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al- Munṣif: ǧarīda siyāsīya adabīya tiǧārīya — Paris, 1899

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https://doi.org/10.11588/diglit.62019#0007
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au milieu des chaleureux applaudissements et des acclamations enthou-
siastes des honorables representants de la nation. Ecoutez :
> Il y a trois semaines environ, dit M. Delcassé, un agent du gou-
vernement anglais se présenta devant Mascate et, soüs menace de
bombardement, somma le sultan de retirer la concession qu'il avait faite
à la France d'un dépôt de charbon dans une des criques ae Mascate.
« Le sultan nous demanda de lui rendre l'acte de concession. Nous
refusâmes. Alors il déclara la concession annulée. Cette situation sou-
levait une double question de fond et de forme.
< La'France n'a jamais voulu porter la moindre atteinte à la convention
de 1862. Cette concession d'un dépôt de charbon ne méritait pas de
susciter tant d'alarmes.
« L'Angleterre n'a pas tardé à reconnaître que les droits et les obli-
gations de la France et de l'Angleterre étaient identiques, la France
pouvant avoir légalement un dépôt de charbon, comme l'Angleterre.
Satisfaction nous était donnée ainsi sur le fond.
« Quant à la forme, le gouvernement de la reine a exprimé au gou-
vernement français son profond regret de l'incident.
« Alors que certains journaux, heureusement peu nombreux, le
soulignaient comme s'ils voulaient savourer d'avance une humiliation
de leur pays (Applaudissements), la chambre a observé un silence dont
le ministre la remercie ; elle voit que la Franee n'en a pas moins eu une
prompte et complète satisfaction. »
LES DISCOURS D'ABOU NADDARA
Le Cheikh a bien commencé ce mois; il a fait deux discours consécu-
tifs, le 4 et le 5 mars, aux Agappes fraternelles du Temple de l'Union et
de l'Honneur, 80 couverts, et au banquet patriotique de la io° section
des Vétérans de France, 120 couverts. Dans leurs compte-rendus de ces
brillantes réunions, nos chers confrères de Paris ont bien voulu parler
du grand succès qu'ont eu les allocutions d'Abou Naddara, nous les
remercions en son nom. Et maintenant, voici les sujets qu'il a traités en
ces deux soirées, où il n'a pas oublié ses trois patries bien-aimées :
l'Egypte, la Turquie et la France; il les a célébrées et glorifiées.

Aux Agappes Fraternelles.
Inspiré par les éloquentes allocutions des Frères J.-H. Gaches,
P. Vibert, Lefèvre, Morin et Felumb, le Cheikh, a qui on avait donné
la présidence d'honneur, a fait un discours sur la fraternité universelle
sans distinction de race ni de culte et du devoir de tout homme de cœur
de combattre les superstitions populaires, le fanatisme religieux et les
aversions nationales qui divisent les humains. Il a terminé son speach
par ce toast en vers :
Vive la Franc-Maçonnerie
Qui fait aimer l'humanité,
L'honneur, la gloire, la patrie,
Les vertus et la liberté!
C'est au Grand-Orient de France
Qu'Elle préside les savants,
Qui luttent contre l'ignorance
Le plus grand fléau des vivants.

Ses ennemis sont innombrables,
Armés, payés par les tyrans.
Mais ses amis sont formidables,
Et ce sont eux les conquérants.
Par sa sagesse et ses lumières,
Par sa justice et sa bonté,
Elle combat ses adversaires.
Amis, buvons à sa santé.

Au Banquet Patriotique.
Les paroles éloquentes de M. Lenugue, président de la Société, les
vers sublimes de M. Levèque et le gracieux speach de M. Paul Al-
longe ont enchanté Abou Naddara et ressucité sa fantaisie. Il a parlé
avec enthousiasme de la valeur des soldats français et de leur bravoure
et a terminé son discours par un toast chaleureux aux dames, dont
l'aimable confrère de la « Patrie » a bien voulu dire ces mots flatteurs :
« Comme toujours, le Cheikh Abou Naddara qui est de toutes les fêtes a
fait un compliment en vers aux dames et a prononcé un discours patrio-
tique qui a eu les honneurs du triple ban.»
Nous parlerons de la conférence que le Cheikh a donné à l'institution
Graillot le 12 mars, dans notre prochain numéro. La Rédaction.

