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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0177

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A murât IL Liure septiesme. ' L^p
Il y à aussi des Commi slaires des viurcs, qui ont la charge de pouruoir que l'armée n'en ait
point de disette, & en faire à cette fin venir de toutes parts, pour les distribuer aux gens ^
de guerre qui n'ont pas le moyen de traisner après eux vn si grand carnage, & aux grands ^ ^
auec, s'il en est besoin : comme quelquesfois il aduient en vnloingtain voyage. Mais ce CSmiisairei
qui est le plus beau à voir, est la magnificence des tentes &c pauillons, qui sont corn mu- dc;>ViUi:es-
nément au nombre de plus de dix ou douze mille, hautesseuez, merueilleusement super-
bes, toutainsi que si c'estoit quelque belle grande Cité, qui vint à vn instantà sourdre
sur la place, où n'agueresqn ne voyoit que la terre toute nue: Caries Turcs entre toutes
autres Nations que l'onsçache, sont fort curieux de se brauement loger à la campagne,
plus sans comparaison qu'ils ne sont à la paix dans les Villes. Mais pour retourner a nostre
propos, Amurat ne fit toute la nuiétauparauantquede donner l'assaut, tenir les Grec? en ^ufc ^Aml3-
continuelle alarme par ses inutiles Zarahorides, qui se faisoient tuer dans les fost.cz rat.
comme belles , les vns sur les autres, pour tousiours trauailler d'autant les ennemis, qui
se trouueroient puis après moins prompts & gaillards au besoin: pour mesnager fes gens
defaict, &les lailîerreposer cependant, afin de lesauoir plus frais & disposts. Mai? tout
aussi-tost que l'aube du iour commença d'apparoistre, il sit soudain sonner de toutes Assaut de
parts ses trompetes& atabales ( ce sont petits tabourins de cuivre foncez par l'vn des 1Istme-
bouts) auec tels autres instrumens de guerre, qui rendoient vn son horrible & espouucn-
tablepour les vns &pour les autres, sçachans bien que c'estoit vn adjournement & li-
gnai , pourenuoyer auant leursiours à la mort plusieurs milliers de viuans. Les Turcs
s'amasserent soudain de toutes parts à grandes trouppes sous leurs enseignes, pour aller
la testebaiiTée donner à l'endroit qui leur estoit ordonné &départy: Et Amurat de son Vaillance
costé auec les laniisaires de la Porte, se mit au beau milieu de ses gens rangez tous d'vn «l'Amurat;
front, qui comprenoit i'estenduë entière de la muraille depuis vnemer iusqu'àl'autre;
marchant de grands pas droit aufoste, oùilauoitdesiafiiic conduire vne insinie quanti-
té d'eschelles, 6c bracquer toutes les pièces d'artillerie sur le bord, dont il fît delascher
deux ou trois volées, cependant que ses gens gagnoient le pied de la muraille, tant pour
en oster aux Grecs la connoistance, par le moyen de la fumée que rendoient les pièces
& quelques artifices de feu entre-mesiezpaimy tout exprés, que pour lesempeseher de
comparoistre sur le rempart lors qu'on viendrait à planter les eschelles, &: monter à
mont. Car l'esfort de l'artillerie est tel, queriennepeutresisteràsonimpetuosité; & mes-
mement les choses dures 6c solides encore moins que ne font les molles qui cèdent 6c
obeïssent, comme des balles de laine ou de cotton,&semblables estosfes. L'empesche-
mentdoneques, Se resistancequepouuoientlà trouuer les IaniiTaireseneslans leuez , le
premier d'eux tous qui arriua en haut3 Se ce en la propre presence du grand Seigneur, fut
* Chiteres le Triballien , lequel estant venu aux mains auec ceux qui se presenterent ^fA" dtrt
pour les repousser, le rembarra fort brauement, &les tourna en fuite; donnant par ce
moyen loisir à ceux qui le suiuoient à la file, de prendre pied ferme sur le rempart, &: com-
battre plus à leur aise. Mais ceux de dedans perdirent incontinent courage; &r tout ny
plus ny moins que s'ils eusfentesté estonnez de quelque coup de foudre, qui leureust osté J^f1' dc*
&c lejugcment&r laveuë, quiterenttoutlà ; serenuersansSe culbutansles vns sur les au-
tres, en tel desordre Se confusion qu'ils s'accabloient eux-mesmes: si grande fut la srayeur
Se espouuentement, qu'ils concernent à la seule veuë du premier ennemy qui les alla
joindre de prés. Et faut bien dire que ce furent leurs péchez qui les aueuglerent à celle
sois, &leur osterent le sens; car ils combattoienten iieuauantageux, d'où s'ils eussent
eu tantsoitpeu de cœur, ils pouuoient aisément repousfer ceux, qui auec peine Se diffi-
culté très-grande, venoient du bas en haut contre eux. Mais leur longue oisiueté, leurs
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délices Se nonchaloir, Se sur tout faute d'expérience, celle qui nous asseure le plus es ^Jt?\us
grands Se douteux affaires, ne leur permirent de pouuoir rien diseerner de ce qui leur gereuseà sai-
cstoit propre, tant pour leur honneur & deuoir,que pour le salut Se conseruation de leurs va
vies, ains tournèrent le dos sans occasion quelconque: &s'estansainsiespouuentez d'eux- n'estia ^uec-
mesmes, etnpoiTonnèrent de leur laseheté les autres qui estoient derrière pour les seuste- re.
nir : tellement que de cette première poinefe, les laniisaires se firent maistres de la mu-
raille Se du rempart, cependant que d'ailleurs on sappoitparen bas,& qu'on enfonçoitbs
portes. Et tout ainsi qu vn impétueux torrent,qui a vne fois fauste tant soit peu la digue ou
leueequilarrestoit, nemetguerespuis après à renuerser&abattre le reste, & de là cl vne
furie espouuentable,sans plus trouuer de resistance s'épand à trauers les plaines Se campa-
gnes,rauiiïant quant Se luy i'esperance du pauure desolé laboureur; En semblable lesTurcs-
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