Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0364

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
Mi , Histoirc des Turcs 5
^ demanda s'il esloit en voîonréde la prendre ce matin, ou bien d'attendre an leddem&îrK
J Bajazet quin'eust iamais penlé que son Médecin luy eust voulu joiier d'vn tour si lasche
Bajazet mcschant ,luy dist qu'il esloit content, & là-dessus le Médecin la luy ayant apportée.,
empoison- en fit l'eiîay sélon lacoustume , mais cela n'auoit garde de luy faire mal {s'estantpreala-
Medecin°n élément muny d'vn contre- poison, & le pauure Prince l'ayant prise,le perfide Iuif com-
manda aux valets de chambre de ne luy bailler point du tout à boire , mais seulement
chis^mi- qu'ils le couurifîent bien,iusquesàce qu'il peust suer. Cela fait, luy qui sçauoit la vertu
fc vers Se- de cepoison estre tel que Bajazetn'en releueroit iamais, s'en vint hastiuementà Con.
fï'twn- ^antmople,enaduertirSelim,sattendantdereceuoirdeluy vneamplerecompense.
cher k te- M Aïs Selim iugeant que si l'occasion se presentoit > ou que q uelqu'vn luy ofFrist de
l'argent pour l'inciter à l'empoisonner, qui luy en pouuoit faire bien autant, comman-
da sur l'heure mesme, qu'on luy coupait, la teste* digne recompense de sa dessoyale mes-
chanceté. Voila comment cet infortuné Empereur, ayant miîèrablement languy quel-
ques heures, rendit l'espritparmy de très-grandes douleurs, l'an de grâce mil cinq cens
douze, & de Mahomet neuf cens dix-huid, le dix-septiesme iourdumois de Safarou
Sefer, c'est nostre mois d'O&obrej seant à Rome le Pape Iules second,en France le Roy
Louysdouziesme , en Allemagne l'Empereur Maximilian, &. lors que se donnoit, sélon
quelques-vns, la bataille de Rauenne, ayant veseu près de quatre-vingts ans, & régné
trente 6c quelque peu dauantage. Queiques-vns encores ont dit qu'il estoit mort de
vieillesTe, &: de longue maladie, plus atténué toutesfois d'ennuis qued'aage : neantmoins
Paul loue dit qu'Antonio d'Vtry Ligurien qui estoit de sa chambrera eserit quelques
commentaires de ces choses au Pape Léon, &: dit qiùl luy recitoit quelquesfois qu'il ap-
perceut en son corps des signes indubitables de poison, lors qu'il expiroit. Prince plus
addonné au repos qu'au trauail, êcài'estude qu'à la guerre : ausiî dit-on qu'il auoit soi-
gneusementestudié sôn Auerroës,aux subtilitez duquel il estoit fort versé. Son rep-ne a
esté fort tragique, car dés le commencement lasouueraine authorité auoit esté long-
temps en bransse à qui elle demeureroitàsonfrere ou à luy. Depuis il y eutpiusieurs en-
treprisessurson Estat, ôt des prattiques entre les siens : de sorte qu'il fut contraint d'en
venir à la cruauté, voire mesmes contre ses propres enfans : &: de ceux qui luy relièrent,
encores n'en fut-il point aymé,celuy qu'ilfauorisoit le plus, s'estant sélon quelques-vns,
reuolté contre luy : & le dernier de tous, qui le deposTeda non seulement de l'Empire,
mais qui le priua de vie, & par ce moyen le Prince le plus mal-heureux de la race des
Othomans, car il ne pût s'acquérir labien-veillance de ses sujets,quisé bandèrent con=^
tre luy à la fin de sesiours, & luy firent quitter l'Empire, qu'ils penserent renuerser par
leurs fa&ions, ny se conseruer Pauthorité &: l'amitié de ses propres enfans, ayant fin y;
tragiquement sa vie. Ses guerres furent la pluspart conduites par ses Lieutenans, qui fu-
rentassez mal-heureux en toutes leurs entreprises, excepté contre les Chrestiens, mais
leur Empereur fut heureux en cela, qu'encore que ses ennemis£uiîent de Taduantage sur
luy, ils le recherchèrent toutesfois tousiours de paix, n'en ayant point trouué de plus
dangereux à combatre que ses domestiquesXes Chrestiens eurent deson temps quelque
relasche, car comme il estoit homme pacifique i s'il entreprit quelque chose contre eux,
c'estoit plus pour contenter les liens &; en son corps defFendant,que pour desir qu'il eust
de guerroyer.
Cevx qui le conduisoient à Dimostique, le ramenèrent après sa mort à Constanti-
nople,oùsonfils Selim le fit magnifiquement inhumer en la Zume ou Temple de son
nom, proche de Plmaret ou Hospital qu'il auoit fait bastirdeson viuant,où Paul loue
dit qu'il establist des feux perpétuels, &, vne sepulture d'ouurage fort superbe & magni-
fique, afin que luy qu'il auoit priué de la Seigneurie ôcdela vie ,ne semblast aiuTiluy en-»
liier les derniers honneurs,

FIN DV DOV ZI ES M E LIVRE,

CONSIDERATIONS
 
Annotationen