Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
86

l’idée de chevalerie

neuf preux, et d’y joindre Du Guesclin et Jeanne d’Arc. Ces
deux noms manquent toutefois dans le manuscrit qui nous
a conservé l’œuvre de Mamerot (1), et, en ce qui concerne
Jeanne d’Arc, rien ne prouve que l’idée ait eu du succès.
Le culte national des héros, qui naît en France au xve siècle,
se rattache tout d’abord à la personne du brave et prudent
Breton. Des généraux de toutes sortes, qui avaient combattu
pour ou contre Jeanne, prirent dans l’imagination des con-
temporains une place plus grande et plus honorable que la
petite paysanne de Domrémy. Plusieurs en parlent encore
sans émoi ni vénération, simplement comme d’une curiosité.
Chastellain qui savait à l’occasion mettre de côté ses senti-
ments bourguignons pour faire preuve d’un pathétique
loyalisme français, écrit un « mystère » sur la mort de Char-
les VII, dans lequel tous les chefs qui avaient, au service du
roi, combattu les Anglais, apparaissent comme dans une
galerie de braves et viennent réciter une strophe relatant
leurs exploits : Dunois, Jean du Bueil, Xaintrailles, La Hire
y figurent, et d’autres, moins connus (2). Mais on y cherche
en vain la Pucelle.
Les ducs de Bourgogne gardaient, dans leurs trésors, un
grand nombre de curieuses reliques de héros : une épée de
saint Georges, ornée de ses armes, une autre épée ayant
appartenu à « messire Bertran de Claiquin » (Du Guesclin),
une dent du sanglier de Garin le Loherain, le psautier dans
lequel saint Louis avait étudié dans son enfance (3). Comme
se rejoignent ici la fantaisie chevaleresque et l’imagination
religieuse ! Un pas de plus, et nous nous trouvons en face
du bras de Tite-Live, accepté solennellement par le pape
Léon X, comme une relique (4).
(1) M. Lecourt, Remania, t. XXXVII, 1908, 529-539.
(2) La mort du roy Charles VII, Chastellain, VI, p. 440.
(3) Laborde, II, p. 242, n° 4091 ; 138, n° 242, id. p. 146, n° 3343, p. 260,
n° 4220, p. 266, n° 4255. Le psautier, acquis par Jean van den Berg, commissaire
d’Etat en Belgique, pendant la guerre de succession d’Espagne, se trouve main-
tenant à la Bibliothèque de l’Université de Leyde. On trouve en France, en An-
gleterre et en Italie des épées de Tristan, d’Ogier le Danois, du forgeron Wieland ;
voir H. Jenkinson, The jewels lost in the Wash, History, VIII, 1923, p. 161 ;
J. Loth, L’épée de Tristan. Comptes rendus del’Acad. des Inscr. et Belles-lettres,
1923, p. 117 ; G. Rotondi, Archivio storico Lombardo, XLIX, 1922;
(4) Burckhardt, Kultur der Ren. I, 10, p. 246.
 
Annotationen