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Le Grelot: journal illustré, politique et satirique — 5.1875

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https://doi.org/10.11588/diglit.6809#0159
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' En ce moment, le prétexte, c'est, l'univer-
sié catholique.

Il n'est truc qu'on n'imagine pour se pro-
curer des ressources.

M. Freppel, évêque d'Angers, par exemple,
a trouvé tout une série de moyens que rap-
porte la Semaine religieuse.

Il préconise entre autres choses :

La Fondation des chaires qui garderont les
noms de leurs fondateurs, — deux chaires
viennent d'être fondées, et chacune coûte à
son généreux fondateur 80,000 fr.

« Les souscriptions qui ne peuvent être moin-
dresde 500. fr. pourfassurer aux souscripteurs
le titre de fondateurs de l'université.

« Les cotisations supérieures à 500 fr.

o Les collectes populaires, les quêtes, le sou de
l'université, etc. »

On le voit, les moyens de soutirer aux gens
leur argent ne manquent pas,

Et comme dit Passelacet :

« Nous recevons depuis les pièces de un
centime jusqu'aux plus gros billets de ban-
que! »i

Voilà qui va bien!

Mais une réflexion qui vient tout naturelle-
ment à l'esprit, ce semble,

C'est qu'il est bien étonnant que le parti
républicain reste coi devant de si édifiants
exemples!

Si les catholiques se cotisent,

Pourquoi ne nous cotiserions-nous pas
aussi !

Deux millionnaires Se sont trouvés de leur
côté pour fonder deux chaires à 80,000 fr.
l'une?

Ne se trouvera-t-il personne dans le parti
républicain pour les imiter!

J'ai oui dire que les millionnaires ne man-
quaient pas dans le parti républicain, ni
même parmi les députés de la gaucheî

Allons messieurs, un peu de courage à la
poche,

Et faites voir que vous aussi vous avez la
f0i; —quoique vous n'alliez pas à Paray-le-
Monial péleriner en compagnie des Alle-
mands I

ZED.

FEUILLES AU VENT

Un Normand de la vieille roche avait l'ha-
bitude de faire à Dieu cette prière du ma-
tin :

« Mon Dieu!

> Je ne vous demande pas d'argent,
» Dites-moi seulement où il y en a ! »

Cette anecdote légendaire m'est revenue à
la pensée ces jours-ci, en lisant le procès in-
tenté par le duc d'Aumale à l'Écho de Loir-
et-Cher de Blois.

Le gérant de ce journal vient d être con-
damné à deux mille francs de dommages-inté-
rêts envers le prince en question, pour n'en
avoir pas dit tout le bien qu'il n'en pensait

pas- . . , „ •

Il fut un temps où, ici, à Pans, quelques

journalistes, eurent, eux aussi, à se plaindre

de libelles diffamatoires.

Et quels libelles !

Mais comme ils n'étaient ni princes, ni
ducs, ni cinquante fois millionnaires,

Ils se contentèrent de demander un franc
de dommages-intérêts, — trouvant que la
condamnation du diffamateur par les tribu-
naux de leur pays suffisait à leur vengeance.

Ils auraient certainement pu se faire accor-
der deux mille francs, comme l'autre,— s'ils
l'avaient voulu!

Mais on est prince ou ne l'est pas!

D'ailleurs, je le déclare pour les orléanis-
tes que ces réflexions sur l'harpagonnerie de
leur coryphée pourraient désagréablement
chatouiller :

Je suis prêt à faire amende honorable en
plein de Champ-de-Mars,

Avec un sac de cendres sur la tête,

Et un cierge de dix livres dans chaque
main,

Si le duc d'Aumale refuse d'accepter les
deux mille francs.
Mais il n'a garde,

Et je n'aurai pas la peine de me déranger.
• *

Les procès civils et criminels,— voilà, ma
foi, à peu près toute la pitance de cette se-
maine pour le journaliste,

Car, de parler de l'Herzégovine,—que d'au-
tres s'en mêlent,—

Et puis, n'est-ce pas, comme dit M. Buffet
à la Commission de permanence :

« Je manque absolument de renseigne-

ments, — et j'ai besoin de plus amples infor
mations. »

La Gazette des Tribunaux, d'ailleurs, est
plus gaie que l'Officiel,

Comment ne pas pouffer de rire en lisant le
procès en bigamie de cet ancien chirurgien
de marine, rommé Vian, marié à Buenos-
Ayres,—puis à Toulouse, par l'entremise des
capucins!

