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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 5.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6809#0158
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LE flRRLeX

1

AVIS A NOS LECTEURS

L'Administration du Grelot a l'honneur de
prévenir ses lecteurs qu'elle se charge d'en-
voyer à tous ceux qui en feront la demande :

Tous les ouvrages de librairie, publications
périodiques, musique, et, en général, tous les
articles se rattachant à la librairie, la papete-
rie et l'imprimerie.

LA SEMAINE

LES DÉBUTS D'UN RÉSERVISTE,

Saynète qui pourrait être jouée au Théâtre-
Français avec des protections... et la distribu-
tion suivante :

MM.

Dumanet, fusilier.......Got.

Pilon, id........Coquelin.

Breguet, caporal.......Thiron.

Le vicomte de Saint-Gommeux, réser-
viste. ..........Delaunay.

SCÈNE I.
DUMANET, PILON.

dumanet.

Que je vous dis, fusilier Pilon, que nous al-
lons rire aujourd'hui presque autant qu'à Gui-
gnol.

pilon.

Il n'est pas possible!... autant que lorsque
je bois le bouillon que mademoiselle Victoire
me fait avaler toutefois et quant je suis de
permission?

dumanet.

Comme vous l'avancez, Pilon.

pilon.

Et à cause de quoi?

dumanet.

A cause que c'est aujourd'hui l'arrivée des
réservistes, et que ces petits jeunes gens vont
avoir celui d'éplucher nos légumes et de net-
toyer nos pots,., à confitures.

pilon, riant.
Je les vois d'ici.

duma.net, sérieux.
C'est que vous avez la vue longue. Voilà ce
que ça prouve.

pilon.

En effet, ça sera cocasse. Ces petits bons-
hommes en sucre, habitués à manger du bœuf
aux choux sur des plats d'or !

dumanet.

Je ne vous dis que ça.

pilon.

Ce que ça va les embêter I...

le caporal breguet, qui est gntré sur les
dernières paroles.

Possible!... mais faudra voir.

dumanet et pilon , saluant.
Caporal !..,

breguet, sévère. .
Fusilier Pilon, plus je vous regarde, plus
je vous examine... et plus je vous examine,
plus il me semble qu'il manque un bouton à
votre guêtre droite.

pilon.

Vous avez raison, caporal..

breguet,

Et la cause de ce manquement à la disci-
pline ?

pilon.

La cause... caporal... la cause...

breguet, de plus en plus sévère.
Oui... la cause.

pilon.

Je vas vous dire, caporal...

breguet.

Mais que je l'espère bien !

pilon.

La cause est que je me proposais de le faire
recoudre au réserviste qui va arriver... pour
enbêter ce mirliflor.

dumanet.

Histoire de rire un brin.

breguet.

Les enfants de Mars, ils aiment à plaisanter,
c'est convenu. Donc, je comprends la plaisan-
terie... mais ça n'empêche que je vous fiche
au clou pour deux jours, fusilier Pilon...
quoique je trouve la farce bonne... ah ! ah !
ah!

pilon, visiblement affecté.
Je ne comprends pas alors..!

breguet.

Ça, ça m'est inférieur, par exemple, que
vous ne compreniez pas... l'essentiel est que
la discipline, elle soit respectée. Y êtes-vous !
pilon.

Pas trop.

breguet.

Eh bien, vous y serez ce soir... c'est là
l'important.

(Entre le vicomte de Saint-Gommeux.)
Mais, motus... voilà le particulier de réser-
viste en question.

SCÈNE H.

fixe I

Les mêmes, saint-gommeux, très-gai.
Eh bien, camarades, nous allons donc nous
amuser un peu pendant un mois, hein?

breguet, narquois.
Nous amuser... nous amuser, ça dépend,
fiston.

saint-gommeux.

Avec çà que j'ai l'intention de me raser
ici, moi !

breguet.

Vous le voudriez que vous ne le pourriez

pas, petit... puisque le frater il est à côté.
saint-gommeux, riant.
Dites donc, mais vous n'êtes pas bête, vous,
caporal.

breguet, se rengorgeant.
Je me le suis laissé dire volontiers.

saint-gommeux.

