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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0058

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30 Histoire des Turcs,

~ Toutes les fois qu'il estoit question de combattre, il sçauoit bien amadou,er sessoldatspa*
$$7* harangues 61 langages conuenables ; & leur accroistre le cœur à la veuë de lennemy j ou
bien fduuent les plus a sseurez balancent & vacilent : mais luy-mesme ausîi leur monstroic
le chemin de ce qu'ils auoient à faire, &: estoit ordinairement le premier à donner dedans;
ce qu'il me semble auoir eu plus de force pour encourager ses gens, que non pas son élo-
quence , laquelle par tout ailleurs estoit fort refroidie & presque muette;car il parïoit peii
de son naturel. Et encore que d'ordinaire il monstrast vne chère douce, gracieuse - &: dé-
bonnaire; si estoit-il neantmoins rigoureux &seuere, à punir les moindres fautes qu'on
luy eust faites, dont ilneremettoitiamaisrien. Ilmonstra bien pour le commencement
de faire grande estime de garder sa parole & sa foy - plus que nul autre de la maison des
Othomans; de façon que plusteurs qui mesme auoient conspiré contre luy, nefaisoient
point de disficulté de se fier là-dessus : Mais depuis qu'il setrouua augmenté de puisTance
S^dauthorité, il en vsa tout autrement, dont beaucoup setrouuerentpris autrebuchet;
car il ne pardonna gueres à ceux qui se voulurent obstiner à luy faire resistance, &: se ban-
der contre luy. Quiconque aussi se voulut entremettre de luy brasTer quelque mauuais
party, ne s'en alla pas de ses mains bagues sauues: suiuant l'ordinaire des Princes &: grands
Seigneurs, qui est de changer volontiers de naturel auec l'heureux succez de leurs asfai-
res, principalement quand ils se voyent hors de crainte & de doute de leurs ennemis: &
de doux &c bénins qu'ils estoient auparauant,se monstrer à tous rudes,farouches,&: espou-
uentables. Amurat neantmoins parmy cette grande seuerité, dont il estoit si craint 8c
redouté des liens, ne laissa de trouuer enuers eux autant d'amour, defaueur, & de bien-
veillance, que nul autre chef de guerre qui ait oneques esté. Parquoy il ne faut pas que
personne se persuade, que s'il se fust rencontré du temps de Ternir, qu'on appelle com-
Autrcmcnt rnunémentle grand Tamburlan, cettuy-cy eust eu aussi bon marché de luy, comme il eut
am ei an. ^ ^ £js gajazet depuis; car il eut mené la guerre d'vne autre sorte : Se si bien il n'eust
renuersé Se mis au bas vne telle puisTance, comme se trouuoit lors celle de ce Tartare, il
eust bien mieux toutesfois sçeu prendre son party,pour céder à ses premières furies&: tem-
pestes: se fortifier en lieux propres & aduantageux : luy couper les viures: l'escorner &:
affoiblir peu à peu parembusehes, esearmouches, & légers combats : sans ainsi témérai-
rement , & à la volée hazarder sa personne, ses armées $c son Empire,à l'incertain éuene*
ment d'vne bataille mal conuenable.

FIN DV PREMIER LIVRE.

.23 lOI...

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