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Cassas, Louis François ; Lavallée, Joseph [Hrsg.]; Née, François Denis [Hrsg.]
Voyage pittoresque et historique de l'Istrie et de la Dalmatie — Paris, 1802

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https://doi.org/10.11588/diglit.4786#0261
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DES MATIEPtES.

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répand parmi les commerçants de Venise, de Naplcs, de
la Romagne, et de la Marche d'Ancône. Le sénat de Saint-
Marc , la cour de Rome, les cabinets de Sicile et d'Es-
pagne, retentissent de plaintes; ils font armer des vais-
seaux de guerre pour escorter les vaisseaux marchands»

/ja

Les Turcs feignent de croire que Venise protège les
Uscoques, et la menacent d'une rupture.—Toutes les
cours d'Italie s'entremettent auprès de l'empereur pour
le déterminer à retirer sa protection aux Uscoques. Des
promesses vagues , des réponses astucieuses , des satisfac-
tions apparentes et sans effet, sont tout ce qu'elles peu-
vent tirer de Ferdinand. — Les Vénitiens usent d'une
excessive barbarie contre les Uscoques qui tombent
entre leurs mains, pour imposer silence aux Turcs.—■
Les Uscoques , indignés de la cruauté vénitienne , et
sûrs de l'impunité , d'après le système de l'empereur,
renchérissent sur les atrocités de leurs ennemis, et se
livrent envers eux à des excès dont le récit fait hor-
reur. /|3

Les Vénitiens les aigrissent : l'église romaine préfère
de les persécuter, au devoir de les éclairer ; la maison
d'Autriche en fait les instruments de sa politique ; les
grands partagent avec eux ; et quand le philosophe exa-
mine leur histoire, il ne voit pas que les Uscoques soient
les seuls criminels. —Leur portrait. — Les armes dont
ils se servoient. — Leur manière lâche de combattre.—
Ils abhorroient les Turcs et les Vénitiens, et jamais ils
ne se sont présentés en face pour repousser leurs trou-
pes. 44

Par suite du traité conclu à Madrid en 1618 entre
l'empereur Matthias , le roi d'Espagne Philippe III, et la
république de Venise, les Uscoques sont contraints d'é-
vacuer Segna ; les barques dont ils se servoient pour
leurs courses sont brûlées ; on assigne différents lieux
de résidence à chaque famille en les dispersant : on
atténue leurs forces ; les brigandages cessent ; la tran-
quillité reparoît. 45

V.

VENISE étoit fondée. —Soixante-douze isles emfer-
mées dans des lagunes dépendantes des Padouans avoient
offert une retraite à quelques malheureux échappés aux
fureurs d'Attila. — Dabord chaque isle forma une pe-
tite tribu particulière, gouvernée par un tribun, sous
la protection.des Padouans. —En 709, les tribuns des
douze isles principales s'assemblèrent, et résolurent de
former un tout de soixante-dix parties, et de s'ériger en
république sous le gouvernement d'un doge. —La
démocratie céda à l'autorité du doge, qui gouverna
souverainement jusqu'en 1177, 1ue "e gouvernement
démocratique reprit l'empire, qu'il garda jusqu'en 1289.
— Alors le doge , Pierre Gradenigo, fonda le gouver-
nement aristocratique, qui a duré jusqu'en 1797. —
Cette puissance, sortie, pour ainsi dire, du sein des mers,
étoit trop voisine de ITstrib et de la Dalmatie pour ne

pas se préparer une place clans leur histoire. __Les Vé-
nitiens mirent à prix le service qu'Honorius réclama d'eux
en exigeant qu'on leur livrât en otages les places de ces
contrées, qu'ils se chargèrent de défendre. 31

Ces places , occupées par les Vénitiens, jouirent, pen-
dant un certain nombre d'années, de la paix. —Carlo-
man , neveu de Ladislas , roi de Hongrie , ayant fait va-
loir des droits qu'il prétendoit avoir par sa mère sur la
Croatie et la Dalmatie , y entra à main armée, chassa
les Grecs de toutes les garnisons, s'empara des places
fortes, se fit couronner roi de ces deux royaumes. —•
Carloman n'avoit point de marine à opposer aux Nor-
mands qui désoloient ses côtes.—Les Vénitiens étoient
déjà consommés dans la science maritime. —Loin de leur
retirer les places qu'ils tenoient en otage des empereurs
grecs, Carloman, heureux de s'allier avec eux, les con-
firma dans leur jouissance précaire , et leur ouvrit les
portes de toutes les places maritimes, où ils n'avoient
point encore pénétré.—L'esprit de révolte fermenta dans
toutes les villes où les Vénitiens purent avoir accès. —»
Spalatro et Zara donnèrent l'exemple , et se jetèrent dans
leurs bras. —Carloman accourut avec des forces nom-
breuses , tira des révoltés une vengeance éclatante, re-
couvra Zara, Spalatro, et les autres villes qui s'étoient
données aux Vénitiens , et expulsa ces perfides alliés.

— Les Vénitiens commençoient à sentir de quelle im-
portance étoit à leur commerce la souveraineté du golfe
Adriatique, et, pour la consolider, de posséder, au moins
en grande partie , les deux côtes qui le forment. — N'ayant
plus rien à espérer de Carloman , ils firent revivre auprès
d'Alexis - Comnene , empereur d'orient, les droits que ses
prédécesseurs avoient eus sur la Croatie et la Dalmatie.

— Ils réveillèrent ses prétentions, et firent briller l'or à
ses yeux. —Alexis trouva très commode de vendre cher
des possessions qui n'étoient plus en son pouvoir , et
qu'il n'avoit ni les moyens ni la volonté peut-être de
revendiquer. 3^

Le doge Vital - Falieri, qui gouvernoit alors la répu-
blique de Venise, reçut l'investiture des provinces de
Croatie et de Dalmatie des mains d'Alexis-Comnene. 11
joignit à ses titres celui de duc de ces deux provinces-

— Un doge de la même famille , Ordelafe - Falieri, en-
tama , pour s'en mettre en possession , une des plus lon-
gues guerres que les Vénitiens aient eu à soutenir, et
celle qui leur coûta le plus de sang et d'argent. Ses pre-
miers exploits furent brillants ; mais il fut atteint d'un
coup de lance dans un combat qu'il livra près de Zara,
et mourut de sa blessure en peu de temps. —Après sa
mort, la guerre devint plus opiniâtre, et plus inconstante
dans les succès. —Un certain Néeman, roi d'une autre
partie de la Dalmatie, prétendit que les Hongrois n'a-
voient aucun droit sur les parties qu'ils se disputoient.

— Il vint combattre l'une et l'autre puissance. —Bêla ,
frère d'Etienne, roi de Hongrie, avoit épousé la fille de
l'empereur Manuel, et s'étoit mis en tête d'obtenir la
Dalmatie pour apanage. —Manuel, pour soutenir son
 
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