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https://doi.org/10.11588/diglit.9068#0836
sk Histoire des Turcs,
LIVRE DIXSEPTIESME
DE L'HISTOIRE
DES TVRCS.
_. ^^^^^^^s E cruel sséau delà vie humaine, ce fantosme sans figure, qui prend son
T, ^S^^^^^M e^re en l'imaginationjôç: sa forme en vneidée persuasiue, qui mortel en-
nc'my delà raison&:delaprudence,atyranniquementvsurpc leur Empi-
re,se îled sur le thrône de leur domination, donnant mouuemcnt à touc
sans niouuoir. L'opinion, dis-ie,qu'on a des choses, plustoft sélon nostre
fantaisie, que sélon leur realité, auoit imprime dans les esprits des Chre-
sfcienSjVne telle terreur du nom de Mahomet, qu'au bruit de la mort d'A-
murath,& que l'Empire deuoit tomber entre les mains de Mahomet son fils aisné troisié-
me du nom,le souuenir de ce nom infauste &c malencontreux à toute la Chrestientc , îeuE
causavn tel estonnement,qu'ils pensoient désia leurs affaires dcsesperées,&: qu'ilsauroient
beaucoup à souffrir sous ce Prince, qu'ils iugeoient fort belliqueux & fort cruel. Quant
auxTurcs,ilsn'auoientpas moindre apprehélionrcar ilsxra:gnoicntgrandement;quctou£
ainsi que la ville deConstantinople a tiré sa grandeur d'vn Constantin,&: que depuis ellea
esté prise & destruite sous vn autre Constantin,&: comme l'Empire Romain a commença
principalement desseurir sous vn Auguste, &:àsscstrir & décliner, voire s'en aller du touc
en décadence sous vnautreAuguste.de mesme que cette ville de Constantinople cée
Empire Grec,conquestez par vn Mahomet,deust auiTisc ruiner & destruire sous vn autre
Mahomet, les vns & les autres toutesfois furent trompez en leurs imaginations.
Et «quantaux Chrestiens, il y auoit quelque apparence à leur crainte : car ce Princo
Mahomet* e^olt naturellement industrieux & cruel; maispar accident il deuint mol, timide, & touc
îepresenté. lasche & efFeminé5ambitieux encore,^: qui du viuantde son pere auoit fait plusieurs des-
seins sur son£stat3mesme dés son bas âge il cômençoit à luy cstre redoutable-.car estant sé-
lon lacoustume renfermé dans le Serrail,il auoitpris en haincNasuf Aga,plusparvne ia-
lousie des faueurs que son pere Amurath faisoit à cettui-cy^que pour aucun déplaisir quo
l'autre luy eust fait, si bien qu'il espia tellement ses actions, qu'ayant pris garde qu'il en-
uoyoit tous les iours hors duSerrail vn panier de sseurs,il s'imaginoit qu'il faisoic transpor-
ter sous ces sseurs quelque chose de plus grande importance , si qu'vn matin ayant arresté
par force celuy qui les portoit^il espandit les sseurs par terre, & ayant trouué que le panier
AmuratK e^olt remply d'or,il le défera à son pere,luy remoutrant qu'il estoit moins fauorisé que ses
entre en Esclaues, puis qu'ils abondoient en ce qui luy estoit dénié, son pere Ce montrant auare en.
deffiance son endroit, de sorte qu'ils auoient souuent des picques , donnantainsi tous les iours de
de Ion fils r i i r ■ '
Mahomet, nouuelles occauons de crainte & de loupçon.
Cela futcauseque son pere le fit cinconcire,comme vous auez entendu au Liure pré-
cèdent; après laquelle Circoncision,sans tarder dauantage, iH'enuoyaenMagnesie,qu'il
luy asiigna pour demeure & pour Gouuerneur, où il ne fut pas si-tost arriué, que cet es-
prit qui nerespiroit que le sang,s'exerça à toutes sortes de cruautez: on en conte d'estran-
Ouautezde geSjCntr'autres d'auoirfait arracher les mammellesà des femmes auec des tenailles de
Mahomet, fer toutes ronges : vne autre fois il fit très-cruellement mourir deux mille Sophy, (c'est
à direescholiers ) pource seulement qu'ils auoient démontré des signes de quelquespen-
sées moins pudiques qurils ne deuoient en son endroit ,non seulement ceux-là: mais
plusieurs autres, lesquelsil faisoit mourir pour de* occasions tres-4egeres, se montrant
Naturel uc
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LIVRE DIXSEPTIESME
DE L'HISTOIRE
DES TVRCS.
