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https://doi.org/10.11588/diglit.5259#0039
(3«V
& Phydias, dont les Grecs purent comparer les Statues aux
sublimes Peintures de ce grand Poëte. Depuis lui, aulieu d'être
la compagne , la Poéfie semble avoir été le guide de la Sculp-
ture , & lui avoir enseigné la route qu'elle devoir suivre, pour
faire sur les esprits l'impression qu'elle-même y saisoit.
Homère parle peu des Statues & des Peintures existantes dé
son tems , en assez grand nombre ; le siyle de ces ouvrages
s'éloignoit de la vérité, dont il les croyoit susceptibles, pour
mériter de lui une attention particulière. Se proposant de saire
dans le bouclier d'Achille la description d'un ches*d'oeuvre,
dont le travail étoit supposé de la main d'un Dieu, il réuffit
à le distinguer des ouvrages saits par les hommes, en mon-
trant à ceux de son sièéle , non des peintures telles qu3on les
saisoït alors , mais telles qu'on eut dû les faire ; par ce moyen
ingénieux, il nous apprend, sans choquer la vraifembîance ,
& fans donner une idée sauffe de la capacité de l'Art, ce qui!
étoit dans son tems, & ce que dès-lors il pouvoit devenir.
Ce Bouclier est peut-être le plus singuiier monument de
l'intelligence des Anciens , & comme à la saveur de ceux qui
nous reftent, de ceux dont les Auteurs ont parlé, ensin de
ces recherches sur Fefprit des Arts, je m'essorce de recon*
noître j à travers les ténèbres de l'antiquité , les pas qu'ils sirent
dans ces tems éloignés : ainsi, guidé par la sublimiîé de son
génie, Homère , fans presqu'âucun secours, vit dans l'obs-
curité de l'avenir, & prophétifa, pour ainsi dire , les grandes
chofes exécutées par les Arts, plusieurs siècles après lui , quand
ils eurent acquis toutes les sorces dont il les jugeoit capables.
En fe rappeliant ce qu'on a lu jusqu*à grésent dans cet ou-
vrage , on voit qu'au tems d'Homère, la Sculpture étoit par-
venue à connoître le desïin, le mouvement, la sorte d'ex-
preffion à donner par le moyen des attitudes ; elle commen-
çoit à rechercher les proportions ^ & mettoit depuis très-long-
les:
1
& Phydias, dont les Grecs purent comparer les Statues aux
sublimes Peintures de ce grand Poëte. Depuis lui, aulieu d'être
la compagne , la Poéfie semble avoir été le guide de la Sculp-
ture , & lui avoir enseigné la route qu'elle devoir suivre, pour
faire sur les esprits l'impression qu'elle-même y saisoit.
Homère parle peu des Statues & des Peintures existantes dé
son tems , en assez grand nombre ; le siyle de ces ouvrages
s'éloignoit de la vérité, dont il les croyoit susceptibles, pour
mériter de lui une attention particulière. Se proposant de saire
dans le bouclier d'Achille la description d'un ches*d'oeuvre,
dont le travail étoit supposé de la main d'un Dieu, il réuffit
à le distinguer des ouvrages saits par les hommes, en mon-
trant à ceux de son sièéle , non des peintures telles qu3on les
saisoït alors , mais telles qu'on eut dû les faire ; par ce moyen
ingénieux, il nous apprend, sans choquer la vraifembîance ,
& fans donner une idée sauffe de la capacité de l'Art, ce qui!
étoit dans son tems, & ce que dès-lors il pouvoit devenir.
Ce Bouclier est peut-être le plus singuiier monument de
l'intelligence des Anciens , & comme à la saveur de ceux qui
nous reftent, de ceux dont les Auteurs ont parlé, ensin de
ces recherches sur Fefprit des Arts, je m'essorce de recon*
noître j à travers les ténèbres de l'antiquité , les pas qu'ils sirent
dans ces tems éloignés : ainsi, guidé par la sublimiîé de son
génie, Homère , fans presqu'âucun secours, vit dans l'obs-
curité de l'avenir, & prophétifa, pour ainsi dire , les grandes
chofes exécutées par les Arts, plusieurs siècles après lui , quand
ils eurent acquis toutes les sorces dont il les jugeoit capables.
En fe rappeliant ce qu'on a lu jusqu*à grésent dans cet ou-
vrage , on voit qu'au tems d'Homère, la Sculpture étoit par-
venue à connoître le desïin, le mouvement, la sorte d'ex-
preffion à donner par le moyen des attitudes ; elle commen-
çoit à rechercher les proportions ^ & mettoit depuis très-long-
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