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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Übers.]; Artus, Thomas [Übers.]; Mézeray, François Eudes de [Übers.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0266
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$8 Aduertiiîement.
suiuy la mienne depuis laprise de Constantinople, & la conqueste du Peloponese,ou
Chalcondyle finit sous Mahomet sécond du nom, continuant les actions de ce Monar-
que, & le reste de l'Histoire des Turcs iusques à ce temps: Où on pourra remarquer qu'en-
cores que nous tenions les Turcs pour gens barbares, inciuils & sans esprit, qu'ils ont
toutesfois vne merueilleuse expérience en l'art militaire, vne grande conduite &:proui-
dence en leurs armées; vne incomparable fidélité Se obeïssance à leur Souuerain , & à
leurs Chefs; vne notable prudence, & vn grand ordre au maniement de leurs princi-
pales affaires j vne seuere Iustice en leurs négoces domestiques , & que les principales
colonnes qui soustiennent cette groiïe maiTe d'Empire, sont la punition & la recompen-
se de ceux qui ont mal-versé en leurs Charges, ou qui ont fait quelque a&e de vertu,
8c ce iusques à la moindre action.
On y verra aussi la vraye image de la Monarchie Romaine, principalement û* on en fait
le rapport au temps des anciens Empereurs Romains ,1a garde des IaniiTaires se rappor-
tant du tout à la garde Prétorienne, tant pour la force que pour le droicl: d'esle&ion des
Empereurs : carencorcs que les Monarques Turcs paruiennent par hérédité, & non par
eiledion, toutesfois comme ils sont ordinairement plusieurs frères, & qu'il n'y a point
enu'eux de droicl: d aisnesse, ains l'Empire appartenant au plus fort &: au plus fauorisé,les
IaniiTaires sont ceux qui font tomber la Couronne entre les mains de celuy qui leur est
le plus agréable. Quant aux Bassas, Beglierbeys, Saniacs & autres Chefs, ils sont com-
me les asfranchis des Princes, qui estoienc ordinairement esleuez aux plus grandes Char-
ges de cet Empire.
Les Romains se maintenoient aucc les Légionnaires qu'ils enuoyoient par les Prouin-
ces, ne faisans conte des places fortes, mais seulement des hommes : tout de mesme les
Turcs, qui à la Lacedemonienne ne se défendent que par les armes, & non par les mu-
railles : les Bassas ne sont-ils pas comme les Consuls & Proconsuls : les Beglierbeys, com-
me les Prêteurs : les Saniacs, comme les Gouuerneurs particuliers, les Chasnatarbasïi, les
Questeurs? Ne font-ils pas des Colonies, &: lesIanùTaires, & Timariots, ne sont-ce pas
leursLegionnairesîlesChaouxnerepresentent-ils pas les Licteurs? desquels encore on
se sert comme de Fecialiens, pour traicTer de la paix & de la guerre auec les Princes, si
respecTez par tout cet Empire, qu'il n'y a Basîa, Begîierbey, ou Saniac qui ne presente sa
teste pour estre couppée, quand ccux-cy en ont le commandement de l'Empereur, sans
qu'il soit besoin de plus grandes forces que d'vn seul homme : l'Empereur Turc se mon-
strant en cela plussouuerain en sonEmpire que n'estoit 1 Empereur Romain: car outre
ce qu'il est Seigneur de la terre, il a vn tel pouuoir de vie &C de mort sur ses subjets , qu'il
fait ordinairement mourir les plus grands &signalez personnages de sa domination, sans
forme ny figure de procez, &: sans qu'il s'en fasse la moindre rumeur, pour le moins cela
est il arriuéfort rarement, où au contraire on faisoit infinies conspirations contre les Ro-
mains. Ioint qu'il falloit qu'ils cnuoyassent vn Centenier auec des forces pour se défaire
de celuy qu'ils redoutoient : &: cettui-cy sans autre preparatif, n'a qu'à cnuoyer vnde ses
Chaoux pour luy en apporter la teste. Les Cadileschers, comme les Prêteurs vrbains : Et
le grand Vizir,bien qu'il ne soit pas en toutes choses comme le Pr<efec7u*prœtorio des Ro-
mains, &r que l'Aga, pour le commandement qu'il a sur les IaniiTaires, s'y rapporte pour
ce regard: toutesfois le souuerain pouuoir que ceux-là ont sous l'Empereur Turc, n'est
pas moindre que celuy de ceux-là sous l'Empereur Romain. Le Mofty se rapporte à
leur grand Pontife, tant pour auoir toute souueraineté sur les affaires de leur Religion,
que pour estre fort mésié dans les affaires de cet Estat : car bien sorment les Monarques
Turcs leur communiquent les choses plus importantes qu'ils veulent entreprendre : il
est vray que cet Empereur, comme i'ay dit, estant fort souuerain, l'autre s'accommode à
leur volonté, ce qui n'estoit pas ainsi du temps de la Republique Romaine : car c'estoit au
Pontife d'ordonner ce qui concernoit la Religion. Voilà pourquoy Auguste & ses siicces-
seurs se firent perpétuels grands Pontifes ; car sçachans combien la Religion a de pouuoir
sur lesesprits,&: les pernicieux prétextes qui se prennent ordinairement sous l'apparen-
ce de saincleté, ils se saisirent de l'authorité spirituelle aussi-bien que de la temporelle, &
l'annexèrent à leur dignité, ce qui n'est point necessaire au Turc, qui s'est gardé ce pou-
uoir de disposer de toutes choses pardclsus tout: il y a èncorplusieursautres rapports qui'
sepourroient faire sur ces deux Empires ; mais celase pourra iugerplus particulièrement
cy-apres.
Histoire au demeurant,qui pour estre moderne est fort embrouillée, & où la date
des
 
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