po6 Hisloire des Turcs*
Qvtni miscrc encore, que laTransTlluanie,quiauoit si henreusementsecoiié le joug
de i'tmpirc Othoman, pour s'y remettre plus auant qu'elle n'estoit auparauant, ay testé
rechercher Ton secours, & aymé mieux, les vnspour s'agrandir,les autres pour se venger,
souffrir l'csclaiiage Se toutes sortes de miseres ,piller 5c ruiner eux-mesmes leur pays , que
de se maintenir en paix Tous l'obcïssance de ceux à qui ils s'estoient volontairement don-
îiezjmais ce iuste luge qui ne laisic rien d'impuny ,sceut bien prendreau passage Botscaie,
qui estoit le chef des rebelles &: des seditieux, permettant qu'il fut empôisonné par celuy
en qui il auoit toute confiance : mais encore de l'auoir pris en vne saison où il l'espcroit
le moins : car si ce Chancelier l'cust empoisonné auparauant qu'il eust fait la paix auec-
ques rEmpercur,sa mort eust osté alors toute occasion de réconciliation 3 mais cela arri-
vant après , c'estoit prendre le chastirnent en son temps de eeluy quil'auoic bien mérité,
pour les grâds maux desquels il aùoit esté cause,qui est vn traiâ de laProuidcnce éternel-
le fort remarquable, comme encore celuy de sa Iustice, en la punition du Chancelier.
Ne fut-ce pas encore vn grand mal- heur ,quc les quereles des deux freres^'Empcreur
à sçauoir, & son frere l'Archiduc^ qui donna grand sujet aux seditieux d'exécuter leurs
mesehans dcîscins contre toutes ces pauures&desoléesProuinccs, chacun voulant tirera
soy, tandis que l'cnnemy faisoit ses affaires: il est vray que ceux-cy ne commencèrent à se
destruirc, qu'après auoii fait la paix auccques Tennemy : mais celan'cstoit-il pas encore
plus pitoyable,de sçauoir que lacause de cet accord auoitesté pour les grands affaires que
ies Turcs auoient lors sur les bras, & non pour destr de viure en repos, auecques inten-
tion qu'a la première occasion qui se presen teroit de bien faire leurs affaires,&: de ne pas
épargner ceux à qui ils faisoient si bon visage,sçachans bien qu'ils seraient astez. de fautes
pour se plaindre Se pour couurir leur infidélité : car en cela le rossignol île manque iamais
de chanson,Ceux-cy,dis-je.au lieu dese munir de tout ce qui est necesiaire pour la guer-
re , & d'épargner leurshommes pouropposer aux desseins de leurs ennemis ■ dillipenc
c5mc des prodigues^toute leur substance^& trempent les mains dans le l'ang de ceux qui
deuoientcstre en vnbesoin le bouleuert & la derîenccde leur patrie.Quoy que ce soit.on
void clairement qu'il n'a tenu qu'à eux qu'ils n'ayent tres-bien fait leurs affaires,&: que lî
les Turcs ont regagné quelques places , cela est arriué plustost par la négligence \ ias-
cheté,malicc & trahi son des autres bien souuent,que par leur propre valeur,laquelle sem-
i>loit leurauoir esté ostéc depuis plusieurs années ; si que le plus souuentils ont esté vain-
cus,lors qu'ils deuoient vaincre,&:ont fuy quand ils deuoient mettre en fuitte.Mais pour
reprendre tousiours la première maxime,par laquelle nousauons commencé les Conside-
rations sur cette histoire,c'est que rien ne s'est fait en l'establissement de cetteMonarchic
Turquesque,sans vue tres-grandelustice &Prouidence admirable,qui aosté à ceux-cvcc
qu'ils estoient indignes de posseder , Se l'a donné aux autres qui les ont seeu rigoureuse-
ment chastier du mépris qu'ils auoit sait de sa Maiesté.
