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Musée Royal; Laurent, Henri [Editor]
Le musée royal ou recueil de gravures: d'après les plus beaux tableaux, statues et bas-reliefs de la collection royale avec description des sujets, notices littéraires et discours sur les arts : dédié au Roi (tome 2nd) — Paris: de l'imprimerie de F. Didot, 1818

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https://doi.org/10.11588/diglit.53413#0011
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LA SAINTE FAMILLE,
PAR RAPHAËL.

Parmi les innombrables Saintes Familles de Raphaël, celle-ci, comme la
principale, semble s’étre exclusivement approprié ce nom. On l’appelle
simplement la Sainte Famille; et nulle autre désignation nest nécessaire
pour la faire reconnoître. Remarquable, entre toutes les autres, par la
grandeur et le nombre des figures, elle l’est encore par leur admirable
beauté. Le soin que Raphaël paroît avoir apporté à cette production s’ex-
plique facilement, s’il est vrai, comme on le raconte, que François Ier,
transporté d’admiration pour le Saint Michel, l’ayant payé fort au-delà
du prix convenu, ou plutôt ayant ajouté à ce prix un présent très-consi-
dérable, Raphaël, à son tour, pénétré de cette marque d’estime, voulut la
reconnoître par un présent digne du sentiment qu’il éprouvoit, et peignit
pour François Ier la Sainte Famille, qu’il lui offrit en pur don. Le fait
est croyable, d’après le caractère des deux hommes, et Ton aime à y
croire, en contemplant la Sainte Famille. L’anecdote tomberoit cepen-
dant, si, comme on le voit dans Vasari (i), c’étoit Clément VII, c’est-à-
dire, le cardinal Jules de Médicis, qui eût fait faire le Saint Michel pour
le donner à François Ier; mais cette apparente contradiction s’explique
par l’existence en France d’un autre tableau de Saint Michel, beaucoup
plus petit, également de la main de Raphaël, mais d’une époque fort
antérieure, et dont le cardinal de Médicis pourroit, en effet, avoir fait
présent à François Ier.
La Sainte Famille est de 1Ô18, deux ans avant la mort de Raphaël, la
plus haute époque de sa gloire et de son talent. Aucune autre de ses com-
positions, peut-être, ne porte un caractère si pur pour le style, si grave
et si saint dans l’expression. Une pensée céleste semble animer tous ces
personnages. On diroit que l’amour maternel lui-méme ose à peine ap-
procher cette vierge, uniquement occupée de l’enfant quelle a mis au
monde, non pas pour elle, mais pour le monde. Un genou en terre,
pour recevoir son fils, qui, de son berceau, veut s’élancer dans ses bras,
elle ne laisse pas deviner si c’est comme mère, ou comme servante du
Dieu auquel elle obéit, qu’elle a choisi cette attitude pieuse à laquelle
correspond l’expression de toute sa personne. Nulle part Raphaël ne l’a
représentée si jeune, et nulle part plus noble et plus sérieuse. Nulle part
(i) Note de l’édition de Rome, tome VIII, page ioi ; 1810.
 
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