8" ANNEE. — N« 372
PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LE NUMERO
24 MAI 1878
REDACTION
AB0B8£iD ,r ♦
,PARIS ET. DÉP A RTEM ENI S
Un an....... H >t »
Six mois.... 4 »
Trois mois... » «O
ADRESSER
Lettres et Mandats à M. Madré,
directeur-gérant,
T7, r. Neuve-des-Petits-Champs
ADMINISTRATION
77, r. Neuve-des-Petits-Champi
PARIS
ABONNEMENTS
P\YS DE L'UNION POSTAL*
Un an....... ÎO fr. »
Six mois..... 5 »
Trois mois... 2 50
ANNONCES
A,u bureau du Journal
et chez
M. BEAUDOIN, 9, pl. de la Bourst
LA SEMAINE
Le capitaine cura«so-catbolique de Mun a
perdu à la chambre une nouvelle et bien belle
occasion de se taire.
Les faits relatifs à son élection et dans
lesquels le rapporteur lui a mis le nez, ont
édifié les députés de la majorité sur les procé-
dés mis en usage par les hommes du 16 mai
pour se faire élire.
Ce glorieux capitaine en chambre, disait, en
parlant du gouvernement dont le nom brillait
en tête de ses affiches, que les républicains
étaient une bande de voleurs ;
Que le succès des 363 serait la ruine du pays.
La révolution,
La guillotine,
Le viol,
Et l'assassinat.
Bon capitaine de mon cœur, va !
Les fidèles dévoués à la cause de ce descen-
dant de6 croisés juraient leurs grands Dieux
qu'une fois nommé député, M. de Mun devien-
drait le dispensateur des grâces et subven-
tions du gouvernement aux communes.
Que rien ne se ferait que par lui ;
Qu'enfin, si M. de Mun n'était pas encore le
bon Dieu, c'était tout aumoins le Saint-Esprit ;
Et là-dessus le clergé d'entrer en danse,
Et les vicaires d'arracher les affiches
Et d'envahir la salle du vote, etc., etc.
M. de Mun a voulu répliquer.
Et avec cette petitesse et cette insanité par-
ticulières aux droitiers à peu près sûrs de leur
invalidation, il n'a cessé de vomir les plus
furieuses injures contre le gouvernement de
la République.
Çà n'a rien fait, et l'excellent capitaine en a
été pour ses effets, de cuirasse et ses frais
cflêloquence;
On a remis la décision à prendre sur cet
intéressant jeune homme jusqu'au rapport de
la commission d'enquête,
Après lequel, le dit de Mun sera proprement
et nettement invalidé, ainsi qu'il sied aux
jésuites de sa trempe, qui, sous prétexte de
défendre la religion de leurs pères, ne cessent
d'exciter à la guerre civile et d'ameuter les
citoyens les uns contre les autres.
—O—
Le jeune Derrière-Néo d'Ornano a voulu se
payer aussi son petit journal.
La gloire de Popol le gênait, cet enfant 1
Et Popol ayant le Pays,
Derriere-Néo a voulu s'offrir Paris-Capitale.
Je vous recommande la lecture de cette
sémillante gazette, les jours de médecine.
Çà, pourra vous servir.
Je dirai même plus !
Rien qué d'en parcourir le premier numéro,
çà vous suffira.
Désormais, plus de limonade Rogé !
L'huile de ricin est enfoncée !
Un abonnement de trois mois au Paris-Capi-
tale et vous êtres sûr d'avoir toujours le ventre
libre.
—O-
Qu'on dise encore que les bonapartistes
n'aiment pas la France T...
Farceur de Derrière-Néo, va l...
Que je suis donc fâché de ne pas te connaî-
tre 1...
NICOLAS FLAMMÈCHE.
Les Damnés du 16 Mai
Allez, sinistres coalisés du 16 mai, aujour-
d'hui battus et plongés dans les eaux du Styx
vous aurez beau faire, vous ne ferez pas som-
brer le vaisseau de la République, qui, comme
celui des armes de Paris, pourrait prendre
pour devise : Fluctuât nec mergitur.
