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pour que celui-ci ordonne à un certain nombre de ses cavaliers de nous prendre à Bostra; mais M. Bau-
din nous écrit de Damas qu'EI-Hamedi vient d'avoir une contestation violente avec le pacha, dont il
escortait mille chameaux chargés de blé que ses gens ont pillé. Des troupes sont envoyées contre lui,
et la guerre se prépare de ce côté. Nous apprenons en outre que, sur la route de Djerasch à Jérusalem,
nous serons obligés de passer sur le territoire d'une tribu arabe divisée entre deux eheiks, l'un reconnu
nouvellement par le pacha, et l'autre révolté contre la nouvelle autorité. Quelle garantie d'ailleurs nous
offrent des guides qui, ne pouvant nous accompagner jusqu'à Jérusalem, seraient payés d'avance ou
sauraient que nous portons sur nous l'argent qui leur est dû?
Nous renonçons à entreprendre le voyage de Djerasch de ce côté. Nous allons à Bostra, qui, quoique desuèda
à quatre grandes heures de marche de Sueda, montre de loin son château au milieu de cette intermi- Quatre heures
nable plaine. A une distance d'environ quatre heures, nous voyons à notre gauche, sur une montagne, * ^lî mi
le château de Sulkat, bâti par les Sarrasins.
BOSTRA (Planche LVII, 121
Vue générale de la ville et du château.
L'ancienne Bostra des Grecs et des Romains, la capitale du Hauran, a repris parmi les Arabes son
vrai nom de Bosrah. C'était, dans l'antiquité, une ville forte, assez considérable; au temps des croisades,
une forteresse importante; c'est aujourd'hui un village formant de ce côté la limite des habitations
fixes. Cette position de vedette avancée dans le désert et de grand entrepôt de marchandises lui assigne,
en tout temps, son véritable rôle; ses sources abondantes et limpides resteront, comme elles l'ont été,
un avantage toujours apprécié. De nos jours, en présence des exactions administratives, en l'absence de
tout commerce, les habitants, réduits à un faible nombre et constamment menacés de pillage par les
excursions des Arabes nomades, ne se sont pas trouvés à l'abri derrière l'enceinte de la ville; ils se
sont tous retirés dans le château, que défendent suffisamment, contre de pareils ennemis, ses tours
lézardées et ses fossés à moitié comblés.
BOSTRA (Planche XLVIII, 132).
Halte des dromadaires du désert.
Il y a parenté, sous plus d'un rapport, entre Bostra et Palmyre; ce sont bien des villes du désert
qu'une source d'eau limpide a créées, qu'une mer de solitude sépare de tout lieu habité, et pour les-
quelles les dromadaires du désert sont le seul moyen de communication avec les autres villes. Du temps
de Job, c'était déjà le pays propre aux chameaux : le sage de Huz en possédait à lui seul trois mille,
et c'est encore la bête de somme favorite.
Quand on entre dans Bostra, on est surpris de tant d'abandon et de silence; quand on la visite en
détail, on est épouvanté à l'aspect de ces ruines qui ont envahi successivement les monuments ro-
mains d'une grande magnificence, les églises chrétiennes dignes de cette métropole, la principale mos-
quée que les noms de Mahomet, d'Omar et d'Aboubeker auraient dû défendre, le théâtre antique
qui, dans sa transformation en château fortifié, résista aux croisés, et jusqu'aux habitations modernes.
Tout est ruine et décombres; on se demande involontairement si cet amas de pierres, que n'égayé
aucune végétation, que n'anime aucun mouvement humain, a jamais eu une vie, et ne s'est pas amon-
celé par le fait du hasard comme les rochers basaltiques de la plaine déserte.
BOSTRA (Planche LVIII, ra3).
Vue prise hors des murs de la ville.
A divers titres, le château de Bostra réclame en première ligne l'attention du voyageur. On y entre
par un pont de trois arches. Ce qui reste de fossés, ce qui reste de tours pour simuler une défense,
lui donnent encore un aspect formidable. La vue de la ville et de ses monuments complète le tableau.
