VIII
MÉLANGES HULIN DE LOO
d’élite, Fernand Scribe, le fondateur de la Société des Amis
du Musée de G and.
Il s’était déjà consacré passionnément à des observations
et à des comparaisons, quand l’Exposition des Primitifs,
organisée à Bruges en 1902, lui fournit l’occasion d’ap-
pliquer ses méthodes sur un vaste champ, et de révéler
une compétence qui s’imposa immédiatement. A côté et en
marge du catalogue officiel, il publia un catalogue critique
dont l’introduction, intitulée : De l’Identité de certains
maîtres anonymes, constitue un véritable programme.
Il fait remarquer que l’histoire positive de l’art, celle
sur laquelle seule peut s’établir l’appréciation esthétique,
se constitue par deux espèces de recherches : l’exploration
des archives en vue de mettre au jour des documents con-
cernant la vie et les œuvres des artistes d’une part, de
l’autre la critique comparative des œuvres. Dans chacun
de ces domaines, il faut à la fois des aptitudes, une prépa-
ration, et même une manière de vivre différentes, le premier
s’accommodant d’une vie sédentaire, le second exigeant de
continuels voyages. Il en résulte que trop souvent les spé-
cialistes se sont cantonnés dans l’un d’eux et ont recon-
stitué des biographies d’artistes dont on ne connaît pas
d’ouvrages, ou des groupes d’œuvres auxquels on ne peut
assigner de nom d’auteur.
Mettre en rapport ces œuvres sans noms avec ces noms
sans œuvres, voilà ce qui tenta spécialement M. Hulin de
Loo, ainsi qu’il le déclare lui-même. Et c’est à quoi il
s’appliqua avec un si rare bonheur, dans son catalogue
critique de 1902 comme dans ses recherches subséquentes,
toutes marquées au coin d’une érudition, d’une sagacité
et d’une logique également magistrales.
C’est que précisément il se trouvait à même de pratiquer
à la fois les disciplines historique et critique. Capable de
s’astreindre à dépouiller patiemment un fonds d’archives
inexploré, comme de faire d’une traite le trajet de Madrid
à Saint-Pétersbourg pour contrôler au musée de l’Ermi-
MÉLANGES HULIN DE LOO
d’élite, Fernand Scribe, le fondateur de la Société des Amis
du Musée de G and.
Il s’était déjà consacré passionnément à des observations
et à des comparaisons, quand l’Exposition des Primitifs,
organisée à Bruges en 1902, lui fournit l’occasion d’ap-
pliquer ses méthodes sur un vaste champ, et de révéler
une compétence qui s’imposa immédiatement. A côté et en
marge du catalogue officiel, il publia un catalogue critique
dont l’introduction, intitulée : De l’Identité de certains
maîtres anonymes, constitue un véritable programme.
Il fait remarquer que l’histoire positive de l’art, celle
sur laquelle seule peut s’établir l’appréciation esthétique,
se constitue par deux espèces de recherches : l’exploration
des archives en vue de mettre au jour des documents con-
cernant la vie et les œuvres des artistes d’une part, de
l’autre la critique comparative des œuvres. Dans chacun
de ces domaines, il faut à la fois des aptitudes, une prépa-
ration, et même une manière de vivre différentes, le premier
s’accommodant d’une vie sédentaire, le second exigeant de
continuels voyages. Il en résulte que trop souvent les spé-
cialistes se sont cantonnés dans l’un d’eux et ont recon-
stitué des biographies d’artistes dont on ne connaît pas
d’ouvrages, ou des groupes d’œuvres auxquels on ne peut
assigner de nom d’auteur.
Mettre en rapport ces œuvres sans noms avec ces noms
sans œuvres, voilà ce qui tenta spécialement M. Hulin de
Loo, ainsi qu’il le déclare lui-même. Et c’est à quoi il
s’appliqua avec un si rare bonheur, dans son catalogue
critique de 1902 comme dans ses recherches subséquentes,
toutes marquées au coin d’une érudition, d’une sagacité
et d’une logique également magistrales.
C’est que précisément il se trouvait à même de pratiquer
à la fois les disciplines historique et critique. Capable de
s’astreindre à dépouiller patiemment un fonds d’archives
inexploré, comme de faire d’une traite le trajet de Madrid
à Saint-Pétersbourg pour contrôler au musée de l’Ermi-