Lesquels toutesfois n'ont pas laisse de sentir ses verges , quand ils se sont éloignez de
leur deuoir , bien que non si rigoureusement, pour l'autre raison qui a esté ditte ailleurs,
à sçauoir qu'ils n'ont pas tant receu de grâce,&ainsi semblcnt en quelque façon auoir aussi
moins d'obligation , joint qu'ils n'aspirent qu'aux grandeurs Se aux voiuptez de la terre ,
Se cela sélon leur îoy,au contraire desChrestiens,qui disent ne desirer que le ciel,lesioyes
Se contentems ns d'vn Paradis,ainsi que leur loy leur commande^ ncantmoins font tout
autrement qu'ils ne parlenr.mais afin qu'on voye tousiours que le grandDiEvn'estpoinc
accepteur de personn es,si tost que les Turcs ont décliné de leur deuoir , ausfi ont-ils di-
minué en bon-heur,& ont sourfertmaints chastimens,tant du ciel que de leurs voysins.
"Voyez ce qu'ils ontperdu souslesEmpereurspreCedens pour leurs vices,ils ont continué
encore sous cettuy-cy : car son enr'ance,quisembla du commencementestre conduite par
l'esprit de son predecesfeur & les Magistrats Se gens de guerre éieuez durant les débau-
ches de ces voluptueux Princes, ne pouuoient pas estre autres que de l'humeur de ceux
qui leur commandoient; car on dit que les Prouinces se conforment sur le modelle de
leur Prince,si on n'aime mieux dire que lesPrinces nous sont donnez d'en-haut,selon les
inclinations des peuples, lesquelsseretenoient de faire paroistre en dehors ce qu'ils ca-
choientenleur intérieur^ qu'ils commettoient en leur particulier,mais quand le Prin-
ce y ost adonné comme eux5alors ils se licencient de tout faire,l'huypocritc estant si enne-
my du ciel, que quoy qu'il tarde , il faut à la fin qu'il paroilTe ce qu'il est,ainsi ont esté aux
Turcs Babylone, Tauris , Se prcsque toutes leurs conquestes, qu'ils auoientfaites sur Jes
Perses iusques alors, pour les remettre entre les mains de leurs anciens polîblîeurs qui les
meritoienc
Qvtni miscrc encore, que laTransTlluanie,quiauoit si henreusementsecoiié le joug
de i'tmpirc Othoman, pour s'y remettre plus auant qu'elle n'estoit auparauant, ay testé
rechercher Ton secours, & aymé mieux, les vnspour s'agrandir,les autres pour se venger,
souffrir l'csclaiiage Se toutes sortes de miseres ,piller 5c ruiner eux-mesmes leur pays , que
de se maintenir en paix Tous l'obcïssance de ceux à qui ils s'estoient volontairement don-
îiezjmais ce iuste luge qui ne laisic rien d'impuny ,sceut bien prendreau passage Botscaie,
qui estoit le chef des rebelles &: des seditieux, permettant qu'il fut empôisonné par celuy
en qui il auoit toute confiance : mais encore de l'auoir pris en vne saison où il l'espcroit
le moins : car si ce Chancelier l'cust empoisonné auparauant qu'il eust fait la paix auec-
ques rEmpercur,sa mort eust osté alors toute occasion de réconciliation 3 mais cela arri-
vant après , c'estoit prendre le chastirnent en son temps de eeluy quil'auoic bien mérité,
pour les grâds maux desquels il aùoit esté cause,qui est vn traiâ de laProuidcnce éternel-
le fort remarquable, comme encore celuy de sa Iustice, en la punition du Chancelier.