Ces capucins!

C'est une de leurs spécialités à eux et à
leurs collègues de robe noire, rousse ou blan-
che, que la profession matrimoniale !

Le nombre de mariages qui se font par
leur intermédiaire est incalculable,

Et ce n'est pas un de leurs moindres
moyens d'action !

Malheureusement, tous leurs maris ne sont
pas heureux,

Et voici une union dont ils ne se vante-
ront pas.

Leur protégé vient d'être condamné à dix
ans de réclusion et à cinq années de surveil-
lance de la haute police.

Fatalité !

Cette pauvre Léontine Gau, —madame Vian
n° 2,— a-t-elle été assez trompée!

Bacontant qu'elle avait connu ce malen-
contreux chirurgien par l'entremise des ca-
pucins, elle dit :

« La pleine confiance que j'avais en eux
me fit concevoir pour M. Vian une estime fa-
cile à comprendre. »

Moi, je ne comprends pas , — mais c'est
égal !

O capucins, c'est bien mal à vous!
Léontine ne méritait pas ce méchant
tour,

Car, après avoir rapporté quelques mau-
vais traitements de la part de son bigame,
elle fait cet aveu empreint d'une étrange hu-
milité chrétienne :

« Je n'en continuais pas moins mon affec-
tion pour lui dans sa manifestation la plus ten-
dre et la plus dévouée. »

Pauvre, pauvre Léontine!

Mais, pour Dieu ! gazons, mon enfant, ga-
zons !

*

* *

Voilà pourtant des coups des capucins !

Et voilà les sortes de gens à qui M. Veuillot
voudrait qu'on remît tout le maniement des
actes de l'état civil.

Son vertueux Univers n'écrivait-il pas ces
jours passés en demandant le rétablisse-
ment du mariage religieux :

« La législation n'a que faire d'assurer des
effets civils à l'accouplement des brutes 1 »

C'est ainsi que s'expriment les représen-
tants de la religion de douceur et de paix 1

Us écrivent avec la délicatesse d'un aide-
équarisseur :

.....Et ces crapules

Font des signes de croix et jurent par les saints !

Je n'insiste pas, de peur de faire encore
une fois verser un torrent de larmes à M. Buf-
fet à la prochaine séance de la Commission
de permanence.

C'était dans le midi de la France.

Un voiturier se rendait à la ville voisine.

Le curé passe, — l'arrête.

— Mon bon, lui dit-il, tu vas à la ville?...

— Oui, monsieur le curé.

— Alors, rends-moi un service... Depuis
longtemps, le christ de mon église ne vaut
pluslediab!e...Puisquetu vasà laville,acbôle-
m'en un neuf et un bon... Je te rembourserai
dès ce soir, et je te donnerai pour boire...

— Je veux bien,— mais comment faut-il
le prendre?...

— Eh! sur sa croix, comme on le repré-
sente habituellement,— mourant, enfin !

— C'est bien ; vous aurez ça ce soir!

Le charretier part, — fait la commission,
et se remet en route pour le presbytère...

Malheureusement, il faisait chaud, et il y
avait sur la route plus de cabarets que de cha-
pelles, — si bien que notre voiturier ne tarda
pas<\ se trouver dans un état d'ébrié té prononcé,
— et que, giâce aux cahots de la voiture, le
christ qu'il avait acheté finit par tomber sur
le chemin sans qu'il s'en aperçût.

Arrivé au presbytère :

— Eh bien! lui dit le curé, et mon
christ?...

— Il est là, dans ma voiture, fait l'autre.
Et de chercher!

En vain, comme on pense bien.

— Allons, tu n'as pas fait ma commission,
dit le curé.

