N* 7:
15 Avril 1883.
Vingt-cinquième Annee.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
DIRECTEUR: M. Ad. SIRET.
membre de l'académie roy. de belgique, etc.
paraissant deux fois par mois.
SOMMAIRE. Beaux-Arts : Expositions. — Salon
des aquarellistes. — Cinquantenaire de l'exhu-
mation des restes de Raphaël au panthéon de
Rome. — François-Joseph Lalmand. — La col-
lection Ashburnliam. — Le livre d'heures de
Marie-Thérèse. — Clara Peeters. — Histoire de
la peinture murale en Belgique depuis 1856. —
Chronique générale. — Périodiques illustrés. —
Grande loterie nationale. — Annonces.
Beaux-Arts.
PRIX PAR AN : BELGIQUE : g FRANCS.
ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (Belgique).
étranger : 12 fr.
Groningue. Pour les Hollandais seulement.
Du 31 avril au 31 mai.
Mulhouse. Internationale, du 9 mai au 2i
juin. S'adresser à M. Koechlin, secrétaire.
Munich. Du 1 juillet au 15 septembre
S'adresser à M. H. Arnold, secrétaire.
Strasbourg Internationale. Du 3 au ^7 mai.
S'adresser à M. le conservateur de la société
des amis des arts.
EXPOSITIONS.
Belgique.
Namur. Internationale, du 24 juin au 22
juillet. S'adresser à M. Trépagne, secrétaire.
Liège. Internationale, ouverte en ce moment
jusqu'au 29 mai.
Bruxelles. Cercle artistique et littéraire,
17 avril au 15 mai.
Gand. Le programme n'a pas encore paru.
Bruxelles. Union des arts au palais des
académies.
Bruxelles. Aquarellistes. Palais des Beaux-
Arts.
Bruxelles. Aquarellistes, au Treurenberg.
Etranger.
Amiens. Internationale, du 2 mai au 15
juin. S'adresser au musée de Picai die, à
Amiens.
Besançon. Ouverture en octobre.
Blois. Du 26 mai au 16 juillet. S'adresser à
M. Florentin, à Blois.
Boulogne. Internationale. Ouverture 15
juillet.
Dijon. Du 1 juin au 15 juillet. S'adresser à
la commission.'
Menton. Permanente. S'adresser à M. Bar-
rai , à Menton.
Montpellier-Nîmes'. Internationale, du 15
mai au 18 juin. S'adresser à M. de Caladen,
secrétaire.
Paris Salon triennal. Internationale. S'a-
dresser Champs Elysées, porte n° 1.
Rochefort. Du 26 mai au 26 août. S'adres
ser au maire.
Troyes. Du 1 mai au 11 juin. S'adresser à
la société des amis des arts à Troyes.
Vannes. Du 12 mai au II juin. S'adressera
M. Marin.
Amsterdam. Internationale, ouverturel mai.
Paris. Du 1 mai au 30 juin.
Berlin. Internationale. Du 3 mai au 1 juill.
SALON DES AQUARELLISTES.
Ciiek Directeur,
Soit, c'est le siècle du chic et sous ce rap-
port nos aquarellistes ont bien mérité du siè-
cle, mais il me sera permis de n'être pas de
mon époque et de constater que le chic a tou-
jours été le voile de l'impuissance, comme
dirait M. Joseph Prudhomme. Essayons de le
prouver : ces Roses d'automne, de Hermans,
autour desquelles se massent les apôtres mo-
dernes, sont tout bonnement des roses qui ont
l'air d'avoir traîné dans les ruisseaux. Elles sont
boueuses, à moitié pourries, leurs pétales ont
des contours fantaisistes, hélas ! hélas ! on les
dirait ramassées dans quelque tas d'ordures
balayées d'un restaurant interlope. Si M. Her-
mans désire voir de véritables roses d'automi:e
je pourrais lui indiquer un jardin où... mais
j'y songe, est-ce peut-être une allégorie dans
le genre du Sphynx, et notre artiste aurait-il
voulu symbolyser certaines nymphes sur le
retour. Oh ! mais alors, cher maître, je vous
salue dans votre logique et dans votre gloire,
mais alors aussi un peu moins de silence n'eût
pas nui, car vous conviendrez avec moi que
des énigmes en peinture doivent porter avec
elles leur explication. Le public n'a pas de
prochain numéro à attendre, donc expliquez-
vous tout de suite, ce qui empêchera bien des
gens, des naïfs, peut-être, de s'égarer. Après
quoi je ne fais aucune difficulté d'avouer que
vous êtes vraiment le roi du chic.
