Histoire de l'esprit humain ou mémoires secrets et universels de la république des lettres (8.1767)

DE L’ESPRIT HÜMAIN. 229
rite, que de lui enlever l’avantage de for«
irier le coeur en amusarit l’esprit.

Sur le theatre Ejpagnol.
§. XV.
C’est des Espagnols, que nos premiers
poetes comiques apprirent ä ne metrre
que de la galanterie & des intrigues, ou
l’on doit repr^senter les ulages, les vices &
les vertus de la vie ordinaire.
Les Auteurs Espagnols, pour plaire a
leur nation, qui aime les aventures bizarres,
& qui conl'erve toujours le gout de la Che-
valerie errante, s’appliquent fort peu ä
peindre les moeurs; ils ne traitent jamais
que des sujets qui roulent purement sür
des intrigues amoureuses; leurs comedies
peuvent £tre regardees comme des Romans
dialogu^s.
Un Komme, qui lit les pieces du theatre
Espagnol, seroit tente, de le figurer, qu’il
n’y a point ä Madrid d’avares, de prodi-
gues, de savans ridicules, de glorieux, de
faux braves, de misantropes, d’imposteurs,
de ssatteurs. II semble, que les Espagnols
soient tous £galement tendres, amoureux,
jaloux, & quil n’y nit parmi eux qu’un
seul cara&ere general, qui soit celui de cha-
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