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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0311
Bajazet 11. Liure douziesme. 285
SON ELOGE, OV SOMMAIRE
DE SA VIE.
P E mortel poifon qui fie glijfe infienfiblement dans les efirits les plus rele-
uez, ér qui dans l'obsiurité des cœurs, ronge lesplus belles 'vertus : Ce cruel
tyran du repos, qui par Je s vanitez efiueille en fiursiaut les plus refioluSj &
dont les idées imaginaires inquiètent perpétuellement les plus nobles pen-
sées ; n'auoit garde de laïfsieren repos les deux srères Othomans, après le
trefpœs de M-ahomet, il falloit qu'au péril de leur Efiat, du fangde leurs
ftthjets de leur propre vie., ils visfient à qui demeurer oit la Souuerai-
neté de la Monarchie. Or par l'Ordonnance de f éternelle Prouidence, la Couronne efihcut à
Bajazet, lequel par la valeur de fin Bafsa Acomath>, défît fion frère Zizim en trois diuerfies
batailles, & le contraignit de fie retirer vers les Chrefiiens ; premièrement vers le Grand-
Maifitre de Rhodes, ou il fut quelque temps, & depuis enuoyé en France, & de la a Rome^fious
ks Papes Innocenté? Alexandre VI. qui le liura au Roy de France Charles VIII. il fut cm-
poifionné) comme on dit i& mourut a Tarracone. Durant les guerres que Bajazet eut contre
fion frère, on mit fin fis Corchutenfiaplace ^comme Empereur Jequelceda a fin pere la Sou-
veraineté ,fi-toftqu il futderetour :S'eftant doncrendu le Maiftredefion frerc^ il conqucsia U
Caramanie yér extermina la race des Caramans, fît vn grand dégafi en la Moldauie, où il prit
la ville de chillum auec le chafteau par la. trahi fion de Mamalac Chassellain, & celle de'J?rfon-
caftre\ ou Nestoralbe, Capitale de la Prouince. il fe voulut après var/ger des Egyptiens qui
auoientfiecouru fion frère, mais il sit sort mal fies affaires ? ayans toufiours eflé battu en fies
Lieutenans^ aux trois expéditions quil fît contr'eux , vn de fies Bajfias entr autres mené en
triomphe au Caire : Les Egyptiens saisians cependant vn grand dégasisur fies terres , auec la,
prifie des villes d'Adene & de Tharfie, £>auut Bassa asfujettit les Vaccensies, qui fe reuolterent
aufii-tofi, tandis que Bajazet traittoît auec les Chresiiens , pour saire empoifionner fion frère.
Le Prince £Aladeul s* esiaftt ligué auec l'Egyptien ?il en voulut prendre fia rai fin 7 mais ce fut
encores à ses desiens j car il perdit vne grande bataille contre ce Prince , aydé quil efioit de
fion allié': Défit les Hongres par la valeur d'vn fien Saniac > nommé Iacup? tandis que luy
acheuoit de dompter VAlbanie : Prit Lepanthe, Modon , Coron & lunque fur les Chrefiiens,
qu il désit en vn combat naval, comme en recompenfieles Vénitiens reconquirent fur luy CE-
gine \ & C ifle de Samotbrace :Toutesfoù ils furent Contraints de le rechercher de paix, & de
luy quitter Cl [le de siainsle Maure. Quelques feditieux qui senoient C opinion du Sophy de.
Perft], ayans'prislesarmes ^ sait vn grand dé gafi par toute la Natolie, & principalement à
Te\el kifialcaia ,&encores en la C ar amante, dé font le Beglierbey delà Prouince. il enuoya
contr'eux le Bafsa Haly >quinefiçaehant pasvfier de fion bon-heur ^perditfon aduantage auec-
ques fa vie > & donna lieu àfes ennemis défie retirer en lieu de fieureté: T outesfois le Sophy de
Perfe en prit la vengeance pour Bajazet, les f ai fiant tous tailler en pièces. Finalement la der-
nière bataille qu il liura, ce fut contre fin propre fils Selims de laquelle il obtint la victoire^
mais non pas de la difiute quil eut contre les Iantfsa ires, voulant refigner l'Empire à fion fils
Achmet\ quilaymoit» car ils le contraignirent de quitter le Sceptre & fies trefirs entre les
mains de Selim^qu'ilbaïfsoit* Tantquilregna^ ceux-cy luy furent toufiours contraires, &
faifiient atow propos quelquefidition; trois entr autres fort notables : L'vne, quand ils luy
tirèrent de force la nui cl dansfonSerraille Basfa Achmet, quil vouloit faire mourir: Vautre,
'quand'tl eut defseinde les exterminerqu'ils firent bandeapart Je quittans-la : Et la troi°~
fit fine, quand auec toutes fortes de menaces & d'infiolcnces, ils le sorcèrent de renoncer a l'Em-
pire : Il euthuislfils, trois qui moururent'deuaritluy de leurmort naturelle , deux quil fit cm-
poifonner&les trois qui résèrent Selimjeplusjeune Je fit mourir^ puis après fies deux frères,
asiauoir Achmet&Cor chut, Prince d'vnefiprït afsez pefiant,& du tout porté a Coyfiueté & &
la volupté: On dit toutes fois qu'ilesioit addonné a Cefiude,&fur tout a la teilure d'Aucrrocs:
Mais quoy que ce foit yfa négligence au maniement défies asfaires 3 apporta de grands troubles en
fin Efiat^chacun fi licenciant défaireaj'afantaifie >&saifant mille mjufiices■ &extortions,
qui luy acquirent Umal-veillance défis fubjets? & donna vn prétexte aux larnfsaires dési
Xa iiij
SON ELOGE, OV SOMMAIRE
DE SA VIE.