Et vous, M. Mauve, qui faites de superbes
à peu près, vous aussi, vous êtes un habile et
vous devez savoir dessiner avec autant de per-
fection que vous savez indiquer. Votre Vente
de bois est une petite merveille dont je re-
trouve bien un peu le point de départ dans
les caricaturistes français du temps de Louis-
Philippe, mais enfin c'est senti (j'allais dire
vécu). Toutefois, à part votre greffier qui est
un chef-d'œuvre, vos personnages ont plus
d'aspect que de signification. C'est un peu,
du reste, la caractéristique de votre talent qui
est de frapper, non de convaincre.
Encore de l'à peu près qui fait rage chez
certains, c'est un coin assez insignifiant de
fortification de M": Montalba, mais du diable
si j'y trouve quelque chose à sa place. Et puis,
quelle popotte ! On ne sait si c'est de l'aqua-
relle,de la gouache, du frottis, et tout cela est
fondu dans une sorte d'atmosphère indéfinis-
sable, triste, produit du hasard.
M. Van Camp, un homme d'un talent qui
ne sait pas se compléter, nous arrive avec
deux grandes têtes de femme plâtrées, far-
dées, maquillées, truellées, aux yeux pintur-
lurés dans leurs alentours, aux bouches car-
minées, aux poitrines empoussiérées et cré-
pies comme des murs. Ici règne également le
chic dont je parlais plus haut, celui au moyen
duquel les difficultés s'escamotent. Je crois
utile de recommander à M. Van Camp certaine
femme coiffée d'un énorme bolivar en paille,
de (j'ai oublié le nom de l'auteur) quelle fran-
chise et quelle perfection dans le modelé !
quelle santé ! quel charme réel répandu dans
cette tête ! comme cela vous parle bien des
splendeurs de la nature. Ah ! chers impuis-
sants, allez donc demander un peu de flamme
à cette lumière !
Mais abrégeons ; nous pourrions, dans ce
genre de compte-rendu, aller plus loin que
de raison. Voici M. Mellery,un des bons, avec
sa Ronde de petits markéniens, très réussie,
d'un cachet profond et poétique. Un original
celui-là ! sou Pèlerinage à H al me parait autre-
ment vrai que celui de De Groux meublé de
personnages absolument impossibles, et pour-
tant que n'a-t-on pas rabâché sous prétexte
de fanatisme, d'ignorance, d'humanisme et
autres rengaines à l'usage des protecteurs du
pauv' peup' ! Les Oyens occupent dans notre
histoire une place bien personnelle et complè-
tement originale. Leur faire facile est endia
blé, leur genre d'esprit qui ne rappelle celui
de personne, tout les classe à part parmi les
maîtres du chic. Je remarque avec joie qu'ils
sont moins durs que jadis ; ils s'assouplissent.
M.Meunier est fort en couleur, faible en dessin
et tout a fait nul en sentiment. M. Delperéc
gagne en facilité, mais je trouve ses blancs un
peu clairs de lune. M. J. De Vriendt expose
une aquarelle qui a de l'imprévu et du saisis-
sant, c'est une sentinelle de palais juif, c'est
éclatant et étrange. Le soldat est vêtu de
15 Avril 1883.
Vingt-cinquième Annee.
