lettre aux 102 représentants qui deman-
dent une chapelle à Montmartre

Messieurs,

J'étais en vacances, en train de savourer
l'air pur, le parfum des premières violettes,
le souffle des bois rajeunis, les bouffées prin-
tanières delà sève enfin réveillée...

Je ne pensais pas à vous.

Je ne songeais plus à celle vieille folie d'il
y a tantôt deux ans.

Encore un peu, et je me serais laissé aller à
croire que vous-mêmes l'aviez oubliée, et que
vous ne chercheriez pas une nouvelle occasion

de luttes, — car nous en avions eu assie?.
comme cela.

Cette église à Monlrnartre, que vous aviez
obtenue par surprise, — comme tant d'autres
choses arrachées de môme, — on se flattait
que si jamais vous la vouliez construire, vous
la construiriez du moins sans bruit, sans
grosse caisse, sans tambour, —sans l'écrv'e
sur les murs, — sans le faire mettre oans les
journaux!
Mais point I

Il vous a fallu du tapage!
Pour ces 7,000 francs que vous êtes parve-
nus à réunir à cent deux que vous êtes, —
dont pas mal de millionnaires, — vous avez
fait autant d'éclat que pour un milliard; et
vous vous êtes mis à avoir des exigences
comme si vous aviez donné cette assurance :
« L'architecte n'a qu'à déposer sa note chez
moi!... »
Quoi !

Pour ces 7,000 francs que vous donnez à
l'église du Sacré-Cœur, vous voulez qu'on
vous y donne une chapelle, et vous demandez
de plus qu'elle soit spécialement consacrée à
la Représentation nationale!...
Que de prétentions!

Et c'esl là messieurs, que je vous arrête!...
Je |ne me crois point au-dessus de vous;
mais je ne me crois point au-dessous non
plus, — et je vous trouve singuliers de vou-
loir faire affirmer publiquement que vos opi-
nions et vos rêves sont partagés par la Repré-
sentation nationale tout entière.
Vous êtes cent deux, bien comptés.
De là à la totalité de la Chambre, — sept
cent-quarante membres à peu près, — il y a
loin.

En mettant donc sur votre chapelle, « cha-
pelle de cent deux députés de l'Assemblée
nationale, » vous eussiez été tout juste dans
le vrai.

En cherchant à faire croire que c'est toute
l'Assemblée qui désire cette appellation, vous
commettez sciemment ce sophisme qui con-
siste à conclure du particulier au général.

Or, c'est là poser un très-fâcheux précé-
dent.

Si un groupe de cent deux individus a le
droit de jouer de la représentation nationale
quand bon lui semble, nous en verrons bien-
tôt de drôles;

Car, à part les bonapartistes, quel esl le
parti dans l'Assemblée qui ne compte pas
cent deux députés?...

Nous verrons donc, un de ces jours, s'éle-
ver, non loin de l'ég.ise en question,, une co-
lonne Trajane supportant la stalue eu pied de
Maral ou de Jacques Roux, avec cette inscrip-
tion :

a

l'un des plus nobles enfants
de la france,
la représentation nationale reconnaissante.

El pourvu qu'ils soient cent deux,—comme
vous, — vous n'aurez pas le droit de vous
plaindre qu'ils vous, ont pcrnpromis,

Car ils n'auront fait, en somme, que copier i
servilement, ce (pie vous avez fait, — que ra-
masser votre faux nez, — endosser votre do-
mino et imiter vos gambades.

Ah! messieurs, vous donnez là de funestes
exemples,

Et vous choisissez mal votre moment pour
recommencer votre politique de combat,
niorle depuis longtemps, vous ne pouvez vous
y tromper,

Je le sais bien :

C'est la jouissance suprême des opinions
violentes et exaltées de s'affirmer bâillement,
avec éclat et impudence !

Il y a des choses qu'on ne peut dire à l'o-
reille, et qui veulent être criées sur les toits.

(,iui en doute ?

Mais encore, faut-il prendre son temps!

Je ne veux point parler du mauvais visage
qu'ont naturellement loutesces momeries au-
près des nations étrangères,— ni des compli-
cations qu'elles sont sur le point de faire naî-
tre continuellement avec les puissances voi-
sines que vous avez l'air de narguer à plaisir.

Mais chez nous! ..

Chez nous, seulement, croyez-vous qu'on
voie d'un bon œil ce< retours furieux vers un
pass^ qui n'a pas toujours mérité même l'in-
dulgence!... Ocvez-vous qu'on aspire à la ré-
surrection d'un régime qui donnait bien des
vassaux aux seigneurs, et aux moines des ab-
baye-, — mais qui ne donnait au peuple que
des promesses pour l'autre monde et des cor-
vées dans celui-ci?