Vous avez du galbe !

breguet, qui ne comprend pas, mais qui ne veut
■ pas l'avouer.
J'en ai, en effet, acheté avant-z-hier à la
cantine, petit Parisien... et du rude !...
saint-gommeux, se tordant.
Ah! ah! ah!... oh! oh!... hi! hi... il est
adorable!... je vais m'amuser ici comme un
cent de bossus moi !

dumanet a pilon.

Çà a l'air d'un bon, hein, le réserviste?
pilon.

Présumable qu'il offrira quelques tournées
à l'ordinaire.

breguet.

C'est pas tout çà... faudrait voir à voir un
peu ce qu'on veut voir... allons, muscadin,
pour commencer, s'agirait de dire deux mots
à ce bouquet de carottes qui embaument.

saint-gommeux.

Les éplucher, n'est-ce pas, caporal?

breguet.

Comme vous dites.

(Dumanet et Pilon se regardent en dessous. On
voit qu'Us jubilent.)

saint-gommeux, prenant un couteau.

En deux temps, vous allez être servi.

(Il épluche ksdites carottes avec un entrain in-
concevable. Les trois tourlourous le considèrent
avec ébahissemeni).

breguet.

Mais c'est qu'il y va comme un homme!

dumanet.

On dirait que ça ne l'embête pas du tout I...
pilon.

Quel gasl... mes enfants, quel gas!

saint-gommeux, qui a fini des carottes.
Et après, caporal?

breguet, légèrement épaté.
Après?... après?... il y a le lit à faire. (A
Dumanet.) Nous allons voir ce qu'il va dire
quand il va contempler les insectes !...

saint-gommeux.

Très-bien... (7/ retourne la paille et cueille
huit punaises qu'il met délicatement dans le creux
de sa main et montre au caporal.) Vous n'en
avez pas davantage ici, caporal !

breguet.

Mais... me semble que... c'est déjà gentil !

saint-gommeux.
Peuh!... il y en a bien plus chez papa... je
n'ai pas mon compte ici... ça va m'empêcber
de dormir.
(Les trois troubades se regardent effarés).

breguet, passant à l'admiration.
Mais qu'est-ce que c'est que ce particulier-
là, mon Dieu!...

dumanet.

Et nous qui voulions le brimer!

pilon.

Épatant!... épatant!... C'est un z'héros,
quoi!...

saint-gommeux.
Enlevé le lit!... Maintenant, où mettez-vous
le balai, caporal, pour les... hein?... vous
m'entendez bien ?...

pilon.

Ah! ça, non... non, par exemple... c'est
moi que ce soin regarde... et...

saint-gomjjeux.

Et vous allez me f...iche la paix, peut-
être?... Est-ce que vous croyez que nous vou-
lons être des soldais de carton?... Allons, ce
balai!... '

(Dumanet lui remet le balai avec une sorte deres'
pect. Saint-Gommeux disparaît et revient au
bout de deux minutes.)

saint-gommeux.

Maintenant, on y déjeinerait!...

les trois troubades.

Oh!... quel soldat!...

saint-gommeux.

A présent... le flingotl...
(Il saisit un chassepot et exécute une escrime à la
baïonnette qui ravit les camarades en extase.)
Pas trop rouillé, hein, le petit réserviste?

breguet, lui tendant la main.
Camarade... il n'y a qu'une chose à vous
dire... c'est que... sacrebleu!... vous nous
laites joliment plaisir, allez!... et nous qui
croyions!... Ta main , mon vieux!... Ah.'...
que ça dure comme ça pendant dix ans seu-
lement, et...

saint-gommeux.

Chut, camarade!... Faut le faire... faut pas
le dire!'..

NICOLAS FLAMMÈCHE.

ALLONS, [MESSIEURS,

UN PEU DE COURAGE A Lâ POCHE

C'est ce que les jésuites et les acrobates di-
sent à tout propos!

Et généralement cela leur rapporte,

Aux premiers plus qu'aux seconds,— moins
habiles, il est vrai !

