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Lafond, Paul; Bosch, Hieronymus [Ill.]
Hieronymus Bosch: son art, son influence, ses disciples — Paris, 1914

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https://doi.org/10.11588/diglit.26139#0043
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CHAPITRE II

L’art de Hieronymus Bosch; son expression, ses caractéristiques

Jérôme Bosch, quoiqu’en retard sur son temps, et demeuré gothique par
ses goûts, ses tendances naturalistes, ennemi instinctif des chemins battus, a
défriché un champ de l’art ignoré avant lui et, s’il est jusqu’à un certain point
l’inventeur des diableries, il est encore et surtout le précurseur de l’école réaliste
des Pays-Bas. Comme l’a écrit M. Louis de Fourcaud (i), « le fait capital c’est
que le branle commence par lui, qui tout de suite se propage en Hollande...,
conquiert promptement le centre anversois et décide du double avenir de la
peinture familière chez les Hollandais et chez les Flamands ». Parti de la tradition
pour aller à la liberté, il est tout autant la dernière expression d’un précédent
cycle que la première, d’un nouveau. Son œuvre n’est nullement une réaction
contre le passé, pas davantage une protestation contre le présent, encore moins une
barrière contre l’avenir. Sa peinture, véridique, osée, inattendue, à l’observation
intense, est une floraison spontanée, conséquence naturelle de ce qui la précède,
expression railleuse de la mentalité de sa race, de son temps, dont le produit
est un fruit franc, quoiqu’un peu acide. Il ne faut pas oublier que notre artiste
est d’une époque sincère et narquoise, qui préfère le caractère à la beauté, dont
l’attrait et le culte ne viendront qu’à la Renaissance. Il pousse à l’extrême la
recherche de l’expression physionomique, qui dans nombre de ses compositions,
comme nous le verrons dans le Portement de croix de Gand, le Jugement de
Pilate (2) de la Princeton University, etc., va jusqu’à la grimace et la contorsion
des traits.

D’accord avec ses contemporains, Jérôme Bosch est un spiritualiste attiré
tout entier vers le monde invisible, confiant dans l’espoir d’une vie pleine de
félicités, mais aussi hanté par la terreur de l’Enfer et essayant d’en donner

(1) L. de Fourcaud. Hieronymus van Aken, dit Jérôme Bosch. Revue de l'Art ancien et moderne. Paris,
tome XXXI, mars et avril 1912.

(2) Allan Marquand. A painting by Hieronymus Bosch in the Princeton Art Muséum, Princeton
University Bulletin. Princeton, vol. XIV, march igo3.
 
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