DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.1080#0322
en Grèce et en Asie. 017
créanciers impitoyables qui me poursuivent.
— Combien devez-vous ? — Beaucoup : deux
talens. — Je vais vous les donner, et vous gar-
derez votre champ ; un jour, si vous devenez
plus riche , vous me les rendrez». Voici une
anecdote qui annonce autant d'intrépidité que
de grandeur d'ame.
Le philosophe Anaxagore , surnommé l'es-
prit , fut accusé par ses ennemis d'impiété et
d'athéisme, quoiqu'il eut reconnu le premier
une intelligence suprême, quiavoit débrouillé
le cahos : il y eut ordre de l'arrêter. Anaxagore
en fut instruit : il sortit d'Athènes déguisé , et
vint se réfugier à la campagne de Lasthénie ,
qui le cacha , le garda plusieurs jours , et le
fit évader.
• Des délateurs, informés de cette infraction
à la loi, la dénoncèrent aux magistrats ; elle
fut mandée pour rendre compte de sa con-
duite. La loi prononçoit la mort contre ce délit.
Le trouble , la terreur, le désespoir, agitèrent
toute la maison ; je voyois ses esclaves , ses
domestiques , gémir , verser des larmes, em-
brasser ses genoux ; son père , sa sœur , tous
'ses amis , et moi, consternés , anéantis , l'en-
vironnions , la pressions dans nos bras. Elle
étoit touchée de ces vifs témoignages d'intérêt
et d'attachement ; mais elle nous eonsoloit,
créanciers impitoyables qui me poursuivent.
— Combien devez-vous ? — Beaucoup : deux
talens. — Je vais vous les donner, et vous gar-
derez votre champ ; un jour, si vous devenez
plus riche , vous me les rendrez». Voici une
anecdote qui annonce autant d'intrépidité que
de grandeur d'ame.
Le philosophe Anaxagore , surnommé l'es-
prit , fut accusé par ses ennemis d'impiété et
d'athéisme, quoiqu'il eut reconnu le premier
une intelligence suprême, quiavoit débrouillé
le cahos : il y eut ordre de l'arrêter. Anaxagore
en fut instruit : il sortit d'Athènes déguisé , et
vint se réfugier à la campagne de Lasthénie ,
qui le cacha , le garda plusieurs jours , et le
fit évader.
• Des délateurs, informés de cette infraction
à la loi, la dénoncèrent aux magistrats ; elle
fut mandée pour rendre compte de sa con-
duite. La loi prononçoit la mort contre ce délit.
Le trouble , la terreur, le désespoir, agitèrent
toute la maison ; je voyois ses esclaves , ses
domestiques , gémir , verser des larmes, em-
brasser ses genoux ; son père , sa sœur , tous
'ses amis , et moi, consternés , anéantis , l'en-
vironnions , la pressions dans nos bras. Elle
étoit touchée de ces vifs témoignages d'intérêt
et d'attachement ; mais elle nous eonsoloit,