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https://doi.org/10.11588/diglit.4796#0774
748 ARCHITECTURE POLYCHROME
étrangers et français y ont été trompés. L'illusion est d'autant plus
grande dans la dernière église, que la pierre de Saint-Non offre
beaucoup de petites cavités naturelles qui avaient été reproduites
artificiellement sur les joints des tambours, et que leur rébouchage
et celui des cavités existantes, avec des stucs de différentes couleurs,
transforma des colonnes composées de plusieurs assises, d'une ma-
tière comparativement commune, en des fûts de beau granit d'un
seul morceau.
Un pareil poli ne résisterait sans doute pas indéfiniment à l'exté-
rieur ; mais en l'entretenant, nos édifices seraient préservés long-
temps de la cause la plus active de leur prompte destruction, qui
est la facile adhérence, sur toute la surface poreuse de la pierre,
des toiles d'araignée, de la poussière, des lichens, des semences vé-
gétales, et de l'humidité. D'ailleurs, puisque tous les marbres se ter-
nissent promptement chez nous, et qu'une fois ternis, les parties
plus ou moins tendres dont ils sont formés se décomposent aus-
sitôt , à plus forte raison le soin qu'exigerait cette belle matière,
dont la conservation est malheureusement tout autant négligée
chez nous qu'en général celle de l'ensemble de nos monuments,
devrait être pris pour les autres matériaux d'une nature beaucoup
plus destructible.
Il existe donc pour nos édifices publics, et en accord avec leur
haute destination, suffisamment de moyens matériels pour y ap-
pliquer la polychromie, comme cela s'est fait, du reste, en tous
temps, sans la préoccupation de suivre ou non une tradition grec-
que de la plus haute antiquité (i). L'application en fût faite par les
(i) Indépendamment des châteaux de Versailles, do grand Trianon, des Tuileries,
et de tant d'autres édifices analogues en France et ailleurs, construits et colorés
avec des matériaux de différentes nuances de ton, l'arc de triomphe élevé sur la
place du Carrousel, il n'y a pas quarante années encore, se compose de sept génies
de matériaux de natures et de couleurs variées : i° de la pierre de liais, couleur
jaunâtre, pour la construction générale; 2° de marhre rouge et hlanc, dit de Lan-
étrangers et français y ont été trompés. L'illusion est d'autant plus
grande dans la dernière église, que la pierre de Saint-Non offre
beaucoup de petites cavités naturelles qui avaient été reproduites
artificiellement sur les joints des tambours, et que leur rébouchage
et celui des cavités existantes, avec des stucs de différentes couleurs,
transforma des colonnes composées de plusieurs assises, d'une ma-
tière comparativement commune, en des fûts de beau granit d'un
seul morceau.
Un pareil poli ne résisterait sans doute pas indéfiniment à l'exté-
rieur ; mais en l'entretenant, nos édifices seraient préservés long-
temps de la cause la plus active de leur prompte destruction, qui
est la facile adhérence, sur toute la surface poreuse de la pierre,
des toiles d'araignée, de la poussière, des lichens, des semences vé-
gétales, et de l'humidité. D'ailleurs, puisque tous les marbres se ter-
nissent promptement chez nous, et qu'une fois ternis, les parties
plus ou moins tendres dont ils sont formés se décomposent aus-
sitôt , à plus forte raison le soin qu'exigerait cette belle matière,
dont la conservation est malheureusement tout autant négligée
chez nous qu'en général celle de l'ensemble de nos monuments,
devrait être pris pour les autres matériaux d'une nature beaucoup
plus destructible.
Il existe donc pour nos édifices publics, et en accord avec leur
haute destination, suffisamment de moyens matériels pour y ap-
pliquer la polychromie, comme cela s'est fait, du reste, en tous
temps, sans la préoccupation de suivre ou non une tradition grec-
que de la plus haute antiquité (i). L'application en fût faite par les
(i) Indépendamment des châteaux de Versailles, do grand Trianon, des Tuileries,
et de tant d'autres édifices analogues en France et ailleurs, construits et colorés
avec des matériaux de différentes nuances de ton, l'arc de triomphe élevé sur la
place du Carrousel, il n'y a pas quarante années encore, se compose de sept génies
de matériaux de natures et de couleurs variées : i° de la pierre de liais, couleur
jaunâtre, pour la construction générale; 2° de marhre rouge et hlanc, dit de Lan-