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Hulin de Loo, Georges
Heures de Milan: troisième partie des Très-Belles Heures de Notre-Dame enluminées par les peintres de Jean de France, Duc de Berry et par ceux du Duc Guillaume de Bavière ...; vingt-huit feuillets historiés reproduits d'après les originaux de la Biblioteca Trivulziana a Milan — Bruxelles [u.a.], 1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.42561#0037
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Je pense que l’artiste C est l’un de ces étrangers, venus du Nord, ou du
Nord-Est, qui sont si abondants dans le métier des peintres, en France, au début
du xve siècle.
Leur succès correspond probablement à un changement dans l’orientation
du goût, qui se détourne des qualités de forme, et se porte vers la couleur.
Parmi les signes des temps nouveaux, signalons, à la planche XXXIV du
fragment de Turin, l’annexe cintrée, rompant et exhaussan tle milieu de la partie
supérieure du cadre, disposition qui, vers la même époque, a été systématiquement
employée par les frères de Limbourc.
Dans les « Heures de Turin », appelons encore l’attention sur la pl. XLV,
qui nous montre le sujet bien connu : saint Jérôme compulsant les Ecritures,
sous une forme toute nouvelle. La table et la salle sont encombrées d’objets :
tabouret, coussin, coffres fermés ou ouverts, remplis de volumes, instruments
divers, cages d'oiseaux, etc. Nous y trouvons le goût de la nature morte, de la
peinture pour le plaisir de représenter des objets, même sans rapport avec le
sujet, tel que ce goût se remarque dans les œuvres des frères Van Eyck et de
leur école.
Mais comme l’artiste n’a guère de notion, même élémentaire, de la perspec-
tive, il en résulte un chaos difficile à débrouiller. Avec les moyens dont ce peintre
dispose il ne peut avoir, par lui-même, inventé ce genre de représentations, et,
comme nous ne voyons point non plus ces caractères dans ses autres peintures,
nous en conclurons que, dans la planche XLV du fragment de Turin, il a travaillé
en imitateur : il a voulu rivaliser avec quelque peinture vue par lui, et représentant
sans doute le même sujet avec de nombreux accessoires.
Cette planche XLV ne doit donc être considérée que comme un écho. Mais,
comme elle est d’une date que nous pouvons préciser : avant 1412, elle acquiert,
par là, une grande importance historique et documentaire.
Elle nous montre que, dès cette époque, on pouvait avoir vu des peintures
composées dans le goût de celles des frères van Eyck. C’est une date à retenir
et à rapprocher d’autres indices.
*
* *
En 1412 eut lieu l’aliénation des « Très Belles Heures », qui passèrent,
par voie d’échange, de la possession du duc de Berry, en celle de Robinet d’Estam-
pes, son garde des joyaux et des livres. Bientôt après, nous le savons, le manuscrit
fut scindé en deux parties. L’une, le commencement, dont la décoration était
presque complète, resta entre les mains de Robinet, et l’autre, la plus volumineuse,
mais dont la décoration n’était que commencée, devint la propriété du duc Guil-
laume de Bavière, comte de Hainaut et de Hollande, et neveu par alliance du
duc de Berry.
A partir de ce moment, chacune des deux parties eut son histoire séparée
et l’illustration de chacune fut continuée par des artistes différents.

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