Les destinées de cette forteresse sont singulières. J'ai dit que les habitants s'étaient réfugiés derrière
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pour que celui-ci ordonne à un certain nombre de ses cavaliers de nous prendre à Bostra; mais M. Bau-
din nous écrit de Damas qu'EI-Hamedi vient d'avoir une contestation violente avec le pacha, dont il
escortait mille chameaux chargés de blé que ses gens ont pillé. Des troupes sont envoyées contre lui,
et la guerre se prépare de ce côté. Nous apprenons en outre que, sur la route de Djerasch à Jérusalem,
nous serons obligés de passer sur le territoire d'une tribu arabe divisée entre deux eheiks, l'un reconnu
nouvellement par le pacha, et l'autre révolté contre la nouvelle autorité. Quelle garantie d'ailleurs nous
offrent des guides qui, ne pouvant nous accompagner jusqu'à Jérusalem, seraient payés d'avance ou
sauraient que nous portons sur nous l'argent qui leur est dû?
Nous renonçons à entreprendre le voyage de Djerasch de ce côté. Nous allons à Bostra, qui, quoique desuèda
à quatre grandes heures de marche de Sueda, montre de loin son château au milieu de cette intermi- Quatre heures
nable plaine. A une distance d'environ quatre heures, nous voyons à notre gauche, sur une montagne, * ^lî mi
le château de Sulkat, bâti par les Sarrasins.
BOSTRA (Planche LVII, 121
Vue générale de la ville et du château.
L'ancienne Bostra des Grecs et des Romains, la capitale du Hauran, a repris parmi les Arabes son
vrai nom de Bosrah. C'était, dans l'antiquité, une ville forte, assez considérable; au temps des croisades,
une forteresse importante; c'est aujourd'hui un village formant de ce côté la limite des habitations
fixes. Cette position de vedette avancée dans le désert et de grand entrepôt de marchandises lui assigne,
en tout temps, son véritable rôle; ses sources abondantes et limpides resteront, comme elles l'ont été,
un avantage toujours apprécié. De nos jours, en présence des exactions administratives, en l'absence de
tout commerce, les habitants, réduits à un faible nombre et constamment menacés de pillage par les
excursions des Arabes nomades, ne se sont pas trouvés à l'abri derrière l'enceinte de la ville; ils se
sont tous retirés dans le château, que défendent suffisamment, contre de pareils ennemis, ses tours
lézardées et ses fossés à moitié comblés.
BOSTRA (Planche XLVIII, 132).
Halte des dromadaires du désert.
Il y a parenté, sous plus d'un rapport, entre Bostra et Palmyre; ce sont bien des villes du désert
qu'une source d'eau limpide a créées, qu'une mer de solitude sépare de tout lieu habité, et pour les-
quelles les dromadaires du désert sont le seul moyen de communication avec les autres villes. Du temps
de Job, c'était déjà le pays propre aux chameaux : le sage de Huz en possédait à lui seul trois mille,
et c'est encore la bête de somme favorite.
Quand on entre dans Bostra, on est surpris de tant d'abandon et de silence; quand on la visite en
détail, on est épouvanté à l'aspect de ces ruines qui ont envahi successivement les monuments ro-
mains d'une grande magnificence, les églises chrétiennes dignes de cette métropole, la principale mos-
quée que les noms de Mahomet, d'Omar et d'Aboubeker auraient dû défendre, le théâtre antique
qui, dans sa transformation en château fortifié, résista aux croisés, et jusqu'aux habitations modernes.
Tout est ruine et décombres; on se demande involontairement si cet amas de pierres, que n'égayé
aucune végétation, que n'anime aucun mouvement humain, a jamais eu une vie, et ne s'est pas amon-
celé par le fait du hasard comme les rochers basaltiques de la plaine déserte.
BOSTRA (Planche LVIII, ra3).
Vue prise hors des murs de la ville.
A divers titres, le château de Bostra réclame en première ligne l'attention du voyageur. On y entre
par un pont de trois arches. Ce qui reste de fossés, ce qui reste de tours pour simuler une défense,
lui donnent encore un aspect formidable. La vue de la ville et de ses monuments complète le tableau.
Les destinées de cette forteresse sont singulières. J'ai dit que les habitants s'étaient réfugiés derrière
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