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Laonicus <Chalcocondyles>; Vigenère, Blaise de [Transl.]; Artus, Thomas [Transl.]; Mézeray, François Eudes de [Transl.]
L' Histoire De La Decadence De L'Empire Grec Et Establissement De Celvy des Turcs (Band 1) — 1662

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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0779
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'Àmurath III* Liure seiziesmè. 75^
O R vne des choses qui le touchoit le plus alors, estoit le secôurs que le$ Polonnois isjs
auoient donné au Vaiuode de Moldauie: car encore que toute la Prouince ne l'eustpas-—
secouru, &: qu'il n'y eust eu que les Kosaques,toutesfois il ne lâiisa pas de faire entrer vne
armée de Tartares sur les frontières de Pologne vers laRuslie, iusques au nombre de
centmille, qui rauagerent plus dé trente lieuës de pais, brûlans deux cens chasteaux&:
maisonsdeGentils-hommes,plusieurs villageSjmasTacrans les plus vieux & les plus ieu-
nés, & emmenans vn bon nombre de prisonniers auec Vn merueilleux butin ; mais ils
furent poursuiuis de si près par les Polonnois, qu'ils leur rendirent la pareille : car ceux-
-cy se retirans comme vainqueurs, & comme gens qui n'auoient aucune deniance3farent
pris en desordre & taillez en pieces,leurs ennemis recouurans leur butin &c la meilleure
partie de leurs prisonniers.
Tovt au commencement du règne d'Amurath, les AmbaiTadeurs des Princes qui
sont d'ordinaireà la Porte des Empereurs Turcs, vinrent faire leurs complimens accou- Grand ho-
stumez, mais le Roy de Perse entr'autres, y enuoya vne Amba/Tade fort célèbre : car on :lcur. fa£ a
dit qu il y auoit deux cens cheuaux en la troupe,& qu il zkxqic cinq cens ducats a depen- deur des
ser par iour. La réception qu'on luy fit,fut aussi très-magnifique: car on enuoya Vlichia- ^ ers^A<.
li au deuantdeluy auec vingt-Cinq galères iusques à Scutari,dans lesquelles les tables à°constan-
estoientdreiTées, de sorte que tandis qu'on le paisoit de TAsie en Europe, on luy faisoit «nopic.
festin. A la deseente j l'Âga des Ianissaires le fut receuoir en personne, honneur qui sc
fait très-rarement, & depuis le port iusques à son logis, les rues estoient bordées de Ia-
nissaires j les BasTas le traitèrent après chacun en particulier. Or les Seigneurs Otho-
jnans quand ils ont enuie de faire voir la pompe & la magnificence de leur Cour, ont
accoustumé de feindre d aller à la chalTe, où ils sont trois ou quatre iours, puis à leur re-
tour on leur fait vne forme d'entrée où leur garde sont redoublées, & leur suite parce
fort superbement>& Amurath qui auoit enuie de faire voir cette pompe à cét Ambas-
sadeur^s'en alla à lachalîe incontinent après son arriuée, au retour de laquelle on luy fit
vne fort somptueuse entrée. Cét A mbasTade estoit enuoyé exprés pour renouueller les
anciennes alliances, ce qu'ils firent aussi, mais celanefutpas de longue durée.
Alors regnoit en Perse Mahomet Hodebande fils de Tachmas &c frère d'îsmael au-
quel cettuy-ey auoit succedé,encore qu il fustaueugle.Or du temps de Selim, Abdalla-
bcgSanjag s'estoit retiré sous la protedion du Persien : Selim l'auoit toutesfois fait re-
tourner, sous l'asseurance de ses promesses. Mais quand Amurath fut venu à l'Empire , il premjerc
le fit décapiter auec tous ceux de sa suite, cela fut vne des causesde la guerre, les Perses çaesc de la
tenans cela à vn grand mespris qu'on auoit fait d'eux, dauoirfait mourir vn homme qui des
s'estoit mis en leur protection, & qu'ils auoient deliuré, abusez par les belles promesses
qu'on leu r auoit faites. Il esl vray que la guerre ne commença pas si tost: car elle n'aduint
qu'en l'an mil cinq cens septante huict. Mais cependant Amurath voulant donner vne
impression de soy,qu'il seroit Prince adonné à la guerre,commanda àViichiali de mettre
sus vne pui siante armée de mer : ce qui donna bien àpenserà tous lesPrinces Chrestiens
ses vôisins,& principalement aux Vénitiens, craignansque cét appareil de guerre nefust
pour marcher contre eux : c'est pourquoy chacun de son costé se mit à fortifier ses con-
trées, les maritimes principalement. Mais la ville de Constantinople fut tellement affli-
gée de peste &c de famine tout ensembîe, qu'elle leur fit perdre vne partie de la peur,
l'Empereur Turc estant contraint de quitter toutes les pensées de la guerre, pour remé-
dier aux pertes & dommages qu'enduroitla capitale ville de son Empire.
Tovt es fois pour confirmer l'opinion qu'on auoit eue de ses nouuelles entreprises, il ^cnl?"
commanda que les garnisons qu'il auoit enHongrie auxfrontieres de rEmpereur,eussent Hongrie,
à rauager ses terres, la trefve n'estant point encore ratifiée entre eux,& de fait ils prirent
plusieurs chasteaux, &: emmenèrent vn fort grand nombre de prisonniers • dequoy se
plaignant l'A mbasTadeur de l'Empereur à Amurath au nom de son maistre,de ce que -
pendant la promesse de vouloir continuer la trefve,on luy faisoit la guerre ouuerte,Il luy
fit respondre que si son maistre vouloir auoir trefve auec luy, il se resolut de luy payer
tribut, autrement qu'il marcheroit en personne pour le ruiner. Or outre ce que ce Prin-
ce estoit fort haut à la main,Se qui croyoit que tous les autres Princes luy deuoient ren-
dre l'hommage, il y auoit encore vne raison particulière : car Maximihan estoit du nom-
bre des poursuiuans au Royaume de Pologne , ce que l'Empereur Turc ne desiroit en
façon du monde, pour la haine héréditaire qui est entre les maisons d'Austriche &: des
Ottomans, si bien que cettuy-cy ne le vouloir point pour voism : c'est pourquoy il çak
 
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