_. ^^^^^^^s E cruel sséau delà vie humaine, ce fantosme sans figure, qui prend son
T, ^S^^^^^M e^re en l'imaginationjôç: sa forme en vneidée persuasiue, qui mortel en-
nc'my delà raison&:delaprudence,atyranniquementvsurpc leur Empi-
re,se îled sur le thrône de leur domination, donnant mouuemcnt à touc
sans niouuoir. L'opinion, dis-ie,qu'on a des choses, plustoft sélon nostre
fantaisie, que sélon leur realité, auoit imprime dans les esprits des Chre-
sfcienSjVne telle terreur du nom de Mahomet, qu'au bruit de la mort d'A-
murath,& que l'Empire deuoit tomber entre les mains de Mahomet son fils aisné troisié-
me du nom,le souuenir de ce nom infauste &c malencontreux à toute la Chrestientc , îeuE
causavn tel estonnement,qu'ils pensoient désia leurs affaires dcsesperées,&: qu'ilsauroient
beaucoup à souffrir sous ce Prince, qu'ils iugeoient fort belliqueux & fort cruel. Quant
auxTurcs,ilsn'auoientpas moindre apprehélionrcar ilsxra:gnoicntgrandement;quctou£
ainsi que la ville deConstantinople a tiré sa grandeur d'vn Constantin,&: que depuis ellea
esté prise & destruite sous vn autre Constantin,&: comme l'Empire Romain a commença
principalement desseurir sous vn Auguste, &:àsscstrir & décliner, voire s'en aller du touc
en décadence sous vnautreAuguste.de mesme que cette ville de Constantinople cée
Empire Grec,conquestez par vn Mahomet,deust auiTisc ruiner & destruire sous vn autre
Mahomet, les vns & les autres toutesfois furent trompez en leurs imaginations.
Et «quantaux Chrestiens, il y auoit quelque apparence à leur crainte : car ce Princo
Mahomet* e^olt naturellement industrieux & cruel; maispar accident il deuint mol, timide, & touc
îepresenté. lasche & efFeminé5ambitieux encore,^: qui du viuantde son pere auoit fait plusieurs des-
seins sur son£stat3mesme dés son bas âge il cômençoit à luy cstre redoutable-.car estant sé-
lon lacoustume renfermé dans le Serrail,il auoitpris en haincNasuf Aga,plusparvne ia-
lousie des faueurs que son pere Amurath faisoit à cettui-cy^que pour aucun déplaisir quo
l'autre luy eust fait, si bien qu'il espia tellement ses actions, qu'ayant pris garde qu'il en-
uoyoit tous les iours hors duSerrail vn panier de sseurs,il s'imaginoit qu'il faisoic transpor-
ter sous ces sseurs quelque chose de plus grande importance , si qu'vn matin ayant arresté
par force celuy qui les portoit^il espandit les sseurs par terre, & ayant trouué que le panier
AmuratK e^olt remply d'or,il le défera à son pere,luy remoutrant qu'il estoit moins fauorisé que ses
entre en Esclaues, puis qu'ils abondoient en ce qui luy estoit dénié, son pere Ce montrant auare en.
deffiance son endroit, de sorte qu'ils auoient souuent des picques , donnantainsi tous les iours de
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Mahomet, nouuelles occauons de crainte & de loupçon.
Cela futcauseque son pere le fit cinconcire,comme vous auez entendu au Liure pré-
cèdent; après laquelle Circoncision,sans tarder dauantage, iH'enuoyaenMagnesie,qu'il
luy asiigna pour demeure & pour Gouuerneur, où il ne fut pas si-tost arriué, que cet es-
prit qui nerespiroit que le sang,s'exerça à toutes sortes de cruautez: on en conte d'estran-
Ouautezde geSjCntr'autres d'auoirfait arracher les mammellesà des femmes auec des tenailles de
Mahomet, fer toutes ronges : vne autre fois il fit très-cruellement mourir deux mille Sophy, (c'est
à direescholiers ) pource seulement qu'ils auoient démontré des signes de quelquespen-
sées moins pudiques qurils ne deuoient en son endroit ,non seulement ceux-là: mais
plusieurs autres, lesquelsil faisoit mourir pour de* occasions tres-4egeres, se montrant
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