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Laborde, Léon Emmanuel Simon Joseph de [Hrsg.]; Laborde, Alexandre Louis Joseph de [Hrsg.]
Voyage de la Syrie — Paris, 1837

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https://doi.org/10.11588/diglit.6093#0010
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JOURNAL

DU

VOYAGE DE LA SYRIE

SERVANT D'EXPLICATION AUX PLANCHES

Le 6 janvier 1827, après avoir visité les lieux les plus célèbres de l'Asie Mineure et les monuments les
mieux conservés de ces provinces grecques émules de la Grèce, nous montons une barque de pêcheur,
qui, du misérable port d'Ayach, nous conduit en deux heures dans le port non moins misérable d'A-
lexandrette en Syrie. Misère ici, misère là, et, par surcroît, des fièvres contagieuses du plus mauvais
caractère. C'est une transition plutôt qu'une différence entre le pays que nous quittons et celui que nous
allons visiter. Et cette misère, loin d'être imposée comme par une malédiction divine, s'étale des deux
parts au milieu d'une végétation luxuriante, qui de la plaine gagne les coteaux boisés et s'élève jus-
qu'aux sommets pittoresques d'une enceinte de montagnes majestueuses. L'homme conspire en Orient
contre la nature qui a tout fait pour lui ; l'absence de lois, de règles, de force protectrice, d'administra-
tion régulière, transforme en solitudes une contrée admirablement douée, tandis qu'un travail sans re-
lâche rend ailleurs productifs le sable et les rochers.

Iskanderoun, la ville d'Alexandre, que nous appelons depuis trois cents ans Alexandrette, pour la dis-
tinguer d'Alexandrie d'Egypte, avait encore, à la fin du dix-septième siècle, une population marchande,
une colonie européenne et des agents consulaires. Le commerce prospérait, la ville était animée, et les
environs bien cultivés lui envoyaient les senteurs de leurs foins, de leurs fleurs et de leurs fruits. Au-
jourd'hui la ville est morte; la fièvre des marais mine le petit nombre d'agents qui surveillent pour le
compte des négociants d'Alep le mouvement maritime de la rade, et ce que le voyageur a de plus sûr,
comme aussi de plus pressé à faire, c'est de s'en éloigner le plus promptement possible.

Notre compagnon de voyage, le docteur Hall, a suivi la côte depuis Ayach, en Asie Mineure, et il
nous rejoint ici avec nos chevaux, nos mules, le tactaravan et le bagage. Son itinéraire offre un grand in-
térêt, puisqu'il l'a conduit sur le champ de bataille d'Issus et sur les voies suivies par les combattants. En
partant d'Ayach, à la même heure que nous, il a côtoyé la mer, tantôt sur le sable, tantôt sur de pe-
tites collines, laissant sur sa gauche, un peu au delà de Coutcoula, les ruines d'une ville ancienne qui a
conservé son théâtre. Arrivé au fond du golfe, il a traversé une petite plaine où s'élève le village d'Eu-
serli : c'est la plaine d'Issus. Du rivage de la mer on aperçoit à une heure, dans l'intérieur des terres, un
grand village nommé Tchay, où le docteur Hall comptait établir sa caravane pour passer la nuit ; mais
les habitants, révoltés contre l'autorité du pacha, guerroyaient avec ses troupes : et il dut se résigner
à prendre son gîte à Payas, à 14 heures de marche d'Ayach et à deux heures de Tchay, sur la côte orien-
tale du golfe d'Alexandrette. Ce village est assis dans une petite plaine au pied des hautes montagnes
de l'Amanus, dont les sommets sont couverts de neige. La roule de Payas à Alexandrette suit le bord de
la mer. En un point très-resserré, où il n'y a place que pour la largeur de la route et pour un vieux châ-
teau, entre la mer et les montagnes, s'élève un mur à moitié ruiné qui forme barrière et un pilier carré
nnu sous le nom de Pilier de Jonas. Nesont-ce pas là les Pike Syriae des anciens? Notre compagnon

co

nous rejoi

-ioint à Alexandrette, et son arrivée est le signal de notre départ.
 
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