— Si fait, répond le voiturier en se grat-
tant l'oreille... Mais je vais vous dire... nous
avons fait une bêtise... Vous m'avez dit de le
prend e mourant, je l'ai pris mourant; —
mais sans doute que sur la route il se sera
trouvé mieux et qu'il s'en sera allé : si je l'a-
vais pris mort, ça ne serait pas arrivé !

Une vieille histoire !...

Je ne sais si on l'a contée déjà, — mais elle
n'en est pas moins bonne.
C'était il y a trente ou trente-cinq ans.
Frédôrick-Lemaitre se trouvait dans le ca-
binet d'un directeur de théâtre connu pour
sa rapacité proverbiale.

Un auteur amateur arrive pour prendre
des arrangements relativement à une pièce
qu'il voulait faire jouer.

— Comment donc, cher monsieur, dit le
directeur, enchanté de vous jouer!.... Seule-
ment, n'est-ce pas, c'est bien entendu, vous
payez les deux décors dont nous sommes con-
venus?...

— Certainement, dit l'amateur.

— Et, reprend le directeur, vous engage-
rez madame D... à vos frais!

— Oui, oui!

— Il faut des costumes nouveaux, pour les
arbalétriers du quatrième acte, et le vestiaire
du théâtre n'a rien qui pourrait convenir...

— C'est ben, j'en ferai faire...

— Quant à votre ballet du second acte, il
reste bien convenu que c'est vous qui vous
chargerez de l'engagement des danseuses et
du règlement de leurs appointements...

— Soit! fait l'auteur avec un léger soupir.
Frédérick ne soufflait mot.

Seulement, comme après cette édifiante
conversation, le directeur se levait pour recon-
duire le malheureux amateur, le grand artiste
l'arrêta en lui posant la main sur le bras.

— Qu'y a-t-il donc? fait le directeur sur-
pris.

— Eh! dit Frédérick, vous oubliez quelque
chose!...

— Quoi donc?

— Vous ne voyez donc pas que monsieur
a encore sa montre I

Un mari écrit à sa femme dont il est séparé
! de corps, afin de régler quelques affaires
d'intérêt;
Et il commence sa lettre ainsi :

« Madame,
Mon fils, —pardon, si je me trompe,— etc.

Une plaisante et douloureuse estampe d'un
vieux maître inconnu :

Un paysan est assis sur un banc devant sa
maison,

Il a son fils de quatre ou cinq ans entre les
jambes.

A travers une fenêtre de la maison, onaper-
çoit la femme qui vaque dans l'intérieur aux
occupations du ménage, et qui a une mine
des plus rébarbatives.
En dessous, on lit cette légende :
Le Paysan à son fils. — Ah! mon enfant,
comme nous aurions tout de même vécu heu-
reux si je n'avais connu ta mère!

sitation, — excusez-moi si je vous fait peut-
être un peu mal, c'est la première fois...
• Jacquier, avec un sourire :
3 — Moi aussi!

î

*

* *

La légende du condamné à mort

Jacquier a été condamné à mort.

Sa famille a obtenu la permission de venir
le voir la veille de l'exécution.

Jacquier est donc entouré des siens.

Après une conversation plus ou moins lon-
gue, il les congédie :

Eh bien, adieu, leur dit-il, — nous nous
reverrons demain, — car vous sortirez sans
doute aussi un peu?...

Après les parents, arrive le confesseur.

Grandes remontrances, exhortations à la
pénitence.

Au bout d'un moment :

— Monsieur, dit Jacquier, ménagez vos pa-
roles... Demain, je parlerai moi-même à votre
maître...

Enfin, le grand jour est venu.
On monte en charrette.
Il fait un temps épouvantable.
La pluie tombe à torrents.

— Chien de temps!... gémit le bourreau,
en s'adressant au condamné à côté duquel il
est assis.

— Oui, dit Jacquier... c'est fâcheux, —
surtout pour vous, —■ parce que vous, veus

f avez deux fois la route à l'aire.

On arrive au pied de l'échafaud.

