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Hulin de Loo, Georges
Heures de Milan: troisième partie des Très-Belles Heures de Notre-Dame enluminées par les peintres de Jean de France, Duc de Berry et par ceux du Duc Guillaume de Bavière ...; vingt-huit feuillets historiés reproduits d'après les originaux de la Biblioteca Trivulziana a Milan — Bruxelles [u.a.], 1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.42561#0051
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noirs et blancs dont le ciel est parsemé, le ton sombre de la mer, et les vagues
écumeuses, indiquent clairement la fin d’une tempête. Les rayons obliques du
soleil glissent sur le sable de la plage, éclairant de petits personnages microsco-
piques et projetant leurs ombres sur le sol.

Les constatations qui précèdent sont des constatations de fait. Quelle inter-
prétation historique faut-il en donner? Quel est le nom de ce génie qui, tout d’un
coup, semble-t-il, a su voir tant de choses que personne n’avait vues, et a trouvé
la puissance magique de les faire apparaître sur un feuillet de parchemin ? Qui
est cet inventeur et ce prophète de la peinture moderne? On l’a appelé unprécur-
seur des frères van Eyck.
C’est une expression vague et qui paraît prudente, mais qui cache mal la
méconnaissance non seulement des faits les plus significatifs, mais aussi des situa-
tions historiques. Par précurseur on peut entendre quelqu’un qui s’est avancé, en
tâtonnant, dans la voie qui sera ensuite magistralement tracée : saint Jean-
Baptiste est le précurseur de Jésus, mais on ne dira pas que Jésus est le précurseur
de saint Paul : on dit qu’il est le Maître.
Des faits nombreux et précis posent, d’une façon impérieuse, l’inéluctable
dilemme suivant : Ou bien G est un inconnu, le maître ignoré des frères van Eyck,
ou bien il est l’un de ceux-ci. En effet, l’existence de rapports directs entre eux
et G est indéniable. La structure du paysage, par exemple, telle que nous la
trouvons dans les tableaux reconnus des frères van Eyck, est exactement la même
que chez G. Les types de nuages si caractéristiques, que nous signalions tantôt,
se retrouvent dans les tableaux des frères van Eyck, ainsi que chez leurs imitateurs
directs, comme Petrus Christus. — On ne les trouve, sous cette forme, chez aucun
autre peintre. Les vagues, d’un dessin très spécial, que l’on voit dans la pl. XXX
de Turin, Saint Julien et sainte Marthe, se retrouvent, identiques, dans le Juge-
ment dernier, de St-Pétersbourg.
A ma demande, le Dr. Joseph Kern, de la Galerie Nationale de Berlin,
l’auteur d’un travail des plus intéressants consacré à la perspective chez les frères
van Eyck (i), a bien voulu étudier au même point de vue le tableau d’intérieur :
La naissance de saint Jean-Baptiste (pl. XX, agr. pl. II de Milan) et l’église de
la Messe des Morts (pl. XXI, agr. pl. III de Milan). Je reviendrai sur ce travail
dans un ouvrage consacré spécialement aux débuts des frères van Eyck. Disons
dès maintenant qu’il conclut à l’identité de la perspective dans ces peintures des
« Très belles Heures » avec celle des tableaux qu’il avait étudiés.
Voici, d’ailleurs, un fait encore plus indiscutable. En 1902 déjà (alors que
j’ignorais l’existence des « Très belles Heures » de Turin et de Milan), dans le
Catalogue critique de l’Exposition des primitifs flamands à Bruges, pour des raisons
(1) Die Grundzüge der Linear-Perspektivischen Darstellung in der Kunst der Gebrüder van Eyck and ihrer
Schule. — Leipzig, E. A. Seemann. 1904.

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