LA CONQUÉTE DE L'ÉGYPTE PAR LES ARABES
elle fut désastreuse pour les Grecs, qui se repiièrent sur Aiexandrie. 11s y furent
bientôt assiégés, mais une trahison livra une porte aux musuimans qui pénétrèrent
dans la cité, piüant, brûlant et massacrant tout. Une partie de i'armée impériaie
réussit à se réfugier sur ses vaisseaux et à prendre ia mer ; beaucoup de Byzan-
tins périrent dans la bataiüe des rues, et parmi eux, leur générai Manuel (été
de 646). Cette fois Amr se montra rigoureux pour ies vaincus. Beaucoup d'Égyp-
tiens furent envoyés commc prisonniers à Médine au khaiife. Quant à ia viüe
même-, Amr ordonna d'en raser ies murailles, pour éviter à i'avenir toute
entreprise sembiable à ceüe dont ii venait de triompher. La cité cessait en
même temps d'être ia capitale de l'Egypte; malgré ie désir qu'Amr aurait eu
de s'y installer, le khalife, suivant la voionté déjà exprimée par Omar, hxa
à Fostat ie siège du gouvernement.
-g-^iN DE LA DOMiNA- Ainsi hnit ia domination byzantine en Égypte. « Tout
TioN BYZANTiNE jg monde disait, écrit Jean de Nikiou, que i'expulsion
des Romains et la victoire des musuimans avaient été amenées par ia tyrannie
de l'empereur Héraciius et par les vexations qu'ü avait fait subir aux orthodoxes,
et dont l'instrument avait été le patriarche Cyrus ; voiià, disait-on, les causes
de ia ruine des Romains, et voilà pourquoi ies musuimans devinrent les maîtres
de l'Egypte. )) 11 est certain que la mauvaise administration de la province et la
politique reiigieuse du gouvernement impérial ont été ies causes essentielles de la
chute de la domination byzantine. L'attitude de la popuiation indigène en face de
l'invasion arabe le prouve sufhsamment et atteste la désaffection croissante qui
frappait le régime impérial. Non sans doute qu'iis aient, dès le début, accueilii les
Arabes comme des libérateurs : on constate même en certains endroits un réel
loyalisme de la part des habitants, et la conquête ne se ht point sans une résistance
assez longue et assez inattendue, si l'on songe à la médiocrité de l'armée qui défen-
dait la province. Mais, dès après les premières défaites, beaucoup d'indigènes
passèrent du côté du vainqueur. Jean de Nikiou, qui est monophysite, rapporte
à ce sujet des faits signihcatifs : actes d'indiscipline des milices locales, dontles sol-
dats refusent de se battre ou désertent, actes de trahison des populations, qui
aident ouvertement ies indigènes, massacrent les soldats byzantins qui tombent
entre leurs mains, les livrent sans défense aux musuimans, empressement surtout
de beaucoup d'Egyptiens à renier la foi chrétienne et à embrasser l'Islam, et à
combattre même avec les musulmans contre les chrétiens ; dans la Basse-Egypte,
tout un parti juge la résistance inutiie, estime qu'il faut se raüier aux Arabes et
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elle fut désastreuse pour les Grecs, qui se repiièrent sur Aiexandrie. 11s y furent
bientôt assiégés, mais une trahison livra une porte aux musuimans qui pénétrèrent
dans la cité, piüant, brûlant et massacrant tout. Une partie de i'armée impériaie
réussit à se réfugier sur ses vaisseaux et à prendre ia mer ; beaucoup de Byzan-
tins périrent dans la bataiüe des rues, et parmi eux, leur générai Manuel (été
de 646). Cette fois Amr se montra rigoureux pour ies vaincus. Beaucoup d'Égyp-
tiens furent envoyés commc prisonniers à Médine au khaiife. Quant à ia viüe
même-, Amr ordonna d'en raser ies murailles, pour éviter à i'avenir toute
entreprise sembiable à ceüe dont ii venait de triompher. La cité cessait en
même temps d'être ia capitale de l'Egypte; malgré ie désir qu'Amr aurait eu
de s'y installer, le khalife, suivant la voionté déjà exprimée par Omar, hxa
à Fostat ie siège du gouvernement.
-g-^iN DE LA DOMiNA- Ainsi hnit ia domination byzantine en Égypte. « Tout
TioN BYZANTiNE jg monde disait, écrit Jean de Nikiou, que i'expulsion
des Romains et la victoire des musuimans avaient été amenées par ia tyrannie
de l'empereur Héraciius et par les vexations qu'ü avait fait subir aux orthodoxes,
et dont l'instrument avait été le patriarche Cyrus ; voiià, disait-on, les causes
de ia ruine des Romains, et voilà pourquoi ies musuimans devinrent les maîtres
de l'Egypte. )) 11 est certain que la mauvaise administration de la province et la
politique reiigieuse du gouvernement impérial ont été ies causes essentielles de la
chute de la domination byzantine. L'attitude de la popuiation indigène en face de
l'invasion arabe le prouve sufhsamment et atteste la désaffection croissante qui
frappait le régime impérial. Non sans doute qu'iis aient, dès le début, accueilii les
Arabes comme des libérateurs : on constate même en certains endroits un réel
loyalisme de la part des habitants, et la conquête ne se ht point sans une résistance
assez longue et assez inattendue, si l'on songe à la médiocrité de l'armée qui défen-
dait la province. Mais, dès après les premières défaites, beaucoup d'indigènes
passèrent du côté du vainqueur. Jean de Nikiou, qui est monophysite, rapporte
à ce sujet des faits signihcatifs : actes d'indiscipline des milices locales, dontles sol-
dats refusent de se battre ou désertent, actes de trahison des populations, qui
aident ouvertement ies indigènes, massacrent les soldats byzantins qui tombent
entre leurs mains, les livrent sans défense aux musuimans, empressement surtout
de beaucoup d'Egyptiens à renier la foi chrétienne et à embrasser l'Islam, et à
combattre même avec les musulmans contre les chrétiens ; dans la Basse-Egypte,
tout un parti juge la résistance inutiie, estime qu'il faut se raüier aux Arabes et
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