JOURNAL DES BEAUX-ARTS
ET DE LA LITTÉRATURE.
DIRECTEUR: M. Ad. SIRET.
membre de l'académie roy. de belgique, etc.
paraissant deux fois par mois.
SOMMAIRE. Beaux-Arts : Expositions. — Salon
des aquarellistes. — Cinquantenaire de l'exhu-
mation des restes de Raphaël au panthéon de
Rome. — François-Joseph Lalmand. — La col-
lection Ashburnliam. — Le livre d'heures de
Marie-Thérèse. — Clara Peeters. — Histoire de
la peinture murale en Belgique depuis 1856. —
Chronique générale. — Périodiques illustrés. —
Grande loterie nationale. — Annonces.
Beaux-Arts.
PRIX PAR AN : BELGIQUE : g FRANCS.
ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (Belgique).
étranger : 12 fr.
Groningue. Pour les Hollandais seulement.
Du 31 avril au 31 mai.
Mulhouse. Internationale, du 9 mai au 2i
juin. S'adresser à M. Koechlin, secrétaire.
Munich. Du 1 juillet au 15 septembre
S'adresser à M. H. Arnold, secrétaire.
Strasbourg Internationale. Du 3 au ^7 mai.
S'adresser à M. le conservateur de la société
des amis des arts.
EXPOSITIONS.
Belgique.
Namur. Internationale, du 24 juin au 22
juillet. S'adresser à M. Trépagne, secrétaire.
Liège. Internationale, ouverte en ce moment
jusqu'au 29 mai.
Bruxelles. Cercle artistique et littéraire,
17 avril au 15 mai.
Gand. Le programme n'a pas encore paru.
Bruxelles. Union des arts au palais des
académies.
Bruxelles. Aquarellistes. Palais des Beaux-
Arts.
Bruxelles. Aquarellistes, au Treurenberg.
Etranger.
Amiens. Internationale, du 2 mai au 15
juin. S'adresser au musée de Picai die, à
Amiens.
Besançon. Ouverture en octobre.
Blois. Du 26 mai au 16 juillet. S'adresser à
M. Florentin, à Blois.
Boulogne. Internationale. Ouverture 15
juillet.
Dijon. Du 1 juin au 15 juillet. S'adresser à
la commission.'
Menton. Permanente. S'adresser à M. Bar-
rai , à Menton.
Montpellier-Nîmes'. Internationale, du 15
mai au 18 juin. S'adresser à M. de Caladen,
secrétaire.
Paris Salon triennal. Internationale. S'a-
dresser Champs Elysées, porte n° 1.
Rochefort. Du 26 mai au 26 août. S'adres
ser au maire.
Troyes. Du 1 mai au 11 juin. S'adresser à
la société des amis des arts à Troyes.
Vannes. Du 12 mai au II juin. S'adressera
M. Marin.
Amsterdam. Internationale, ouverturel mai.
Paris. Du 1 mai au 30 juin.
Berlin. Internationale. Du 3 mai au 1 juill.
SALON DES AQUARELLISTES.
Ciiek Directeur,
Soit, c'est le siècle du chic et sous ce rap-
port nos aquarellistes ont bien mérité du siè-
cle, mais il me sera permis de n'être pas de
mon époque et de constater que le chic a tou-
jours été le voile de l'impuissance, comme
dirait M. Joseph Prudhomme. Essayons de le
prouver : ces Roses d'automne, de Hermans,
autour desquelles se massent les apôtres mo-
dernes, sont tout bonnement des roses qui ont
l'air d'avoir traîné dans les ruisseaux. Elles sont
boueuses, à moitié pourries, leurs pétales ont
des contours fantaisistes, hélas ! hélas ! on les
dirait ramassées dans quelque tas d'ordures
balayées d'un restaurant interlope. Si M. Her-
mans désire voir de véritables roses d'automi:e
je pourrais lui indiquer un jardin où... mais
j'y songe, est-ce peut-être une allégorie dans
le genre du Sphynx, et notre artiste aurait-il
voulu symbolyser certaines nymphes sur le
retour. Oh ! mais alors, cher maître, je vous
salue dans votre logique et dans votre gloire,
mais alors aussi un peu moins de silence n'eût
pas nui, car vous conviendrez avec moi que
des énigmes en peinture doivent porter avec
elles leur explication. Le public n'a pas de
prochain numéro à attendre, donc expliquez-
vous tout de suite, ce qui empêchera bien des
gens, des naïfs, peut-être, de s'égarer. Après
quoi je ne fais aucune difficulté d'avouer que
vous êtes vraiment le roi du chic.