C'est en vain que vos dents acérées cher-
chent à en ronger la carêne, que vos griffes se
cramponnent aux boidages, la barque qui
porte nos libertés parviendra sans avaries au
Sort, guidée par d'habiles nautonniers, et, en
épit de vos cabrioles impuissantes, vous
Notre liberté actuelle
Le plus triste, dans toute cette affaire, c'est
que les croassements de cette bande sont tou-
jours entendus en haut lieu.
M. le préfet de la Seine s'est empressé de
s'incliner devant les anathémes d'Henry des
Houx,
Et, au lieu d'envoyer celui-ci voir dans la
crypte de la cathédrale d'Orléans si St-Adéodat
y était,
Il a infligé un blâme sévère au Conseil mu-
nicipal qui s'était permis de voter l'érection
d'une statue de Voltaire sur la place du Châ-
teau-d'Eau.
expirerez dans l'Océan de boue où vous vouliez
nous ensevelir, et qui vous servira de tom-
beau !
ZIG-ZAGS
La grande colère d'Henry de Houx
Veuillot se console encore des misères de ce
bas-monde en se souvenant qu'il a eu l'inef-
fable bonheur de voir le pape, en ne payant,
en sa qualité d'ami, comme droit d'entrée, que
la bagatelle de 73 mille et quelques francs.
Mais Henry des Houx,
Qui n'a pas encore obtenu le chapeau de ses
rêves,
Et qui a déjà haussé les étages de sa cas-
quette aus3i haut que le permettent les règle-
ments de police sur la voirie,
Est dans un état d'exaspération,
De rage.
De dèïirium, qu'on qualifie à tort de très-
mince, car il atteint l'épaisseur de la couenne
qui protégeait, contre les intempéries des
saisons, l'intestinet grêle d'un électeur censi-
taire, sous Louis-Philippe.
Une pluie d'éteignoirs
L'Eglise catholique a sagement fait d'ordon-
ner le célibat à ses ministres,
Sans quoi, des Houx, dans sa colère, aurait
imité le rageur Père-Duchêne, et se serait livré
sur sa mqjtié à des études de boxe et de gour-
din comparés, dans le goût de celles que le ver-
tueux prélat Las-Cazes recommandait de faire
sur l'échiné et le thorax des noirs africains.
Ne pouvant taper sur sa femme,
Comme le déplore Gavarni,
Il en est réduit à cogner sur des amis,
Et depuis quinze jours, il nous lance à la
tête, à nous ses frères en Jésus-Christ, une
kyrielle de petites brochures-éteignoirs, qui
remplacent avantageusement les pluies de
grenouilles dont Moïse affligea jadis l'Egypte,
et dont des expéditeurs inconnus, mais
probablement intéressés dans les affaires de
Ricord, affligent aujourd'hui nos boulevards
Le centenaire de Voltaire
Ce qui met tant en fureur le bon des Houx,
—je dis bon par euphémisme, —
C'est la prochaine célébration du centenaire
de Voltaire.
L'Eglise catholique fête des douzaines de
quarterons de saints quelconques,
Elle révère deux ou trois centaines de Notre-
Dames, et chante une interminable collection
de cantiques en l'honneur d'un tas de nommés
Nycéphore, Pancrace ou Malglaive, qui ont
gagné le ciel en mangeant des quantités fabu-
leuses de radis, dans des déserts où, comme
Robinson Crnsoé,
Ils ne trouvaient personne (bis).
Nous la laissons tranquillement agir à son
aise,
Et nous nous contentons seulement de sou-
rire un peu, quand elle adresse des oremus
par trop emphatiques à des Labre par trop
pouilleux.
Mais sans jamais supplier le gouvernement
de faire cesser des prières, auxquelles nous
demandons seulement qu'on ne force per-
sonne d'assister.
Que l'Eglise catholique, cette persécutée,
soit donc aussi libérale que nous, infâmes
persécuteurs.
Nous ne l'empêchons pas de brûler annuel-
lement des {cierges, capables de nourrir pen-
dant un siècle tous les cosaques de l'Ukraine,
pour faire plaisir à Rupert, Optât ou Pam-
phile, qui furent, je n'en doute pas, de fort
honnêtes gens, un peu oubliés aujourd'hui....
