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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0706

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67$ Histoire des Turcs,




DE L'HISTOIRE
ES TVRCS.


1^66.
Ne mauuaise inclination ne peut estre que fore disficilement corrigée
par instrudion , si elle n'est particulièrement assîstce d'enhauc , encore
moins si laparesse est conjointe à la malice : car cette- cy aneaLitit & cor-
~$J*^i^$ rompt ce qui reste encore de la bonté du naturel, elle fait en l'homme ce
Partsscioin- S^^'^^S^ que la fourmis fait au grain ; car tout ainii qu'elle ronge le germe , qui e&
rcàiamaii au cœur d'iceluy, ôc puis le cache en terre, craignant que s'il venoitàges-
cc, fait en mer jj prjc croj(sance & iuy fust inutile: ainsi la paresfe ronge au cœur de l'homme le eer-
cjuciafour- nie des vertus, & cacheta renommée dans les ténèbres d!vn perpétuel oubly, rendant ce-
mis fait au ]Uy qu'elle possede^idonné à toutes sortes de voluptez, & le plus souuent à la gourmandi-
gliun' se, afin que de son viuant mesme il ayt précédé son trespas, se veautrant en délices & de-
meurant en sa maison comme dedans vn tombeau,quoy qu'à l'entrée de la porte son nom
I. soitgraué sur quelque marbre fort précieux , disoitvndes plus iudicieux de l'antiquité.
Telles estoient toutesfois les mœurs&les inclinations de l'Ochoman dont nous voulons
^sdera- c^crue ^a Vie: dequoy iene me^puisassez émerueiller, comment Soîyman, Prince si iu-
tiôssur l'af- dicieux, s asfectionna particulièrement à son fils Selim, veu que Mustapha & Baiazec
ftéHô par- estoient si accomplissant pour les armes que pour les bonnes mœurs : car de dire que cela,
Soîyman^ soij'arriué pour auoirestépreuenu par ses artifices, &qu'il se soit déguisé du viuant de
porroità son pere, on a pu voir cy-deuant les bruits qui couroient de luy. Dedireaussi que ce soiC
Sehm. par quelque amour tendre qu'il ait esté porté à cette particulière bien-veillance, la force
magnanime de son naturel letiroithors de ces palsions vulgaires, &luy qui auoit vne in-
clination naturelle au bien, deuoit, ce semble, s'asfectionner bien plustoltà ceux qui Iuy
estoientsemblables : aussi y auroit-il grande raison de penser qu'ill'afaiten partie pour la
ialousie de la Royauté,de crainte que les perfections des autres fulTent cause de quelques
remuëmenSj& de le dépouiller de son Empire: si on ne veut dire,que connoissanten fond
les dissolutions, faineantise & cruautez de cettui-cy, il cherchoit peut-eitre en cela,
quelque occasion de gloire 3 afin d'estre honoré dauantage par vne si esfrange comparai-
son.
Lors doneques que Selim receut les nouuelles de la mort de son pere,qui luy auoiens
esté mandées par le Bassa Mahomet, il estoit/elon quelques-vns, à SaraïsTa, trois iournées
loin deConstantinopîe,en vn lieu die Cbrefredy, qui appartenoit àSinanBassa, d'où il
partit en diligence le dix-septiesme de Septembre pour venir à Constantinople,auecques
ce peu de gens qu'il pouuoitauoir lors quant & soy : Scender Bassa qui gouuernoit pour
îors à Constantinople,auoit esté aduerty searettementdctout,&auoit fort bien celé cet*
te mort;si que tout estoit en grande paumais il craignoit que le temps qui découure tou-
Selim vient tes choses , n'appt^st aux IanisTaires cequ*il vouloir tenir secret. Comme on seeut donc-
tioopif3"" ques qu'il approchoit, le Bostangi-Bassi, qui a ordinairement la garde du Serrail, alla au
deuantde luy auecques le galion Impérial, &: l'introduisit dans le Serrail, au fîege de ses
tnaieurs, & aussi-tost on commençai crier par la ville : jgue kame du grand Empereur Sul-
tan

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