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https://doi.org/10.11588/diglit.18955#0009
L E S
PRINCIPES
DU
DESSEIN,
O U * .
Vne courte & afsuree pour Papprendre a fonds par le
moien de la Geometrie.
^jgsUs^^E meme que 1'Alphabet, ou la connoissance des Lettres, seit d'in-
trodustion ä la Grammaire ; ainsi la Geometrie eil le premier pas
qui nous conduit au Dessein, oü Ton ne peut jamais arriver sans
eile; non plus qu'ä tout autre Art & qu'aux Sciences. En effet,
c'est, par la Geometrie , & ä la faveur des traits ou des lignes,
que nous aprenons ä connoitre la longueur & la largeur des Corps, ce qui
est droit ou courbe , ce qui est disposö en travers ou obliquement , ce qui eil
rond , ovale, quarre, hexagone , ostogone , cintre, concave ou convexe, &
toutes les autres figures imaginables. Mais puis qu'il n'y a rien de corporel dans
le Monde , qui ne tombe sous quelcune de ces denominations, cela meme doit
scrvir de premiere Lecon aux jeunes Gens qui veulent s'attacher au Dessein, &il
faut les y arreter jusqu'ä ce qu'elle soit bien imprimee dans leur memoire. Si j'avois
plusieurs Garsons, je ne voudrois pas qu'aucun d'eux s'apliquät ä un Art ou ä
une Science, ä moins qu'il ne süt bien lire & dcrire. D'ailleurs, si la chose etoit
en mon pouvoir, je souhaiterois qu'ils aprissent un peu de Latin, & il.me semble
qu'ä Tage de dix ou douze ans, ils en sauroient assez, pour embrasser alors l'une
ou l'autre Profession. Je mets dix ans de plus pour meurir l'esprit, & donner
l'essbr ä son genie ; ce quien fait vingt-deux. Jen alloue dix autres pour choi-
sir & regier legenre de vie qu'on veut suivre; ce qui fait trente deux. Ajoutez
y en dix encore, pour ateindre ä la prefeclion, soit dans la Theorie ou dans la
Pratique; cela revient en tout ä quarante-deux. Depuis cetäge jusqu'äcinquante
ans, & au-delä , si l'on peut y arriver, c'est le tems propre ä s'aquerir un grand
Nom , & ä gagner du Bien. Cell ainsi que je partage la Vie d'un habile Pein-
tre. Cependant Dieu en dispose comme il le trouve bon; il fait reussir les uns
plütöt & les autres plus trad; quoiquel'on puisse dire que, sans genie, le tra-
vail est inutile , absque ingenio, Labor inutilis. Enfin l'Experience nous aprend
que le plus sür moien de reüssir dans le Dessein, est de s'y attacher, de bonne
heure, sous un habile Maitre, d'avoir l'esprit tourne" de ce cöte"-lä, & d'y apor-
ter une grande & constante aplication, qui est seule capable de rendre aisdes les
choses les plus difficiles.
Premiere Le^on.
Pour donner ä un Ecolier un bon fondement de cet Art, & Ieconduire ä ce
qu'il y a de plus cache, ou ä ses plus grandes delicatesses, le Maitre ne doit pas
se faire une peine de commencer par les Principes les plus simples, & de l'y re-
tenir jusqu'ä ce qu'ils soient bien gravez dans sa memoire; puis que, sans cela,
il seroit imposlible ä l'Ecolier d'y faire aucun progr£s, bien loin d'ateindre ä la
perfeflion.
Les premiers rudimens du Dessein consistent donc ä faire divers traits ou des
lignes disferemment tournees; & c'est ausli ce qu'on peut apeller l'Abece de
l'Arpentage.
A * EX-
PRINCIPES
DU
DESSEIN,
O U * .
Vne courte & afsuree pour Papprendre a fonds par le
moien de la Geometrie.
^jgsUs^^E meme que 1'Alphabet, ou la connoissance des Lettres, seit d'in-
trodustion ä la Grammaire ; ainsi la Geometrie eil le premier pas
qui nous conduit au Dessein, oü Ton ne peut jamais arriver sans
eile; non plus qu'ä tout autre Art & qu'aux Sciences. En effet,
c'est, par la Geometrie , & ä la faveur des traits ou des lignes,
que nous aprenons ä connoitre la longueur & la largeur des Corps, ce qui
est droit ou courbe , ce qui est disposö en travers ou obliquement , ce qui eil
rond , ovale, quarre, hexagone , ostogone , cintre, concave ou convexe, &
toutes les autres figures imaginables. Mais puis qu'il n'y a rien de corporel dans
le Monde , qui ne tombe sous quelcune de ces denominations, cela meme doit
scrvir de premiere Lecon aux jeunes Gens qui veulent s'attacher au Dessein, &il
faut les y arreter jusqu'ä ce qu'elle soit bien imprimee dans leur memoire. Si j'avois
plusieurs Garsons, je ne voudrois pas qu'aucun d'eux s'apliquät ä un Art ou ä
une Science, ä moins qu'il ne süt bien lire & dcrire. D'ailleurs, si la chose etoit
en mon pouvoir, je souhaiterois qu'ils aprissent un peu de Latin, & il.me semble
qu'ä Tage de dix ou douze ans, ils en sauroient assez, pour embrasser alors l'une
ou l'autre Profession. Je mets dix ans de plus pour meurir l'esprit, & donner
l'essbr ä son genie ; ce quien fait vingt-deux. Jen alloue dix autres pour choi-
sir & regier legenre de vie qu'on veut suivre; ce qui fait trente deux. Ajoutez
y en dix encore, pour ateindre ä la prefeclion, soit dans la Theorie ou dans la
Pratique; cela revient en tout ä quarante-deux. Depuis cetäge jusqu'äcinquante
ans, & au-delä , si l'on peut y arriver, c'est le tems propre ä s'aquerir un grand
Nom , & ä gagner du Bien. Cell ainsi que je partage la Vie d'un habile Pein-
tre. Cependant Dieu en dispose comme il le trouve bon; il fait reussir les uns
plütöt & les autres plus trad; quoiquel'on puisse dire que, sans genie, le tra-
vail est inutile , absque ingenio, Labor inutilis. Enfin l'Experience nous aprend
que le plus sür moien de reüssir dans le Dessein, est de s'y attacher, de bonne
heure, sous un habile Maitre, d'avoir l'esprit tourne" de ce cöte"-lä, & d'y apor-
ter une grande & constante aplication, qui est seule capable de rendre aisdes les
choses les plus difficiles.
Premiere Le^on.
Pour donner ä un Ecolier un bon fondement de cet Art, & Ieconduire ä ce
qu'il y a de plus cache, ou ä ses plus grandes delicatesses, le Maitre ne doit pas
se faire une peine de commencer par les Principes les plus simples, & de l'y re-
tenir jusqu'ä ce qu'ils soient bien gravez dans sa memoire; puis que, sans cela,
il seroit imposlible ä l'Ecolier d'y faire aucun progr£s, bien loin d'ateindre ä la
perfeflion.
Les premiers rudimens du Dessein consistent donc ä faire divers traits ou des
lignes disferemment tournees; & c'est ausli ce qu'on peut apeller l'Abece de
l'Arpentage.
A * EX-