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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0149

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Amurat IL Liure cinquiesme, ni
encore bon, ils reprirent la route de leur pays, emmenans le Roy quant Se eux, tous bra-
ues Se enorgueillis d'vn si beau & excellent fait d'armes, Mais auant que d'entrer dans le 14 3 S*
port,Dorie deseendit en terre,pour en porter les premières nouuelles au Duc de Milan}& D
luy presenter le Roy, esperant d'en tirer vne bonne recompense. Il le receut auec le plai- semcïe ro£
sir Se contentement d'esprit qu'on peutiuger, ncantmoins ce fut fort honorablement,& dc Naples au
nelegardagueresqu'ilnelerenuoyastsain &:sauue: JDequoy les Geneuois furent siindi- hn. C Ml"
ernez qu'ils le mirent hors de leur ville, Se delà s'en allèrent asïieger la forterelse, qui Humanité de
leur fut rendue par composition; tellement qu'ils remirent sus le gouuernement ancien, ^inccaPrm"
comme nous auons dit, Se promeurent à la dignité de Duc Se Prince souuerain en iCelle, LesGeneuois
l'vn de leurs Citoyens,suiuant leur forme accoustumée. Aîphonse ayant estéainfi remis en pj1^1^ ^
liberté, &renuoyé quite en son Royaume, par le Duc de Milan, semonstra depuis toû- Un.
jours fort fidèle Se affe&ionné enuers luy ; sans iamais le refuser de cliose dont il le requist,
tant qu'il veseut.
C e Prince icy estant Roy d'Arragon, de Valence Se de Barcelonne, tres-belle &C riche XL
ville en la couxde Catalogne, ensemble des Mes de Sardaigne, Se de Corse, aborda incident
premièrement en Sicile, &c de là en Italie, & à Naples, dont il occupa fînalementle Ro^aïrrL
Royaume, lequel de tout temps Se ancienneté auoit esté compris entre les Nations d'Ita- gon, qui oc-
lie ; mais par traid de temps il vint sous l'obeissance des Roys de France qui le mettoient & ÇJc^apks
ès mains de tel Prince de leur sang que bon leur sembloit. Le pays commence au Cap
d'Ottrante, ésextremitez delaPoùille, anciennement dite laMesapie, de l'vn de ses Description
premiers Roys Mesapius, Se de ce costé-là s'eftendîe long de la mer Adriatique, co- jeNapYcs"10
stoyantà main droite le Duché de Berry , ^quiestvne contrée du tout Royale, Se bien */*•»« sf»yà
digne de ce nom là. Au de là de Gepanum où sont les Brutiens, autrement la terre de La--^'! e*~.
bour,il arriueiusquesàiavilledeGaiette,&àlasaincl:eCitédeRome, qui consine à ce fi etn'efi^uh
Royaume deuers Soleil couchant : mais au leuant il va atteindre Rhege, front à front de sfs' nUufion
la Sicile, là où se rencontre la Calabre, qu'on souloitappeller la grande Grèce. Ce sont * "m% fffi
les bornes, Se limites du Royaume de Naples, oùparmy la domination des François, il y ^uè^uefoi
eut vn Ladislaus qui y régna quelque temps, tres-riche Se puilTant Prince, lequel s'arma anthmtégra-
contre le reste de l'Italie, Se nommément les Florentins, qu'il alla aisieger en leur cité,&: la He'
pressa de si prés, que le peuplese voyant réduit à l'extrémité par la longueur Se sujection
du siege, fut contraint de parlementer, Se venir à coniposition de satisfaire Se obéir à touc
ce qu'il voudroit, pour auoir paix. Ceieune Prince addoucy de leurs prières Se humble
langage, demanda autre chose sinon la fille d'vn Bourgeois qui estoiteitimée la plus bel-
le créature de la ville, & de toute l'Italie encore; car Florence a d'ordinaire les plus belles
Se gratieuses Dames qui se trouuent point autre part ; ce qui venok bien à propos pour vn
Roy de complexion amoureuse, Se tant débordé après cette sorte de contentement, que
plus luy estoit la joiinîance de quelque desirée beauté, que la conqueste de tous les Em-
pires de la terre, combien qu'il ne laiCast pas pour cela d'estre vaillant de sa personne, Se
fort addonné aux armes : Au moyen dequoy les Florentins voyans l'humeur de l'homme
qui leur faisoit si bon marché du danger où il les auoit réduits, ordonnèrent incontinent
au pere d'amener sa fille, la plus proprement attirfée qu'il fut possible. Ce pere icy estoit A&ioa mes-
vn Médecin ( à ce que l'on dit) le plus excellent Se fameux de son temps, lequel eut à tel Jicatiuc dWss
regret Se contre-cœuf qu'on peut estimer, de se voir vn tel blasme Se dès-honneur à toute i talicn,i4i4
sa maison si bien qu'après auoir tenté tous les moyens de s'en exempter, Se voyant à la fin . ;
que c'estoitvn faire le faut, ilse resolutà vne chose bien eu1 range, Se quinepartoit pas ^J^heri
d'vn bas Se petit courage. Car auec du jus de ciguë, Se autres mortelles drogues, ilem- betm$rttRu*
pesa vncouure-ehef richement ouuré defild'or &desoye cramoisie, lequel il donna'
à sa fille, poyr s'en accommoder quand le Roy seroit auec elle, ce qu'elle fit : Car il n'eust
pasplustost destourné sa veuë sur cette beauté que la renommée ( disoit-il) auoit eux par
trop chiche de luy louer, que tout bouillant Se enssammé d'amour, sans remettre la chose
à de plus amples ceremonies,il voulut venir aux prises. Mais il n'eust pas esté plustosi: tou-
ché du couure chef, ainsi eschauffé qu'il estoit encore,que tout soudain le poison luy me-
ta au cœur, d'vne si grande promptitude Se action, qu'après auoir ietté quelques petites
gouttes d'vne sueur froide , comme pour vn dernier efsort de nature, il rendit ramceji-
tre les bras mesme de la Damoiselle, laquelle aussi expira bien tost après. Cet accident -
aduçnu siinopinément, son armée se trouuaen grand trouble &confusion, & se retira a-
la halle : Ainsifut la cité de Florence deliurée. lly atoutesfois des Italiens qui onteserit,
que ce ne fut pas le pere qui bralfa ce brouet3mais le Conseil propre de la vilie,apres auois
 
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