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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0136
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ioS Histoire des Turcs,
faulTcs nouuelles : & enuoya à cette fin ses coureurs crier à haute voix d'vne grande aile-
gresse iusques dedans les escoutes Se corps de garde des ennemis : TraiBres canailles, re-
belles, qui auez*delaifie'voîlrevray & légitime Seigneur }pour vous donner a un champy auor-
té, qui n a aucun droicia cet Empire, les Grecs ne vous ont pas voulu preBer l'oreille ? ains s*en
Lan a e d^s tiennent vous couper le pajfage, & vous enclore en Afie, afin que vous mouriez, tous hon~
gens^Amu- teufement ,pour ladeferte devoBremefchanceté'. Cela mitvne telle frayeur parmy les gens
rat à ceux de deMustapDa qUi adjoûterent incontinent foy à ces paroles, dautant que leurs Ambas-
qui les trou- ladeurs n estoient point encore arnuez, que de crainte que les Grecs ne is laiiiiient du
bk& met en Jestroit de lHellespontey'& rie leur ostassent le moyen de repasîer en Europe, ils com-
mencèrent à s'émouuoir de toutes parts, Se à tenir de fort estranges propos entr'eux.
Zunaites Zunaites mesmes lanuid ensuiuant se déroba, Se planta là Mustapha, pour se retirer en
abandonne son pays : Ce que firent pareillement tous les autres principaux personnages, Se les Ca-
Mustapha. pitaines de l'armée,, ne se fians pas beaucoup en la bonne fortune de leur Chef : lequel sc
Voyant ainsi abandonné de ses gens, qdi s'écouloient d'heure à autre, sans qu'ilyeust

lapïa&dçs Pms moyen de les retenir : Et craignant de demeurer tout seu 1 à la parfin, prit la fuite

--ip--
sïens. auifî bien qu'eux, droit à la mer, ou les Grecs, qui s'estoient rangez de son costé, char-
gèrent ses gens sur leurs navires,& cinglèrent par l'Hellesponte à l'autre bord. Pcn-
Jébauclicsdc ^antee temps l'Empereur de Constantinopleestoit après à prendre ses plaisirs au Péri*
slropeseùr connese, auec vne ieune Damoisellc,fîlle d vn homme d'Ep;lise, dont ilestoitsi dcseiperé-
lean. ment amoureux, hors de tout propos &saison,pour les asfaires qui se presentoient, pour-
ce qu'il sc dcuoit piutost employer à repoulser Amurat dupaiTage de l'Europe: lequel
tout incontinent que leiourcommença à poindre, tira droîtau camp des ennemis, qu'il
trouua du tout vuide Se dénué de gens, horsmis des pauurcs Azapes, quinauoientpû
suiure les autres. Eux doneques luy joignant les mains de l'autre part, ( car la riuiere cou-
susiTdesiîit ^0lt entre deux ) tequeroient piteusement qu'on les prisb à mercy , Se qui luy pleut n'èxer-
de e h elle/pi- cer point sa vengeance sur ceux que les gens de cheual auoient ainsi lasehement aban-
te du cofté de donnez Se trahis. Mais ayant là-deisus en diligence fait dresser vnpont.de bateaux, il pa£-
eftoit^nam- & à eux? & ^es fit tous mettre au fil desespée, iusques au dernier. Puis s'en alla après Mu-
nement sesios stapha, le poursuiuant à la trace de ville en ville, Se de lieu en lieu, où il sçauoit qu'il s'e-
vtsa vtsd'a- ^^reste en sa retraite : toutesfois il auoit ea^né les deuans, &c estoit désia à Galli-
poly,quand Amurat de bonne fortune rencontra sur le bord de la mer vn gros navire Ge-
Amurat passe sieuois,qui estoit à s ancre, Se fit tant auec le Pilote, qu'il s'accorda de le porter outre,auec
toute son ar- les lanisfaires, & autres soldats de la Porte, ensemble tout le reste de son armée, moyen*
erTrEuropf6 nant vne b°nc somme d'argent, qui luy fut nombrée Se payée sur le champ : Ët ainsi passa
sur vn seui' en Europe sain Se sauue, auec toutes ses forces. Mustapha se voyant d'heure en heure
navire Gene- croistre le péril ( car son ennemv le tenoit désia asiiegé de tous costez)apres auoir cherché
uois au de- *■ ' o i 1 * t
stroitdcGal- en son entendement tous les partis qu'il pouuoit prendre pour se mettre à sàuuete, se re-
iipoly. solut finalemét de se retirer en la montagne,que les habitans du pays appellent Toganon;
Mufta la AmuratTalia incontinent enuelopper auec ses gens, qu'il départit Se ordonna tout
tr6"ùué caché ^ l'entour.ne plus ne moins que quand pour le déduit de la chaise,on fait vne enceinte de
envnhaiiier, toiles,au dedans dcsquelles on découple le vaultrey après quelque grand sanglier, qui
Arr^uTai"equi S Y e^ laisTé enfermer : Tout de mesme futà la parfin trouué le miscrable Mustapha,caché
îefauestran- dansvh hallier, Se amené envie à Amurat,quile fit sur la place estrangler en ù. presence.

âlamp1 k a^n^ ^z Pauurement^es i°urs > celuy qui par Tespace de trois ans auoit occupé l'Em-
pire des Turcs en l'Europe.
III. A v moyen dequoy Amurat, après auoir réduit à son obeylsanceFvne & l'autre terre-
ferme , fut proclamé de tous Empereur paisible desMusulmans : Se ne tarda depuis gue-
Amuratassie- res à faire l'entreprise de Sonstantinople > Se. h guerre contre les Grecs: enuoyant Mi-
geConstan- clialogly deuant 3 qui estoit Beglierbey de l'Europe. Cettuy-cy auec les gens de guerre
qu'il assembla en son Gouuernement,s'en alla faire vn raze és enuirons de la ville, puis
L'ordre &in- campa deuant:& Amurat y arriua incontinét après auec les lanissaires de sa garde,Se tous
stitution de les autres, qui ont aecoustmé de suiure quand il se fait vne armée Impériale. Il menoit
çbur du°U aun^ ^es §ens ^e gu^re de Y Asie: tellement que le logis de son armée comprenoit tout cét
Turc. , espace, qui est d'vn bras de mer iusques à l'autre. Or 1a Porte du Turc, qui est sa maifcn
Se suite ordinaire, est establie en Cette sorte. Il y a tousiours six mil hommes de pied, Se
aucunesfois bien dix mil, dont il a accoustumé de tirer ceux qu'il enuoye en garnison à
re?comment ^a oarc^^e ^*es f°rtercsses, Se en remet d'autres en leur place : Tous lesquels viennent des
éhiez. jeunes enfans qui sont pris Se enleuez de costé Se d'autre pour le seruice du Grand Sei-
gneur,

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