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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0772

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744 Histoire des Turcs,
Constantinop^e,qui leur en manda les particularitez,sans toutesfois qu*ils s'en émeusTent
beaucoup , s'imaginans que tout cela n'estoit que des faux bruits, 8c voulans se seruir de
la prudence au lieu de la forcer de la vigilance,ils selaisserent perdre à vne certaine non-
chalance qui ruina leurs affaires. Mais n'auez-vous pas remarqué en cette Histoire, que
tout ainsi qu'ils auoientesté negligens à la gouuerner, 8c chastier les excezqui se com-
mettaient par les Grands du pays, que cette mesme négligence les perdit quand se vintà
laconseruer,&;fit que leglaiue ayant commencé aux citez,acheuaaux principaux, &de-
osee h. uora leurs Chefs,dit le Prophete,comme il se vid dans le chasteau de Nicotie, 8c depuis à
vcr£ 6, Famagoste, par la mort du généreux Bragadin. Admirable traist de la Iustice du Tout-
puissant, qui nous chastie ordinairement par la chosemesme que nous auons offencée;
car ce n'estoit pas par impuissance ou par faute de nauoir pas toutes choses préparées, ils
auoientvne belle &puissante armée, par le moyen de laquelle, s'ils ne pouuoient comba-
tre leur ennemy,au moins auoient-ils moyen de raffraisehir les asfiegez,&: les pouruoir de
toutes choses en telle abondance, qu'ils eussent bien donné des affaires aux'assiegeans, 8C
eussent donné temps de les pouuousecourir, quand les forces delà Ligue eusfent este as-
sernblées.
En quoy donc se pourroiêt-ils plaindre,puis que c'est leur seule faute,si les choses n'ont
pas tourné à leur aduantage ? car pour le droit, il n'estoit pas si liquide pour les Vénitiens
qu'on ne leur eust peu debatre^le meilleur titre estoit vne posseslîon de quatre-vingts ans,
auec vne bonne espée,de laquelle si la pointe estoit rebroussée,la diuine Prouidence n'ea
doit point estre accusée;pour auoir permis que les Turcs soient demeurez les vainqueurs,
puis que par la débauche , les délices Se la tyrannie qui regnoit par tout ce Royaume, les
habitans s'estoient rendus indignes demisericorde , 8cque par droitles Turcs iouyssans
pour îors desRoyaumes de Ierusalem & Sultanie d'Egypte,desquels cettui-cy dependoit,
s'ils le pouuoient conquerir,comme ils auoientfait les autres, on leur en laisseroit aussi la
posTcsfion, sélon les loix de la domination,qui veulent que le plus fort cède au plus foibîe.
Mais pourquoy deuoit-on fauoriser ceux qui ne se pouuoient pas bien faire à eux-mes-
mes?a îoir vne si puisTante armée comme estoit celle delà Ligue lors de laprise deNicotie,
&; ne s'estre mis en aucun deuoir , ny delarecouurer,ny de garder le reste de slsle^ny de
combatre leur enneiny.ains au contraire estre venu mouiller i'anchre presque tout con-
, tre uv , sans l'oser affronter, & se retirer sans rien faire: comme si Nicotie pnseil n'y eust
plus rien à faire pour eux. comme disoient les Espagnols,&: comme si de grandes forces se
fu senrassemblées pour la conseruation de cette seule ville,& non pas pour le bien de tou-
te Tille,voire de toute la Chrestientéiil n'y auoit donc rien déplus iuste, que de leurlaisser
pet «ire ce qu'ils ne vouloient pas conseruer.
Mais asin encore de leur oster suiet de plainte, &: quenonobstant tous leurs crimes,ie
parle des Chrestiensen gênerai, 8i principalement à ceux de cette armée, le tres-mise-
ricordieux Seigneur voulant leur liurer leur ennemy entre les mains pour en faire à sa vo-
lonté:queu>ceque sa toute-puissante Bonté n'a pointfait poureux,veu leur diuision,leut
amb;tion,&; leur peu de resolution? qui le croira, que des gens qui se disoient si Zelez&sï
affectionnez au seruice deceîuy quia dit qu'il estoit doux 8c humble de cœur, 8c qu'ils
n'auoient les armes en main que pour deffendresaquerele, lesayent bien souuent quit-
tées,ou pour le moins très-mal employées,pour nesepouuoir accorder pour leurs rangs.,
chacun voulant précéder son compagnon neantmoins il n'est que trop véritable, com-
me il s'est peu voir par toute cette Histoire : toutesfois tout bon-heur ne lai/Tapas de leur
•arriuer j car le grand Di£V des armées auoit appelle l'eau 8c l'air pour donner à ceux qui
se disoient combatre pour son saint Nom, vne victoire digne de sa Maiesté 8c de sa toute-
puissante Grandeur,qui feroit honte à toutes les batailles nauales des siecles passez, 8c qui
îeroit aux futurs vne glorieuse 8c éternelle mémoire, aydantmesme auant que d'en estre
prié.
Cael d'où pouuoit venir cette sainte inspiration Ci à propos,qui vint aux Chefs lanui£t
de deuant la bataille , pour s'oster du port de la vallée d'Alexandre, auquel si l'arméefust:
demeurée , elle estoit perdue infailliblement, sinon cette diuine Prouidence, qui veille
pour nostre salut au plus profond de nostre sommeil? Mais alors que tant les Chefs que les
soldats oublians leurs riottes, leurs vanitez , 8c toute la confiance qu'ils auoient mise ea
leur puiilance,quâd ils virent toutes choses fauoriser leurs ennemis,& que tout d'vn cœur
&: d'vne sin cere affection ils élancèrent leurs souspirs iusques auThrône de sa diuine Hau-
feifej ea laquelle ils auoientmis toute leur esperance y alors sentirenc-ils incontinent
combien

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