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MÉLANGES HULIN DE LOO
Hélas ! la marine si estimée par son propriétaire, manque
parmi les tableaux catalogués du Musée de l’Ambrosienne !
Le regret de ne pouvoir l’étudier nous devint plus sensible,
lorsque, en parcourant les registres de la correspondance
du cardinal Frédéric Borromée conservés à la Bibliothèque
Ambrosienne, nous pûmes reconstituer le dossier relatif
à l’achat du tableau. Données précises, qui, au cours d’une
visite au Musée, nous permirent de retrouver dans un coin
obscur de la salle C, à contre jour, la marine de Paul Bril.
Nous croyons utile de publier ces divers documents. Ils
fixent l’époque, précisent la nature de l’influence exercée
sur l’art de Paul Bril par le grand courant qui transforme
la peinture à Rome au début du XVIIe siècle. Nous nous
contentons de présenter ces pièces et restons sobres de
commentaires. Replacer le tableau dans l’ensemble de
l’œuvre de Paul Bril, le rapprocher des productions de cette
époque pour fixer les influences réciproques, dépasse le
cadre d’une note. Notre unique but est d’apporter un élément
nouveau, certain, vivant, à l’étude de ce paysagiste dont
l’influence a été considérable à Rome pendant un demi-siècle.
Le jeune comte Frédéric Borromée vint à Rome en sep-
tembre 1586. Il n’avait que 22 ans, mais se signalait déjà
par une grande maturité d’esprit et de jugement, une pro-
fonde piété. L instruction solide et étendue qu ’il avait reçue
au Collège Borromée à Pavie, les conseils de son cousin
Charles Borromée, le rendaient sensible à la profonde déca-
dence des sciences, des lettres et des arts, lui permettaient
de constater l’urgente nécessité de donner à ces disciplines
une orientation plus sérieuse, plus saine. Aussi eut-il soin
de se rapprocher des hommes éminents qui avaient les
mêmes aspirations que lui et de mettre au service de cette
tâche le crédit que lui assuraient son nom, sa fortune, son
instruction et, peu après, le prestige de la dignité cardina-
lice que Sixte V lui conféra en décembre 1588.
Un effort tenace d’épuration et de renouveau se manifes-
tait à Rome, tout particulièrement dans le domaine des
MÉLANGES HULIN DE LOO
Hélas ! la marine si estimée par son propriétaire, manque
parmi les tableaux catalogués du Musée de l’Ambrosienne !
Le regret de ne pouvoir l’étudier nous devint plus sensible,
lorsque, en parcourant les registres de la correspondance
du cardinal Frédéric Borromée conservés à la Bibliothèque
Ambrosienne, nous pûmes reconstituer le dossier relatif
à l’achat du tableau. Données précises, qui, au cours d’une
visite au Musée, nous permirent de retrouver dans un coin
obscur de la salle C, à contre jour, la marine de Paul Bril.
Nous croyons utile de publier ces divers documents. Ils
fixent l’époque, précisent la nature de l’influence exercée
sur l’art de Paul Bril par le grand courant qui transforme
la peinture à Rome au début du XVIIe siècle. Nous nous
contentons de présenter ces pièces et restons sobres de
commentaires. Replacer le tableau dans l’ensemble de
l’œuvre de Paul Bril, le rapprocher des productions de cette
époque pour fixer les influences réciproques, dépasse le
cadre d’une note. Notre unique but est d’apporter un élément
nouveau, certain, vivant, à l’étude de ce paysagiste dont
l’influence a été considérable à Rome pendant un demi-siècle.
Le jeune comte Frédéric Borromée vint à Rome en sep-
tembre 1586. Il n’avait que 22 ans, mais se signalait déjà
par une grande maturité d’esprit et de jugement, une pro-
fonde piété. L instruction solide et étendue qu ’il avait reçue
au Collège Borromée à Pavie, les conseils de son cousin
Charles Borromée, le rendaient sensible à la profonde déca-
dence des sciences, des lettres et des arts, lui permettaient
de constater l’urgente nécessité de donner à ces disciplines
une orientation plus sérieuse, plus saine. Aussi eut-il soin
de se rapprocher des hommes éminents qui avaient les
mêmes aspirations que lui et de mettre au service de cette
tâche le crédit que lui assuraient son nom, sa fortune, son
instruction et, peu après, le prestige de la dignité cardina-
lice que Sixte V lui conféra en décembre 1588.
Un effort tenace d’épuration et de renouveau se manifes-
tait à Rome, tout particulièrement dans le domaine des