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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0133
Amurat II. Liure cinquiesme. \o$
145 H
victorieux, cettefunefte alliance leur confia les biens, l'honneur, la vie , ejr leur pays. D'autant DcpulS
qu Amurat & fin fils CMahomet ( quifiucceda à la haine du pere ) ne cesiferentiusques a ce qu'ils l^11'
eufsent enfeuelyla Grèce & le nom Grec dans fies propres ruines. Mufiapha donc dernier fils de
Bajdz,etsfauorisédes armes Grecques s'empare d'vntâartiedes Prouincesque les Othomans te-
r/oient en Europe, &pafise'en A'fie,pourguerroyerfonneveu. Maisluy-mcfimeprit l'efsouuen-
tefiousvn faux bruit quefit courir Amurat,é"s'enfuyant en Europe jfipris& efir an glé, Amurat
fiai fiant tailler en pièces tous les Azapes du camp de Mufiapha, encore qu'ils fe fujfent rendus a fit
mercy. De làilfemitala pourfiuïte d'vn autre,Mufiapha fionfirere, ejr fils de Mahomet, encore
fiupportédes Grecs, qu'ilprit, & fit mourir dans la ville de Nuée. Et ce fut lors que n'ayant plus
rien a craindre il fie banda du tout contre les Grecs, leur ofiant la ville de Thejfalonique, fi
belle\ riche & florijfante cité qu'il ruina de fonds en comblerendant tousfis habitans eficlauesy
ej? les tranfi or tant par toute l'Europe & £ Afie. Met le fiege deuant la ville de loannïne ouCafi^-
fiopé en lArcananie,ravage la haute Myfie ou Raficie, efi prend la ville de Scnderouie , au ec le fil s
du Dfpote, auquel il fit creuer les yeux, encore qu'ilfufifrère defa femme. Et penfiamfaire de
mefime en H ongrie> mit le fiege deuant Belgrade, quilfut contraint de leuerpar la valeur du re-
doutable H uniade , qui apprit auxTurcsque leur multitude e fi mutile contre vn ennemyqui a.
de la valeur & de la conduite. Car il fit te fie a cinqpuijfiantes armées Turque [que s,qui l'attaque*
tenta diuerfesfois,& leur donna cinq grandes batailles, defique'des il demeura t ouf tour s le vain-
queur. Prenant le Bafsia Carambey prifionnier ? & mefime s on tient qu'i le fiait pour prendre les
villes d'Andrinopoly & Philippopoiyfiles sins t eujfent voulufi/iure.De forte qu'il contraignit
Amurat de demander la paix aux Hongres, laquelle luy e fiant accordée, il s'en alla conque fier le
pays de Sarmian & ce luy de S arc an puisfans Princes en la petite Afie, & la ville de Cony ou Ico-
niumfiur le Car aman, quil luy rendit depuis efioufiantfia fille. Les Hongres ay ans cependant
rompu la paix ^ Amurat fie ha fiant de retourner en Europe fut fiheurcux que les galères chre-
jliennes e fiant au defiroitde l' Hellesifonte pour luy empefiher le pajfâge, furent contraintes de fie
retirer pour l'intempérie de lair, & luy cependantpajf afans aucun danger, ey vint en cette mé-
morableplaine qui donna le nom a l'vne des plus célèbres batailles qui fufiaduenue long-temps
auparavant, & ou Amurat fut en vn extrême danger, crmefmes tout dsf osé de / enfuir, sans
vn des fiens qui Carre fia.Le s lauriers tout es foi s luy en demeurere n tpa r l a mort duRoyLadiflauj,
& deprefquetoute la Noble/fie de Hongrie, l'an de noftre fialut 1444. ïvn&iefime iourde No-
uembre : ilretourne au Peloponefie, ou il fait ruiner le mur de l'1finie que les Grecs au oient bafiy
du temps de leur saneurfo %s Mahomet, llpritbien-tofiaprès la ville, l'an 1445.au, fon ^cs c)m~
baies, cornets & trompeté s, filon la coufiumedesTurcs ; l'Empereur de Conflantincple s'amu-
Jant cependant à saire des nopec s, tandis qu Amurat conquefioit le Pcloponefi. Apres lefquellcs
chofies fi heureujement exécutées, il fie defimit bien-tofiapres de fon Empire: les vns dificntque
te fut pourvne illufion quil eut, les autres pour accomplir vn vœu qu'il auoitfait lors de la ba-