LA LITTÉRATURE MUSULMANE.

Ayant publié dans le dernier numéro de VAlmonsef des traductions
de poésie arabe, nous donnons dans celui-ci la version de quelques
vers turcs et, s'il plaît à Dieu, nous offrirons à nos lecteurs, dans notre
prochain numéro des extraits de poèmes persans en français, afin
qu'ils aient une idée de la beauté et de la richesse de la littérature de
rIslam.
Sur les Perfections de Dieu,
par Husrev-Chirin.
Que des louanges et des expressions de reconnaissance envers Dieu,
précèdent et terminent sans cesse nos actions! envers ce Dieu qui, tout
impénétrable qu'il est à l'homme, se manifeste sans cesse à nous par
tout ce qui existe; qui n'a point de commencement; que rien n'a pré-
cédé; qui verra la fin de tout et qui ne finira jamais. Créateur adorable,
qui a tiré du néant le jour et la nuit, qui est le principe de la vie, qui a
donné l'existence à tout ce qui est périssable comme à tout ce qui est
incorruptible; substance pure, dont la puissance a créé les deux
mondes avec la même facilité, la même promptitude que nos yeux
jettent un regard; intelligence infinie qui connaît toutes les créatures,
même les plus imperceptibles qui rampent sur la terre ou au fond des
mers; qui, toujours prête à nous écouter, entend tout, et pour qui les
prières les plus secrètes sont des cris perçants qui frappent ses oreilles
attentives. Au milieu des sombres ténèbres de la nuit, la perspicacité de
sa vue aperçoit le pied de la fourmi aussi distinctement que si la nuit
était éclairée par le flambeau du jour. Les deux mondes soumis aux
lois de sa volonté suprême ne s'écartent pas même d'une ligne dans le
mouvement qu'elle leur prescrit. L'esprit se trouble lorsqu'il ose tenter
de remonter vers le principe de cet Etre incompréhensible, qui n'en a
point et dont la fin nous est également inconnue. La nature de notre

âme, ce rayon que nous tenons de lui et que nos sens ne peuvent
apercevoir, nous explique le mystère de son invisibilité, et l'immensité
du monde qu'il gouverne nous prouve son existence. Enfin, Dieu est
lui-même le commencement et la fin, l'intérieur et l'extérieur de tout.
Tout lui appartient, tout vient de lui, tout est en lui.
PRIÈRE A DIEU
par Jahia-Effendy.
Viens à mon aide, Dieu de Miséricorde, mon éternel refuge. J'ai
perdu la route qui conduit vers toi. Je n'ai même pas la hardiesse de
me prosterner en ta présence. Une mer de crimes m'a submergé; que
deviendrai-je si tu ne me tends une main secourable? Froid à la vertu,
à la piété, je suis tout de feu pour les œuvres d'iniquité. L'oubli de
tes bontés, le crime et la révolte sont devenus mon culte; j'ai passé
ma vie dans des plaisirs frivoles et dans le mal. Quel sera mon sort
lorsque je descendrai dans le tombeau. Comment pourrai-je m'excuser
sur ce qu'on m'imputera si justement! Grand Dieu! tous les péchés
de ton esclave te sont connus. Seul tu peux l'en absoudre. Me confiant
en ta miséricorde, et répandant des larmes de pénitence devant ta
majesté divine, puis-je espérer que le Maître de l'Univers se laissera
toucher par les gémissements d'un scélérat ? Ah ! dérobe à la vue le
livre de mes crimes, ou plutôt, efface-les de la même main que tu les y
as écrits. L'enfant peut-il fuir les mamelles maternelles ? Puis-je ne pas
recourir à ta clémence ? Daigne, Seigneur, la rendre inséparable de
moi. Lorsque mon âme aura abandonné mon corps, des amis, tou-
chés de ma perte, me pleureront; ils m'accompagneront même jus-
qu'au tombeau. Mais, ces derniers devoirs rendus, chacun s'éloignera
et retournera chez soi. Mais toi, ô mon Dieu! daigne m'assister en
ce dernier moment, et m'accompagner dans cette triste demeure ;
daigne m'y réjouir par la lumière de ton amour, et dissiper par elle
les ténèbres du désespoir.
 
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