Histoire de l'esprit humain ou mémoires secrets et universels de la république des lettres (8.1767)

DE L’ESPRIT HUMAIN. 529

BAYLE.
Oui, il eil· avanta-
geux au genre hu-
rnain de connoitre
toure sa foiblesie.
Lorsque l’onse repo-
se sür une force dont
on eil· destitue, l’on
eil· en grand danger
de se nuire a soi m6-
me, ou du moins de
se rendre ridicule &
meprisable par de
vains & inutiles ef-
forts, (au lieu de ces
generalites qui ne di-
jcnt rien , il falloit
faire repondre ä Μ.
Bayle ce qui eil ici
d ctte.)
locke.
Je vous l’accorde,
il eil· bon que la na-
ture humaine senre
sa propre foiblesse:
mais ii ne lui eit pas
moins urile de con-
noitre

pour des questions
qu’ils n’entendent ni
les uns ni les autres;
je leur apprenois ä
le supporrer enrre
eux, a ne plus s’egor-
ger pour des dogmes
theologiques , qui
pourroienr £tre faux,
malgr£ les apparen-
ces de verite, que
ceux qui les sou-
tenoient leur don-
noienr; enrendantles
hommes Pirrhoniens,
les Carholiques ne
massacroienr plus les
Proteihms, les Pro»
testans n’egorgeoienE
plus les Catholi-
ques; chacun restoir
atrache ä ce qui hü
paroiiloirle plus vrai-
iemblable, & ne pen-
soit pas qu’il dur
saire recevoir, le
poignard a la main,
des opinions indubi-
tables. Croyez-vous
que