taille de V urne,fi retirant auec des ReligieuxEurcs nommez Deuirs Chlers. Mais cettedeuo-
tion ne luy dura guère s : car les Hongresfous la conduite de Huniade ayans repris les armes, &
ficachant qu'il efioitdefiré desfiens, il reprit derechef en main le maniement des afsaires {parla,
fubtile inuention de Haly Basfa) &prefinta la bataille a Huniade en laplaine deCofibe qui dura,
deux iours^&au troifiefine la victoire luy demeura par la fuite de Huniade. il rendit tributaire
le Roy de la Bofiine, & après auoir fait vn rauage en l'Albanie mit le fiege deuant Sphetzigrade,
& quelques autres places. Maisilrencontra la valeurjaforceé" taprudenc£ toutenfemble dece
grand & redoutable ScanderbergCaflriot ,1' efi>êc&lebouclierde la Chrefiienté, autresfois fon
efilaue, qui le sit retirer honteufiment chez, luy. ily retournatoutesfoispourladeuxiefimefiois^
mais il y fit aufii mal fie s affaires que lapremiere : car ayant mis le fiege deuant Croye,il fut con-
traint de le leuer^oufélon quelques vns, il y mourut de defplaifir^ &félon les autres d'apoplexie,
llregnatrente-vnan ,&mcurut l'an 1450. oufelon quelques-vnsi^û^. Ce fut luy qui ordon-
na que lesAanifsaires fer oient d'orefihauant pris des Azamoglans, ouenfans de tribut, ilfut
ajfez, bon Prince, débonnaire , droiffurier, & grand amateur de Iufike, n entreprenant au-
cune guerre qu'en fe défendant, mais Une le fflloit gueres chatouiller. Soigneux d'ajfembler
desforces ^ & allerla te (le baifiée ouïes asfaires l'appelloient, fans crainte de trauail ny de ?^e-
fiaifie ,de chaud ny de froid, non pasmefmes des montaignes les plus asfres & autres difficul-
tés de chemins mal-aifiz, drfitfiheux, en toutes lefruelles chojes il fut ordinairement fiiuori-
sédu bon-heur. On dit qu'en mourant il commanda à faifiié de trois ensans qu'il auoit, &
luy fit promettre ( comme vn autre Amilcar a fon fils Hannibal) quil fer oit perpétuel & irré-
conciliable ennerny des Chrefiicns, ce quil exécuta sort exacte ment, & ce fut peut-ejhe e&
cette fieule chofie qu'il garda fia parole.
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victorieux, cettefunefte alliance leur confia les biens, l'honneur, la vie , ejr leur pays. D'autant DcpulS
qu Amurat & fin fils CMahomet ( quifiucceda à la haine du pere ) ne cesiferentiusques a ce qu'ils l^11'
eufsent enfeuelyla Grèce & le nom Grec dans fies propres ruines. Mufiapha donc dernier fils de
Bajdz,etsfauorisédes armes Grecques s'empare d'vntâartiedes Prouincesque les Othomans te-
r/oient en Europe, &pafise'en A'fie,pourguerroyerfonneveu. Maisluy-mcfimeprit l'efsouuen-
tefiousvn faux bruit quefit courir Amurat,é"s'enfuyant en Europe jfipris& efir an glé, Amurat
fiai fiant tailler en pièces tous les Azapes du camp de Mufiapha, encore qu'ils fe fujfent rendus a fit
mercy. De làilfemitala pourfiuïte d'vn autre,Mufiapha fionfirere, ejr fils de Mahomet, encore
fiupportédes Grecs, qu'ilprit, & fit mourir dans la ville de Nuée. Et ce fut lors que n'ayant plus
rien a craindre il fie banda du tout contre les Grecs, leur ofiant la ville de Thejfalonique, fi
belle\ riche & florijfante cité qu'il ruina de fonds en comblerendant tousfis habitans eficlauesy
ej? les tranfi or tant par toute l'Europe & £ Afie. Met le fiege deuant la ville de loannïne ouCafi^-
fiopé en lArcananie,ravage la haute Myfie ou Raficie, efi prend la ville de Scnderouie , au ec le fil s
du Dfpote, auquel il fit creuer les yeux, encore qu'ilfufifrère defa femme. Et penfiamfaire de
mefime en H ongrie> mit le fiege deuant Belgrade, quilfut contraint de leuerpar la valeur du re-
doutable H uniade , qui apprit auxTurcsque leur multitude e fi mutile contre vn ennemyqui a.