P E mortel poifon qui fie glijfe infienfiblement dans les efirits les plus rele-
uez, ér qui dans l'obsiurité des cœurs, ronge lesplus belles 'vertus : Ce cruel
tyran du repos, qui par Je s vanitez efiueille en fiursiaut les plus refioluSj &
dont les idées imaginaires inquiètent perpétuellement les plus nobles pen-
sées ; n'auoit garde de laïfsieren repos les deux srères Othomans, après le
trefpœs de M-ahomet, il falloit qu'au péril de leur Efiat, du fangde leurs
ftthjets de leur propre vie., ils visfient à qui demeurer oit la Souuerai-
neté de la Monarchie. Or par l'Ordonnance de f éternelle Prouidence, la Couronne efihcut à
Bajazet, lequel par la valeur de fin Bafsa Acomath>, défît fion frère Zizim en trois diuerfies
batailles, & le contraignit de fie retirer vers les Chrefiiens ; premièrement vers le Grand-
Maifitre de Rhodes, ou il fut quelque temps, & depuis enuoyé en France, & de la a Rome^fious
ks Papes Innocenté? Alexandre VI. qui le liura au Roy de France Charles VIII. il fut cm-
poifionné) comme on dit i& mourut a Tarracone. Durant les guerres que Bajazet eut contre
fion frère, on mit fin fis Corchutenfiaplace ^comme Empereur Jequelceda a fin pere la Sou-
veraineté ,fi-toftqu il futderetour :S'eftant doncrendu le Maiftredefion frerc^ il conqucsia U
Caramanie yér extermina la race des Caramans, fît vn grand dégafi en la Moldauie, où il prit
la ville de chillum auec le chafteau par la. trahi fion de Mamalac Chassellain, & celle de'J?rfon-
caftre\ ou Nestoralbe, Capitale de la Prouince. il fe voulut après var/ger des Egyptiens qui
auoientfiecouru fion frère, mais il sit sort mal fies affaires ? ayans toufiours eflé battu en fies
Lieutenans^ aux trois expéditions quil fît contr'eux , vn de fies Bajfias entr autres mené en
triomphe au Caire : Les Egyptiens saisians cependant vn grand dégasisur fies terres , auec la,
prifie des villes d'Adene & de Tharfie, £>auut Bassa asfujettit les Vaccensies, qui fe reuolterent
aufii-tofi, tandis que Bajazet traittoît auec les Chresiiens , pour saire empoifionner fion frère.
Le Prince £Aladeul s* esiaftt ligué auec l'Egyptien ?il en voulut prendre fia rai fin 7 mais ce fut
encores à ses desiens j car il perdit vne grande bataille contre ce Prince , aydé quil efioit de
fion allié': Défit les Hongres par la valeur d'vn fien Saniac > nommé Iacup? tandis que luy
acheuoit de dompter VAlbanie : Prit Lepanthe, Modon , Coron & lunque fur les Chrefiiens,
qu il désit en vn combat naval, comme en recompenfieles Vénitiens reconquirent fur luy CE-
gine \ & C ifle de Samotbrace :Toutesfoù ils furent Contraints de le rechercher de paix, & de
luy quitter Cl [le de siainsle Maure. Quelques feditieux qui senoient C opinion du Sophy de.
Perft], ayans'prislesarmes ^ sait vn grand dé gafi par toute la Natolie, & principalement à
Te\el kifialcaia ,&encores en la C ar amante, dé font le Beglierbey delà Prouince. il enuoya
contr'eux le Bafsa Haly >quinefiçaehant pasvfier de fion bon-heur ^perditfon aduantage auec-
ques fa vie > & donna lieu àfes ennemis défie retirer en lieu de fieureté: T outesfois le Sophy de
Perfe en prit la vengeance pour Bajazet, les f ai fiant tous tailler en pièces. Finalement la der-
nière bataille qu il liura, ce fut contre fin propre fils Selims de laquelle il obtint la victoire^
mais non pas de la difiute quil eut contre les Iantfsa ires, voulant refigner l'Empire à fion fils
Achmet\ quilaymoit» car ils le contraignirent de quitter le Sceptre & fies trefirs entre les
mains de Selim^qu'ilbaïfsoit* Tantquilregna^ ceux-cy luy furent toufiours contraires, &
faifiient atow propos quelquefidition; trois entr autres fort notables : L'vne, quand ils luy
tirèrent de force la nui cl dansfonSerraille Basfa Achmet, quil vouloit faire mourir: Vautre,
'quand'tl eut defseinde les exterminerqu'ils firent bandeapart Je quittans-la : Et la troi°~
fit fine, quand auec toutes fortes de menaces & d'infiolcnces, ils le sorcèrent de renoncer a l'Em-
pire : Il euthuislfils, trois qui moururent'deuaritluy de leurmort naturelle , deux quil fit cm-
poifonner&les trois qui résèrent Selimjeplusjeune Je fit mourir^ puis après fies deux frères,
asiauoir Achmet&Cor chut, Prince d'vnefiprït afsez pefiant,& du tout porté a Coyfiueté & &
la volupté: On dit toutes fois qu'ilesioit addonné a Cefiude,&fur tout a la teilure d'Aucrrocs:
Mais quoy que ce foit yfa négligence au maniement défies asfaires 3 apporta de grands troubles en
fin Efiat^chacun fi licenciant défaireaj'afantaifie >&saifant mille mjufiices■ &extortions,
qui luy acquirent Umal-veillance défis fubjets? & donna vn prétexte aux larnfsaires dési
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