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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 3,1,1: Texte 1): Antiquités — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.5428#0152
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I 48 DE LA GÉOGRAPHIE COMPARÉE ET DU COMMERCE

» situation des moins favorables, n'ayant, avec un sol tout-à-fait stérile, que de
y Peau amère (i). » Je répondrai à cela qu'il falloit, de toute nécessité, ou renoncer
au commerce de la mer Rouge, ou avoir un établissement sur ses bords; et une
preuve assez bonne que le fait n'a rien d'impossible, c'est qu'il a encore lieu aujour-
d'hui, bien que la situation ne soit pas plus favorable qu'autrefois.

Depuis les premiers temps où ces lieux nous sont connus par l'histoire, il en
a toujours été de même : car, indépendamment d'Néroopolis, nous voyons plu-
sieurs villes se succéder et fleurir tour-à-tour dans cette position; et jusque sous
le gouvernement des Turks et des Mamlouks, si peu favorable à de semblables
établissemens, ne voit-on pas Qolzoum et ensuite Sue/, toujours comptées parmi
les villes, sinon les plus peuplées, du moins les plus importâmes de l'Egypte et les
plus célèbres au-dehorsî Ajoutons que l'histoire n'a jamais parlé d'Héroopolis
comme d'une cité florissante par sa population, ni remarquable par son étendue:
elle n'étoit célèbre- que par sa position. Cette première raison de d'Anville n'a
donc aucune force : voyons les autres.

Il est une tradition curieuse conservée par Etienne de Byzance, et dont on a
voulu tirer parti dans cette question : Typhon passoit pour avoir été frappé
de la foudre dans Héroopolis, et l'on assuroit que son sang y avoit été répandu,
d'où étoit venu le nom d*Aïmos [sang] que cette ville a anciennement porté. De
ce que Typhon fut frappe de la foudre dans Héroopolis, d'Anville Conclut qu'il
y résidoit. « Or, si Typhon résidoit dans cette ville, ajoute-t-il, elle doit être
» la même qu'Avaris; car Avaris, selon l'ancienne théologie Egyptienne , étoit la
» ville de Typhon, n Mais faut-il prendre ce fait à la lettre l et seroit-ce bien con-
noître l'esprit de l'ancienne Egypte! Il v a bien long-temps que, dans une pareille
occasion, un prêtre de Sais s'exprimoit ainsi : « O Solon ! VOUS autres Grecs, vous
s? n'êtes encore que des enfans; vous prenez des fables emblématiques pour des
» faits historiques. »

L'allégorie actuelle présente un sens bien clair, et il est étonnant qu'on s'y
soit trompé.

Tout ce que les Egyptiens racontoient de Typhon, n'étoit, dans leur langue
sacrée, que l'expression de certains phénomènes physiques relatifs au désert et aux
causes de la stérilité. Principe oppose à tout ce qui respire, à tout ce qui main-
tient ou reproduit la vie et la fécondité , T\ phon avoit pour domaine tous les
lieux stériles, ces contrées inhabitées, ces lacs insalubres qui environnent l'Egypte,
et toute l'étendue des mers.

La mer Rouge, séparée de tous les lieux habités, lui sembloit consacrée plus
spécialement que l'autre. C'étoit donc un fait remarquable, que l'existence, la
prospérité d'une ville importante, sur ses rivages, au milieu d'une contrée im-
mense, sans habitans comme sans végétation, et dépourvue de tout ce qui pou-
voit entretenir la vie. Au moyen de cette ville commerçante, le mouvement et
l'abondance se répandoient au loin; les déserts étoient fréquentés, et fa mer
Rouge elle-même devenoit praticable.

(i) Mémoires sur l'Egypte, pages 121 et 122,
 
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