Qu'elle nous laisse donc à notre tour brûler
quelques lampions en l'honneur d'un grand
homme comme Voltaire.
Voilà qui est entendu.
Les parisiens n'ont absolument que le droit
de payer l'entretien de leur ville et le perce
ment de rues et de places qui leur coûtent,-
Dieu et M. Haussmann savent seuls combien
de millions 1
Mais à M. le Préfet de la Seine, appartient
le pouvoir de baptiser ces rues des noms de
tous les/ rédacteurs de la Défense ou de tous
les jésuites éminents,
Et d'ériger sur toutes les places des « por
traictures » en bronze ou en marbre de saints
ou de saintes, plus ou moins vierges, plus ou
moins martyres, et d'évèques célèbres, com-
me par exemple le Cauchon qui brûla Jeanne
d'Arc 1
C'est le cas de parodier le mot de madame
Roland.
O liberté 1
Que de fumisteries les opportunistes lais-
sent commettre en ton nom 1
Le millénaire de Sainte-Solange
Passons du triste au doux, du sévère au
plaisant.
Au moment où la haute et basse cléricaille
glousse après le centenaire de Voltaire, comme
une poule dont on égorge les poussins, elle
se prépare à célébrer le millénaire de Sainte-
Solange.
Sainte-Solange était une pieuse jeune fille,
qui exerçait dans le Berry le poétique métier
de gardeuse de vaches, en l'année 878.
A cette époque, on trouvait encore des
richards, qui voulaient bien épouser des ber-
gères.
Mais, — ce qui prouve bien que tout a tou-
jours été mal sur cette terre, — les bergères
refusaient d'épouser les richards, et préfé-
raient être jetées en pâture aux panthères et
aux léopards.
Ste-Solange était aimée d'un riche seigneur,
nommé Rainulfe.
Celui-ci s'en vint un beau jour lui offrir sa
main, — par exemple, on n'a jamais su si c'é-
tait la droite ou la gauche.
Toujours est-il que Solange refusa net, et
répondit qu'elle voulait toujours se consacrer
à Dieu et à ses vaches.
Pour Dieu, Rainulfe n'eût peut-être rien dit,
mais se voir préférer des vaches, cela le vexa
au dernier des points.
Il tira son grand sabre,— gladio stringit, dit
Grégoire de Tours.
— Tu ne veux pas, une ? dit-il à Solange.
— Non.
— Tu ne veux pas, deux ?
— Non, Rainulfe.
— Tu ne veux pas, trois ?
— Non, monsieur Rainulfe.
Alors... d'zinn' I sans se laisser attendrir
par la politesse croissante des refus de Solan-
ge, Rainulfe lui abattit la tête d'un seul coup
3e son grand sabre.
Mais Solange était une fille de sang-froid,
qui tenait beaucoup à sa réputation de ne ja-
mais perdre la tête.
Elle ramassa donc la sienne, et, à l'instar de
saint Denis, la porta dans une église voi-
sine.
Après quoi, contente comme un ancien fé-
déré, qui vient d'échapper à six mois de pri-
son en laissant tuer un gendarme, elle se cou-
cha au pied du maitre-autel et, bien qu'elle
n'eût plus ni bouche ni nez, trouva encore
moyen de rendre convenablement le dernier
soupir.
Mais quoique sans mâchoire
•7e te garde une dent !
On n'a pas retrouvé le corps de sainte So-
lange, mais on vient de découvrir ce que
l'Union appelle une partie notable de son chef.
C'est tout simplement une dent, — sans
dout» celle que la sainte garde contre Rainulfe.
La dite dent va être transportée en grande
pompe dans la cathédrale de Bourges.
Il va sans dire que cette découverte de la
partie notable du chef de sainte Solange étant
survenue 1000 ans juste après la mort de la
sainte, c'est un miracle.
Ce qui nous console, c'est que si elle avait
eu lieu 999 ans après cette même mort, c'eût
été un miracle tout de même.
La cérémonie de la translation promet d'être
des plus imposantes.