L'escalier, fait à la hâte, est très-branlant.

— Mon ami, dit Jacquier au bourreau qui
l'aide à monter les marches, — voilà un bien
vilain escalier... On risque de s'y casser le
cou à chaque pas.

L'exécution, — nous sommes dans un pays
[ encore peu civilisé,

j L'exécution doit se faire non à la guillotine,
' mais à la hache.

Parvenus sur la plate-forme, le bourreau et
le condamné se regardent un moment.

— Monsieur, dit enfin le bourreau un peu
embarrassé, et après quelques secondes d'hé-

Jacquier posait déjà la tête sur le billot,

Et le bourreau levait sa hache,

Quand les cris de: « la grâce! la grâce! »
retentissent.

Un homme à cheval fend la fonle en agitant
en l'air un papier.

C'est, en eltet, la grâce de Jacquier que
vient de signer le roi.

Jacquier se relève, et regardant le bourreau
avec un haussement d'épaules :

— Quelle bêtise! Maintenant que c'était
une affaire faite!...

Le bourreau lui tend la main, et avec un
accent de regret compatissant :

— Bah ! ce sera pour une autre fois !

BRIDAINE.

THE TIMES de Londres. Agence d'abonnement et
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Champs à Paris.

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carton Bristol.

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LETTRE DE MISS POUPINETTE

Reportcressc du FIUARO

A SON AMIE PICHENETTE

Les engueulements de Y Univers et le stoïcisme du
Figaro! but final : 4,000 curés. — Ce que l'on
trouve dans les Petites Annonces : la duchesse qui
cherche un régiment; mais que cherche la châte-
laine Victorine? — La fille du régent au corps-de-
garde et la morale de la duchesse du Maine. —La
duchesse de Berry et Simon Deutz; M. de Montali-
vet et M. Thiers* étrange raisonnement du Figaro.
— Les érudits du susdit journal, Victor Hugo et
une invitation à déjeuner.

Ma charmante,

11 paraît que tu nous éreintes quelque peu dans
le Grelot; ça nous est égal : Louis Veuillot
nous administre de bien autres volées dans
l'Univers et nous ne répondons rien...

Dame! l'Univers voudrait reprendre les
4,000 curés que nous lui avons pincés.
et si nous répondions, ces braves gens pour-
raient s'apercevoir que notre feuille n'est pas
tout à fait orthodoxe, ce dont ils doivent se
douter quelque peu, n'est-ce pas?

Triste temps, ma chère, que celui où Basile
frotte Figaro.

Je ne te dirai pas que. je me plais infini-
ment dans mes fonctions de secrétaire des
Petites Annonces, mais il faut vivre; et puis il
y a quelquefois de bonnes aubaines : on m'a
déjà proposé plusieurs sortes d'union... que
j'ai refusées.

C'est moi qui ai reçu la duchesse qui dési-
rait connaître la résidence du 23e dragons;
une luronne qui a du galbe, je t'assure. Je me
demande ce que cette noble dame veut faire
de tout un régiment.

J'ai reçu une autre annonce qui m'in-
trigue aussi quelque peu ; permets-moi de te
la transcrire, car peu de gens lisent ces avis
imprimés en caractères microscopiques :

« A VICTORINE. — Inutile de préparer toutes les
chambres du château : la réserve qu'on appelle n'est
pas du tout ce que vous vous figurez... »

Je m'arrêtai toute songeuse. Que diable,
me disais-je, Mme Victorine se figure-t-elle
rencontrer dans cette réserve, pour laquelle
elle fait préparer toutes les chambres de son
château?

Ne trouvant pas dans mon imagination d'ex-
plication suffisante, je continuai ma lecture :

« Nous savons ce que Madame appelait sa réserve :
c'était le marquis, le vicomte, Arthur, Alfred, et que
sais-je encore? Le château n'y suftiraitpas, ni le vil-
lage non plus. »

Victorine, ma mie, nous voilà revenu en
pleine Régence, à l'époque où la duchesse de
Berry allait fumer sa pipe avec les soldats du
poste de son palais, et se délectait aux propos
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