Tout prétexte leur est bon, et

Tant de sots font encor'sur terre
Bouillir leur vieux pot-au-feu,

Comme disait notre vieux Béranger, qu'ils
ne sont pas prêts à renoncer à leurs pratiques
de mendicité.

Revue de l'Exposition internationale

des industries

MARITIMES ET FLUVIALES

, ET

De la section française des principaux
articles d'exportation.

(suite.)

Nous sommes dans la section des machines, Toute
la nef en est remplie. Madame Chaumontel et sa fille
se sont assises près de'Torchestre, et nous circulons
gravement, Chaumontel père, son tils et moi, au mi-
lieu de la galerie où les plus intéressantes merveilles
de l'industrie sont exposées. ~.

Ces machines, rangées avec un ordre et une mé-
thode qui font le plus grand honneur à M. Vivant,
l'ingénieur de cette section, produisent un effet que,
peut-être, on aurait pu rendre plus imposant. Les
formes étranges et variées enchevêtrées les unes dans
les autres, l'activité régulière des roues, des pistons,
des balanciers, l'éclat dur du fer poli, le mouvement
continu des engrenages qui se mordent en tournant,
et des bandes de cuir qui glissent et se déroulent sans
tin, tout cela surprend, étonne et fascine le regard :
le bruit que font en se mouvant ces automates de
fer, qui représentent toutes les formes du labeur hu-
main, les trilles continus du cuir frôlant le fer, les
vibrations incessantes des tiges métalliques, les grin-
cements des rouages, les grondements constants des
moteurs et les trépidations des roues mêlés au choc
des pistons, soutenus, comme par un accompagne-
ment de basse, par le gémissement grave, monotone
et rhythmique des lourds balanciers, font un concert
sourd, étrange, semblable à un immense bourdonne-
ment d'abeilles sur un torrent. C'est la voix sonore et
puissante du progrès qui chante l'hosannah du tra-

vail, l'hymne viril et grandiose de la puissance et de
la gloire sociales.

En considérant par le détail cette Exposition re-
marquable par son ensemble, nous voyons d'abord la
machine à air froid de MM. Giffardet Berger. C'est, à
proprement parler, une usine à glace ou une manu-
facture de froid. En un clin d'oeil, cette machine pro-
duit des différences de température de quarante de-
grés au moins; et, sous l'atmosphère étouffante comme
celle qui remplit le Palais de l'Industrie, rien n'est
plus étrange q«e de voir des flocons de neige, de la
grêle, du givre sortir des tuyaux de cette machine
singulière. C'est la Sibérie en plein Saharah.

Deux immenses arbres de couche transmettent le
mouvement à cette forêt de machines aussi intéres-
santes les unes que les autres. Ce sont les raboteuses
de Baville et Ollivier qui taillent l'acier de manière
à en faire des copeaux en spirale longs de deux mè-
tres; la machine à briques de Durand et Marais, qui,
avec la seule force d'un homme, produit des briques
toutes prêtes pour la construction ; les nombreuses
machines horizontales et verticales de Hermann-La-
Lachapelle |et tant d'autres dont nous reparlerons
plus tard.

Chaumontel réfléchissait.

— Serait-ce une indiscrétion, ami Chaumontel,
lui dis-je doucement, de vous demander le sujet de
votre méditation?

— Non, mon ami, fit-il. Je me reporte par la pen-
sée dans les «usines ou fabriques dont ces machines
sont sorties pour venir à l'Exposition recueillir des
éloges, dans ces ateliers vastes et sombres, où ces
travailleurs de fer infatigables ont pour serviteurs,—
on pourrait presque dire pour esclaves, — des ou-
vriers attentifs à leur tâche, courbés sous la spéciali-
sation industrielle.

— Chaumontel, mon ami, ceci n'est pas notre af-
faire, nous en reparlerons plus tard.

— Vous avez raison. Mais j'oubliais ma femme et
ma fille.

— Elles entendent la musique en se reposant.

— Allons les reprendre.

— C'est cela, lit le jeune collégien, et puis nous
verrons l'exposition anglaise.