Trente ou trente cinq évêques et archevêques
vont venir y assister.
(. uant au nombre des curés, des vicaires, des
diacres, sous-diacres, sacristains, sous-sacris-
tains, enfants de chœur, chantres, congréga-
nisles mâles et femelles, il est aussi innom-
brable que celui des jésuites condamnés pour
outrages aux mœurs depuis dix ans.
Sabre et goupillon.
Tout cela, renforcé des bannières, des croix
et des étendards multicolores de toutes les
confréries, des serpents, des trombones de tous
les lutrins, des musiques d'écoles congréga-
nistes et des fanfares des communes bien pen-
santes, tout cela, parait-il, ne suffisait pas en-
core.
Il a fallu que l'on projetât d'y adjoindre de
la troupe en grande tenue.
L'autorisation a été naturellement accordée.
Au risque de voir la dent de sainte Solange
frémir à la vue des sabres nus des officiers,
dont quelques-uns descendent peut-être de
Rainulfe, Escobar s'adjoindra donc Pitou et
Dumanet, avec l'assentiment de leurs chefs.
Persécutés
pour rire.
Et voilà les gens qui se disent persécutés !
Demandons-nous de la troupe, nous, pour
nos fêtes?
Non.
Nous ne souhaitons qu'une chose : c'est
qu'on nous laisse librement agir à notre guise.
L'armée est créée pour défendre la patrie, et
v°n7 esC0TteT une canine fossile ou pour
dénier devant un morceau de bronze, repré-
sentât-il un grand homme comme Voltaire.
Que chacun fête ses saints comme il l'en-
tend, sans forcer les autres à les applaudir,
voilà la vraie liberté.
Ne prenez pas notre armée républicaine pour
vos processions, ou sans quoi, un jour que
nous serons de màuvais poil, nous prendrons
vos sacristains pour grossir le cortéae de Di-
derot ou de Volneyl
Il n'est bon qu'à çà!
On a projeté d'établir des fontaines Wallace
dans le parc de l'Exposition.
C'est une bonne idée.
Mais, malheureusement, paraît-il, les dites
fontaines manquent.
En attendant qu'on en ait fabriqué, si on
les faisait suppléer provisoirement par Jules
Favre ? r
On l'érigerait sur un piédestal de registres
de 1 état civil, avec sa fameuse devise ■
« Pas un pouce, pas une pierre. »
Cela ferait un fier ornement pour le parc.
GRINGOIRE.
FEUILLES AU VENT
— Mangeons ce poulet d'Inde,
De peur qu'il ne se gâte,
Disait un fils dénaturé qui venait de perdre son
Ce serait de trop de perdre en un jour un père, -
Et un poulet dinde.
Ce fils dénaturé me rappelle le Cassagnac de la
semaine dernière;
Il s'est dit :
de^pmSi'tr°P de PerdreenUnesemaine unePlace
Et une occasion <le cracher sur un républicain.
Et ce capon de haute volée,
•'S,™ par l"16 f°rfantei''e dont lui seul était capable
s engagea dans les zouaves lors de la guerre fran-
çaise, et qui jamais ne tira une balle pendant toute
la guerre, pour des raisons empruntées à Pierrot et
à bancho Pansa, - c'est-à-dire qu'il n'y avait point
de peau qui valut la sienne.
J'ai dit : ce canon de haute volée essaya de se
consoler de son échec à la Chambre,
En piétinant sur le brave défenseur de Belfort, —
sur la tomba fraîche du colonel Denl'ert-Roche-
reau,
Et ce cloporte en a de la terre jusqu'au bout de ses
pattes.
***
— Un homme qui ne dérage pas,
C'est ce pauvre M. Dupanloup.
Pas de chapeau pour commencer,
Et le centenaire de Voltaire pour finir.
Et que de platitudes débitées !
Que de paroles perdues.'
On peut répéter à propos de tous ses discours de
tous ses mandements, de toutes ses interpellations,
le mot de Berchoux, le poète gastronome :
— Cest comme de la bouillie : cela gonlle beau-
coup et ne nourrit pas.
