0i8 Voyages n'Asujot
nous rassuroit autant pur sa douce sérénité que
par ses discours. « J'ai fait mon devoir , nous
disoit-elle, je crois n'avoir rien à craindre ». Et
puis elle ajouta, tout bas : « Un verre de ciguë
est si-tôt avalé ». Nous l'accompagnâmes devant
le tribunal. Un des juges lui demanda , d'uit
visage austère , s'il étoit vrai qu'elle eût osé
donner un asyle à Anaxagore, à un proscrit.
■—«Oui , répondit-elle, avec le calme de l'in-
nocence , et la sécurité du courage ; mais ce
n'est pas le criminel d'état que j'ai reçu chez
moi, c'est un sage, mon protecteur, mon ami.
Il m'a rendu service , il m'a secourue dans mes
revers ; il étoit malheureux, condamné à la
mort , je lui sauvois la vie , en exposant la
mienne ; pouvois - je m'y refuser sans la plus
noire ingratitude ? Si j'offense la loi, mon sang
lavera cette transgression ; mais si je blesse les
lois de l'amitié et de la reconnoissance, la perte
de ma vie ne pourroit effacer mahonte». Cette
réponse excita l'admiration générale ; et les
juges, loin de lui infliger aucune peine, la ren-
voyèrent avec des éloges.
Cependant les six mois de délai fixés par
Aristide, alloient expirer. Phanor me pressoit
vivement par ses lettres de hâter mon départ.
Il me fallut quitter cette riante demeure , où
mes jours s'écouloientsi doucement ; où,après
nous rassuroit autant pur sa douce sérénité que
par ses discours. « J'ai fait mon devoir , nous
disoit-elle, je crois n'avoir rien à craindre ». Et
puis elle ajouta, tout bas : « Un verre de ciguë
est si-tôt avalé ». Nous l'accompagnâmes devant
le tribunal. Un des juges lui demanda , d'uit
visage austère , s'il étoit vrai qu'elle eût osé
donner un asyle à Anaxagore, à un proscrit.
■—«Oui , répondit-elle, avec le calme de l'in-
nocence , et la sécurité du courage ; mais ce
n'est pas le criminel d'état que j'ai reçu chez
moi, c'est un sage, mon protecteur, mon ami.
Il m'a rendu service , il m'a secourue dans mes
revers ; il étoit malheureux, condamné à la
mort , je lui sauvois la vie , en exposant la
mienne ; pouvois - je m'y refuser sans la plus
noire ingratitude ? Si j'offense la loi, mon sang
lavera cette transgression ; mais si je blesse les
lois de l'amitié et de la reconnoissance, la perte
de ma vie ne pourroit effacer mahonte». Cette
réponse excita l'admiration générale ; et les
juges, loin de lui infliger aucune peine, la ren-
voyèrent avec des éloges.
Cependant les six mois de délai fixés par
Aristide, alloient expirer. Phanor me pressoit
vivement par ses lettres de hâter mon départ.
Il me fallut quitter cette riante demeure , où
mes jours s'écouloientsi doucement ; où,après