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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1887

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LE SONGE DE VICTORIA

Un songô épouvantable troubla le sommeil de la Pharaonne Britan-
nique.
Elle vit son John Bull bien aimé à la torture.
Le Fellah lui arrachait une jambe, en lui disant :
« Ton pied ne défoncera plus les digues du Nil pour inonder ma
valllée. »
L'Indien lui arrachait l’autre jambe, en lui disant :
« Ton pied ne profanera plus la terre sainte de Brahma. »
Le Birman lui arrachait un bras, en lui disant :
« Ta main ne corrompra plus, par l’or séduisant de ta Reine, nos
chefs et nos gouvernants pour te faciliter la conquête de notre
patrie. »
LE CENTIÈME DISCOURS DU CHEIKH ABOU-NADDARA
Au Banquet Trimestriel de l’ Union Douanière

A ce banquet assistaient les représentants des agences Havas et
Libre et de la presse française et étrangère. Ils ont été unanimes à
reconnaître que l’œuvre de M. Gromier, fondateur de la Société, est une
œuvre essentiellement patriotique et. humanitaire. Ils ont accordé les
éloges mérités, par leurs discours et poésies, à M. Coint-Bavarot,
promoteur de la constitution des Chambres de Commerce françaises
à l’étranger, qui présidait, et aux orateurs et poètes qui ont contribué
à l’agrément de cette soirée.
L’allocution, en prose, sur la politique du gouvernement Britan-
nique en Irlande, en Egypte et aux Indes, et le discours en vers qui
suit, ont valu à notre directeur un véritable succès :

Je désire employer la rime,
Pour ce discours qui clôt mes cent,
Afin que mes vers, jusqu'au sang,
Rongent l’Anglais qui nous opprime.
Prends congé de tes fils chéris,
Muse , et quitte ta pyramide ;
Monte un ballon qui soit rapide,
Et vole, vole, vers Paris.
Salut ! muso patriotique,
Consolatrice de mon coeur ;
Je savoura comme liqueur,
Ton chant si doux, si pathétique.
Quoi de nouveau m’apportes-tu
De notre Egypte bien aimée ?
— « Au Nord, elle est bien opprimée ;
Mais au Sud, l’Anglais est battu. »
Nos cœurs nourrissent l’espérance
De voir bientôt l’Anglais sortir;
Les ombres de plus d’un martyr,
Au Soudan, ont eu leur vengeance.

Car du Mahdi le successeur,
Est un chef vaillant, indomptable ;
Sa grande armée est formidable,
Dieu ! garde-nous ce défenseur.
Notre nouveau Mahdi s’avance, »
Suivi^de ses lions soudanais ;
Anglais ! vous êtes condamnés
A périr percés par sa lance.
Il paralise vos canons
Et refroidit votre mitraille,
C’est lui qui gagne la bataille,
Et vous fuyez comme larrons.
Vos crânes parsèment la terre;
De votre sang elle rougit.
Lorsque le Soudanais rugit,
Vous tremblez, ô fils d’Angleterre..,
En attendant le jugement
Qu’Allah prononcera, terrible;
Ce Soudanais, de coups vous crible :
CVfUfHerrestr^hâtimeijt^^^^^

L’Irlandais lui arrachait l’autre bras, en lui disant :
« Ta main ne fermera plus la bouche des défenseurs de nos droits.
Blunt, le champion des peuples opprimés, reviendra en Irlande plaider
notre sainte cause. »
Le Soudanais lui arrachait la tète, en disant à ses quatre com-
pagnons :
« Peine perdue, ô mes amis, John Bull est un serpent venimeux.
Les membres que vous lui détachez repoussent tant que sa tête est
fixée à son corps...»
Sa Gracieuse Majesté se réveilla en sursaut, en s’écriant ;
« Hélas! les membres de mon empire ne tiennent plus qu’à
un fil! »

Elle est ruinée et désolée
Par votre inique invasion,
Fils de la perfide Albion,
Du Nil la riante vallée.
Mais Allah punit les tyrans
Des fidèles ae son Prophète.
Sa vengeance sera complète ;
Vous la subirez, mécréants.
Aucun crevant ne désespère,
De voir la justice d’Allah.
Le nouveau calife Abdoullah
Est ministre de sa colère.

Les Anglais, sur les bords du Nil,
Nous traitent comme des esclaves ;
Leursméfaitssont cent fois plus graves
Que ceux du khédive Ismaïl.
— Console toi, muse chérie,
D’Egypte, le bel avenir,
Effacera le souvenir
Des malheurs de notre patrie !
De ta lyre adoucis le son,
Afin que par ses tendres notes,
Tu touches le cœur de nos hôtes,
Par ton amoureuse chanson.

Chante l’Ya leil, la nuit dernière
Du proscrit près de ses amours;
C'est le bouquet de ce discours
Qui doit un jour te rendre fière.

YA LEIL
La dernière Nuit du Proscrit

I
Nuit d’amour chaste et de tendresse.
Par Mahomet, suspends ton cours.
L’Anglais consent que ma maîtresse
Me parle encorde nos beaux jours.
Ah Inuit d’adieu! que tu m’es chère!
Prolonge-toi, ma nuit dernière.
Il
Oh nuit! Pitié d’un pauvre cœur!
L’Egypte, hélas! demain je quitte.
N’abrège donc pas mon bonheur.
Belle nuit, ne cours pas si vite;
Je ne reverrai plus Salma,
Dont l’œil doux toujours me calma.

III
Belle nuit, ne pars pas encore ;
Tes étoiles brillent d’amour.
Mes vœux exauce ; je t’implore ;
Ne cède pas ta placé au jour.
Ne pars pas si tôt, nuit joyeuse!
Vois combien mon âme est heureuse !
IV
Tu disparais, ô nuit ! J’entends
La voix de l’exil qui m’appelle.
Malheur ! malheur à nos tyrans!
Courage, ô ma douce gazelle.
Ton Ahmed, malgré son exil,
Triomphant, reverra le Nil.

Bravo ! Muse ! La récompense
De tes vers charmants, la voilà.
Bois ce jus des vignes qu’AUah

Mais pour boire de ce nectar,
Il faut faire un toast magnifique
A la France, à la République,
 
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