Et vous, M. Mauve, qui faites de superbes
à peu près, vous aussi, vous êtes un habile et
vous devez savoir dessiner avec autant de per-
fection que vous savez indiquer. Votre Vente
de bois est une petite merveille dont je re-
trouve bien un peu le point de départ dans
les caricaturistes français du temps de Louis-
Philippe, mais enfin c'est senti (j'allais dire
vécu). Toutefois, à part votre greffier qui est
un chef-d'œuvre, vos personnages ont plus
d'aspect que de signification. C'est un peu,
du reste, la caractéristique de votre talent qui
est de frapper, non de convaincre.
Encore de l'à peu près qui fait rage chez
certains, c'est un coin assez insignifiant de
fortification de M": Montalba, mais du diable
si j'y trouve quelque chose à sa place. Et puis,
quelle popotte ! On ne sait si c'est de l'aqua-
relle,de la gouache, du frottis, et tout cela est
fondu dans une sorte d'atmosphère indéfinis-
sable, triste, produit du hasard.
M. Van Camp, un homme d'un talent qui
ne sait pas se compléter, nous arrive avec
deux grandes têtes de femme plâtrées, far-
dées, maquillées, truellées, aux yeux pintur-
lurés dans leurs alentours, aux bouches car-
minées, aux poitrines empoussiérées et cré-
pies comme des murs. Ici règne également le
chic dont je parlais plus haut, celui au moyen
duquel les difficultés s'escamotent. Je crois
utile de recommander à M. Van Camp certaine
femme coiffée d'un énorme bolivar en paille,
de (j'ai oublié le nom de l'auteur) quelle fran-
chise et quelle perfection dans le modelé !
quelle santé ! quel charme réel répandu dans
cette tête ! comme cela vous parle bien des
splendeurs de la nature. Ah ! chers impuis-
sants, allez donc demander un peu de flamme
à cette lumière !
Mais abrégeons ; nous pourrions, dans ce
genre de compte-rendu, aller plus loin que
de raison. Voici M. Mellery,un des bons, avec
sa Ronde de petits markéniens, très réussie,
d'un cachet profond et poétique. Un original
celui-là ! sou Pèlerinage à H al me parait autre-
ment vrai que celui de De Groux meublé de
personnages absolument impossibles, et pour-
tant que n'a-t-on pas rabâché sous prétexte
de fanatisme, d'ignorance, d'humanisme et
autres rengaines à l'usage des protecteurs du
pauv' peup' ! Les Oyens occupent dans notre
histoire une place bien personnelle et complè-
tement originale. Leur faire facile est endia
blé, leur genre d'esprit qui ne rappelle celui
de personne, tout les classe à part parmi les
maîtres du chic. Je remarque avec joie qu'ils
sont moins durs que jadis ; ils s'assouplissent.
M.Meunier est fort en couleur, faible en dessin
et tout a fait nul en sentiment. M. Delperéc
gagne en facilité, mais je trouve ses blancs un
peu clairs de lune. M. J. De Vriendt expose
une aquarelle qui a de l'imprévu et du saisis-
sant, c'est une sentinelle de palais juif, c'est
éclatant et étrange. Le soldat est vêtu de