***
. — Uh aimable plaisant, ce Berchoux, qui excusait
ainsi Néron, le célèbre tyran, parce qu'il était doué
a un appé;it prodigieux :
Je sais qu'il fut cruel, assassin, suborneur,
Mais de son estomac je distingue son cœur.
***
— La lettre terrible dn rédacteur du Bien Public,
Relative à l'affaire de Ghampoly,
PARIS ET DEPARTEMENTS : 15 CENTIMES LE NUMERO
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LA SEMAINE
Le capitaine cura«so-catbolique de Mun a
perdu à la chambre une nouvelle et bien belle
occasion de se taire.
Les faits relatifs à son élection et dans
lesquels le rapporteur lui a mis le nez, ont
édifié les députés de la majorité sur les procé-
dés mis en usage par les hommes du 16 mai
pour se faire élire.
Ce glorieux capitaine en chambre, disait, en
parlant du gouvernement dont le nom brillait
en tête de ses affiches, que les républicains
étaient une bande de voleurs ;
Que le succès des 363 serait la ruine du pays.
La révolution,
La guillotine,
Le viol,
Et l'assassinat.
Bon capitaine de mon cœur, va !
Les fidèles dévoués à la cause de ce descen-
dant de6 croisés juraient leurs grands Dieux
qu'une fois nommé député, M. de Mun devien-
drait le dispensateur des grâces et subven-
tions du gouvernement aux communes.
Que rien ne se ferait que par lui ;
Qu'enfin, si M. de Mun n'était pas encore le
bon Dieu, c'était tout aumoins le Saint-Esprit ;
Et là-dessus le clergé d'entrer en danse,
Et les vicaires d'arracher les affiches
Et d'envahir la salle du vote, etc., etc.
M. de Mun a voulu répliquer.
Et avec cette petitesse et cette insanité par-
ticulières aux droitiers à peu près sûrs de leur
invalidation, il n'a cessé de vomir les plus
furieuses injures contre le gouvernement de
la République.
Çà n'a rien fait, et l'excellent capitaine en a
été pour ses effets, de cuirasse et ses frais
cflêloquence;
On a remis la décision à prendre sur cet
intéressant jeune homme jusqu'au rapport de
la commission d'enquête,
Après lequel, le dit de Mun sera proprement
et nettement invalidé, ainsi qu'il sied aux
jésuites de sa trempe, qui, sous prétexte de
défendre la religion de leurs pères, ne cessent
d'exciter à la guerre civile et d'ameuter les
citoyens les uns contre les autres.
—O—
Le jeune Derrière-Néo d'Ornano a voulu se
payer aussi son petit journal.
La gloire de Popol le gênait, cet enfant 1
Et Popol ayant le Pays,
Derriere-Néo a voulu s'offrir Paris-Capitale.
Je vous recommande la lecture de cette
sémillante gazette, les jours de médecine.
Çà, pourra vous servir.
Je dirai même plus !
Rien qué d'en parcourir le premier numéro,
çà vous suffira.
Désormais, plus de limonade Rogé !
L'huile de ricin est enfoncée !
Un abonnement de trois mois au Paris-Capi-
tale et vous êtres sûr d'avoir toujours le ventre
libre.
—O-
Qu'on dise encore que les bonapartistes
n'aiment pas la France T...
Farceur de Derrière-Néo, va l...
Que je suis donc fâché de ne pas te connaî-
tre 1...
NICOLAS FLAMMÈCHE.
Les Damnés du 16 Mai
Allez, sinistres coalisés du 16 mai, aujour-
d'hui battus et plongés dans les eaux du Styx
vous aurez beau faire, vous ne ferez pas som-
brer le vaisseau de la République, qui, comme
celui des armes de Paris, pourrait prendre
pour devise : Fluctuât nec mergitur.
C'est en vain que vos dents acérées cher-
chent à en ronger la carêne, que vos griffes se
cramponnent aux boidages, la barque qui
porte nos libertés parviendra sans avaries au
Sort, guidée par d'habiles nautonniers, et, en
épit de vos cabrioles impuissantes, vous
Notre liberté actuelle
Le plus triste, dans toute cette affaire, c'est
que les croassements de cette bande sont tou-
jours entendus en haut lieu.
