Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Laborde, Léon Emmanuel Simon Joseph de [Editor]; Laborde, Alexandre Louis Joseph de [Editor]
Voyage de la Syrie — Paris, 1837

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.6093#0128
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
les murs du château; c'est aujourd'hui toute la cité de Bostra ; mais autrefois et à l'origine, ce fut un
théâtre; au moyen âge on en fit une forteresse sarrasine, et maintenant c'est un pauvre et sale village.
Suivons ces bizarres transformations.

BOSTRA (Planche LVII, 124).

Vue du château.

Grandes et petites villes avaient leur théâtre dans l'antiquité. Bostra eut plus de difficultés qu'une
autre à élever le sien, parce que, n'ayant pas une colline pour l'appuyer, elle fut obligée de le cons-
truire en entier. On choisit l'emplacement au sud de la ville; l'édifice s'éleva sur de grandes proportions,
et concourut à l'agrément du séjour de Bostra. Ce qu'il devint dans la ville épiscopale et au milieu
des désastres qui l'assaillirent, nous l'ignorons; mais, à l'époque des croisades, il fut transformé en re-
doutable châleau fort dont les chrétiens tentèrent vainement à plusieurs reprises de s'emparer.

11 fallait l'œil de l'archéologue pour retrouver un théâtre antique sous celte enveloppe de murs
formidables, de tours et de bastions; mais de larges lézardes permettent d'apercevoir des étages d'ar-
cades se continuant en cercle et construites dans un appareil qui ne laisse aucun doute sur leur
destination. On reconnaît d'ailleurs, au milieu des constructions modernes, les gradins, la scène et les
vastes voûtes qui soutenaient la maçonnerie de cet édifice, alors destiné au plaisir.

BOSTRA (Planche LIX, i25).

Vue prise au milieu des ruines.

Après le château de Bostra, ce qui frappe le plus, ce qui ne mérite pas cependant une étude
sérieuse, ce sont quatre colonnes corinthiennes élevées sur des bases de marbre blanc, et dont les cha-
piteaux sont très-bien conservés. Il y a dans leur galbe et dans leur travail une certaine analogie avec
les colonnes de Baalbek, mais avec des proportions plus élancées. Elles formaient le portique d'un
monument qui se terminait en rond-point au milieu, entre les deux colonnes du centre, tandis qu'entre
celles-ci et les colonnes extrêmes, il formait deux petites salles carrées. Sa largeur était de seize pieds,
et sa profondeur, jusqu'au fond du rond-point, de trente pieds.

BOSTRA (Planche LXIX, 126).

Vue prise au milieu des ruines, d'un point rapproché.

Ce petit monument formait le coin d'une rue oblique à son portique et sur laquelle était un autre
temple très-grand, mais aujourd'hui si complètement ruiné qu'il est impossible d'en reconnaître les
dispositions; une quantité de constructions, ajoutées successivement à diverses époques et ruinées elles-
mêmes aujourd'hui, en ont surtout détruit la forme primitive. On voit cependant qu'il y avait en
avant une espèce de portique dont il reste deux colonnes corinthiennes; l'une d'elles supporte encore,
appuyée contre un pilastre, tout son riche entablement; l'autre est isolée; toutes deux, sans le moindre
renflement, s'étirent en des proportions inconnues à l'art d'aucune époque, et qui doit être du fait de
quelque Vitruve de la Pentapole. C'est laid jusqu'au ridicule.

Les autres monuments de Bostra sont entièrement ruinés, ou complètement enlouis sous les cons-
tructions modernes. Lors même que le temps me l'eût permis, je n'aurais pas songé à les dessiner, tant
ils prêtent peu au pittoresque. Je citerai deux arcs de triomphe, un grand bâtiment dont une partie
est demi-circulaire, et une vaste citerne construite au sud-ouest, à quelque distance du châleau.

Si je devais résumer un jugement sur l'ensemble de ces ruines, je dirais : mauvais matériaux, mauvais
goût, mauvaise époque; une lave, ou basalte poreux, d'un gris sale, ne permettant ni un appareil
rigide, ni une arête pure, ni une sculpture fine; rien de vraiment original dans les dispositions, si
ce n'est une tendance à élancer les proportions outre mesure et à faire tourner au végétal toute 1 orne-
mentation ; pour dates, un cadre de deux.cents ans : deuxième et troisième siècles de notre ère. Malgré
tout, l'idée que j'étais le premier artiste appelé à dessiner ces monuments m'a soutenu dans mon labeur.
 
Annotationen