Nous allons retrouver les dames, et nous entrons
dans le terrain consacré à l'exhibition des produits de
nos voisins d'outre-Manche.

Des pavillons innombrables aux couleurs britanni-
ques flottent au-dessus du carré anglais limité à
l'ouest par le pavillon du président de la République
et à l'est par l'orchestre.

L'amirauté anglaise a envoyé de superbes modèles
de tous les genres d'embarcation. Ce sont des yoles
effilées comme des aiguilles, des bateaux de sauvetage
en cuir ou en toile imperméable, qui se plient comme
un portefeuille, des vaisseaux à trois ponts, des mo-
nitors iusubmersibles des canonnières à deux ou trois
hélices, des galères du temps passé, des sloops, des
yachts, des cutters, des steamers, de packet-boats,
etc., etc. Tout est charmant, .organisé de main de
maître, et il facile de voir que les fils de la vieille
Angleterre sont des hommes experts en fait d'expo-
sitions. I)'aill«urs, M. Meinhard, secrétaire général de
celte section, sait en faire les honneurs avec une gra-
cieuseté et une complaisance qui n'ont d'égale que
sa science d'organisateur. -

Madame Chaumontel surtout était contente. 11 faut
vous dire que, sans faire partie de l'inscription ma-
ritime, cette excellente dame est née à Concarneau.
Elle a donc été élevée moitié en mer, moitié sur les
plages. Elle a vu des naufrages, des abordages et des
canonnades ; elle connaît la pêche en haute mer et
celle des côtes; elle sait l'heure à laquelle on cueille
les soles dans les sables de fond et les congres dans
les roches. Jugez un peu si elle se trouvait dans son
élément !

Ce qui la surprit aussi, la bonne ménagère qu'elle
est, ce fut de rencontrer de la verrerie et des porce-
laines, des tapis et des aiguilles et une multitude
d'autres objets dont il me serait impossible de taire ici
la nomenclature. Signalons cependant des échantil-
lons splendides de tôles, d'agglomérés schisteux pour
toitures de bâtiments, de grands et forts appareils de
levage et de pesage, des chronomètres de marine
d'une précision extraordinaire, de riches collections
d'instruments de précision, des câbles électriques de
toutes les tailles et de toutes les forces,
g En outre, le ministre du commerce de la Grande-

Bretagne a exposé beaucoup de détails intéressants
du matériel de sauvetage, et, en même temps, des
appareils très-ingénieux employés dans les écoles an-
glaises, pour donner aux marins l'enseignement pra-
tique etje maniement particulier de ces appareils.
Nous avons remarqué particulièrement, avec l'ami
Chaumontel, celui qui est destiné à démontrer les rè-
gles à suivre en cas de rencontre de deux navires-
Des appareils analogues de divers systèmes existent en
France, mais aucun n'est encore employé d'une ma-
nière régulière dans nos écoles hydrographiques.
Souhaitons pour notre pays que nous nous livrions
bientôt à cette étude.

Nous reviendrons plus tard, avec l'ami Chaumontel
et son intéressante famille , sur l'exposition anglaise,
à laquelle nous consacrerons un voyage spécial.

L'orchestre modulait ses derniers" morceaux, un
courant, qui commençait à prendre une intensité
particulière, se dirigeait vers les sorties; nous pensâ-
mes à prendre le chemin de la porte, lorsque nous
rencontrons mon ami Louis Martin.

Louis Martin est un de ces fondeurs émérites qui,
comme les Benvenuto et les Bernard Palissy, font
leur besogne eux-mêmes. Grand artiste en même
temps que bon ouvrier, il sait réduire les groupes qui
présentent le plus de difficulté, surmonter les plus
grands obstacles qui s'opposent à la fonte des pièces
les plus compliquées, et nous ne pouvons que citer
l'Enfant au coq, de Concioni. Bien d'autres pièces ,
qui émaillent l'exposition de M. Martin, sautent aux
yeux du visiteur, mais le temps nous pressait. 0fl
fermait.

A dimanche prochain, chers lecteurs.

Rêne LEBRUN,
(la suite à dimanche prochain.)
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