Ne fut-ce pas encore vn grand mal- heur ,quc les quereles des deux freres^'Empcreur
à sçauoir, & son frere l'Archiduc^ qui donna grand sujet aux seditieux d'exécuter leurs
mesehans dcîscins contre toutes ces pauures&desoléesProuinccs, chacun voulant tirera
soy, tandis que l'cnnemy faisoit ses affaires: il est vray que ceux-cy ne commencèrent à se
destruirc, qu'après auoii fait la paix auccques Tennemy : mais celan'cstoit-il pas encore
plus pitoyable,de sçauoir que lacause de cet accord auoitesté pour les grands affaires que
ies Turcs auoient lors sur les bras, & non pour destr de viure en repos, auecques inten-
tion qu'a la première occasion qui se presen teroit de bien faire leurs affaires,&: de ne pas
épargner ceux à qui ils faisoient si bon visage,sçachans bien qu'ils seraient astez. de fautes
pour se plaindre Se pour couurir leur infidélité : car en cela le rossignol île manque iamais
de chanson,Ceux-cy,dis-je.au lieu dese munir de tout ce qui est necesiaire pour la guer-
re , & d'épargner leurshommes pouropposer aux desseins de leurs ennemis ■ dillipenc
c5mc des prodigues^toute leur substance^& trempent les mains dans le l'ang de ceux qui
deuoientcstre en vnbesoin le bouleuert & la derîenccde leur patrie.Quoy que ce soit.on
void clairement qu'il n'a tenu qu'à eux qu'ils n'ayent tres-bien fait leurs affaires,&: que lî
les Turcs ont regagné quelques places , cela est arriué plustost par la négligence \ ias-
cheté,malicc & trahi son des autres bien souuent,que par leur propre valeur,laquelle sem-
i>loit leurauoir esté ostéc depuis plusieurs années ; si que le plus souuentils ont esté vain-
cus,lors qu'ils deuoient vaincre,&:ont fuy quand ils deuoient mettre en fuitte.Mais pour
reprendre tousiours la première maxime,par laquelle nousauons commencé les Conside-
rations sur cette histoire,c'est que rien ne s'est fait en l'establissement de cetteMonarchic
Turquesque,sans vue tres-grandelustice &Prouidence admirable,qui aosté à ceux-cvcc
qu'ils estoient indignes de posseder , Se l'a donné aux autres qui les ont seeu rigoureuse-
ment chastier du mépris qu'ils auoit sait de sa Maiesté.
Lesquels toutesfois n'ont pas laisse de sentir ses verges , quand ils se sont éloignez de
leur deuoir , bien que non si rigoureusement, pour l'autre raison qui a esté ditte ailleurs,
à sçauoir qu'ils n'ont pas tant receu de grâce,&ainsi semblcnt en quelque façon auoir aussi
moins d'obligation , joint qu'ils n'aspirent qu'aux grandeurs Se aux voiuptez de la terre ,
Se cela sélon leur îoy,au contraire desChrestiens,qui disent ne desirer que le ciel,lesioyes
Se contentems ns d'vn Paradis,ainsi que leur loy leur commande^ ncantmoins font tout
autrement qu'ils ne parlenr.mais afin qu'on voye tousiours que le grandDiEvn'estpoinc
accepteur de personn es,si tost que les Turcs ont décliné de leur deuoir , ausfi ont-ils di-
minué en bon-heur,& ont sourfertmaints chastimens,tant du ciel que de leurs voysins.
"Voyez ce qu'ils ontperdu souslesEmpereurspreCedens pour leurs vices,ils ont continué
encore sous cettuy-cy : car son enr'ance,quisembla du commencementestre conduite par
l'esprit de son predecesfeur & les Magistrats Se gens de guerre éieuez durant les débau-
ches de ces voluptueux Princes, ne pouuoient pas estre autres que de l'humeur de ceux
qui leur commandoient; car on dit que les Prouinces se conforment sur le modelle de
leur Prince,si on n'aime mieux dire que lesPrinces nous sont donnez d'en-haut,selon les
inclinations des peuples, lesquelsseretenoient de faire paroistre en dehors ce qu'ils ca-
choientenleur intérieur^ qu'ils commettoient en leur particulier,mais quand le Prin-
ce y ost adonné comme eux5alors ils se licencient de tout faire,l'huypocritc estant si enne-
my du ciel, que quoy qu'il tarde , il faut à la fin qu'il paroilTe ce qu'il est,ainsi ont esté aux
Turcs Babylone, Tauris , Se prcsque toutes leurs conquestes, qu'ils auoientfaites sur Jes
Perses iusques alors, pour les remettre entre les mains de leurs anciens polîblîeurs qui les
meritoienc