M. le préfet de la Seine s'est empressé de
s'incliner devant les anathémes d'Henry des
Houx,
Et, au lieu d'envoyer celui-ci voir dans la
crypte de la cathédrale d'Orléans si St-Adéodat
y était,
Il a infligé un blâme sévère au Conseil mu-
nicipal qui s'était permis de voter l'érection
d'une statue de Voltaire sur la place du Châ-
teau-d'Eau.
expirerez dans l'Océan de boue où vous vouliez
nous ensevelir, et qui vous servira de tom-
beau !
ZIG-ZAGS
La grande colère d'Henry de Houx
Veuillot se console encore des misères de ce
bas-monde en se souvenant qu'il a eu l'inef-
fable bonheur de voir le pape, en ne payant,
en sa qualité d'ami, comme droit d'entrée, que
la bagatelle de 73 mille et quelques francs.
Mais Henry des Houx,
Qui n'a pas encore obtenu le chapeau de ses
rêves,
Et qui a déjà haussé les étages de sa cas-
quette aus3i haut que le permettent les règle-
ments de police sur la voirie,
Est dans un état d'exaspération,
De rage.
De dèïirium, qu'on qualifie à tort de très-
mince, car il atteint l'épaisseur de la couenne
qui protégeait, contre les intempéries des
saisons, l'intestinet grêle d'un électeur censi-
taire, sous Louis-Philippe.
Une pluie d'éteignoirs
L'Eglise catholique a sagement fait d'ordon-
ner le célibat à ses ministres,
Sans quoi, des Houx, dans sa colère, aurait
imité le rageur Père-Duchêne, et se serait livré
sur sa mqjtié à des études de boxe et de gour-
din comparés, dans le goût de celles que le ver-
tueux prélat Las-Cazes recommandait de faire
sur l'échiné et le thorax des noirs africains.
Ne pouvant taper sur sa femme,
Comme le déplore Gavarni,
Il en est réduit à cogner sur des amis,
Et depuis quinze jours, il nous lance à la
tête, à nous ses frères en Jésus-Christ, une
kyrielle de petites brochures-éteignoirs, qui
remplacent avantageusement les pluies de
grenouilles dont Moïse affligea jadis l'Egypte,
et dont des expéditeurs inconnus, mais
probablement intéressés dans les affaires de
Ricord, affligent aujourd'hui nos boulevards
Le centenaire de Voltaire
Ce qui met tant en fureur le bon des Houx,
—je dis bon par euphémisme, —
C'est la prochaine célébration du centenaire
de Voltaire.
L'Eglise catholique fête des douzaines de
quarterons de saints quelconques,
Elle révère deux ou trois centaines de Notre-
Dames, et chante une interminable collection
de cantiques en l'honneur d'un tas de nommés
Nycéphore, Pancrace ou Malglaive, qui ont
gagné le ciel en mangeant des quantités fabu-
leuses de radis, dans des déserts où, comme
Robinson Crnsoé,
Ils ne trouvaient personne (bis).
Nous la laissons tranquillement agir à son
aise,
Et nous nous contentons seulement de sou-
rire un peu, quand elle adresse des oremus
par trop emphatiques à des Labre par trop
pouilleux.
Mais sans jamais supplier le gouvernement
de faire cesser des prières, auxquelles nous
demandons seulement qu'on ne force per-
sonne d'assister.
Que l'Eglise catholique, cette persécutée,
soit donc aussi libérale que nous, infâmes
persécuteurs.
Nous ne l'empêchons pas de brûler annuel-
lement des {cierges, capables de nourrir pen-
dant un siècle tous les cosaques de l'Ukraine,
pour faire plaisir à Rupert, Optât ou Pam-
phile, qui furent, je n'en doute pas, de fort
honnêtes gens, un peu oubliés aujourd'hui....
Qu'elle nous laisse donc à notre tour brûler
quelques lampions en l'honneur d'un grand
homme comme Voltaire.
Voilà qui est entendu.