Du reste, les noms placés au bas de cette
lettre sont éclatants et parlent d'eux-mêmes.

Sur cent deux signataires que vous êtes,on
compte, outre les généraux, évêques, etc.,
soixante dix comtes, barons, marquis, vicom-
tes, ducs, etc.

Cette constatation est éloquente; efle en dit
plus à elle toute seule que de longs commen-
taires,— et, d'un coup, on saisit la ficelle,
comme on dit vulgairement.

On voit où tend tout cela,—et comme nous
l'avons échappé belle lors de vos funestes ten-
tatives de fusion.

Quoique vous en ayez dit, on devine tout
le monde de superstitions et de ténèbres que
votre Roy nous eût ramenés à sa suite.

Vous n'eussiez point rétabli le servage, ni
le droit de cuissage, ni l'obligation pour les
manants de battre les fossés du château de
leurs seigneurs...

Non, sans doute !

Cela vous eût été impossible,

Mais vous eussiez recommencé tout le joli
manège de tracasseries , de bigoteries et de
tartufferies qui finit par forcer le cocher de
Charles X à se frayer un chemin au plus vite
par-mi les tas rie pavés remués par Juillet.

Vous ave/, compris que ce jeu vous était dé-
fendu, — matériellement défendu,

Et, dans votre désespoir cependant, malgré
votre certitude de la délaite, vous n'avez pas
voulu vous rendre !

Vous vous êtes dit :

« Tâchons au moins, si nous ne pouvons
nous faire de bien à nous-mêmes, de faire un
peu de mal aux autres, de troubler leur re-
pos, de leur attirer des orages, de leur dé-
chaîner des tempêtes! »

Et comme vous l'avez dit, vous l'avez
fait!

Car tel a élé le fond de votre pensée, en
faisant ces ridicules et indécentes manifesta-
tions!

La foi n'entre jamais pour grand'chose dans
ces sortes de paradis!

Il y en a une qui croit, qui prie, qui ne fait
pas de bruit, s'ignore elle-même, est prête à
pardonner et à tout oublier, partout et tou-
jours;

Et il en est une autre qui bat de la caisse,
fait au public le combat à l'hache, soulève des
poids, demande des luttes à main plate et
quête des scus dans la marotte de Bobèche,
en faisant le tour de la société avec des étou-
pes enflammées dans la bouche et les na-
rines.

C'est cette dernière qui se trouve fort à la
mode aujourd'hui.
Je doute qu'elle ait longtemps grand

succès.

Beaucoup de curieux, mais peu de fana-
tiques.

Ce n'est point vous, messieurs,— ni môme
de plus malins, — qui empêcherez désormais
la terre de tourner, e| les petits enfams de
compter sur leurs doigts.

un député récalcitrant.

Pour copie conforme,

ZED.

SALVUM FAC

Est-ce bien possible?

Il paraît que M. Dufaure va prochainement
lancer une circulaire pour ordoaner que les
cultes salariés par l'Etat, vaquent comme par
le passé aux prières auxquelles a droit le gou-
vernement qui les subventionne.

De sorte que si la chose esl vraie,

Un entendra bientôt flans les églises (ceux
quiy vont!) dessalvum faclïfmpublicam à n'en
plus finir.

Ce sera très-réjouissant.

Aussi réjouissant, pour le moins, que le
salvum fac imperatorem ou regem des anciens
temps.

Je sais bien que cela plaira peut-être un
peu moins aux minisires d'un certain culte,
Mais à cela près !

Pour nous, qui sommes un peu de ceux
dont Veuillot peut dire :

Je ne remarque point qu'il hante les églises,

Nous serions pourtant curieux d'assister à
une fin de messe le jour où cette innovation
commandée d'office sera poussée pour la pre-
mière fois dans toute la France.

La République est certainement le régime
qui déplaît le plus aux prêtres catholiques,

Et il y a pour cela une foule de raisons lon-
gues comme d'ici à Pékin.

Le mot seul a le talent de les faire entrer,
pour la plupart, dans des colères d'un indigo
sans mélange.

On dirait, à les entendre, qu'il suffit de le
prononcer pour déchaîner tous les maux sur
le pays, — la peste, le choléra, le phylloxéra
el les commis-voyageurs.

De loul temps il en a élé ainsi.

Aussi, de quelles malédictions n'a-t-il pas
été couvert!

Eh bien !

Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout le mal,

Dira qu'à préïeut il va falloir, non pas le
prononcer, mais la chanter, — le bénir en
musique !

Il va falloir imp!orer l'assistance du Très-
Haut pour ce régime maudit,

Demander à Dieu et aux saints de le pro-
téger, de peur qu'il ne lui arrive quelque
chose,

Le mettre dans du coton, le dorloter et le
soigner.
Diautre!
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