PORTRAIT DE DEUX JEUNES GENS.
cette attitude orgueilleuse. Est odiosa omnis supinitas, dit Quintilien;
et Mengs remarque que leurs portraits, et en général leurs statues,
excepte celles dont l’attitude étoit commandée par le sujet, avoient toutes
la tête un peu inclinée vers la poitrine, ce qui les mettoit plus en com-
munication avec le spectateur, en leur donnant l’air de vouloir converser
avec liu\i\ Cette position, très-bonne pour une figure sculptée, autour
de laquelle l’œil peut tourner, et que d’ailleurs on voit ordinairement
d’en bas, ne conviendroit pas à la peinture, qu elle obligeroit à repré-
senter les traits dans une sorte de raccourci, aussi défavorable à l’agré-
ment qu’à la ressemblance. Pour éviter cet inconvénient, on a géné-
ralement adopté le précepte que Mengs paroître commander d’après
les anciens, de mettre le personnage en conversation avec le spectateur,
qui, dans cette action mutuelle, lui communique ainsi une partie de sa
vie. Cependant, comme il a fallu varier les attitudes des portraits, on a
presque toujours donné au personnage représenté une autre occupation,
qu’il vient d’interrompre pour lever les yeux sur celui qui le regarde;
mais il en résulte que cet acte momentané n’est qu’une distraction, et ne
peut guère avoir par conséquent ni vivacité ni énergie, aussi l’expression
des portraits participe-t-elle presque toujours de la langueur de la situa-
tion dans laquelle on suppose le personnage.
Nelscher, fort recherché de son vivant pour l’intérêt qu’il sa voit don-
ner à ses portraits, y est souvent parvenu par un heureux artifice, dont
on peut voir un exemple dans celui dont nous donnons ici la description.
Un jeune homme et un enfant de douze à treize ans sont représentés
dans ce tableau. Le dernier, repoussé sur un second plan, et occupé à
regarder dans un livre ou un carton de dessins, étranger à ce qui se passe
autour de lui, paroît destiné à ne former qu’un accessoire ; la figure prin-
cipale est celle du jeune homme que l’on voit sur le devant, dans le cos-
tume d’un homme riche qui vient de descendre de cheval; il est assis de
côté, le bras sur le dos de sa chaise, et semble tourné à dessein vers le
spectateur; mais son attention vient d’être distraite; il parle, à travers
une porte ouverte, à quelqu’un qu’on ne voit pas. Cependant son verre
qu’il alloit porter à ses lèvres; son autre main, étendue vers le pot de
vin ou de liqueur qu il alloit toucher; tout annonce une action à peine
suspendue, et qui va être continuée; la distraction est en dehors du
sujet du tableau; c’est faction qui fait le sujet; on y va rentrer; tout
semble dire : Attendez, et Ton attend; ce qui, comme on l’a déjà observé,
est le mouvement le plus propre à produire l’illusion de la vie.
(i) Mengs, tome I, page 122.
Proportions. Hauteur> O- = ÿ-'
Largeur, 18 6=7
cette attitude orgueilleuse. Est odiosa omnis supinitas, dit Quintilien;
et Mengs remarque que leurs portraits, et en général leurs statues,
excepte celles dont l’attitude étoit commandée par le sujet, avoient toutes
la tête un peu inclinée vers la poitrine, ce qui les mettoit plus en com-
munication avec le spectateur, en leur donnant l’air de vouloir converser
avec liu\i\ Cette position, très-bonne pour une figure sculptée, autour
de laquelle l’œil peut tourner, et que d’ailleurs on voit ordinairement
d’en bas, ne conviendroit pas à la peinture, qu elle obligeroit à repré-
senter les traits dans une sorte de raccourci, aussi défavorable à l’agré-
ment qu’à la ressemblance. Pour éviter cet inconvénient, on a géné-
ralement adopté le précepte que Mengs paroître commander d’après
les anciens, de mettre le personnage en conversation avec le spectateur,
qui, dans cette action mutuelle, lui communique ainsi une partie de sa
vie. Cependant, comme il a fallu varier les attitudes des portraits, on a
presque toujours donné au personnage représenté une autre occupation,
qu’il vient d’interrompre pour lever les yeux sur celui qui le regarde;
mais il en résulte que cet acte momentané n’est qu’une distraction, et ne
peut guère avoir par conséquent ni vivacité ni énergie, aussi l’expression
des portraits participe-t-elle presque toujours de la langueur de la situa-
tion dans laquelle on suppose le personnage.
Nelscher, fort recherché de son vivant pour l’intérêt qu’il sa voit don-
ner à ses portraits, y est souvent parvenu par un heureux artifice, dont
on peut voir un exemple dans celui dont nous donnons ici la description.
Un jeune homme et un enfant de douze à treize ans sont représentés
dans ce tableau. Le dernier, repoussé sur un second plan, et occupé à
regarder dans un livre ou un carton de dessins, étranger à ce qui se passe
autour de lui, paroît destiné à ne former qu’un accessoire ; la figure prin-
cipale est celle du jeune homme que l’on voit sur le devant, dans le cos-
tume d’un homme riche qui vient de descendre de cheval; il est assis de
côté, le bras sur le dos de sa chaise, et semble tourné à dessein vers le
spectateur; mais son attention vient d’être distraite; il parle, à travers
une porte ouverte, à quelqu’un qu’on ne voit pas. Cependant son verre
qu’il alloit porter à ses lèvres; son autre main, étendue vers le pot de
vin ou de liqueur qu il alloit toucher; tout annonce une action à peine
suspendue, et qui va être continuée; la distraction est en dehors du
sujet du tableau; c’est faction qui fait le sujet; on y va rentrer; tout
semble dire : Attendez, et Ton attend; ce qui, comme on l’a déjà observé,
est le mouvement le plus propre à produire l’illusion de la vie.
(i) Mengs, tome I, page 122.
Proportions. Hauteur> O- = ÿ-'
Largeur, 18 6=7