hsf Grèce et en Asie 2i5
mon ame est suffoquée : allons respirer un air
inoins brûlant. Nous traversâmes son jardin
dans le silence -, mais c'étoit le recueillement
du bonheur. J'observois cependant les asyles
charmans, jadis témoins mystérieux de nos
amours. Un soupir, un mot, un regard, anr
nonçoient à Lasthénie mes ressouvenirs et mes
regrets. Elle m'entendoit, bâissoit les yeux, et
son front se coloroit d'un doux incarnat. Après
cent questions sur ma santé, sur mes voyages*,
nous rencontrâmes un vieillard qui se prome-
noit. Lasthénie court à lui, l'embrasse /et me
le présente , en me disant : voilà mon père, et
voici ma jeune sœur Télésdle qui accourt, lé-
gère comme une biche. Je les saluai l'un et
l'autre. Lasthénie ajouta : « Télésille paroit ma
fille et non ma sœur : elle n'a que treize ans-,
mais elle est d'un second lit ». Le père nous
proposa à déjeuner, en demandant à sa fdle où
l'on feroit servir. « Dans la salle de Minerve ».
Nousnous y rendîmes les premiers avec Las-
thénie. « Ah ! m'écriai-je , en entrant , c'est la
chapelle de Flore! — Oui, mais elle a changé
de dénomination; voilà la statue de la Sagesse
subrogée à celle du Silence , et les bustes des
sages et des savans, aux volages amours, et
aux vases de fleurs. Vous ne dites mot ; vous
avez l'air préoccupé ? — Je crains que ce ne
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mon ame est suffoquée : allons respirer un air
inoins brûlant. Nous traversâmes son jardin
dans le silence -, mais c'étoit le recueillement
du bonheur. J'observois cependant les asyles
charmans, jadis témoins mystérieux de nos
amours. Un soupir, un mot, un regard, anr
nonçoient à Lasthénie mes ressouvenirs et mes
regrets. Elle m'entendoit, bâissoit les yeux, et
son front se coloroit d'un doux incarnat. Après
cent questions sur ma santé, sur mes voyages*,
nous rencontrâmes un vieillard qui se prome-
noit. Lasthénie court à lui, l'embrasse /et me
le présente , en me disant : voilà mon père, et
voici ma jeune sœur Télésdle qui accourt, lé-
gère comme une biche. Je les saluai l'un et
l'autre. Lasthénie ajouta : « Télésille paroit ma
fille et non ma sœur : elle n'a que treize ans-,
mais elle est d'un second lit ». Le père nous
proposa à déjeuner, en demandant à sa fdle où
l'on feroit servir. « Dans la salle de Minerve ».
Nousnous y rendîmes les premiers avec Las-
thénie. « Ah ! m'écriai-je , en entrant , c'est la
chapelle de Flore! — Oui, mais elle a changé
de dénomination; voilà la statue de la Sagesse
subrogée à celle du Silence , et les bustes des
sages et des savans, aux volages amours, et
aux vases de fleurs. Vous ne dites mot ; vous
avez l'air préoccupé ? — Je crains que ce ne
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