Les parisiens n'ont absolument que le droit
de payer l'entretien de leur ville et le perce
ment de rues et de places qui leur coûtent,-
Dieu et M. Haussmann savent seuls combien
de millions 1
Mais à M. le Préfet de la Seine, appartient
le pouvoir de baptiser ces rues des noms de
tous les/ rédacteurs de la Défense ou de tous
les jésuites éminents,
Et d'ériger sur toutes les places des « por
traictures » en bronze ou en marbre de saints
ou de saintes, plus ou moins vierges, plus ou
moins martyres, et d'évèques célèbres, com-
me par exemple le Cauchon qui brûla Jeanne
d'Arc 1
C'est le cas de parodier le mot de madame
Roland.
O liberté 1
Que de fumisteries les opportunistes lais-
sent commettre en ton nom 1
Le millénaire de Sainte-Solange
Passons du triste au doux, du sévère au
plaisant.
Au moment où la haute et basse cléricaille
glousse après le centenaire de Voltaire, comme
une poule dont on égorge les poussins, elle
se prépare à célébrer le millénaire de Sainte-
Solange.
Sainte-Solange était une pieuse jeune fille,
qui exerçait dans le Berry le poétique métier
de gardeuse de vaches, en l'année 878.
A cette époque, on trouvait encore des
richards, qui voulaient bien épouser des ber-
gères.
Mais, — ce qui prouve bien que tout a tou-
jours été mal sur cette terre, — les bergères
refusaient d'épouser les richards, et préfé-
raient être jetées en pâture aux panthères et
aux léopards.
Ste-Solange était aimée d'un riche seigneur,
nommé Rainulfe.
Celui-ci s'en vint un beau jour lui offrir sa
main, — par exemple, on n'a jamais su si c'é-
tait la droite ou la gauche.
Toujours est-il que Solange refusa net, et
répondit qu'elle voulait toujours se consacrer
à Dieu et à ses vaches.
Pour Dieu, Rainulfe n'eût peut-être rien dit,
mais se voir préférer des vaches, cela le vexa
au dernier des points.
Il tira son grand sabre,— gladio stringit, dit
Grégoire de Tours.
— Tu ne veux pas, une ? dit-il à Solange.
— Non.
— Tu ne veux pas, deux ?
— Non, Rainulfe.
— Tu ne veux pas, trois ?
— Non, monsieur Rainulfe.
Alors... d'zinn' I sans se laisser attendrir
par la politesse croissante des refus de Solan-
ge, Rainulfe lui abattit la tête d'un seul coup
3e son grand sabre.
Mais Solange était une fille de sang-froid,
qui tenait beaucoup à sa réputation de ne ja-
mais perdre la tête.
Elle ramassa donc la sienne, et, à l'instar de
saint Denis, la porta dans une église voi-
sine.
Après quoi, contente comme un ancien fé-
déré, qui vient d'échapper à six mois de pri-
son en laissant tuer un gendarme, elle se cou-
cha au pied du maitre-autel et, bien qu'elle
n'eût plus ni bouche ni nez, trouva encore
moyen de rendre convenablement le dernier
soupir.
Mais quoique sans mâchoire
•7e te garde une dent !
On n'a pas retrouvé le corps de sainte So-
lange, mais on vient de découvrir ce que
l'Union appelle une partie notable de son chef.
C'est tout simplement une dent, — sans
dout» celle que la sainte garde contre Rainulfe.
La dite dent va être transportée en grande
pompe dans la cathédrale de Bourges.
Il va sans dire que cette découverte de la
partie notable du chef de sainte Solange étant
survenue 1000 ans juste après la mort de la
sainte, c'est un miracle.
Ce qui nous console, c'est que si elle avait
eu lieu 999 ans après cette même mort, c'eût
été un miracle tout de même.
La cérémonie de la translation promet d'être
des plus imposantes.
Trente ou trente cinq évêques et archevêques
vont venir y assister.
(. uant au nombre des curés, des vicaires, des
diacres, sous-diacres, sacristains, sous-sacris-
tains, enfants de chœur, chantres, congréga-
nisles mâles et femelles, il est aussi innom-
brable que celui des jésuites condamnés pour
outrages aux mœurs depuis dix ans.