de la valeur & de la conduite. Car il fit te fie a cinqpuijfiantes armées Turque [que s,qui l'attaque*
tenta diuerfesfois,& leur donna cinq grandes batailles, defique'des il demeura t ouf tour s le vain-
queur. Prenant le Bafsia Carambey prifionnier ? & mefime s on tient qu'i le fiait pour prendre les
villes d'Andrinopoly & Philippopoiyfiles sins t eujfent voulufi/iure.De forte qu'il contraignit
Amurat de demander la paix aux Hongres, laquelle luy e fiant accordée, il s'en alla conque fier le
pays de Sarmian & ce luy de S arc an puisfans Princes en la petite Afie, & la ville de Cony ou Ico-
niumfiur le Car aman, quil luy rendit depuis efioufiantfia fille. Les Hongres ay ans cependant
rompu la paix ^ Amurat fie ha fiant de retourner en Europe fut fiheurcux que les galères chre-
jliennes e fiant au defiroitde l' Hellesifonte pour luy empefiher le pajfâge, furent contraintes de fie
retirer pour l'intempérie de lair, & luy cependantpajf afans aucun danger, ey vint en cette mé-
morableplaine qui donna le nom a l'vne des plus célèbres batailles qui fufiaduenue long-temps
auparavant, & ou Amurat fut en vn extrême danger, crmefmes tout dsf osé de / enfuir, sans
vn des fiens qui Carre fia.Le s lauriers tout es foi s luy en demeurere n tpa r l a mort duRoyLadiflauj,
& deprefquetoute la Noble/fie de Hongrie, l'an de noftre fialut 1444. ïvn&iefime iourde No-
uembre : ilretourne au Peloponefie, ou il fait ruiner le mur de l'1finie que les Grecs au oient bafiy
du temps de leur saneurfo %s Mahomet, llpritbien-tofiaprès la ville, l'an 1445.au, fon ^cs c)m~
baies, cornets & trompeté s, filon la coufiumedesTurcs ; l'Empereur de Conflantincple s'amu-
Jant cependant à saire des nopec s, tandis qu Amurat conquefioit le Pcloponefi. Apres lefquellcs
chofies fi heureujement exécutées, il fie defimit bien-tofiapres de fon Empire: les vns dificntque
te fut pourvne illufion quil eut, les autres pour accomplir vn vœu qu'il auoitfait lors de la ba-
taille de V urne,fi retirant auec des ReligieuxEurcs nommez Deuirs Chlers. Mais cettedeuo-
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deux iours^&au troifiefine la victoire luy demeura par la fuite de Huniade. il rendit tributaire
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& quelques autres places. Maisilrencontra la valeurjaforceé" taprudenc£ toutenfemble dece
grand & redoutable ScanderbergCaflriot ,1' efi>êc&lebouclierde la Chrefiienté, autresfois fon
efilaue, qui le sit retirer honteufiment chez, luy. ily retournatoutesfoispourladeuxiefimefiois^
mais il y fit aufii mal fie s affaires que lapremiere : car ayant mis le fiege deuant Croye,il fut con-
traint de le leuer^oufélon quelques vns, il y mourut de defplaifir^ &félon les autres d'apoplexie,
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na que lesAanifsaires fer oient d'orefihauant pris des Azamoglans, ouenfans de tribut, ilfut
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conciliable ennerny des Chrefiicns, ce quil exécuta sort exacte ment, & ce fut peut-ejhe e&
cette fieule chofie qu'il garda fia parole.