Sabre et goupillon.
Tout cela, renforcé des bannières, des croix
et des étendards multicolores de toutes les
confréries, des serpents, des trombones de tous
les lutrins, des musiques d'écoles congréga-
nistes et des fanfares des communes bien pen-
santes, tout cela, parait-il, ne suffisait pas en-
core.
Il a fallu que l'on projetât d'y adjoindre de
la troupe en grande tenue.
L'autorisation a été naturellement accordée.
Au risque de voir la dent de sainte Solange
frémir à la vue des sabres nus des officiers,
dont quelques-uns descendent peut-être de
Rainulfe, Escobar s'adjoindra donc Pitou et
Dumanet, avec l'assentiment de leurs chefs.
Persécutés
pour rire.
Et voilà les gens qui se disent persécutés !
Demandons-nous de la troupe, nous, pour
nos fêtes?
Non.
Nous ne souhaitons qu'une chose : c'est
qu'on nous laisse librement agir à notre guise.
L'armée est créée pour défendre la patrie, et
v°n7 esC0TteT une canine fossile ou pour
dénier devant un morceau de bronze, repré-
sentât-il un grand homme comme Voltaire.
Que chacun fête ses saints comme il l'en-
tend, sans forcer les autres à les applaudir,
voilà la vraie liberté.
Ne prenez pas notre armée républicaine pour
vos processions, ou sans quoi, un jour que
nous serons de màuvais poil, nous prendrons
vos sacristains pour grossir le cortéae de Di-
derot ou de Volneyl
Il n'est bon qu'à çà!
On a projeté d'établir des fontaines Wallace
dans le parc de l'Exposition.
C'est une bonne idée.
Mais, malheureusement, paraît-il, les dites
fontaines manquent.
En attendant qu'on en ait fabriqué, si on
les faisait suppléer provisoirement par Jules
Favre ? r
On l'érigerait sur un piédestal de registres
de 1 état civil, avec sa fameuse devise ■
« Pas un pouce, pas une pierre. »
Cela ferait un fier ornement pour le parc.
GRINGOIRE.
FEUILLES AU VENT
— Mangeons ce poulet d'Inde,
De peur qu'il ne se gâte,
Disait un fils dénaturé qui venait de perdre son
Ce serait de trop de perdre en un jour un père, -
Et un poulet dinde.
Ce fils dénaturé me rappelle le Cassagnac de la
semaine dernière;
Il s'est dit :
de^pmSi'tr°P de PerdreenUnesemaine unePlace
Et une occasion <le cracher sur un républicain.
Et ce capon de haute volée,
•'S,™ par l"16 f°rfantei''e dont lui seul était capable
s engagea dans les zouaves lors de la guerre fran-
çaise, et qui jamais ne tira une balle pendant toute
la guerre, pour des raisons empruntées à Pierrot et
à bancho Pansa, - c'est-à-dire qu'il n'y avait point
de peau qui valut la sienne.
J'ai dit : ce canon de haute volée essaya de se
consoler de son échec à la Chambre,
En piétinant sur le brave défenseur de Belfort, —
sur la tomba fraîche du colonel Denl'ert-Roche-
reau,
Et ce cloporte en a de la terre jusqu'au bout de ses
pattes.
***
— Un homme qui ne dérage pas,
C'est ce pauvre M. Dupanloup.
Pas de chapeau pour commencer,
Et le centenaire de Voltaire pour finir.
Et que de platitudes débitées !
Que de paroles perdues.'
On peut répéter à propos de tous ses discours de
tous ses mandements, de toutes ses interpellations,
le mot de Berchoux, le poète gastronome :
— Cest comme de la bouillie : cela gonlle beau-
coup et ne nourrit pas.
***
. — Uh aimable plaisant, ce Berchoux, qui excusait
ainsi Néron, le célèbre tyran, parce qu'il était doué
a un appé;it prodigieux :
Je sais qu'il fut cruel, assassin, suborneur,
Mais de son estomac je distingue son cœur.
***
— La lettre terrible dn rédacteur du Bien Public,
Relative à l'affaire de Ghampoly,